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Mercredi cinéma : "Camille redouble" de Noémie Lvovsky

Publié le : 12-09-2012

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

CAMILLE REDOUBLE de Noemie LvovskyZoom nouveauté : "Camille redouble" de Noémie Lvovsky

L'histoire
Camille a seize ans lorsqu’elle rencontre Eric. Ils s’aiment passionnément et Camille donne naissance à une fille… 25 ans plus tard : Eric quitte Camille pour une femme plus jeune.
Le soir du 31 décembre, Camille se trouve soudain renvoyée dans son passé. Elle a de nouveau seize ans. Elle retrouve ses parents, ses amies, son adolescence… et Eric. Va-t-elle fuir et tenter de changer leur vie à tous deux ? Va-t-elle l’aimer à nouveau alors qu’elle connaît la fin de leur histoire ?
Un film de et avec Noémie Lvovsky et avec Samir Guesmi, Judith Chemla, India Hair, Julia Faure, Yolande Moreau, Denis Podalydès…

 >> Samedi 16 septembre 2012 : SOIREE SPECIALE NOEMIE LVOVSKY aux Toiles de Saint-Gratien (place François Truffaut) : REPORTEE au vendredi 21 novembre 2012 à 21 H

 

Bonus : propos de Noémie Lvovsky, réalisatrice du film

Comment avez-vous eu l’idée de cette scène d’ouverture piquante, où Camille peine sur le tournage d’un film gore et s’entend dire par le réalisateur : « Ce n’est pas la meilleure actrice du monde mais la pulsation est bonne » ?
J’avais envie que le personnage de Camille soit, ou plutôt essaie, d’être comédienne. Très jeune, elle a eu ce rêve de jouer de grands textes et elle se retrouve à quarante ans passés avec pour seul texte des râles d’agonie. Je voulais qu’on la voie galérer. J’ai eu la chance de ne pas connaître son parcours, je n’ai commencé à jouer que tardivement, à trente ans passés, et sans le chercher. Mais quand j’étais enfant et adolescente, comme elle, je rêvais de devenir actrice.
De 11 ans à 15 ans, j’ai suivi les cours de théâtre du mercredi après-midi et des stages d’été ; j’étais CAMILLE REDOUBLE de Noemie Lvovskypassionnée, je lisais avec avidité tous les textes de Musset, Tchekov, Molière, Goldoni… Et puis à 15 ans, j’ai passé une audition et quelqu’un m’a fait une réflexion sur mon physique en me disant que j’avais l’air plus vieille que mon âge, trop vieille, trop grosse pour jouer les jeunes premières, trop jeune pour jouer des confidentes. Ça m’a fait violence et j’ai tout arrêté.
Il y a onze ans, Yvan Attal préparait 'Ma femme est une actrice 'et m’a demandé de jouer sa sœur. C’était la première fois que je jouais depuis les petits cours de théâtre de mon adolescence. Yvan m’a donné le « la » et fait un cadeau magnifique. Aujourd’hui, je suis toujours surprise quand on me considère comme une comédienne. Je joue, j’adore ça, mais ça n’est pas mon métier… Contrairement à moi, Camille s’est accrochée à son rêve de jeunesse. J’ai eu envie de la voir au travail et d’ouvrir le film sur un dispositif de tournage. Il y avait aussi le bonheur de faire jouer les gens de mon équipe : hormis Riad Sattouf qui incarne le réalisateur, l’assistant du chef opérateur joue le rôle du chef opérateur, le chef électro, la première assistante, l’habilleuse etc… jouent leur propre rôle. J’avais envie de mettre en lumière des gens qui n’y sont pas habituellement et qui fabriquent le film.

Eprouvez-vous une nostalgie envers ces années 80, dans lesquelles Camille se retrouve miraculeusement transportée ?
Je ne crois pas. Il y a certainement une mélancolie, c’est un film qui parle de la perte, mais pas de nostalgie. Il se trouve que j’ai été adolescente dans ces années-là, alors tout naturellement, j’y ai situé le film. Je n’ai pas de regret mais des souvenirs extrêmement présents, vivaces. A l’adolescence, on CAMILLE REDOUBLE de Noemie Lvovskyest toutes antennes sorties, nerfs à vif, ultrasensibles. Et on reste toute sa vie imprégné de cette période, des musiques qu’on écoutait, des gens qui nous accompagnaient…
En écrivant, en tournant, en jouant Camille, je revenais sans cesse à des questions que je me pose depuis l’enfance : est-ce que le temps nous change au point de devenir quelqu’un d’autre ou est-ce qu’il existe en nous une part d’irréductible ? Est-ce que cette part d’irréductible existe dans l’amitié, dans l’amour ? « Est-ce que c’est la vie qui abîme l’amour ou est-ce que l’amour a forcément une fin ? », demande Camille à Josépha qui joue sa psychanalyste.

Ce sont des interrogations plutôt dures pour l’adolescente que vous étiez…

On se pose des questions très sombres à ce moment-là. Et puis le temps passe et ces questions restent. A quarante ans passés, Camille se les pose encore. Elle aurait voulu que l’amour dure toujours. Elle exigeait un absolu, comme la Camille de Musset dans « On ne badine pas avec l’amour ». Mais à force de vouloir l’absolu et des garanties, la Camille de Musset finit par passer à côté de l’homme qu’elle aime et repart dans son couvent où elle ne risque rien. Elle finira sa vie dans la solitude, le mensonge et le dessèchement. Je n’ai pris conscience qu’au montage du chemin de ma Camille. Je croyais avoir écrit une histoire de remariage et j’ai découvert avec le dernier plan du film que Camille reste seule. Seule mais apaisée par son voyage dans le temps qui lui aura appris que les choses de la vie, les gens, l’amour, l’amitié sont périssables et que ça n’est pas une mauvaise nouvelle.

Il n’y a aucune ostentation dans la reconstitution des années 80, mais plutôt un ressenti de l’humeur et d’une atmosphère insouciantes…
Je ne cherchais pas à reconstituer les années 80 mais à entrer dans la tête de Camille. On voyage dans son « deuxième passé », je voulais qu’il ait les CAMILLE REDOUBLE de Noemie Lvovskycouleurs et les formes de son imaginaire et de ses souvenirs. J’ai demandé au chef opérateur, aux décorateurs, à la costumière de chercher la sève, l’énergie, l’élan d’une jeunesse réinventée par le souvenir.

Y avait-il, dès le départ, la conviction de jouer pour la première fois dans l’un de vos films, qui plus est le rôle principal ?
Je ne l’ai jamais eue. D’ailleurs, ce n’est pas moi que vous voyez à l’écran (rires). C’est d’abord Jean-Louis Livi, le producteur, qui a voulu que je joue Camille. Il a insisté avec beaucoup de délicatesse et d’acharnement. Il m’a demandé de me faire passer des essais avant de rencontrer d’autres comédiennes. C’est ce que j’ai fait… Je n’étais pas bonne. Mais Jean-Louis a persévéré. Je n’arrivais pas à lui dire « Oui », je n’arrivais pas à lui dire « Non ». Même mauvaise aux essais, j’avais tellement de plaisir à jouer ! Alors il m’a proposé de faire de nouveaux essais dans des conditions de tournage avec de la lumière, l’équipe image, une maquilleuse, une coiffeuse, des costumes…
C’est très rare de pouvoir faire des essais comme ça, ça n’arrive jamais, ça coûte trop cher.
Les conditions de tournage m’ont donné une grande énergie, de l’intensité… J’étais meilleure. Là, Jean-Louis m’a dit : « Vous faites le rôle et on n’en parle plus, on ne remet plus ça en question ». J’ai dit « D’accord ». Le bonheur de jouer l’a emporté mais je me sentais sur des sables mouvants : c’était la première fois que je portais tout un film comme actrice. Et tout en le réalisant… J’ai essayé de mesurer l’ampleur de la tâche, je me suis bien entourée et puis on s’est mis au travail, on a commencé les répétitions.


Etait-ce une forme d’aboutissement, de "réconciliation" entre vos parcours d’auteur-réalisatrice et de comédienne ?
La grande nouveauté, la grande inconnue, c’était : « Pour qui je joue ? ». Quand je fais l’actrice, je joue pour un metteur en scène, je me fonds dans son monde, dans sa personnalité. Pour Camille, je ne pouvais pas jouer pour moi-même. Alors je m’en suis remise à mes partenaires, je jouais pour eux. Et pour Jean-Louis Livi, notre premier spectateur.

L’idée phare du film est de voir les personnages principaux incarnés à différents âges par les mêmes acteurs…
Si les mêmes acteurs n’avaient pas joué les deux âges, je n’aurais pas fait le film. Je voulais raconter, entre autre, qu’à certains moments de notre vie, on a tous les âges à la fois. Seuls les mêmes acteurs jouant plusieurs âges pouvaient incarner cela.

Avez-vous pensé au risque de ridicule pour les comédiens et comment êtes-vous parvenue à l’éviter ?
Je n’ai pas peur du ridicule, en général (rires). Lorsque je joue, j’aime me retrouver dans des situations qui le frôlent. Quand Riad Sattouf m’a demandé CAMILLE REDOUBLE de Noemie Lvovskyde jouer dans "Les beaux gosses" sans maquillage, avec une coiffure qui ressemblait à un ananas et un survêtement des années 70, ça m’a beaucoup amusée.
C’est le manque de vérité qui rend le ridicule insupportable. Mes partenaires et moi cherchions à être vrais et la question du ridicule était évacuée. Je devais jouer quelque chose que je n’avais jamais approché : être à la fois dans l’instant et à distance, parce que Camille a déjà vécu. Il fallait trouver ce mouvement de balancier, parfois à l’intérieur d’un même plan.

On a le sentiment que le regard émerveillé que porte Camille sur ses proches correspond à celui que vous avez sur vos acteurs…
Absolument ! Je n’écris pas en pensant à des acteurs, parce que j’ai besoin de me prendre pour chacun des personnages. Par contre, lorsque je propose le rôle à un acteur, je cherche à ce que le personnage lui ressemble. J’ai énormément d’amour et d’admiration pour les acteurs : c’est une vocation et une aspiration magnifiques. On répète beaucoup. Et une fois que le tournage commence, j’essaie d’oublier la préparation et je me concentre sur le rythme, « la pulsation », comme dit Riad Sattouf au début du film, en me laissant émerveiller par les comédiens. D’une certaine manière, ce sont eux qui me dirigent. Ils sont aussi un peu les co-réalisateurs du film.

Comment avez-vous vécu l’accueil enthousiaste du film, lors de sa présentation à Cannes ?
Nous avions achevé le film deux ou trois jours avant de partir à Cannes. Je n’ai pas pu rester pour le voir avec les premiers spectateurs, j’avais trop le trac. Quand je suis revenue pour le générique de fin, j’ai entendu les applaudissements chaleureux et vu le public debout : j’étais émue, déroutée aussi parce qu’on sortait de mois dans la pénombre de la salle de montage et de l’auditorium. Bruno Podalydès était là, il m’a donné mon premier retour sur le film, en me disant qu’il s’était senti comme le héros d’un film de science fiction à qui on enfonce doucement une main dans le cœur, sans douleur. Son avis compte pour moi, j’étais heureuse. J’aimerais que le film donne envie de regarder les gens en essayant d’éprouver leur existence et leur mortalité…
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

CAMILLE REDOUBLE de Noemie LvovskyZoom nouveauté : "Camille redouble" de Noémie Lvovsky

L'histoire
Camille a seize ans lorsqu’elle rencontre Eric. Ils s’aiment passionnément et Camille donne naissance à une fille… 25 ans plus tard : Eric quitte Camille pour une femme plus jeune.
Le soir du 31 décembre, Camille se trouve soudain renvoyée dans son passé. Elle a de nouveau seize ans. Elle retrouve ses parents, ses amies, son adolescence… et Eric. Va-t-elle fuir et tenter de changer leur vie à tous deux ? Va-t-elle l’aimer à nouveau alors qu’elle connaît la fin de leur histoire ?
Un film de et avec Noémie Lvovsky et avec Samir Guesmi, Judith Chemla, India Hair, Julia Faure, Yolande Moreau, Denis Podalydès…

 >> Samedi 16 septembre 2012 : SOIREE SPECIALE NOEMIE LVOVSKY aux Toiles de Saint-Gratien (place François Truffaut) : REPORTEE au vendredi 21 novembre 2012 à 21 H

 

Bonus : propos de Noémie Lvovsky, réalisatrice du film

Comment avez-vous eu l’idée de cette scène d’ouverture piquante, où Camille peine sur le tournage d’un film gore et s’entend dire par le réalisateur : « Ce n’est pas la meilleure actrice du monde mais la pulsation est bonne » ?
J’avais envie que le personnage de Camille soit, ou plutôt essaie, d’être comédienne. Très jeune, elle a eu ce rêve de jouer de grands textes et elle se retrouve à quarante ans passés avec pour seul texte des râles d’agonie. Je voulais qu’on la voie galérer. J’ai eu la chance de ne pas connaître son parcours, je n’ai commencé à jouer que tardivement, à trente ans passés, et sans le chercher. Mais quand j’étais enfant et adolescente, comme elle, je rêvais de devenir actrice.
De 11 ans à 15 ans, j’ai suivi les cours de théâtre du mercredi après-midi et des stages d’été ; j’étais CAMILLE REDOUBLE de Noemie Lvovskypassionnée, je lisais avec avidité tous les textes de Musset, Tchekov, Molière, Goldoni… Et puis à 15 ans, j’ai passé une audition et quelqu’un m’a fait une réflexion sur mon physique en me disant que j’avais l’air plus vieille que mon âge, trop vieille, trop grosse pour jouer les jeunes premières, trop jeune pour jouer des confidentes. Ça m’a fait violence et j’ai tout arrêté.
Il y a onze ans, Yvan Attal préparait 'Ma femme est une actrice 'et m’a demandé de jouer sa sœur. C’était la première fois que je jouais depuis les petits cours de théâtre de mon adolescence. Yvan m’a donné le « la » et fait un cadeau magnifique. Aujourd’hui, je suis toujours surprise quand on me considère comme une comédienne. Je joue, j’adore ça, mais ça n’est pas mon métier… Contrairement à moi, Camille s’est accrochée à son rêve de jeunesse. J’ai eu envie de la voir au travail et d’ouvrir le film sur un dispositif de tournage. Il y avait aussi le bonheur de faire jouer les gens de mon équipe : hormis Riad Sattouf qui incarne le réalisateur, l’assistant du chef opérateur joue le rôle du chef opérateur, le chef électro, la première assistante, l’habilleuse etc… jouent leur propre rôle. J’avais envie de mettre en lumière des gens qui n’y sont pas habituellement et qui fabriquent le film.

Eprouvez-vous une nostalgie envers ces années 80, dans lesquelles Camille se retrouve miraculeusement transportée ?
Je ne crois pas. Il y a certainement une mélancolie, c’est un film qui parle de la perte, mais pas de nostalgie. Il se trouve que j’ai été adolescente dans ces années-là, alors tout naturellement, j’y ai situé le film. Je n’ai pas de regret mais des souvenirs extrêmement présents, vivaces. A l’adolescence, on CAMILLE REDOUBLE de Noemie Lvovskyest toutes antennes sorties, nerfs à vif, ultrasensibles. Et on reste toute sa vie imprégné de cette période, des musiques qu’on écoutait, des gens qui nous accompagnaient…
En écrivant, en tournant, en jouant Camille, je revenais sans cesse à des questions que je me pose depuis l’enfance : est-ce que le temps nous change au point de devenir quelqu’un d’autre ou est-ce qu’il existe en nous une part d’irréductible ? Est-ce que cette part d’irréductible existe dans l’amitié, dans l’amour ? « Est-ce que c’est la vie qui abîme l’amour ou est-ce que l’amour a forcément une fin ? », demande Camille à Josépha qui joue sa psychanalyste.

Ce sont des interrogations plutôt dures pour l’adolescente que vous étiez…

On se pose des questions très sombres à ce moment-là. Et puis le temps passe et ces questions restent. A quarante ans passés, Camille se les pose encore. Elle aurait voulu que l’amour dure toujours. Elle exigeait un absolu, comme la Camille de Musset dans « On ne badine pas avec l’amour ». Mais à force de vouloir l’absolu et des garanties, la Camille de Musset finit par passer à côté de l’homme qu’elle aime et repart dans son couvent où elle ne risque rien. Elle finira sa vie dans la solitude, le mensonge et le dessèchement. Je n’ai pris conscience qu’au montage du chemin de ma Camille. Je croyais avoir écrit une histoire de remariage et j’ai découvert avec le dernier plan du film que Camille reste seule. Seule mais apaisée par son voyage dans le temps qui lui aura appris que les choses de la vie, les gens, l’amour, l’amitié sont périssables et que ça n’est pas une mauvaise nouvelle.

Il n’y a aucune ostentation dans la reconstitution des années 80, mais plutôt un ressenti de l’humeur et d’une atmosphère insouciantes…
Je ne cherchais pas à reconstituer les années 80 mais à entrer dans la tête de Camille. On voyage dans son « deuxième passé », je voulais qu’il ait les CAMILLE REDOUBLE de Noemie Lvovskycouleurs et les formes de son imaginaire et de ses souvenirs. J’ai demandé au chef opérateur, aux décorateurs, à la costumière de chercher la sève, l’énergie, l’élan d’une jeunesse réinventée par le souvenir.

Y avait-il, dès le départ, la conviction de jouer pour la première fois dans l’un de vos films, qui plus est le rôle principal ?
Je ne l’ai jamais eue. D’ailleurs, ce n’est pas moi que vous voyez à l’écran (rires). C’est d’abord Jean-Louis Livi, le producteur, qui a voulu que je joue Camille. Il a insisté avec beaucoup de délicatesse et d’acharnement. Il m’a demandé de me faire passer des essais avant de rencontrer d’autres comédiennes. C’est ce que j’ai fait… Je n’étais pas bonne. Mais Jean-Louis a persévéré. Je n’arrivais pas à lui dire « Oui », je n’arrivais pas à lui dire « Non ». Même mauvaise aux essais, j’avais tellement de plaisir à jouer ! Alors il m’a proposé de faire de nouveaux essais dans des conditions de tournage avec de la lumière, l’équipe image, une maquilleuse, une coiffeuse, des costumes…
C’est très rare de pouvoir faire des essais comme ça, ça n’arrive jamais, ça coûte trop cher.
Les conditions de tournage m’ont donné une grande énergie, de l’intensité… J’étais meilleure. Là, Jean-Louis m’a dit : « Vous faites le rôle et on n’en parle plus, on ne remet plus ça en question ». J’ai dit « D’accord ». Le bonheur de jouer l’a emporté mais je me sentais sur des sables mouvants : c’était la première fois que je portais tout un film comme actrice. Et tout en le réalisant… J’ai essayé de mesurer l’ampleur de la tâche, je me suis bien entourée et puis on s’est mis au travail, on a commencé les répétitions.


Etait-ce une forme d’aboutissement, de "réconciliation" entre vos parcours d’auteur-réalisatrice et de comédienne ?
La grande nouveauté, la grande inconnue, c’était : « Pour qui je joue ? ». Quand je fais l’actrice, je joue pour un metteur en scène, je me fonds dans son monde, dans sa personnalité. Pour Camille, je ne pouvais pas jouer pour moi-même. Alors je m’en suis remise à mes partenaires, je jouais pour eux. Et pour Jean-Louis Livi, notre premier spectateur.

L’idée phare du film est de voir les personnages principaux incarnés à différents âges par les mêmes acteurs…
Si les mêmes acteurs n’avaient pas joué les deux âges, je n’aurais pas fait le film. Je voulais raconter, entre autre, qu’à certains moments de notre vie, on a tous les âges à la fois. Seuls les mêmes acteurs jouant plusieurs âges pouvaient incarner cela.

Avez-vous pensé au risque de ridicule pour les comédiens et comment êtes-vous parvenue à l’éviter ?
Je n’ai pas peur du ridicule, en général (rires). Lorsque je joue, j’aime me retrouver dans des situations qui le frôlent. Quand Riad Sattouf m’a demandé CAMILLE REDOUBLE de Noemie Lvovskyde jouer dans "Les beaux gosses" sans maquillage, avec une coiffure qui ressemblait à un ananas et un survêtement des années 70, ça m’a beaucoup amusée.
C’est le manque de vérité qui rend le ridicule insupportable. Mes partenaires et moi cherchions à être vrais et la question du ridicule était évacuée. Je devais jouer quelque chose que je n’avais jamais approché : être à la fois dans l’instant et à distance, parce que Camille a déjà vécu. Il fallait trouver ce mouvement de balancier, parfois à l’intérieur d’un même plan.

On a le sentiment que le regard émerveillé que porte Camille sur ses proches correspond à celui que vous avez sur vos acteurs…
Absolument ! Je n’écris pas en pensant à des acteurs, parce que j’ai besoin de me prendre pour chacun des personnages. Par contre, lorsque je propose le rôle à un acteur, je cherche à ce que le personnage lui ressemble. J’ai énormément d’amour et d’admiration pour les acteurs : c’est une vocation et une aspiration magnifiques. On répète beaucoup. Et une fois que le tournage commence, j’essaie d’oublier la préparation et je me concentre sur le rythme, « la pulsation », comme dit Riad Sattouf au début du film, en me laissant émerveiller par les comédiens. D’une certaine manière, ce sont eux qui me dirigent. Ils sont aussi un peu les co-réalisateurs du film.

Comment avez-vous vécu l’accueil enthousiaste du film, lors de sa présentation à Cannes ?
Nous avions achevé le film deux ou trois jours avant de partir à Cannes. Je n’ai pas pu rester pour le voir avec les premiers spectateurs, j’avais trop le trac. Quand je suis revenue pour le générique de fin, j’ai entendu les applaudissements chaleureux et vu le public debout : j’étais émue, déroutée aussi parce qu’on sortait de mois dans la pénombre de la salle de montage et de l’auditorium. Bruno Podalydès était là, il m’a donné mon premier retour sur le film, en me disant qu’il s’était senti comme le héros d’un film de science fiction à qui on enfonce doucement une main dans le cœur, sans douleur. Son avis compte pour moi, j’étais heureuse. J’aimerais que le film donne envie de regarder les gens en essayant d’éprouver leur existence et leur mortalité…
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