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Mercredi cinéma : "Reality" de Matteo Garrone

Publié le : 03-10-2012

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

REALITY de Matteo GarroneZoom nouveauté : "Reality" de Matteo Garrone

L'histoire
Au cœur de Naples, Luciano est un chef de famille hâbleur et joyeusement exubérant qui exerce ses talents de bonimenteur et de comique devant les clients de sa poissonnerie et sa nombreuse tribu.
Un jour, poussé par ses enfants, il participe sans trop y croire au casting de la plus célèbre émission de téléréalité italienne.
Dès cet instant, sa vie entière bascule : plus rien ne compte désormais - ni sa famille, ni ses amis, ni son travail ni même la petite arnaque imaginée par son épouse qui améliorait un peu leur ordinaire !
Le rêve de devenir une personnalité médiatique modifie radicalement son destin mais aussi celui de tout son entourage…
Un film de Matteo Garrone avec Aniello Arena, Loredana Simioli, Nando Paone, Graziella Marina...

 

Bonus : propos de Matteo Garrone, réalisateur du film.

Le film s’inspire d’un fait divers ?
Oui, "Reality" plonge ses racines dans une réalité encore beaucoup plus dramatique que celle de l’histoire que je raconte. Elle a touché une famille que je connais, et je ne me serais pas permis de m’en inspirer, de créer une fiction qui la revisiterait, si les conséquences ne s’en étaient pas adoucies pour les personnes qui l’ont vécues. Dont j’ai d’ailleurs obtenu le plein accord avant de me lancer dans l’écriture avec mes coscénaristes Massimo Gaudioso, Ugo Chiti et Maurizio Braucci. L’histoire « vraie » n’a donc été que le point de départ de l’aventure. Je trouvais le sujet passionnant, mais craignais presqu’il ne donne matière qu’à un court-métrage ! Petit à petit, il s’est nourri, s’est enrichi, s’est amplifié jusqu’à devenir ce qu’il est.

REALITY de Matteo GarroneLe processus d’écriture a été long, difficile ?
Non, l’écriture n’a pas posé de problème, le véritable écueil était de montrer la télévision au cinéma, ce qui, la plupart du temps aboutit à un désastre. Il fallait trouver une idée pour raconter le monde de la télévision sans l’imiter, sans tenter de lui ressembler. Raconter une histoire qui se déroulerait sur deux plans, l’un géographique - on voyagerait à travers l’Italie, de Naples à Rome -, l’autre psychologique : le voyage du personnage principal obsédé par le désir de devenir le héros de l’émission Il Grande Fratello, à travers sa propre identité. C’était assez difficile à appréhender, la frontière entre la réalité et le rêve, entre la vérité et l’illusion, nous semblait imprécise, nous avions l’impression de nous déplacer sur des sables mouvants. J’étais très conscient du risque que je courais, celui de tomber dans le métaphorique, le pédagogique, la dénonciation moralisatrice de la télévision. Cet aspect là, sans doute plus facile, ne m’intéressait pas. Je voulais montrer la télévision comme un Eldorado, un Olympe inatteignable, un lieu magique qui permet de s’évader de sa propre réalité. Mais c’est en fait une rue barrée. La question que l’on peut se poser est celle-là : pourquoi un homme, une famille, un quartier, une ville, une grande partie d’un pays, rêve-t-il de s’évader de sa propre réalité, qui finalement n’est pas si déprimante ? La télévision va devenir le détonateur de la folie de Luciano : il a pourtant une famille vaste et affectueuse, sa poissonnerie marche bien, les quelques arnaques qu’il a montées arrondissent ses fins de mois et il jouit même d’une petite gloire locale d’amuseur… Le film est l’histoire d’une contagion. Le personnage de Luciano est contaminé par la pression de sa famille, de son quartier, de sa ville, comme si à un certain moment, le rêve collectif se substituait aux besoins quotidiens, prenant le pas sur tout. C’est cela qui me semblait intéressant, dans la mesure où le désir somme toute légitime - mais dans "reality" exacerbé -, d’avoir une vie plus belle, plus riche, plus facile, peut être éprouvé par chacun de nous. La télévision, aujourd’hui, d’une certaine façon, ne recrée-t-elle pas la réalité ? Et donc « entrer » dans la télévision ne correspondrait plus à la seule volonté de participer, d’être dans la lumière, mais répondrait à une question existentielle. Comme si le fait d’être « dedans » rendait vivant, devenait le signe irréfutable et visible par tous de son existence. Bien sûr, il y a là le ressort d’une fable. "Reality" est mon septième film, et le fil conducteur de tout mon cinéma est bien REALITY de Matteo Garronela morale (ou l’amoralité !) de la fable. Même "Gomorra", où une forme documentaire me semblait la plus juste, comporte des personnages appartenant au ressort de la fable.

Dès sa projection au Festival de Cannes, 'Reality" a été inondé de références flatteuses. On a évoqué à son sujet Fellini, le Comencini de "L'argent de la vieille", le Scorsese de "La valse des pantins"…

Très flatteur, en effet ! Mais il n’y a pas eu de ma part de volonté préalable dans ce domaine. Pour l’ouverture, ce mariage outrageusement somptueux où l’on voit un carrosse doré tiré par des chevaux blancs - et malgré les apparences, je confirme que ce genre de cérémonie extravagante existe ! - j’ai pensé à Cendrillon, au conte de fées. Ce n’est que lorsque le film a été terminé qu’en effet, j’ai vu que la scène pouvait passer pour un hommage au grand Fellini, celui du "Cheik blanc". Si pour "Gomorra" mes références allaient vers Rossellini, disons qu’au départ, pour "Reality", le film étant d’essence napolitaine je me suis évidemment référé à Eduardo De Filippo, et pour l’atmosphère, plutôt à "Mariage à l'italienne" et à "l'or de Naples" de Vittorio De Sica. Je voulais une Naples décadente mais chaleureuse. La décadence des « palazzi » décrépits et authentiques entourant la place animée et amicale, qui est pour sa part un décor entièrement construit. On m’a posé la question : « Après "Gomorra", pourquoi Naples une nouvelle fois ? ». Parce que Naples me semblait le lieu idéal pour faire se confronter plusieurs réalités. Parce que le film est composé de plusieurs mondes qui se rencontrent, REALITY de Matteo Garroneentrent en collision, s’interpénètrent. Des lieux de vie - la place, la maison, des lieux qui n’en sont pas, qui ressemblent déjà à des plateaux de cinéma - le centre commercial, l’aqua-parc, des lieux enfin qui paraissent dans leur abstraction glaciale totalement inventés, et qui sont pourtant, à Cinecitta, les véritables studios d’Endemol, les temples de la téléréalité… J’ai donc fait se confronter ces réalités diverses et contradictoires, mais en me refusant de verser dans une nostalgie stérile.

Vous avez réfuté la référence volontaire à Fellini, mais la belle musique d’Alexandre Desplat n’évoque-t-elle pas immanquablement celle de Nino Rota ?
Là, oui, ce n’est pas l’effet du hasard, et Nino Rota a été notre guide. C’était assez risqué, qui dit parfum, évocation, ne dit pas imitation. Mais c’est vrai qu’Alexandre Desplat a évoqué comme référence pour le thème principal de "Reality", la partition du "Casanova" de Fellini. Il a, je crois, parfaitement réussi. Sa musique discrète, émouvante, devient comme une voix intérieure qui vous accompagne en sourdine.
(extrait dossier de presse)

 

Autres films toujours à l'affiche :

"Tous cobayes ?" de Jean-Paul Jaud
"Les saveurs du palais" de Christian Vincent
"Camille redouble" de Noémie Lvovsky
"Cherchez Hortense" de Pascal Bonitzer
"Superstar" de Xavier Giannoli
"Associés contre le crime..." de Pascal Thomas
"Cornouaille", un film de Anne Le Ny
"Au cas où je n’aurais pas la Palme d’Or" de Renaud Cohen
"A cœur ouvert" de Marion Laine 

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

REALITY de Matteo GarroneZoom nouveauté : "Reality" de Matteo Garrone

L'histoire
Au cœur de Naples, Luciano est un chef de famille hâbleur et joyeusement exubérant qui exerce ses talents de bonimenteur et de comique devant les clients de sa poissonnerie et sa nombreuse tribu.
Un jour, poussé par ses enfants, il participe sans trop y croire au casting de la plus célèbre émission de téléréalité italienne.
Dès cet instant, sa vie entière bascule : plus rien ne compte désormais - ni sa famille, ni ses amis, ni son travail ni même la petite arnaque imaginée par son épouse qui améliorait un peu leur ordinaire !
Le rêve de devenir une personnalité médiatique modifie radicalement son destin mais aussi celui de tout son entourage…
Un film de Matteo Garrone avec Aniello Arena, Loredana Simioli, Nando Paone, Graziella Marina...

 

Bonus : propos de Matteo Garrone, réalisateur du film.

Le film s’inspire d’un fait divers ?
Oui, "Reality" plonge ses racines dans une réalité encore beaucoup plus dramatique que celle de l’histoire que je raconte. Elle a touché une famille que je connais, et je ne me serais pas permis de m’en inspirer, de créer une fiction qui la revisiterait, si les conséquences ne s’en étaient pas adoucies pour les personnes qui l’ont vécues. Dont j’ai d’ailleurs obtenu le plein accord avant de me lancer dans l’écriture avec mes coscénaristes Massimo Gaudioso, Ugo Chiti et Maurizio Braucci. L’histoire « vraie » n’a donc été que le point de départ de l’aventure. Je trouvais le sujet passionnant, mais craignais presqu’il ne donne matière qu’à un court-métrage ! Petit à petit, il s’est nourri, s’est enrichi, s’est amplifié jusqu’à devenir ce qu’il est.

REALITY de Matteo GarroneLe processus d’écriture a été long, difficile ?
Non, l’écriture n’a pas posé de problème, le véritable écueil était de montrer la télévision au cinéma, ce qui, la plupart du temps aboutit à un désastre. Il fallait trouver une idée pour raconter le monde de la télévision sans l’imiter, sans tenter de lui ressembler. Raconter une histoire qui se déroulerait sur deux plans, l’un géographique - on voyagerait à travers l’Italie, de Naples à Rome -, l’autre psychologique : le voyage du personnage principal obsédé par le désir de devenir le héros de l’émission Il Grande Fratello, à travers sa propre identité. C’était assez difficile à appréhender, la frontière entre la réalité et le rêve, entre la vérité et l’illusion, nous semblait imprécise, nous avions l’impression de nous déplacer sur des sables mouvants. J’étais très conscient du risque que je courais, celui de tomber dans le métaphorique, le pédagogique, la dénonciation moralisatrice de la télévision. Cet aspect là, sans doute plus facile, ne m’intéressait pas. Je voulais montrer la télévision comme un Eldorado, un Olympe inatteignable, un lieu magique qui permet de s’évader de sa propre réalité. Mais c’est en fait une rue barrée. La question que l’on peut se poser est celle-là : pourquoi un homme, une famille, un quartier, une ville, une grande partie d’un pays, rêve-t-il de s’évader de sa propre réalité, qui finalement n’est pas si déprimante ? La télévision va devenir le détonateur de la folie de Luciano : il a pourtant une famille vaste et affectueuse, sa poissonnerie marche bien, les quelques arnaques qu’il a montées arrondissent ses fins de mois et il jouit même d’une petite gloire locale d’amuseur… Le film est l’histoire d’une contagion. Le personnage de Luciano est contaminé par la pression de sa famille, de son quartier, de sa ville, comme si à un certain moment, le rêve collectif se substituait aux besoins quotidiens, prenant le pas sur tout. C’est cela qui me semblait intéressant, dans la mesure où le désir somme toute légitime - mais dans "reality" exacerbé -, d’avoir une vie plus belle, plus riche, plus facile, peut être éprouvé par chacun de nous. La télévision, aujourd’hui, d’une certaine façon, ne recrée-t-elle pas la réalité ? Et donc « entrer » dans la télévision ne correspondrait plus à la seule volonté de participer, d’être dans la lumière, mais répondrait à une question existentielle. Comme si le fait d’être « dedans » rendait vivant, devenait le signe irréfutable et visible par tous de son existence. Bien sûr, il y a là le ressort d’une fable. "Reality" est mon septième film, et le fil conducteur de tout mon cinéma est bien REALITY de Matteo Garronela morale (ou l’amoralité !) de la fable. Même "Gomorra", où une forme documentaire me semblait la plus juste, comporte des personnages appartenant au ressort de la fable.

Dès sa projection au Festival de Cannes, 'Reality" a été inondé de références flatteuses. On a évoqué à son sujet Fellini, le Comencini de "L'argent de la vieille", le Scorsese de "La valse des pantins"…

Très flatteur, en effet ! Mais il n’y a pas eu de ma part de volonté préalable dans ce domaine. Pour l’ouverture, ce mariage outrageusement somptueux où l’on voit un carrosse doré tiré par des chevaux blancs - et malgré les apparences, je confirme que ce genre de cérémonie extravagante existe ! - j’ai pensé à Cendrillon, au conte de fées. Ce n’est que lorsque le film a été terminé qu’en effet, j’ai vu que la scène pouvait passer pour un hommage au grand Fellini, celui du "Cheik blanc". Si pour "Gomorra" mes références allaient vers Rossellini, disons qu’au départ, pour "Reality", le film étant d’essence napolitaine je me suis évidemment référé à Eduardo De Filippo, et pour l’atmosphère, plutôt à "Mariage à l'italienne" et à "l'or de Naples" de Vittorio De Sica. Je voulais une Naples décadente mais chaleureuse. La décadence des « palazzi » décrépits et authentiques entourant la place animée et amicale, qui est pour sa part un décor entièrement construit. On m’a posé la question : « Après "Gomorra", pourquoi Naples une nouvelle fois ? ». Parce que Naples me semblait le lieu idéal pour faire se confronter plusieurs réalités. Parce que le film est composé de plusieurs mondes qui se rencontrent, REALITY de Matteo Garroneentrent en collision, s’interpénètrent. Des lieux de vie - la place, la maison, des lieux qui n’en sont pas, qui ressemblent déjà à des plateaux de cinéma - le centre commercial, l’aqua-parc, des lieux enfin qui paraissent dans leur abstraction glaciale totalement inventés, et qui sont pourtant, à Cinecitta, les véritables studios d’Endemol, les temples de la téléréalité… J’ai donc fait se confronter ces réalités diverses et contradictoires, mais en me refusant de verser dans une nostalgie stérile.

Vous avez réfuté la référence volontaire à Fellini, mais la belle musique d’Alexandre Desplat n’évoque-t-elle pas immanquablement celle de Nino Rota ?
Là, oui, ce n’est pas l’effet du hasard, et Nino Rota a été notre guide. C’était assez risqué, qui dit parfum, évocation, ne dit pas imitation. Mais c’est vrai qu’Alexandre Desplat a évoqué comme référence pour le thème principal de "Reality", la partition du "Casanova" de Fellini. Il a, je crois, parfaitement réussi. Sa musique discrète, émouvante, devient comme une voix intérieure qui vous accompagne en sourdine.
(extrait dossier de presse)

 

Autres films toujours à l'affiche :

"Tous cobayes ?" de Jean-Paul Jaud
"Les saveurs du palais" de Christian Vincent
"Camille redouble" de Noémie Lvovsky
"Cherchez Hortense" de Pascal Bonitzer
"Superstar" de Xavier Giannoli
"Associés contre le crime..." de Pascal Thomas
"Cornouaille", un film de Anne Le Ny
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