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Mercredi cinéma : "Une famille respectable" de Massoud Bakhshi

Publié le : 31-10-2012

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

Une famille respectable de massoud BakhshiZoom nouveauté : "Une famille respectable" de Massoud Bakhshi avec Babak Hamidian, Mehrdad Sedighian.

L'histoire
Arash est un universitaire iranien qui vit en Occident. Il retourne donner des cours à Chiraz où vit sa mère, loin de Téhéran. Entraîné dans un tourbillon d’intrigues familiales et financières, il replonge dans un pays dont il ne possède plus les codes. A la mort de son père, découvrant ce qu’est devenue sa "famille respectable", il est contraint de faire des choix.
Un film de Massoud Bakhshi avec Babak Hamidian, Mehrdad Sedighian

 

Bonus : propos de Massoud Bakhshi recueillis par Marie-Pierre Duhamel Muller

Comment définiriez-vous le genre d’'Une Famille Respectable' ?
Il y a plusieurs modes de récit dans mon film car j’aime la capacité du cinéma moderne à mélanger les genres. "Une famille respectable" est structuré comme un polar, un thriller. Je suis très attaché aux films noirs français et américains. J’ai été influencé et inspiré par les films de Jean-Pierre Melville ou par ceux de la Nouvelle Vague. L’intrigue qui guide le trajet d’Arash, mon personnage principal, est un dévoilement progressif de secrets et de complots. Une autre ligne de récit me vient du cinéma de "drame familial", et surtout des néoréalistes italiens. La famille est le lieu du drame. Ces lignes se mêlent, se complètent, se croisent. S’y ajoutent, quand il s’agit d’évoquer le passé vécu par Arash, les archives filmées de la guerre. Elles me passionnent d’autant plus que je viens du documentaire. D’ailleurs, en commençant ce film, j’ai dit à l’équipe et aux acteurs que nous allions réaliser un documentaire. Ils se sont étonnés - surtout les comédiens - du mot "documentaire" : « Mais nous, on travaille dans la fiction ». J’ai répondu que je ne Une famille respectable de massoud Bakhshivoyais pas le cinéma autrement. Faire un documentaire signifie que je dois croire à l’histoire. A l’écriture du scénario, j’ai constamment cherché, pour chaque personnage, chaque détail, chaque anecdote, un lien avec le réel. Dans ma vie, parmi mes amis, dans ma famille… J’ai relié chaque personnage et chaque événement à quelqu’un de réel. Je devais être le premier à y croire.

Comment décririez-vous ce qui anime le personnage principal, Arash ?
Mon personnage principal, Arash, ne porte pas par hasard le nom d’un héros de la tradition orale iranienne, Arash l’Archer, dont la légende dit qu’il se sacrifia pour sauver le pays. Arash n’est pas un « exilé » : il est parti adolescent étudier à l’étranger, il y est resté 22 ans, il est revenu en Iran pour enseigner quelques mois à l’université de Chiraz. Dans le film, ses vicissitudes entre Chiraz et Téhéran se déroulent en moins d’une semaine de temps réel et la quasi-totalité du film est racontée de son point de vue, y compris ses souvenirs d’enfance, en flash-back, qui amènent une autre dimension temporelle. J’ai conçu cette double temporalité pour donner plus d’intensité au scénario et pour rendre plus décisive la question à laquelle Arash doit répondre à la fin : rester ou ne pas rester.
Où qu’il porte le regard, Arash remarque des scènes de violence, dans les rues de Téhéran, sur Une famille respectable de massoud Bakhshiune autoroute, partout dans la ville… ces scènes d’altercations ou de brutalité paraissent constamment le cerner. Arash regarde ces traces de violence dans la vie quotidienne sans rien faire. Il demande à ses étudiants : « Que puis-je faire ? ». Les étudiants répondent : « Nous aider. » Et c’est seulement à la fin du film que nous verrons le premier et seul gros plan du visage d’Arash : il marche aux côtés des étudiants, dans le soleil, vers le Monument de la Liberté de Téhéran. Il a pris conscience de son identité, rejeté ses doutes et sa méfiance, il est sûr de lui. Comme les jeunes qui choisissent de construire l’avenir du pays au lieu de choisir une "vie meilleure" à l’étranger. Cette question de l’identité iranienne, ce que signifie aujourd’hui « être iranien », c’est la question centrale de la jeunesse iranienne aujourd’hui.
C’est donc aussi celle du personnage principal.

Dans cette « famille respectable », le père semble être la clé du drame, mais c’est un fils, Hamed, qui mène le jeu…
Arash cite le grand poète Ferdowsi  qui a raconté le patriarcat. Si le mythe de l’occident est Oedipe, celui que conte Ferdowsi est le contraire : Rostam le père se bat contre son fils Sohrab et le tue. Voilà qui fonde peut-être certaines différences de regard. On pourrait aussi dire qu’entre Arash et Jafar, son demi-frère, c’est le combat d’Abel et Caïn… mais dans mon film, c’est Abel qui gagne. Quand le père d’Arash veut racheter ses péchés en léguant cet énorme don d’argent à Arash, Hamed et Jafar détournent tous les deux la "respectabilité" (celle qui leur vient d’être parent de « martyr »). Mais Hamed est de la troisième génération, il mène une autre vie et il est différent des deux autres. Il est charmant mais surtout il est extrêmement intelligent.

La corruption sous toutes ses formes est au cœur de votre film…
Une famille respectable de massoud BakhshiElle est au cœur du drame. Le pouvoir qu’incarnent Jafar et Hamed étend son réseau dans toute la société : la corruption est aussi un système de « connexions ». Ce qu’ils font, disent et complotent est le signe d’une corruption matérielle qui est aussi, fondamentalement, une corruption morale. Elle est peut-être pire que la corruption matérielle. Je voulais montrer que la morale pourrait être en train de disparaître. Hamed n’a pas hérité de la dignité morale qu’incarnent les personnages féminins, il en est l’adversaire. Arash, lui, est l’héritier de la rigueur morale résistante de sa mère et de sa tante. Je tiens beaucoup, par exemple, à la scène qui montre Hamed devant son écran de caméra de surveillance, à distance des trois femmes (la mère d’Arash, Zohreh et Hoda) qui sont à la recherche d’Arash disparu. Il tente de les faire chasser, mais elles restent, elles ne cèdent pas.

Lors de la présentation de votre film à la Quinzaine de Réalisateurs à Cannes, vous avez dédié "Une famille respectable" à toutes les femmes d’Iran…
L’importance des femmes dans notre société est déterminante. Dans mon film, je tenais à le montrer sans dissimuler l’existence de ces femmes ni céder aux clichés qui peuvent circuler en Occident. Mon équipe a été frappée par le fait que toutes les femmes de mon film sont du côté du Bien et m’a dit que j’étais excessivement féministe. Mais c’est ainsi que je vois les Iraniennes.
Dans la famille traditionnelle, c’est l’homme qui commande. Mais l’Iran d’aujourd’hui est en transition : 50 millions de jeunes, plus d’étudiantes que d’étudiants… ce système patriarcal va changer. Le rôle des femmes a toujours été déterminant dans la famille, elles ont défendu leur place même quand elles étaient confinées au foyer.
(Extrait dossier de presse - Propos recueillis par Marie-Pierre Duhamel Muller.)

 

Autres films toujours à l'affiche :

"Stars 80" de Thomas Langmann
"Au galop" de Louis-Do de Lencquesaing
"Dans la maison" de François Ozon
"Reality" de Matteo Garrone
"Tous cobayes ?" de Jean-Paul Jaud
"Les saveurs du palais" de Christian Vincent
"Camille redouble" de Noémie Lvovsky
"Cherchez Hortense" de Pascal Bonitzer

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

Une famille respectable de massoud BakhshiZoom nouveauté : "Une famille respectable" de Massoud Bakhshi avec Babak Hamidian, Mehrdad Sedighian.

L'histoire
Arash est un universitaire iranien qui vit en Occident. Il retourne donner des cours à Chiraz où vit sa mère, loin de Téhéran. Entraîné dans un tourbillon d’intrigues familiales et financières, il replonge dans un pays dont il ne possède plus les codes. A la mort de son père, découvrant ce qu’est devenue sa "famille respectable", il est contraint de faire des choix.
Un film de Massoud Bakhshi avec Babak Hamidian, Mehrdad Sedighian

 

Bonus : propos de Massoud Bakhshi recueillis par Marie-Pierre Duhamel Muller

Comment définiriez-vous le genre d’'Une Famille Respectable' ?
Il y a plusieurs modes de récit dans mon film car j’aime la capacité du cinéma moderne à mélanger les genres. "Une famille respectable" est structuré comme un polar, un thriller. Je suis très attaché aux films noirs français et américains. J’ai été influencé et inspiré par les films de Jean-Pierre Melville ou par ceux de la Nouvelle Vague. L’intrigue qui guide le trajet d’Arash, mon personnage principal, est un dévoilement progressif de secrets et de complots. Une autre ligne de récit me vient du cinéma de "drame familial", et surtout des néoréalistes italiens. La famille est le lieu du drame. Ces lignes se mêlent, se complètent, se croisent. S’y ajoutent, quand il s’agit d’évoquer le passé vécu par Arash, les archives filmées de la guerre. Elles me passionnent d’autant plus que je viens du documentaire. D’ailleurs, en commençant ce film, j’ai dit à l’équipe et aux acteurs que nous allions réaliser un documentaire. Ils se sont étonnés - surtout les comédiens - du mot "documentaire" : « Mais nous, on travaille dans la fiction ». J’ai répondu que je ne Une famille respectable de massoud Bakhshivoyais pas le cinéma autrement. Faire un documentaire signifie que je dois croire à l’histoire. A l’écriture du scénario, j’ai constamment cherché, pour chaque personnage, chaque détail, chaque anecdote, un lien avec le réel. Dans ma vie, parmi mes amis, dans ma famille… J’ai relié chaque personnage et chaque événement à quelqu’un de réel. Je devais être le premier à y croire.

Comment décririez-vous ce qui anime le personnage principal, Arash ?
Mon personnage principal, Arash, ne porte pas par hasard le nom d’un héros de la tradition orale iranienne, Arash l’Archer, dont la légende dit qu’il se sacrifia pour sauver le pays. Arash n’est pas un « exilé » : il est parti adolescent étudier à l’étranger, il y est resté 22 ans, il est revenu en Iran pour enseigner quelques mois à l’université de Chiraz. Dans le film, ses vicissitudes entre Chiraz et Téhéran se déroulent en moins d’une semaine de temps réel et la quasi-totalité du film est racontée de son point de vue, y compris ses souvenirs d’enfance, en flash-back, qui amènent une autre dimension temporelle. J’ai conçu cette double temporalité pour donner plus d’intensité au scénario et pour rendre plus décisive la question à laquelle Arash doit répondre à la fin : rester ou ne pas rester.
Où qu’il porte le regard, Arash remarque des scènes de violence, dans les rues de Téhéran, sur Une famille respectable de massoud Bakhshiune autoroute, partout dans la ville… ces scènes d’altercations ou de brutalité paraissent constamment le cerner. Arash regarde ces traces de violence dans la vie quotidienne sans rien faire. Il demande à ses étudiants : « Que puis-je faire ? ». Les étudiants répondent : « Nous aider. » Et c’est seulement à la fin du film que nous verrons le premier et seul gros plan du visage d’Arash : il marche aux côtés des étudiants, dans le soleil, vers le Monument de la Liberté de Téhéran. Il a pris conscience de son identité, rejeté ses doutes et sa méfiance, il est sûr de lui. Comme les jeunes qui choisissent de construire l’avenir du pays au lieu de choisir une "vie meilleure" à l’étranger. Cette question de l’identité iranienne, ce que signifie aujourd’hui « être iranien », c’est la question centrale de la jeunesse iranienne aujourd’hui.
C’est donc aussi celle du personnage principal.

Dans cette « famille respectable », le père semble être la clé du drame, mais c’est un fils, Hamed, qui mène le jeu…
Arash cite le grand poète Ferdowsi  qui a raconté le patriarcat. Si le mythe de l’occident est Oedipe, celui que conte Ferdowsi est le contraire : Rostam le père se bat contre son fils Sohrab et le tue. Voilà qui fonde peut-être certaines différences de regard. On pourrait aussi dire qu’entre Arash et Jafar, son demi-frère, c’est le combat d’Abel et Caïn… mais dans mon film, c’est Abel qui gagne. Quand le père d’Arash veut racheter ses péchés en léguant cet énorme don d’argent à Arash, Hamed et Jafar détournent tous les deux la "respectabilité" (celle qui leur vient d’être parent de « martyr »). Mais Hamed est de la troisième génération, il mène une autre vie et il est différent des deux autres. Il est charmant mais surtout il est extrêmement intelligent.

La corruption sous toutes ses formes est au cœur de votre film…
Une famille respectable de massoud BakhshiElle est au cœur du drame. Le pouvoir qu’incarnent Jafar et Hamed étend son réseau dans toute la société : la corruption est aussi un système de « connexions ». Ce qu’ils font, disent et complotent est le signe d’une corruption matérielle qui est aussi, fondamentalement, une corruption morale. Elle est peut-être pire que la corruption matérielle. Je voulais montrer que la morale pourrait être en train de disparaître. Hamed n’a pas hérité de la dignité morale qu’incarnent les personnages féminins, il en est l’adversaire. Arash, lui, est l’héritier de la rigueur morale résistante de sa mère et de sa tante. Je tiens beaucoup, par exemple, à la scène qui montre Hamed devant son écran de caméra de surveillance, à distance des trois femmes (la mère d’Arash, Zohreh et Hoda) qui sont à la recherche d’Arash disparu. Il tente de les faire chasser, mais elles restent, elles ne cèdent pas.

Lors de la présentation de votre film à la Quinzaine de Réalisateurs à Cannes, vous avez dédié "Une famille respectable" à toutes les femmes d’Iran…
L’importance des femmes dans notre société est déterminante. Dans mon film, je tenais à le montrer sans dissimuler l’existence de ces femmes ni céder aux clichés qui peuvent circuler en Occident. Mon équipe a été frappée par le fait que toutes les femmes de mon film sont du côté du Bien et m’a dit que j’étais excessivement féministe. Mais c’est ainsi que je vois les Iraniennes.
Dans la famille traditionnelle, c’est l’homme qui commande. Mais l’Iran d’aujourd’hui est en transition : 50 millions de jeunes, plus d’étudiantes que d’étudiants… ce système patriarcal va changer. Le rôle des femmes a toujours été déterminant dans la famille, elles ont défendu leur place même quand elles étaient confinées au foyer.
(Extrait dossier de presse - Propos recueillis par Marie-Pierre Duhamel Muller.)

 

Autres films toujours à l'affiche :

"Stars 80" de Thomas Langmann
"Au galop" de Louis-Do de Lencquesaing
"Dans la maison" de François Ozon
"Reality" de Matteo Garrone
"Tous cobayes ?" de Jean-Paul Jaud
"Les saveurs du palais" de Christian Vincent
"Camille redouble" de Noémie Lvovsky
"Cherchez Hortense" de Pascal Bonitzer

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