Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône
Zoom nouveauté : "Le grand soir" de Gustave Kervern et Benoit Delépine
L'histoire
Les Bonzini tiennent le restaurant "La Pataterie" dans une zone commerciale. Leur fils ainé, Not, est le plus vieux punk à chien d’Europe. Son frère, Jean-Pierre, est vendeur dans un magasin de literie. Quand Jean-Pierre est licencié, les deux frères se retrouvent. "Le Grand Soir", c’est l’histoire d’une famille qui décide de faire la révolution….à sa manière.
Un film de Gustave Kervern et Benoit Delépine avec Benoit Poelvoorde, Albert Dupontel, Brigitte Fontaine, Areski Belkacem…
Bonus : propos de Gustave Kervern et Benoit Delépine, réalisateurs du film.
Chabrol, Pialat et les autres…
Benoît Delépine : Tous les gens cités au début du générique sont ceux qui ont participé à nos films, qui sont malheureusement morts depuis et qui avaient un côté punk. Chabrol, "bizarrement", en fait partie. Je l’avais rencontré plusieurs fois dans ma vie : c’était un esprit libre, avec des points de vue détonants. Il avait un humour incroyable et dans l’œil, cette pointe d’ironie absolue qu’il fallait parfois décrypter. C’était quelqu’un de bien. Il ne se prenait pas au sérieux et n’hésitait pas à se critiquer…
Gustave Kervern : Au générique, on a tenu également à remercier des gens qui ont compté pour nous. Y compris anonymes, comme un clochard qui habitait en bas de chez moi, Joe l’indien. Il avait un rire extraordinaire et on l’avait fait tourner dans "Avida" ; deux copains qui bossaient à « Groland » qui ont disparu ; des gens que l’on a découverts par hasard sur internet comme Paulo Anarkao….
Benoît Delépine : Il y a un livre qui va sortir, "De Groland au Grand Soir" », où l’on explique qu’on se sent plus proche de cinéastes comme Jean-François Stévenin, d’un cinéma ambitieux, libre, simple, et dont le charme tient au fait que le film a été fait dans des conditions un peu limites.
Gustave Kervern : J’aime beaucoup de choses dans le cinéma français : récemment, j’ai revu "Un mauvais fils" de Claude Sautet, que je trouve génial. Bertrand Blier aussi… On fait du cinéma de manière empirique. C’est plus difficile de faire des films comme ça, parce que tout le monde est terrorisé par le résultat, les entrées…
Benoît Delépine : Avec nous, tout se décide au dernier moment. Sur nos cinq films, on s’est débrouillé pour échapper un peu à tout ce système, lié par exemple au poids des chaînes de télévision. C’est une question de chance aussi. On rend notre travail à l’arrache tout en disant « On a Depardieu, c’est maintenant ou jamais ! », « Poelvoorde et Dupontel sont d’accord ! », alors que le scénario n’est pas complet. C’est un Rubik’s cube auquel il manque de petites cases, mais on fonce quand même. Cela peut se passer ainsi, parce que ce sont des films qui ne coûtent pas cher.
"Hors la norme"
Benoît Delépine : On parlait de l’évolution du cinéma français, mais il y a aussi le spectateur qui a de plus en plus envie d’être surpris. Je pense que les grosses machines, comme les comédies où il y a un personnage et son contraire, ça devient trop marketing et lourd. Il y a davantage d’attrait et de curiosité pour l’« anormal », ça fait moins peur. Prenons les succès publics de l’année dernière : "The artist" est un vrai pari, "Polisse" aussi et même "Intouchables". Lorsqu’on a sorti "Aaltra", tout le monde nous disait qu’un film avec des handicapés ne marcherait pas… Je crois que les gens en ont assez du pré-mâché, des sujets et des façons de filmer attendus.
Gustave Kervern : Par exemple, et comme à notre habitude, notre scénario est passé par plein d’étapes….
Benoît Delépine : On était parti sur un film, où un journaliste de province joué par Dupontel pète les plombs et décide d’aller mener une contre-enquête sur le 11 septembre à New York. On s’est aperçu que ça allait trop faire « théorie du complot » et "Taxi driver" (rires). On est parti sur autre chose…
Gustave Kervern : (…) Sur la mythologie grecque à Montpellier avec un Diogène moderne, le punk à chien : quelqu’un qui laisse tout tomber pour vivre dans un « tonneau »…
Benoît Delépine : (…) On l’avait même trouvé ! Une sorte de conduite de ciment, où le gars aurait habité. C’est parti assez loin et ça se finissait en Chine (rires).
Gustave Kervern : On avait commencé à écrire des scènes où il y avait déjà les personnages des deux frères et des parents. Ces derniers vivaient dans un appartement du centre-ville, mais c’était pénible de devoir filmer autant de scènes à l’intérieur. Tout a changé quand on a eu l’idée de la zone commerciale.
Benoît Delépine : Dans le mot « cinématographique », il y a le côté graphique et il a toujours été fondamental dans nos films. Dans "Aaltra", on trouve des longues lignes droites, les autoroutes, le cinémascope. "Avida" a un rapport avec la peinture, le zoo. Pour "Louise Michel" c’était le contraste entre l’usine et Jersey. Dans "Mammuth", c’était le road movie. Dès qu’on a pensé à ce lieu avec le centre commercial, les images ont donné corps à l’histoire : c’était comme un western moderne.
Gustave Kervern : On ne voulait pas repartir sur la route. Là, c’est un road movie mais circulaire, à l’intérieur de cette zone.
Benoît Delépine : On a une façon très particulière de travailler. On a une petite équipe et on peut se permettre de changer ou de supprimer les scènes au dernier moment. Un film, c’est comme un être vivant, qui évolue au fil du temps. Avec Gustave, on a confiance l’un en l’autre : du coup, on est capable de réécrire une scène le matin et de la proposer aux acteurs. C’est ce qui procure du plaisir sur un tournage : à chaque seconde, on est polarisé sur l’histoire.
Gustave Kervern : On améliore sans cesse le scénario. Comme on tourne quasiment dans l’ordre chronologique, on peut bonifier certaines scènes et en enlever d’autres qui sont inutiles. Au final, le film est souvent meilleur que le scénario de base et c’est aussi l’avis des acteurs.
(Extrait dossier de presse)
Autres films toujours à l'affiche :
"Les femmes du bus 678" de Mohamed Diab
"Sur la route" de Walter Salles
"De rouille et d'os" de Jacques Audiard
"11 fleurs" de Wan Xiao Shuai
"Le secret de l'enfant fourmi" de Christine François
"Avé" de Konstantin Bojanov
"L'enfant d'en haut" d'Ursula Meier
"Radiostars" de Romain Lévy
"Le fils de l'autre" de Lorraine Lévy
"La terre outragée" de Michale Boganim
"Les adieux à la reine" de Benoit Jacquot
Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône
Zoom nouveauté : "Le grand soir" de Gustave Kervern et Benoit Delépine
L'histoire
Les Bonzini tiennent le restaurant "La Pataterie" dans une zone commerciale. Leur fils ainé, Not, est le plus vieux punk à chien d’Europe. Son frère, Jean-Pierre, est vendeur dans un magasin de literie. Quand Jean-Pierre est licencié, les deux frères se retrouvent. "Le Grand Soir", c’est l’histoire d’une famille qui décide de faire la révolution….à sa manière.
Un film de Gustave Kervern et Benoit Delépine avec Benoit Poelvoorde, Albert Dupontel, Brigitte Fontaine, Areski Belkacem…
Bonus : propos de Gustave Kervern et Benoit Delépine, réalisateurs du film.
Chabrol, Pialat et les autres…
Benoît Delépine : Tous les gens cités au début du générique sont ceux qui ont participé à nos films, qui sont malheureusement morts depuis et qui avaient un côté punk. Chabrol, "bizarrement", en fait partie. Je l’avais rencontré plusieurs fois dans ma vie : c’était un esprit libre, avec des points de vue détonants. Il avait un humour incroyable et dans l’œil, cette pointe d’ironie absolue qu’il fallait parfois décrypter. C’était quelqu’un de bien. Il ne se prenait pas au sérieux et n’hésitait pas à se critiquer…
Gustave Kervern : Au générique, on a tenu également à remercier des gens qui ont compté pour nous. Y compris anonymes, comme un clochard qui habitait en bas de chez moi, Joe l’indien. Il avait un rire extraordinaire et on l’avait fait tourner dans "Avida" ; deux copains qui bossaient à « Groland » qui ont disparu ; des gens que l’on a découverts par hasard sur internet comme Paulo Anarkao….
Benoît Delépine : Il y a un livre qui va sortir, "De Groland au Grand Soir" », où l’on explique qu’on se sent plus proche de cinéastes comme Jean-François Stévenin, d’un cinéma ambitieux, libre, simple, et dont le charme tient au fait que le film a été fait dans des conditions un peu limites.
Gustave Kervern : J’aime beaucoup de choses dans le cinéma français : récemment, j’ai revu "Un mauvais fils" de Claude Sautet, que je trouve génial. Bertrand Blier aussi… On fait du cinéma de manière empirique. C’est plus difficile de faire des films comme ça, parce que tout le monde est terrorisé par le résultat, les entrées…
Benoît Delépine : Avec nous, tout se décide au dernier moment. Sur nos cinq films, on s’est débrouillé pour échapper un peu à tout ce système, lié par exemple au poids des chaînes de télévision. C’est une question de chance aussi. On rend notre travail à l’arrache tout en disant « On a Depardieu, c’est maintenant ou jamais ! », « Poelvoorde et Dupontel sont d’accord ! », alors que le scénario n’est pas complet. C’est un Rubik’s cube auquel il manque de petites cases, mais on fonce quand même. Cela peut se passer ainsi, parce que ce sont des films qui ne coûtent pas cher.
"Hors la norme"
Benoît Delépine : On parlait de l’évolution du cinéma français, mais il y a aussi le spectateur qui a de plus en plus envie d’être surpris. Je pense que les grosses machines, comme les comédies où il y a un personnage et son contraire, ça devient trop marketing et lourd. Il y a davantage d’attrait et de curiosité pour l’« anormal », ça fait moins peur. Prenons les succès publics de l’année dernière : "The artist" est un vrai pari, "Polisse" aussi et même "Intouchables". Lorsqu’on a sorti "Aaltra", tout le monde nous disait qu’un film avec des handicapés ne marcherait pas… Je crois que les gens en ont assez du pré-mâché, des sujets et des façons de filmer attendus.
Gustave Kervern : Par exemple, et comme à notre habitude, notre scénario est passé par plein d’étapes….
Benoît Delépine : On était parti sur un film, où un journaliste de province joué par Dupontel pète les plombs et décide d’aller mener une contre-enquête sur le 11 septembre à New York. On s’est aperçu que ça allait trop faire « théorie du complot » et "Taxi driver" (rires). On est parti sur autre chose…
Gustave Kervern : (…) Sur la mythologie grecque à Montpellier avec un Diogène moderne, le punk à chien : quelqu’un qui laisse tout tomber pour vivre dans un « tonneau »…
Benoît Delépine : (…) On l’avait même trouvé ! Une sorte de conduite de ciment, où le gars aurait habité. C’est parti assez loin et ça se finissait en Chine (rires).
Gustave Kervern : On avait commencé à écrire des scènes où il y avait déjà les personnages des deux frères et des parents. Ces derniers vivaient dans un appartement du centre-ville, mais c’était pénible de devoir filmer autant de scènes à l’intérieur. Tout a changé quand on a eu l’idée de la zone commerciale.
Benoît Delépine : Dans le mot « cinématographique », il y a le côté graphique et il a toujours été fondamental dans nos films. Dans "Aaltra", on trouve des longues lignes droites, les autoroutes, le cinémascope. "Avida" a un rapport avec la peinture, le zoo. Pour "Louise Michel" c’était le contraste entre l’usine et Jersey. Dans "Mammuth", c’était le road movie. Dès qu’on a pensé à ce lieu avec le centre commercial, les images ont donné corps à l’histoire : c’était comme un western moderne.
Gustave Kervern : On ne voulait pas repartir sur la route. Là, c’est un road movie mais circulaire, à l’intérieur de cette zone.
Benoît Delépine : On a une façon très particulière de travailler. On a une petite équipe et on peut se permettre de changer ou de supprimer les scènes au dernier moment. Un film, c’est comme un être vivant, qui évolue au fil du temps. Avec Gustave, on a confiance l’un en l’autre : du coup, on est capable de réécrire une scène le matin et de la proposer aux acteurs. C’est ce qui procure du plaisir sur un tournage : à chaque seconde, on est polarisé sur l’histoire.
Gustave Kervern : On améliore sans cesse le scénario. Comme on tourne quasiment dans l’ordre chronologique, on peut bonifier certaines scènes et en enlever d’autres qui sont inutiles. Au final, le film est souvent meilleur que le scénario de base et c’est aussi l’avis des acteurs.
(Extrait dossier de presse)
Autres films toujours à l'affiche :
"Les femmes du bus 678" de Mohamed Diab
"Sur la route" de Walter Salles
"De rouille et d'os" de Jacques Audiard
"11 fleurs" de Wan Xiao Shuai
"Le secret de l'enfant fourmi" de Christine François
"Avé" de Konstantin Bojanov
"L'enfant d'en haut" d'Ursula Meier
"Radiostars" de Romain Lévy
"Le fils de l'autre" de Lorraine Lévy
"La terre outragée" de Michale Boganim
"Les adieux à la reine" de Benoit Jacquot
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