SERIE : Histoire générale de la Vallée de Montmorency, des origines jusqu’à 1900
Le Journal de François vous propose un document exceptionnel : l'histoire générale de notre Vallée de Montmorency, des origines jusqu'à 1900, synthétisée par le regretté Hervé Collet et Gérard Ducoeur. Nos deux historiens avaient établi ce texte à l'occasion de la création de l'association Valmorency.
Aujourd'hui, le journal est heureux de le partager avec vous, chers lecteurs, qui appréciez vivre dans notre belle région.
6ème et dernier épisode : le retour de la famille Napoléon dans la Vallée et l'avènement de la IIIe République va modifier la sociologie de la région.
La dynastie napoléonienne revient dans la vallée à partir de 1848 avec l’arrivée au pouvoir, en tant que président de la IIe république, de Charles-Louis-Napoléon Bonaparte, qui devient en 1851 empereur sous le nom de Napoléon III. "L’enfant du pays" (il a passé sa prime enfance au château de Saint-Leu, auprès de sa mère, la reine Hortense) tient à honorer la mémoire des membres de sa famille dont les dépouilles ont été réunies dans l’église de Saint-Leu, laquelle tombe en ruines. Il la fait restaurer et l’inaugure en 1851, en présence de toute la cour impériale, et notamment de sa cousine, la princesse Mathilde, qu’il a failli épouser. Cette même Mathilde, fille de Jérôme Bonaparte et nièce de Napoléon 1er (et de la reine Hortense), tient à habiter la Vallée qui a abrité tant de membres et de proches de sa famille. En 1851, elle loue à Saint-Gratien une partie de l’ancienne propriété ayant appartenu au Maréchal de Catinat, puis au comte de Luçay, proche collaborateur de Napoléon. Elle finira, entre 1853 et 1857, par acquérir l’ensemble du domaine qui, transformé en magnifique parc paysager le long du lac d’Enghien, accueillera pendant près d’un demi-siècle tout ce que la société de ce temps compte de célébrités. Elle sera jusqu’à sa mort en 1904, la bienfaitrice du village, où elle sera enterrée.
Le tournant de 1870
La guerre de 1870 marque un tournant. L’Empereur Napoléon III, fait prisonnier à Sedan, est destitué. Les armées prussiennes marchent sur la capitale et entrent dans la vallée en octobre. Elles occupent tous les châteaux de la région pour y loger leurs troupes. Le prince de Saxe, fils du Kaiser, fait du château de Margency son quartier général. Une batterie établie à Montmorency bombarde Paris. Une grande partie des habitants de la Vallée se réfugient dans la capitale, qui sera assiégée pendant plusieurs mois. Après la violente répression par le gouvernement français de la Commune de Paris, au printemps 1871 ("Le temps des cerises"), les troupes allemandes quittent le pays en pillant les habitants et en laissant de lourdes dégradations infligées aux bâtiments. Instruit par l’expérience, le capitaine de génie Joffre, futur maréchal, édifie en 1874 le fort de Montlignon/Andilly, un des multiples ouvrages militaires construits à cette époque dans le but de renforcer la défense de Paris.
La deuxième moitié du XIXe siècle voit la confirmation de l’attrait que la Vallée de Montmorency exerce sur les Parisiens. Son air pur, la beauté des paysages, l’attrait de la forêt, l’élégance des villas et des châteaux, le souvenir laissé par Jean-Jacques Rousseau, la renommée de la station thermale d’Enghien, rehaussée par la création du champ de courses en 1860 et du Casino en 1868, tout cela contribue à faire de la Vallée un indéniable pôle d’attraction, notamment à une période où la capitale est en pleine transformation avec les travaux du baron Haussmann, préfet de la Seine, de 1853 à 1870.
La troisième république
Le troisième tiers du XIXe siècle voit sensiblement se modifier le paysage géographique, mais aussi sociologique de la Vallée. Les grandes propriétés font de plus en plus l’objet de lotissements. Par chance, les nouveaux propriétaires tiennent à conserver l’aspect agreste de leur acquisition et la physionomie rurale des terroirs n’est pas trop affectée, d’autant que les activités agricoles restent prédominantes. Mais la population valmorencéenne s’accroît dans de fortes proportions du fait de l’exode rural, facilité par le développement des chemins de fer. Les cultivateurs traditionnels se font de plus en plus aider par des journaliers, souvent issus de la Bourgogne, pour faire face à la demande croissante des Parisiens en matière de fruits et légumes.
Des activités économiques nouvelles font venir des artisans et des commerçants qui s’intègrent plus ou moins bien à la population implantée de longue date. Le statut de salarié se développe, créant ici ou là des situations de pauvreté qui demandent l’appui croissant des bureaux de bienfaisance et des sociétés de secours, sans toutefois instaurer de véritable prolétariat, car la situation financière des habitants de la Vallée s’est globalement améliorée depuis le début du siècle.
L’avènement du régime républicain apporte des changements notables à la situation politique des communes. Les municipalités sont désormais élues et plus nommées par l’administration. De nouvelles couches sociologiques accèdent ainsi au pouvoir, même si les grands propriétaires parisiens continuent à jouer un rôle non négligeable, ne serait-ce qu’en tant que "bienfaiteurs". L’accroissement démographique entraîne des besoins croissants en matière d’équipements et de services publics, et les finances communales ont du mal à y faire face. Le mécénat a encore sa place. On le constate avec la Princesse Mathilde, bienfaitrice du village de Saint-Gratien ou la famille Davillier, mécène de Soisy-sous-Montmorency.
La fin du siècle voit le développement de la vie associative, sous toutes ses formes : mise en place de syndicats agricoles, de syndicats ouvriers, de sociétés artistiques, d’œuvres de bienfaisance. La vie religieuse se modifie peu à peu : si le régime concordataire subsiste jusqu’en 1905, on voit se développer d’autres cultes que le catholicisme, en particulier le protestantisme et le judaïsme. Cette époque voit aussi monter le concept de laïcité, qui se traduit parfois dans certaines communes par des "combats de clocher" entre curé traditionnel et maire anticlérical, comme à Groslay. Mais dans l’ensemble, la population valmorencéenne semble rester attachée aux "valeurs traditionnelles" et la paix civile est respectée, du moins jusqu’à la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, qui introduira une certaine fracture.
À la fin du siècle, la Vallée de Montmorency apparaît toujours comme une terre d’accueil pour les Parisiens, qui peuvent venir s’y promener le dimanche. À l’inverse, Paris constitue de plus en plus un lieu de travail pour une nouvelle population de fonctionnaires ou d’employés que le chemin de fer achemine quotidiennement, et un pôle d’attraction pour les Valmorencéens en mal de loisirs et de culture.
Déjà publiés :
1er épisode : généralités sur la vallée de Montmorency et évolutions de la protohistoire au haut Moyen-Âge
2ème épisode : une période de grande insécurité pendant la période médiévale
3ème épisode : la consolidation de la construction féodale et la Vallée devient peu à peu "le jardin de Paris"
4ème épisode : la Révolution puis l'emprise napoléonienne sur la Vallée !
5ème épisode : les communes s'équipent au 19ème siècle mais la Vallée reste toutefois rurale.
SERIE : Histoire générale de la Vallée de Montmorency, des origines jusqu’à 1900
Le Journal de François vous propose un document exceptionnel : l'histoire générale de notre Vallée de Montmorency, des origines jusqu'à 1900, synthétisée par le regretté Hervé Collet et Gérard Ducoeur. Nos deux historiens avaient établi ce texte à l'occasion de la création de l'association Valmorency.
Aujourd'hui, le journal est heureux de le partager avec vous, chers lecteurs, qui appréciez vivre dans notre belle région.
6ème et dernier épisode : le retour de la famille Napoléon dans la Vallée et l'avènement de la IIIe République va modifier la sociologie de la région.
La dynastie napoléonienne revient dans la vallée à partir de 1848 avec l’arrivée au pouvoir, en tant que président de la IIe république, de Charles-Louis-Napoléon Bonaparte, qui devient en 1851 empereur sous le nom de Napoléon III. "L’enfant du pays" (il a passé sa prime enfance au château de Saint-Leu, auprès de sa mère, la reine Hortense) tient à honorer la mémoire des membres de sa famille dont les dépouilles ont été réunies dans l’église de Saint-Leu, laquelle tombe en ruines. Il la fait restaurer et l’inaugure en 1851, en présence de toute la cour impériale, et notamment de sa cousine, la princesse Mathilde, qu’il a failli épouser. Cette même Mathilde, fille de Jérôme Bonaparte et nièce de Napoléon 1er (et de la reine Hortense), tient à habiter la Vallée qui a abrité tant de membres et de proches de sa famille. En 1851, elle loue à Saint-Gratien une partie de l’ancienne propriété ayant appartenu au Maréchal de Catinat, puis au comte de Luçay, proche collaborateur de Napoléon. Elle finira, entre 1853 et 1857, par acquérir l’ensemble du domaine qui, transformé en magnifique parc paysager le long du lac d’Enghien, accueillera pendant près d’un demi-siècle tout ce que la société de ce temps compte de célébrités. Elle sera jusqu’à sa mort en 1904, la bienfaitrice du village, où elle sera enterrée.
Le tournant de 1870
La guerre de 1870 marque un tournant. L’Empereur Napoléon III, fait prisonnier à Sedan, est destitué. Les armées prussiennes marchent sur la capitale et entrent dans la vallée en octobre. Elles occupent tous les châteaux de la région pour y loger leurs troupes. Le prince de Saxe, fils du Kaiser, fait du château de Margency son quartier général. Une batterie établie à Montmorency bombarde Paris. Une grande partie des habitants de la Vallée se réfugient dans la capitale, qui sera assiégée pendant plusieurs mois. Après la violente répression par le gouvernement français de la Commune de Paris, au printemps 1871 ("Le temps des cerises"), les troupes allemandes quittent le pays en pillant les habitants et en laissant de lourdes dégradations infligées aux bâtiments. Instruit par l’expérience, le capitaine de génie Joffre, futur maréchal, édifie en 1874 le fort de Montlignon/Andilly, un des multiples ouvrages militaires construits à cette époque dans le but de renforcer la défense de Paris.
La deuxième moitié du XIXe siècle voit la confirmation de l’attrait que la Vallée de Montmorency exerce sur les Parisiens. Son air pur, la beauté des paysages, l’attrait de la forêt, l’élégance des villas et des châteaux, le souvenir laissé par Jean-Jacques Rousseau, la renommée de la station thermale d’Enghien, rehaussée par la création du champ de courses en 1860 et du Casino en 1868, tout cela contribue à faire de la Vallée un indéniable pôle d’attraction, notamment à une période où la capitale est en pleine transformation avec les travaux du baron Haussmann, préfet de la Seine, de 1853 à 1870.
La troisième république
Le troisième tiers du XIXe siècle voit sensiblement se modifier le paysage géographique, mais aussi sociologique de la Vallée. Les grandes propriétés font de plus en plus l’objet de lotissements. Par chance, les nouveaux propriétaires tiennent à conserver l’aspect agreste de leur acquisition et la physionomie rurale des terroirs n’est pas trop affectée, d’autant que les activités agricoles restent prédominantes. Mais la population valmorencéenne s’accroît dans de fortes proportions du fait de l’exode rural, facilité par le développement des chemins de fer. Les cultivateurs traditionnels se font de plus en plus aider par des journaliers, souvent issus de la Bourgogne, pour faire face à la demande croissante des Parisiens en matière de fruits et légumes.
Des activités économiques nouvelles font venir des artisans et des commerçants qui s’intègrent plus ou moins bien à la population implantée de longue date. Le statut de salarié se développe, créant ici ou là des situations de pauvreté qui demandent l’appui croissant des bureaux de bienfaisance et des sociétés de secours, sans toutefois instaurer de véritable prolétariat, car la situation financière des habitants de la Vallée s’est globalement améliorée depuis le début du siècle.
L’avènement du régime républicain apporte des changements notables à la situation politique des communes. Les municipalités sont désormais élues et plus nommées par l’administration. De nouvelles couches sociologiques accèdent ainsi au pouvoir, même si les grands propriétaires parisiens continuent à jouer un rôle non négligeable, ne serait-ce qu’en tant que "bienfaiteurs". L’accroissement démographique entraîne des besoins croissants en matière d’équipements et de services publics, et les finances communales ont du mal à y faire face. Le mécénat a encore sa place. On le constate avec la Princesse Mathilde, bienfaitrice du village de Saint-Gratien ou la famille Davillier, mécène de Soisy-sous-Montmorency.
La fin du siècle voit le développement de la vie associative, sous toutes ses formes : mise en place de syndicats agricoles, de syndicats ouvriers, de sociétés artistiques, d’œuvres de bienfaisance. La vie religieuse se modifie peu à peu : si le régime concordataire subsiste jusqu’en 1905, on voit se développer d’autres cultes que le catholicisme, en particulier le protestantisme et le judaïsme. Cette époque voit aussi monter le concept de laïcité, qui se traduit parfois dans certaines communes par des "combats de clocher" entre curé traditionnel et maire anticlérical, comme à Groslay. Mais dans l’ensemble, la population valmorencéenne semble rester attachée aux "valeurs traditionnelles" et la paix civile est respectée, du moins jusqu’à la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, qui introduira une certaine fracture.
À la fin du siècle, la Vallée de Montmorency apparaît toujours comme une terre d’accueil pour les Parisiens, qui peuvent venir s’y promener le dimanche. À l’inverse, Paris constitue de plus en plus un lieu de travail pour une nouvelle population de fonctionnaires ou d’employés que le chemin de fer achemine quotidiennement, et un pôle d’attraction pour les Valmorencéens en mal de loisirs et de culture.
Déjà publiés :
1er épisode : généralités sur la vallée de Montmorency et évolutions de la protohistoire au haut Moyen-Âge
2ème épisode : une période de grande insécurité pendant la période médiévale
3ème épisode : la consolidation de la construction féodale et la Vallée devient peu à peu "le jardin de Paris"
4ème épisode : la Révolution puis l'emprise napoléonienne sur la Vallée !
5ème épisode : les communes s'équipent au 19ème siècle mais la Vallée reste toutefois rurale.
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