Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône
Zoom nouveauté : "Après mai" d'Olivier Assayas
L'histoire
Région parisienne, début des années 1970.
Jeune lycéen, Gilles est pris dans l’effervescence politique et créatrice de son temps. Comme ses camarades, il est tiraillé entre un engagement radical et des aspirations plus personnelles. De rencontres amoureuses en découvertes artistiques, qui les conduiront en Italie, puis jusqu’à Londres, Gilles et ses amis vont devoir faire des choix décisifs pour trouver leur place dans une époque tumultueuse.
Un film d'Olivier Assayas avec Clément Métayer, Lola Creton, Félix Armand…
Bonus ; propos d'Olivier Assayas (recueillis par Auréliano Tonet)
J’ai souvent l’impression que mes films ont lieu tous seuls, qu’ils s’imposent à moi. En particulier "Après mai". Depuis longtemps, de manière lancinante, je voulais donner non pas une suite mais un prolongement à "L’Eau froide". En 1994, ça avait été un second premier film, une remise en question de ma pratique du cinéma. Et qui m’avait pris par surprise. C’est a posteriori que j’ai compris qu’il m’avait ouvert des portes. Celle de l’autobiographie au cinéma. J’ai un souvenir de stupéfaction à la découverte des rushes de la fête nocturne, elle ne correspond qu’à quelques pages de scénario, mais constitue près d’un tiers du film achevé : le feu, les ados, les joints… J’avais le sentiment d’avoir saisi, dans la précipitation, quelque chose de la poésie de cette époque, celle de mon adolescence – le début des années 1970. Mais demeurait le sentiment qu’un jour cela pourrait donner lieu à un film plus ample sur cette époque méconnue, passionnante, et dont le cinéma se méfie terriblement, au point de ne savoir la traiter que par l’ironie. Quand on pense que l’histoire collective n’est pas ou mal montrée, s’insinue l’idée que c’est peut-être à soi-même de le faire, qu’on est peut-être, à son insu, détenteur d’une part de l’aventure de sa propre génération… Ce qui me manquait dans 'L’Eau froide', c’était la
politique, l’attirance pour l’Orient, la musique que j’écoutais (celle de "l’Eau froide" renvoyait au collectif, celle d’"Après mai" est plus intime), et plus largement tout l’underground des années 1970, qui a irrigué ma formation esthétique et intellectuelle.
Avant même de me lancer dans "Carlos (2010)" j’avais commencé à prendre des notes sur ce qui deviendrait Après mai. J’avais repris instinctivement les noms des deux personnages principaux de "L’Eau froide", Gilles et Christine. Il en est d’ailleurs resté une continuité, y compris physique, des uns aux autres. Une fois "Carlos" achevé, je voulais partir dans une autre direction, un canevas que je reprendrai sans doute. Mais, en ouvrant mes carnets, je suis tombé sur les notes que j’avais prises pour "Après mai". J’ai aussitôt eu envie, sans trop réfléchir, de les prolonger. Et puis c’était le bon moment, sans doute parce que je venais de faire "Carlos", dont les années 1970 étaient la toile de fond. J’avais trouvé une façon de les restituer qui me semblait véridique. Il fallait profiter de cet élan.
Il se trouve que j’ai écrit, en 2005, un petit livre qui s’appelle "Une adolescence dans l’après-mai", une lettre adressée à la veuve de Guy Debord, Alice Becker-Ho, elle-même écrivain. Il résonne avec "Après mai" dans la mesure où c’est la même personne qui écrit, sur le même âge de sa vie ; au-delà, ce sont deux projets distincts. "Après mai", cela dit littéralement ce que je voulais raconter : l’écho de mai 68. Une période où résonne une expérience révolutionnaire, unique dans l’histoire française du XXe siècle. Bien sûr, durant ces années, la nostalgie de mai 68 n’existe pas. Les événements viennent d’avoir lieu : le seul horizon, c’est la révolution, un mai 68 en mieux, un mai 68 réussi. Mes personnages adviennent au monde dans un contexte où la foi dans la révolution est partagée par tous, même par l’ennemi, même par l’État. C’est une évidence. La question est plutôt : « Au nom de quoi cette révolution aura-t-elle lieu ? » À l’extrême-gauche, en 1971, on fête le centenaire de la commune de Paris, on devient expert des dissensions entre Trotsky et Lénine, entre Trotsky et les libertaires, on s’informe sur la scission entre l’URSS et la Chine populaire, on décrypte les divergences au sein du bloc de l’Est, un savoir qui sera précieux quand viendra la révolution. La jeunesse des années 2010 vit dans un présent amorphe. Il est hors de l’Histoire, cyclique et immuable. L’idée que l’on puisse avoir prise sur la société, qu’on puisse en repenser la nature même, est devenue très vague et conventionnelle. Elle se résume peu ou prou en termes d’exclusion ou d’inclusion. On dit habituellement que cela tient à la généralisation du chômage des jeunes. Cette explication m’a toujours semblée courte et insatisfaisante. On ne se projette plus vers des lendemains qui chantent, un futur utopique, on réclame à l’État de combattre l’exclusion. Les revendications sont fragmentées, sectorisées ; on s’émeut des injustices, sans analyse globale. Dans les années 1970, on s’opposait à l’idée même d’État. Personne n’avait envie d’être inclus, le programme c’était plutôt d’être exclu.
(Extrait dossier de presse - Propos recueillis par Auréliano Tonet)
Autres films toujours à l'affiche :
"Augustine" d'Alice Winocour
"Une famille respectable" de Massoud Bakhshi
"Stars 80" de Thomas Langmann
"Au galop" de Louis-Do de Lencquesaing
"Dans la maison" de François Ozon
"Reality" de Matteo Garrone
"Tous cobayes ?" de Jean-Paul Jaud
"Les saveurs du palais" de Christian Vincent
"Camille redouble" de Noémie Lvovsky
"Cherchez Hortense" de Pascal Bonitzer
Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône
Zoom nouveauté : "Après mai" d'Olivier Assayas
L'histoire
Région parisienne, début des années 1970.
Jeune lycéen, Gilles est pris dans l’effervescence politique et créatrice de son temps. Comme ses camarades, il est tiraillé entre un engagement radical et des aspirations plus personnelles. De rencontres amoureuses en découvertes artistiques, qui les conduiront en Italie, puis jusqu’à Londres, Gilles et ses amis vont devoir faire des choix décisifs pour trouver leur place dans une époque tumultueuse.
Un film d'Olivier Assayas avec Clément Métayer, Lola Creton, Félix Armand…
Bonus ; propos d'Olivier Assayas (recueillis par Auréliano Tonet)
J’ai souvent l’impression que mes films ont lieu tous seuls, qu’ils s’imposent à moi. En particulier "Après mai". Depuis longtemps, de manière lancinante, je voulais donner non pas une suite mais un prolongement à "L’Eau froide". En 1994, ça avait été un second premier film, une remise en question de ma pratique du cinéma. Et qui m’avait pris par surprise. C’est a posteriori que j’ai compris qu’il m’avait ouvert des portes. Celle de l’autobiographie au cinéma. J’ai un souvenir de stupéfaction à la découverte des rushes de la fête nocturne, elle ne correspond qu’à quelques pages de scénario, mais constitue près d’un tiers du film achevé : le feu, les ados, les joints… J’avais le sentiment d’avoir saisi, dans la précipitation, quelque chose de la poésie de cette époque, celle de mon adolescence – le début des années 1970. Mais demeurait le sentiment qu’un jour cela pourrait donner lieu à un film plus ample sur cette époque méconnue, passionnante, et dont le cinéma se méfie terriblement, au point de ne savoir la traiter que par l’ironie. Quand on pense que l’histoire collective n’est pas ou mal montrée, s’insinue l’idée que c’est peut-être à soi-même de le faire, qu’on est peut-être, à son insu, détenteur d’une part de l’aventure de sa propre génération… Ce qui me manquait dans 'L’Eau froide', c’était la
politique, l’attirance pour l’Orient, la musique que j’écoutais (celle de "l’Eau froide" renvoyait au collectif, celle d’"Après mai" est plus intime), et plus largement tout l’underground des années 1970, qui a irrigué ma formation esthétique et intellectuelle.
Avant même de me lancer dans "Carlos (2010)" j’avais commencé à prendre des notes sur ce qui deviendrait Après mai. J’avais repris instinctivement les noms des deux personnages principaux de "L’Eau froide", Gilles et Christine. Il en est d’ailleurs resté une continuité, y compris physique, des uns aux autres. Une fois "Carlos" achevé, je voulais partir dans une autre direction, un canevas que je reprendrai sans doute. Mais, en ouvrant mes carnets, je suis tombé sur les notes que j’avais prises pour "Après mai". J’ai aussitôt eu envie, sans trop réfléchir, de les prolonger. Et puis c’était le bon moment, sans doute parce que je venais de faire "Carlos", dont les années 1970 étaient la toile de fond. J’avais trouvé une façon de les restituer qui me semblait véridique. Il fallait profiter de cet élan.
Il se trouve que j’ai écrit, en 2005, un petit livre qui s’appelle "Une adolescence dans l’après-mai", une lettre adressée à la veuve de Guy Debord, Alice Becker-Ho, elle-même écrivain. Il résonne avec "Après mai" dans la mesure où c’est la même personne qui écrit, sur le même âge de sa vie ; au-delà, ce sont deux projets distincts. "Après mai", cela dit littéralement ce que je voulais raconter : l’écho de mai 68. Une période où résonne une expérience révolutionnaire, unique dans l’histoire française du XXe siècle. Bien sûr, durant ces années, la nostalgie de mai 68 n’existe pas. Les événements viennent d’avoir lieu : le seul horizon, c’est la révolution, un mai 68 en mieux, un mai 68 réussi. Mes personnages adviennent au monde dans un contexte où la foi dans la révolution est partagée par tous, même par l’ennemi, même par l’État. C’est une évidence. La question est plutôt : « Au nom de quoi cette révolution aura-t-elle lieu ? » À l’extrême-gauche, en 1971, on fête le centenaire de la commune de Paris, on devient expert des dissensions entre Trotsky et Lénine, entre Trotsky et les libertaires, on s’informe sur la scission entre l’URSS et la Chine populaire, on décrypte les divergences au sein du bloc de l’Est, un savoir qui sera précieux quand viendra la révolution. La jeunesse des années 2010 vit dans un présent amorphe. Il est hors de l’Histoire, cyclique et immuable. L’idée que l’on puisse avoir prise sur la société, qu’on puisse en repenser la nature même, est devenue très vague et conventionnelle. Elle se résume peu ou prou en termes d’exclusion ou d’inclusion. On dit habituellement que cela tient à la généralisation du chômage des jeunes. Cette explication m’a toujours semblée courte et insatisfaisante. On ne se projette plus vers des lendemains qui chantent, un futur utopique, on réclame à l’État de combattre l’exclusion. Les revendications sont fragmentées, sectorisées ; on s’émeut des injustices, sans analyse globale. Dans les années 1970, on s’opposait à l’idée même d’État. Personne n’avait envie d’être inclus, le programme c’était plutôt d’être exclu.
(Extrait dossier de presse - Propos recueillis par Auréliano Tonet)
Autres films toujours à l'affiche :
"Augustine" d'Alice Winocour
"Une famille respectable" de Massoud Bakhshi
"Stars 80" de Thomas Langmann
"Au galop" de Louis-Do de Lencquesaing
"Dans la maison" de François Ozon
"Reality" de Matteo Garrone
"Tous cobayes ?" de Jean-Paul Jaud
"Les saveurs du palais" de Christian Vincent
"Camille redouble" de Noémie Lvovsky
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