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Mercredi cinéma : "Le noir (te) vous va si bien" de Jacques Bral.

Publié le : 05-12-2012

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

Le noir (te) vous va si bien de Jacques BralZoom nouveauté : "Le noir (te) vous va si bien" de Jacques Bral

L'histoire
Une famille orientale émigrée, en Europe. Moncef, le père, porte en lui la souffrance du déracinement et le poids de "l’ailleurs". Sauvegarder sa culture, vivre dans le respect des traditions, c’est pour lui, plus qu’une règle de vie, une manière de rester fidèle à son passé, à son origine et surtout… à lui-même.
Chaque matin, Cobra, sa fille, quitte la maison familiale. Voilée. Mais chaque matin, elle se change, dans un café, son refuge à elle ; avant de se rendre à son travail, la chevelure et l’esprit libres. A la maison, Moncef est inquiet : Cobra est encore célibataire et il voudrait bien la marier au plus tôt. Dans l’entreprise où Cobra travaille, le jeune patron est tombé amoureux d’elle. Il est prêt à tout pour l’épouser. Mais Cobra, elle, veut choisir, comme sa mère l’avait fait en son temps avec son père. Elle n’aura pas le temps de présenter "l’homme de sa vie" à ses parents. Un ami de son père les surprend. Dans le café…
Un film de Jacques Bral avec Sofiia Manousha, Lounès Tazairi, Julien Baumgartner, Grégoire Leprince-Ringuet, Elise Lhomeau, Souad Amidou

 

Bonus : propos de Jacques Bral, réalisateur du film.

Le film commence par un pré-générique qui pose la structure du récit, la tonalité du film et la tragédie ; comment l’avez-vous composé ?
En fait l’idée du pré-générique m’est venue après. Dans le scénario, il y avait déjà cette idée de faire de tout le film un flash back et donc de donner des éléments de la fin de l’histoire, dès le début du film. Mais pendant le tournage, évidemment, les choses se développent et évoluent. J’avais monté et mixé le film et quand j’ai fait des projections test, je me suis rendu compte que deux ou trois scènes ne marchaient pas, même pour ceux qui aimaient le film, voir même pour certains des inconditionnels. Il y avait des éléments forts à la toute fin du film, mais ces éléments arrivaient alors que les dernières séquences du film étaient elle-même déjà fortes. Ca faisait trop. J’ai donc renforcé le début avec une tonalité plus dure, plus solide. Le temps d’entrer dans l’histoire, de faire connaissance avec les personnages, le temps que les personnages se développent.
D’autant plus que le ton change au fur et à mesure ; il y a même de la comédie, on oublie complètement le drame. L’histoire est racontée par les images Le noir (te) vous va si bien de Jacques Bralbeaucoup plus que par les mots. Les gens qui font des sous titres ne gagnent pas beaucoup d’argent avec moi car dans le film, il doit y avoir seulement sept cents sous titres contre des milliers plus souvent dans d’autres !
Je suis un cinéaste d’images ; la parole a toute son importance, mais c’est un peu comme l’essence que l’on met dans la voiture pour que ça roule !
Le pré-générique permet donc aux spectateurs d’entrer plus facilement dans l’univers du film. D’autant que l’histoire est composée d’une succession de flash back qui passe comme une narration quasi linéaire.

Le film commence par une phrase très dure ; le personnage principal dit : « je n’aurais jamais du quitter mon pays » une parole lourde.
C’est effectivement une phrase très lourde qui est venue sur le tournage. Avant de l’inclure dans le montage, j’ai beaucoup réfléchi. Quand j’ai tourné la scène, je crois que ça m’a empêché de dormir pendant quarante huit heures !
Le personnage parle de son constat d’échec. Mais c’est ambigu ; il juge qu’il n’a pas été à la hauteur, mais ça ne veut pas dire que si c’était à recommencer, il n’émigrerait pas à nouveau et peut-être évoluerait-il beaucoup plus rapidement. C’est vrai que c’est une façon un peu énigmatique d’annoncer les rebondissements thématiques du film et l’évolution du personnage.

Il dit aussi : « si je pouvais recommencer, je ferais les choses autrement » ; deux phrases, qui annoncent tout de suite une tragédie et le fait que cette personne qu’on voit au début, et qu’on ne connaît pas encore, se sente responsable
Moi ce qui m’intéresse, c’est qu’il regarde le public quand il dit ça. Ce qui est important, c’est qu’il dit en quelque sorte : « je vais vous raconter une histoire. Si cela avait été possible, j’aurais bien voulu pouvoir recommencer et pouvoir vous raconter l’histoire autrement ».
Je suis un structuraliste, donc dans mes films il y a toujours des systèmes de rappel, des phrases et des situations de rappel. Ce début renvoie à la fin du Le noir (te) vous va si bien de Jacques Bralfilm, et quand on y arrive, ça donne beaucoup plus de force à ce que Moncef dit alors. A la fin, il nuance ; il ne dit pas « si c’était à recommencer, je ferais les choses autrement » ; il endosse la responsabilité des faits, la responsabilité de l’histoire.

Ce regard caméra, il survient plusieurs fois dans le film ; la plupart des personnages importants s’adressent directement au spectateur.

Pour moi le personnage du père, raconte l’histoire à la première personne ; il est le narrateur, un narrateur partiel, mais le narrateur quand même. Il interpelle le public pour raconter son histoire. Au départ, je voulais que le personnage de Cobra s’adresse également au public, mais je l’ai coupé au montage. Les autres personnages ceux qui sont animés par le désir, ceux qui sont dans ce bouillonnement de vie, de construction de leur avenir, ou de leur devenir plutôt, interpellent le public. Ils parlent, ils jouent pour le public.

La première image post générique, est elle aussi très symbolique : le visage de Cobra et le voile noir
Oui c’est un petit peu ce que je disais auparavant ; le début du film présente une série de plans qui ouvre la série des flash back, et des flash back dans des flash back.
Le pré-générique disparaît dans le noir ; dans le noir, naît le générique et, dans ce noir du générique, apparaît le voile qui vient couvrir le visage du personnage féminin principal. Ça évoque une partie des thématiques principales en peu de temps et en images.

Le noir (te) vous va si bien de Jacques BralVous nous faites entrer dans le quotidien d’une famille ; on sait qu’ils habitent en région parisienne. On sait que la jeune fille travaille vers la Défense (Suresnes), par contre vous ne donnez aucune précision sur leur pays d’origine. Pourquoi ?
Parce que c’est la différence entre les deux cultures qui m’intéressait. Moi j’ai les deux cultures. Je suis originaire d’Iran. Je suis imprégné de toutes ces différences ; que la modernité vient accentuer encore. Mais la différence colossale entre ces deux cultures, aujourd’hui, c’est la femme ; c’est la place de la femme, la façon dont elle est envisagée et ça n’a pas grand-chose à voir avec la religion.

C’est pour cela qu’il n’y a pas vraiment de séquence liée à la religion dans le film ?
Oui car c’est un sujet universel et le but final c’est la conclusion que le père tire : il n’y a aucune raison que sa fille n’ait pas eu les mêmes droits que son fils. Et c’est peut être un peu ce que j’aimerai faire partager.

Parlons du titre : Le noir (te) vous va si bien. Pourquoi ce tutoiement qui rapproche et ce vouvoiement qui éloigne ? C’est un titre ambigu !
Le « te » entre parenthèses et « vous », c’est venu comme ça. Ca reflète l’idée structurelle du film. Le choix d’un titre c’est toujours quelque chose de bizarre, ça vient comme un bout de poème.
En fait, quand j’ai commencé à écrire, j’avais déjà le titre. Donc c’est sûr qu’il y a une correspondance profonde avec le film ; après j’ai voulu le changer parce que ça paraissait long ; les gens ne savent pas s’il faut dire te ou vous, mais ceux qui avaient travaillé sur le film, les acteurs etc… m’ont dit « non c’est formidable il faut le garder ». Mais finalement ça a l’air de marcher.
Et puis le noir, c’est vraiment une couleur de là-bas. Noir ou blanc, pas de couleurs vives ! Ça rappelle mes origines ; ça a des significations multiples, mais dans le noir il y a aussi l’idée du deuil.

Le noir (te) vous va si bien de Jacques BralLe « te » ou le rapprochement avec le personnage et le « vous » la distance qu’on a avec la culture de l’autre ?
Il y a de ça et c’est aussi la phrase que le garçon de café dit à la jeune fille. J’ai fait un film qui s’appelait "Extérieur, Nuit". C’est vrai que c’était un film qui se passait beaucoup en extérieur et beaucoup la nuit. Et c’est vrai que je fais du cinéma, donc j’avais choisi un titre de cinéma ; sauf qu’au lieu de mettre un tiret entre Extérieur et Nuit, j’ai mis une virgule, donc il y avait une espèce d’identification du film par le titre, comme pour celui là !

D’où est partie l’idée du film, d’un événement particulier ?

Je ne suis pas retourné en Iran pendant très longtemps et puis, au bout de vingt et quelques années, je m’y suis rendu après la mort de ma mère pour aller me recueillir sur sa tombe. La première image qui m’a vraiment extrêmement choqué, c’est celle des femmes habillées comme des corbeaux, tout en noir, alors que je les avais laissées en jupes courtes dans mes souvenirs de Téhéran ; ça c’était la première image choc ; la deuxième, c’est quand je suis revenu. Dans l’avion, les femmes portaient le foulard qui couvrait leurs cheveux et une fois à l’aéroport à Paris, quand je suis allé chercher mes bagages, la plupart des filles était en blouses et en jeans ; je ne les ai pas reconnues ! Elles s’étaient toutes changées dans les toilettes! Ici on voit des jeunes filles voilées, mais c’est une revendication identitaire ; on porte le foulard, on porte ses particularités ; c’est une façon de dire « vous me voyez différente et bien j’accentue la différence » ! Mais on n’est pas obligé, on est libre de s’habiller comme on veut. Là-bas, c’est obligatoire et cette obligation donne aussi droit à n’importe qui de critiquer les cheveux qui dépassent un peu, le foulard qui est un peu plus bas, un peu plus haut. En fait c’est ridicule, ça a donné le résultat contraire ; les filles n’ont jamais été aussi libres et aussi incontrôlables que depuis qu’on les a forcées à être cachées !
Donc j’ai d’abord pensé au tort qui avait été fait aux femmes. C’était un élément de départ ; je suis parti de cette idée et du choc de voir que si là bas on obligeait les femmes, ici il y en avait d’autres qui revendiquaient ça. Mais ça c’était au début de l’écriture. Après le sujet est devenu plus profond, plus universel sur la femme et ses droits.
En fait je parle beaucoup à la première personne dans ce film. Normalement je conçois mon travail comme un constat d’huissier, mais un constat subjectif ; pour moi c’est ça la création ! Et donc c’est assez rare que je mette dans mes films des choses qui me sont trop personnelles !
(extrait dossier de presse).

 

Autres films toujours à l'affiche :

"Populaire" de Régis Roinsard
"Thérèse Desqueyrous" de Claude Miller
"Après mai" d'Olivier Assayas
"Augustine" d'Alice Winocour
"Une famille respectable" de Massoud Bakhshi
"Stars 80" de Thomas Langmann
"Au galop" de Louis-Do de Lencquesaing
"Dans la maison" de François Ozon
"Reality" de Matteo Garrone

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

Le noir (te) vous va si bien de Jacques BralZoom nouveauté : "Le noir (te) vous va si bien" de Jacques Bral

L'histoire
Une famille orientale émigrée, en Europe. Moncef, le père, porte en lui la souffrance du déracinement et le poids de "l’ailleurs". Sauvegarder sa culture, vivre dans le respect des traditions, c’est pour lui, plus qu’une règle de vie, une manière de rester fidèle à son passé, à son origine et surtout… à lui-même.
Chaque matin, Cobra, sa fille, quitte la maison familiale. Voilée. Mais chaque matin, elle se change, dans un café, son refuge à elle ; avant de se rendre à son travail, la chevelure et l’esprit libres. A la maison, Moncef est inquiet : Cobra est encore célibataire et il voudrait bien la marier au plus tôt. Dans l’entreprise où Cobra travaille, le jeune patron est tombé amoureux d’elle. Il est prêt à tout pour l’épouser. Mais Cobra, elle, veut choisir, comme sa mère l’avait fait en son temps avec son père. Elle n’aura pas le temps de présenter "l’homme de sa vie" à ses parents. Un ami de son père les surprend. Dans le café…
Un film de Jacques Bral avec Sofiia Manousha, Lounès Tazairi, Julien Baumgartner, Grégoire Leprince-Ringuet, Elise Lhomeau, Souad Amidou

 

Bonus : propos de Jacques Bral, réalisateur du film.

Le film commence par un pré-générique qui pose la structure du récit, la tonalité du film et la tragédie ; comment l’avez-vous composé ?
En fait l’idée du pré-générique m’est venue après. Dans le scénario, il y avait déjà cette idée de faire de tout le film un flash back et donc de donner des éléments de la fin de l’histoire, dès le début du film. Mais pendant le tournage, évidemment, les choses se développent et évoluent. J’avais monté et mixé le film et quand j’ai fait des projections test, je me suis rendu compte que deux ou trois scènes ne marchaient pas, même pour ceux qui aimaient le film, voir même pour certains des inconditionnels. Il y avait des éléments forts à la toute fin du film, mais ces éléments arrivaient alors que les dernières séquences du film étaient elle-même déjà fortes. Ca faisait trop. J’ai donc renforcé le début avec une tonalité plus dure, plus solide. Le temps d’entrer dans l’histoire, de faire connaissance avec les personnages, le temps que les personnages se développent.
D’autant plus que le ton change au fur et à mesure ; il y a même de la comédie, on oublie complètement le drame. L’histoire est racontée par les images Le noir (te) vous va si bien de Jacques Bralbeaucoup plus que par les mots. Les gens qui font des sous titres ne gagnent pas beaucoup d’argent avec moi car dans le film, il doit y avoir seulement sept cents sous titres contre des milliers plus souvent dans d’autres !
Je suis un cinéaste d’images ; la parole a toute son importance, mais c’est un peu comme l’essence que l’on met dans la voiture pour que ça roule !
Le pré-générique permet donc aux spectateurs d’entrer plus facilement dans l’univers du film. D’autant que l’histoire est composée d’une succession de flash back qui passe comme une narration quasi linéaire.

Le film commence par une phrase très dure ; le personnage principal dit : « je n’aurais jamais du quitter mon pays » une parole lourde.
C’est effectivement une phrase très lourde qui est venue sur le tournage. Avant de l’inclure dans le montage, j’ai beaucoup réfléchi. Quand j’ai tourné la scène, je crois que ça m’a empêché de dormir pendant quarante huit heures !
Le personnage parle de son constat d’échec. Mais c’est ambigu ; il juge qu’il n’a pas été à la hauteur, mais ça ne veut pas dire que si c’était à recommencer, il n’émigrerait pas à nouveau et peut-être évoluerait-il beaucoup plus rapidement. C’est vrai que c’est une façon un peu énigmatique d’annoncer les rebondissements thématiques du film et l’évolution du personnage.

Il dit aussi : « si je pouvais recommencer, je ferais les choses autrement » ; deux phrases, qui annoncent tout de suite une tragédie et le fait que cette personne qu’on voit au début, et qu’on ne connaît pas encore, se sente responsable
Moi ce qui m’intéresse, c’est qu’il regarde le public quand il dit ça. Ce qui est important, c’est qu’il dit en quelque sorte : « je vais vous raconter une histoire. Si cela avait été possible, j’aurais bien voulu pouvoir recommencer et pouvoir vous raconter l’histoire autrement ».
Je suis un structuraliste, donc dans mes films il y a toujours des systèmes de rappel, des phrases et des situations de rappel. Ce début renvoie à la fin du Le noir (te) vous va si bien de Jacques Bralfilm, et quand on y arrive, ça donne beaucoup plus de force à ce que Moncef dit alors. A la fin, il nuance ; il ne dit pas « si c’était à recommencer, je ferais les choses autrement » ; il endosse la responsabilité des faits, la responsabilité de l’histoire.

Ce regard caméra, il survient plusieurs fois dans le film ; la plupart des personnages importants s’adressent directement au spectateur.

Pour moi le personnage du père, raconte l’histoire à la première personne ; il est le narrateur, un narrateur partiel, mais le narrateur quand même. Il interpelle le public pour raconter son histoire. Au départ, je voulais que le personnage de Cobra s’adresse également au public, mais je l’ai coupé au montage. Les autres personnages ceux qui sont animés par le désir, ceux qui sont dans ce bouillonnement de vie, de construction de leur avenir, ou de leur devenir plutôt, interpellent le public. Ils parlent, ils jouent pour le public.

La première image post générique, est elle aussi très symbolique : le visage de Cobra et le voile noir
Oui c’est un petit peu ce que je disais auparavant ; le début du film présente une série de plans qui ouvre la série des flash back, et des flash back dans des flash back.
Le pré-générique disparaît dans le noir ; dans le noir, naît le générique et, dans ce noir du générique, apparaît le voile qui vient couvrir le visage du personnage féminin principal. Ça évoque une partie des thématiques principales en peu de temps et en images.

Le noir (te) vous va si bien de Jacques BralVous nous faites entrer dans le quotidien d’une famille ; on sait qu’ils habitent en région parisienne. On sait que la jeune fille travaille vers la Défense (Suresnes), par contre vous ne donnez aucune précision sur leur pays d’origine. Pourquoi ?
Parce que c’est la différence entre les deux cultures qui m’intéressait. Moi j’ai les deux cultures. Je suis originaire d’Iran. Je suis imprégné de toutes ces différences ; que la modernité vient accentuer encore. Mais la différence colossale entre ces deux cultures, aujourd’hui, c’est la femme ; c’est la place de la femme, la façon dont elle est envisagée et ça n’a pas grand-chose à voir avec la religion.

C’est pour cela qu’il n’y a pas vraiment de séquence liée à la religion dans le film ?
Oui car c’est un sujet universel et le but final c’est la conclusion que le père tire : il n’y a aucune raison que sa fille n’ait pas eu les mêmes droits que son fils. Et c’est peut être un peu ce que j’aimerai faire partager.

Parlons du titre : Le noir (te) vous va si bien. Pourquoi ce tutoiement qui rapproche et ce vouvoiement qui éloigne ? C’est un titre ambigu !
Le « te » entre parenthèses et « vous », c’est venu comme ça. Ca reflète l’idée structurelle du film. Le choix d’un titre c’est toujours quelque chose de bizarre, ça vient comme un bout de poème.
En fait, quand j’ai commencé à écrire, j’avais déjà le titre. Donc c’est sûr qu’il y a une correspondance profonde avec le film ; après j’ai voulu le changer parce que ça paraissait long ; les gens ne savent pas s’il faut dire te ou vous, mais ceux qui avaient travaillé sur le film, les acteurs etc… m’ont dit « non c’est formidable il faut le garder ». Mais finalement ça a l’air de marcher.
Et puis le noir, c’est vraiment une couleur de là-bas. Noir ou blanc, pas de couleurs vives ! Ça rappelle mes origines ; ça a des significations multiples, mais dans le noir il y a aussi l’idée du deuil.

Le noir (te) vous va si bien de Jacques BralLe « te » ou le rapprochement avec le personnage et le « vous » la distance qu’on a avec la culture de l’autre ?
Il y a de ça et c’est aussi la phrase que le garçon de café dit à la jeune fille. J’ai fait un film qui s’appelait "Extérieur, Nuit". C’est vrai que c’était un film qui se passait beaucoup en extérieur et beaucoup la nuit. Et c’est vrai que je fais du cinéma, donc j’avais choisi un titre de cinéma ; sauf qu’au lieu de mettre un tiret entre Extérieur et Nuit, j’ai mis une virgule, donc il y avait une espèce d’identification du film par le titre, comme pour celui là !

D’où est partie l’idée du film, d’un événement particulier ?

Je ne suis pas retourné en Iran pendant très longtemps et puis, au bout de vingt et quelques années, je m’y suis rendu après la mort de ma mère pour aller me recueillir sur sa tombe. La première image qui m’a vraiment extrêmement choqué, c’est celle des femmes habillées comme des corbeaux, tout en noir, alors que je les avais laissées en jupes courtes dans mes souvenirs de Téhéran ; ça c’était la première image choc ; la deuxième, c’est quand je suis revenu. Dans l’avion, les femmes portaient le foulard qui couvrait leurs cheveux et une fois à l’aéroport à Paris, quand je suis allé chercher mes bagages, la plupart des filles était en blouses et en jeans ; je ne les ai pas reconnues ! Elles s’étaient toutes changées dans les toilettes! Ici on voit des jeunes filles voilées, mais c’est une revendication identitaire ; on porte le foulard, on porte ses particularités ; c’est une façon de dire « vous me voyez différente et bien j’accentue la différence » ! Mais on n’est pas obligé, on est libre de s’habiller comme on veut. Là-bas, c’est obligatoire et cette obligation donne aussi droit à n’importe qui de critiquer les cheveux qui dépassent un peu, le foulard qui est un peu plus bas, un peu plus haut. En fait c’est ridicule, ça a donné le résultat contraire ; les filles n’ont jamais été aussi libres et aussi incontrôlables que depuis qu’on les a forcées à être cachées !
Donc j’ai d’abord pensé au tort qui avait été fait aux femmes. C’était un élément de départ ; je suis parti de cette idée et du choc de voir que si là bas on obligeait les femmes, ici il y en avait d’autres qui revendiquaient ça. Mais ça c’était au début de l’écriture. Après le sujet est devenu plus profond, plus universel sur la femme et ses droits.
En fait je parle beaucoup à la première personne dans ce film. Normalement je conçois mon travail comme un constat d’huissier, mais un constat subjectif ; pour moi c’est ça la création ! Et donc c’est assez rare que je mette dans mes films des choses qui me sont trop personnelles !
(extrait dossier de presse).

 

Autres films toujours à l'affiche :

"Populaire" de Régis Roinsard
"Thérèse Desqueyrous" de Claude Miller
"Après mai" d'Olivier Assayas
"Augustine" d'Alice Winocour
"Une famille respectable" de Massoud Bakhshi
"Stars 80" de Thomas Langmann
"Au galop" de Louis-Do de Lencquesaing
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