Chaque semaine, le journal évoque notre chère Vallée de Montmorency à travers son actualité, son histoire locale… Aujourd'hui il vous propose son histoire scindée en 6 épisodes, écrite en binôme il y a une quinzaine d'année, par deux historiens de renom : Gérard Ducoeur et le regretté Hervé Collet.
Avant de commencer cette publication, faisons connaissance avec Gérard Ducoeur, qui est la "référence" historique pour notre région. Ermontois, passionné d'archéologie depuis son plus jeune âge, il a mené une carrière professionnelle et associative passionnante qu'il évoque dans notre rencontre.
Le journal de François s'apprête à publier l'histoire condensée de la Vallée de Montmorency que vous avez écrite avec Hervé Collet. Quels souvenirs avez-vous de ce travail ?
Tout d'abord, rendons un hommage à Hervé qui était un grand communicant et savait faire partager sa passion pour l'histoire locale. On s'était connus dans les années soixante-dix quand il a commencé à publier ses ouvrages sur Eaubonne. Mais c'est surtout vers 2010, quand il a créé l'association "Valmorency" que nous sommes partis à travailler ensemble. Cela a été une belle collaboration. Pour l'histoire de la Vallée de Montmorency, nous nous sommes répartis les périodes et nous partagions nos travaux. Cela n'a pas été évident de réduire, de condenser tant d'évolutions en quelques chapitres.
Vous étiez complémentaires. A lui la communication, à vous l'expertise technique dans le domaine archéologique notamment ! Racontez-nous comment est née votre passion pour cette discipline ?
Dès mes dix ans, j'étais intéressé par les roches, les fossiles, les minéraux, tout ça… et j'avais une marraine qui habitait rue des Vignolles à Ermont. Elle était une passionnée de ce domaine et faisait partie de la société d'archéologie d'Orléans. Bref, j'ai dévoré tous les livres qu'elle m'offrait !
Cela a fait naitre chez vous cette passion qui ne vous a plus quitté ?
Oui, oui, tranquillement, tranquillement mais sûrement. Et j'ai même rencontré mon épouse grâce à l'archéologie ! Nous nous sommes rencontrés en faisant des fouilles sur l'ile de Chausey.
Est-ce que votre carrière professionnelle s'est dirigée également vers l'archéologie ?
Pas du tout. J'ai été ingénieur en pétrochimie et j'ai travaillé surtout sur l'offshore, sur les installations de production flottante. J'ai fait aussi énormément de déplacements en Afrique, en Asie, aux Etats-Unis, puis dans toute l'Europe évidemment pour réceptionner des matériels et faire des essais. J'ai beaucoup aimé mon métier mais c'est vrai que mes passions pour la géologie et l'archéologie ne m'ont pas quitté !
Vous avez créé la section d'Ermont de la "Jeunesse Préhistorique et Géologique de France" (JPGF) pour effectuer des fouilles dans la région et notamment à Ermont ?
En effet, nous avons effectué de très nombreuses fouilles dans le Val d'Oise et notamment à Ermont, avant la réalisation des immeubles qui forment maintenant le centre-ville autour de la librairie Pierre Lecut. Rendez-vous compte : c'est sur ce chantier que nous avons trouvé une balance gallo-romaine, de belles céramiques sigillées, dont un vase complet, une louche en fer et les restes d’un seau, au pied d'un mur, en fait un dépôt de fondation, on a même trouvé une monnaie gauloise !
Et comment parvenez-vous à dater vos "trouvailles" ?
Cela dépend. Par exemple, pour la période gallo-romaine, sur les céramiques sigillées, il y a des poinçons, c'est le sigillium qui correspond à un nom d'un potier. Cela nous donne à quelques années près la date de fabrication car on sait que pour chaque potier cela correspond à une période bien précise. Ensuite, on fait des diagrammes, on recoupe toutes les données et cela donne une fourchette globale pour dater un site.
Pour info, le puits gallo-romain que tout le monde peut voir aujourd'hui dans le parc Beaulieu à Ermont est le fruit d'un sauvetage que nous avons effectué en 1982.
On évoque les fouilles que vous avez dirigées… Celles de l'oppidum du Camp de César, situé dans la Forêt de Montmorency sont aussi importantes pour vous ?
Oh que de souvenirs ! Le site était à l'époque menacé par l'armée de l'air qui voulait étendre leur base de Taverny. Il a fallu négocier avec la Préfecture, trois Ministères puis avec l'Armée pour conclure à un accord de sauvegarde de l'endroit où les fouilles ont été réalisées. Ensuite le SDAVO, le Service Départemental d'Archéologie du Val d'Oise a repris le flambeau et les fouilles dans les années 2000.
Aujourd'hui, de nombreux Ermontois évoquent encore le musée d'archéologie d'Ermont que vous aviez créé avec votre association…
Oui il y avait un musée au sein de la bibliothèque. Quand la mairie a souhaité agrandir la partie consacrée aux livres, nous avons fait intervenir la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) puis la Direction générale des Antiquités pour "reverser" tous les matériels au musée archéologique de Guiry-en-Vexin. Nous avons donc dressé un inventaire et une transmission de tout le matériel. Aujourd'hui, l'équipe du musée de Guiry-en-Vexin propose des expositions temporaires et choisit quelques objets de notre don pour illustrer un thème donné.
Petite question de la part d'un novice : des fouilles sont systématiquement entreprises avant la création d'un immeuble ou lotissement ?
Normalement oui en théorie ! Mais disons que ce n'est pas systématique car les moyens se réduisent. Et cela dépend aussi si l'on soupçonne un passé historique sur ce lieu. Par exemple, à Argenteuil (Gérard Ducoeur a été président de la Société historique et archéologique d’Argenteuil et du Parisis de 2002 à 2021), il n'y a pas un grand chantier sans qu'il y ait des fouilles préalables. Cela a permis de trouver un four augustéen très rare il y a quelques années !
Existe-t-il toujours le même engouement pour l'archéologie ? Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui est attiré par ce domaine ?
Difficile de répondre. Au départ, le mouvement est venu principalement des bénévoles puis cela s'est structuré avec la mise en place de services départementaux et nationaux. Mais il existe encore de nombreuses sociétés comme la section JPGF de Villiers-le-Bel, ou le CRAVF, le Centre de Recherches Archéologiques du Vexin Français.
Pour un jeune intéressé par l'archéologie, je lui conseillerais de rejoindre une structure existante, soit une association, soit de contacter le service départemental d'archéologie à Pontoise. Ils ont un grand dépôt de fouille, et vous pouvez apprendre à "remonter" des céramiques… Mais il faut travailler aussi sur le terrain, avoir ce plaisir de la découverte, du contact avec la terre.
Ensuite, pour acquérir des connaissances, il existe de très nombreuses revues comme "Archeologia", "Les dossiers de l'Archéologie", les revues associatives.
Quittons l'archéologie pour évoquer l'histoire locale. Vous avez écrit de nombreux livres et articles sur notre chère Vallée de Montmorency. C'est l'archéologie qui vous a conduit aux recherches historiques…
L'archéologie donne les premiers éléments de l'histoire locale mais j'ai toujours été intéressé par l'évolution des villages de la Vallée de Montmorency. Cela m'a demandé d'effectuer des recherches dans les services d'archives nationaux, départementaux, locaux et l'arrivée d'internet a ensuite facilité l'accès aux informations.
C'est ainsi que je me suis intéressé notamment à Cormeilles-en-Parisis, Ermont, Saint-Prix, aux châteaux de Stors à l’Isle-Adam et Méry-sur-Oise pour l'écriture de livres, puis à toutes les villes de la Vallée. Aujourd'hui, j'effectue toujours des recherches historiques et anime des conférences quand on me le sollicite. Par exemple, le 12 octobre, je serai à Saint-Leu, à la demande de l'association "Saint-Leu toute une Histoire" pour évoquer l’histoire des villages de Saint-Leu et de Saint-Prix, de la préhistoire au XXe siècle (voir article)
Terminons en évoquant vos lieux préférés de la Vallée.
Je ne vais pas être très original en citant la forêt et le Château de la Chasse ou bien l'église de Taverny, le village de Saint-Prix. Et je mentionne également Cormeilles-en-Parisis et son nouveau musée "L'Empreinte" qui raconte l'histoire de la ville. A découvrir !
Grand merci Gérard pour votre disponibilité et pour toutes vos recherches et connaissances que vous partagez !
Chaque semaine, le journal évoque notre chère Vallée de Montmorency à travers son actualité, son histoire locale… Aujourd'hui il vous propose son histoire scindée en 6 épisodes, écrite en binôme il y a une quinzaine d'année, par deux historiens de renom : Gérard Ducoeur et le regretté Hervé Collet.
Avant de commencer cette publication, faisons connaissance avec Gérard Ducoeur, qui est la "référence" historique pour notre région. Ermontois, passionné d'archéologie depuis son plus jeune âge, il a mené une carrière professionnelle et associative passionnante qu'il évoque dans notre rencontre.
Le journal de François s'apprête à publier l'histoire condensée de la Vallée de Montmorency que vous avez écrite avec Hervé Collet. Quels souvenirs avez-vous de ce travail ?
Tout d'abord, rendons un hommage à Hervé qui était un grand communicant et savait faire partager sa passion pour l'histoire locale. On s'était connus dans les années soixante-dix quand il a commencé à publier ses ouvrages sur Eaubonne. Mais c'est surtout vers 2010, quand il a créé l'association "Valmorency" que nous sommes partis à travailler ensemble. Cela a été une belle collaboration. Pour l'histoire de la Vallée de Montmorency, nous nous sommes répartis les périodes et nous partagions nos travaux. Cela n'a pas été évident de réduire, de condenser tant d'évolutions en quelques chapitres.
Vous étiez complémentaires. A lui la communication, à vous l'expertise technique dans le domaine archéologique notamment ! Racontez-nous comment est née votre passion pour cette discipline ?
Dès mes dix ans, j'étais intéressé par les roches, les fossiles, les minéraux, tout ça… et j'avais une marraine qui habitait rue des Vignolles à Ermont. Elle était une passionnée de ce domaine et faisait partie de la société d'archéologie d'Orléans. Bref, j'ai dévoré tous les livres qu'elle m'offrait !
Cela a fait naitre chez vous cette passion qui ne vous a plus quitté ?
Oui, oui, tranquillement, tranquillement mais sûrement. Et j'ai même rencontré mon épouse grâce à l'archéologie ! Nous nous sommes rencontrés en faisant des fouilles sur l'ile de Chausey.
Est-ce que votre carrière professionnelle s'est dirigée également vers l'archéologie ?
Pas du tout. J'ai été ingénieur en pétrochimie et j'ai travaillé surtout sur l'offshore, sur les installations de production flottante. J'ai fait aussi énormément de déplacements en Afrique, en Asie, aux Etats-Unis, puis dans toute l'Europe évidemment pour réceptionner des matériels et faire des essais. J'ai beaucoup aimé mon métier mais c'est vrai que mes passions pour la géologie et l'archéologie ne m'ont pas quitté !
Vous avez créé la section d'Ermont de la "Jeunesse Préhistorique et Géologique de France" (JPGF) pour effectuer des fouilles dans la région et notamment à Ermont ?
En effet, nous avons effectué de très nombreuses fouilles dans le Val d'Oise et notamment à Ermont, avant la réalisation des immeubles qui forment maintenant le centre-ville autour de la librairie Pierre Lecut. Rendez-vous compte : c'est sur ce chantier que nous avons trouvé une balance gallo-romaine, de belles céramiques sigillées, dont un vase complet, une louche en fer et les restes d’un seau, au pied d'un mur, en fait un dépôt de fondation, on a même trouvé une monnaie gauloise !
Et comment parvenez-vous à dater vos "trouvailles" ?
Cela dépend. Par exemple, pour la période gallo-romaine, sur les céramiques sigillées, il y a des poinçons, c'est le sigillium qui correspond à un nom d'un potier. Cela nous donne à quelques années près la date de fabrication car on sait que pour chaque potier cela correspond à une période bien précise. Ensuite, on fait des diagrammes, on recoupe toutes les données et cela donne une fourchette globale pour dater un site.
Pour info, le puits gallo-romain que tout le monde peut voir aujourd'hui dans le parc Beaulieu à Ermont est le fruit d'un sauvetage que nous avons effectué en 1982.
On évoque les fouilles que vous avez dirigées… Celles de l'oppidum du Camp de César, situé dans la Forêt de Montmorency sont aussi importantes pour vous ?
Oh que de souvenirs ! Le site était à l'époque menacé par l'armée de l'air qui voulait étendre leur base de Taverny. Il a fallu négocier avec la Préfecture, trois Ministères puis avec l'Armée pour conclure à un accord de sauvegarde de l'endroit où les fouilles ont été réalisées. Ensuite le SDAVO, le Service Départemental d'Archéologie du Val d'Oise a repris le flambeau et les fouilles dans les années 2000.
Aujourd'hui, de nombreux Ermontois évoquent encore le musée d'archéologie d'Ermont que vous aviez créé avec votre association…
Oui il y avait un musée au sein de la bibliothèque. Quand la mairie a souhaité agrandir la partie consacrée aux livres, nous avons fait intervenir la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) puis la Direction générale des Antiquités pour "reverser" tous les matériels au musée archéologique de Guiry-en-Vexin. Nous avons donc dressé un inventaire et une transmission de tout le matériel. Aujourd'hui, l'équipe du musée de Guiry-en-Vexin propose des expositions temporaires et choisit quelques objets de notre don pour illustrer un thème donné.
Petite question de la part d'un novice : des fouilles sont systématiquement entreprises avant la création d'un immeuble ou lotissement ?
Normalement oui en théorie ! Mais disons que ce n'est pas systématique car les moyens se réduisent. Et cela dépend aussi si l'on soupçonne un passé historique sur ce lieu. Par exemple, à Argenteuil (Gérard Ducoeur a été président de la Société historique et archéologique d’Argenteuil et du Parisis de 2002 à 2021), il n'y a pas un grand chantier sans qu'il y ait des fouilles préalables. Cela a permis de trouver un four augustéen très rare il y a quelques années !
Existe-t-il toujours le même engouement pour l'archéologie ? Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui est attiré par ce domaine ?
Difficile de répondre. Au départ, le mouvement est venu principalement des bénévoles puis cela s'est structuré avec la mise en place de services départementaux et nationaux. Mais il existe encore de nombreuses sociétés comme la section JPGF de Villiers-le-Bel, ou le CRAVF, le Centre de Recherches Archéologiques du Vexin Français.
Pour un jeune intéressé par l'archéologie, je lui conseillerais de rejoindre une structure existante, soit une association, soit de contacter le service départemental d'archéologie à Pontoise. Ils ont un grand dépôt de fouille, et vous pouvez apprendre à "remonter" des céramiques… Mais il faut travailler aussi sur le terrain, avoir ce plaisir de la découverte, du contact avec la terre.
Ensuite, pour acquérir des connaissances, il existe de très nombreuses revues comme "Archeologia", "Les dossiers de l'Archéologie", les revues associatives.
Quittons l'archéologie pour évoquer l'histoire locale. Vous avez écrit de nombreux livres et articles sur notre chère Vallée de Montmorency. C'est l'archéologie qui vous a conduit aux recherches historiques…
L'archéologie donne les premiers éléments de l'histoire locale mais j'ai toujours été intéressé par l'évolution des villages de la Vallée de Montmorency. Cela m'a demandé d'effectuer des recherches dans les services d'archives nationaux, départementaux, locaux et l'arrivée d'internet a ensuite facilité l'accès aux informations.
C'est ainsi que je me suis intéressé notamment à Cormeilles-en-Parisis, Ermont, Saint-Prix, aux châteaux de Stors à l’Isle-Adam et Méry-sur-Oise pour l'écriture de livres, puis à toutes les villes de la Vallée. Aujourd'hui, j'effectue toujours des recherches historiques et anime des conférences quand on me le sollicite. Par exemple, le 12 octobre, je serai à Saint-Leu, à la demande de l'association "Saint-Leu toute une Histoire" pour évoquer l’histoire des villages de Saint-Leu et de Saint-Prix, de la préhistoire au XXe siècle (voir article)
Terminons en évoquant vos lieux préférés de la Vallée.
Je ne vais pas être très original en citant la forêt et le Château de la Chasse ou bien l'église de Taverny, le village de Saint-Prix. Et je mentionne également Cormeilles-en-Parisis et son nouveau musée "L'Empreinte" qui raconte l'histoire de la ville. A découvrir !
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