SERIE : Histoire générale de la Vallée de Montmorency, des origines jusqu’à 1900
Le Journal de François vous propose un document exceptionnel : l'histoire générale de notre Vallée de Montmorency, des origines jusqu'à 1900, synthétisée par le regretté Hervé Collet et Gérard Ducoeur. Nos deux historiens avaient établi ce texte à l'occasion de la création de l'association Valmorency.
Aujourd'hui, le journal est heureux de le partager avec vous, chers lecteurs, qui appréciez vivre dans notre belle région.
2ème épisode : une période de grande insécurité pendant la période médiévale
Au fil du temps, les grands seigneurs féodaux disputent le pouvoir aux abbayes. Dans notre vallée, la dynastie des Bouchard de Montmorency, arrive peu à peu, à partir du XIe siècle, à se tailler un vaste domaine, aux dépens non seulement des grands monastères, principalement Saint-Denis, mais aussi des donations de l’ancien domaine du fisc royal, à cette même abbaye dionysienne. En 1293, sous Philippe-le-Bel, la châtellenie de Mathieu IV de Montmorency comprend les paroisses de : Soisy (Soisiaco), Groslay (Graulido), Montmagny (Magniacus villae), Andilly (Andeilli), Margency (Megafin), Montlignon (Moulignon et Metigier, écart de Montlignon), Saint-Prix (Thor), Eaubonne (Aquaputa en 635 et Aquabona en 1190), Ermont (viculus Ermedonis), Sannois (Centum nuces), Franconville (Francurtvilla en 1150), Saint-Gratien (Sancti Gratiani en 1205) et Épinay (Spinogelum villa super Sigona).
Pendant toute la période médiévale, la Vallée subit de plein fouet les nombreux méfaits des gens de guerre qui affectent l’ensemble de l’Île-de-France. Les paysans sont pillés et massacrés. La guerre de Cent Ans (1337-1453) est particulièrement ravageuse. En 1358, les Anglais de la garnison de Creil, aidés des Jacques du Beauvaisis, investissent Montmorency, dont ils détruisent le village et le château, qui ne sera pas reconstruit. En 1381, ils reviennent dévaster la ville. Cette dernière est de nouveau investie en 1411, cette fois, par le duc d’Orléans, ce qui amène Jacques 1er de Montmorency, conseiller et chambellan de Charles VI, à la faire entourer de nouveaux remparts, avec cinq portes. Aux désordres de la guerre s’ajoutent les grandes épidémies et la disette. 1348 est l’année de la Grande Peste noire (peste bubonique). Pendant 18 mois, elle ravage l’Occident. Le cimetière d’Ermont doit être agrandi, car devenu soudain trop exigu. On estime généralement que le tiers de la population d’Île-de-France en meurt. Entre le 25 mars et le 8 septembre 1418, 100 000 personnes sur les 250 000 que compte Paris sont emportées. L’hiver est d’une exceptionnelle rigueur. Les loups errent par bandes. La famine sévit, due aux dégradations. La lutte contre les Anglais reprend. Les campagnes se dépeuplent. Les terres retournent à la lande, aux marais, à la forêt. En 1419, les Anglais ravagent la Vallée. De 1435 à 1444, les "écorcheurs" sévissent. En 1442, le Camp de César à Taverny (ancien oppidum gaulois) est le refuge d’une bande anglaise, qui fait des incursions dans la Vallée, ravageant les champs et pillant les maisons. Les habitants de Taverny, Saint-Leu et Bessancourt se liguent pour les déloger, mais ce fait semble légendaire.
Une autre période de troubles succède à la guerre de Cent Ans
La guerre de Cent Ans se termine en 1453. La paix s’installant, il faut reconstruire une région complètement ravagée. En 1450, des lettres patentes de Charles VII ont déjà autorisé le seigneur Fromont, de Taverny, à modérer ou supprimer les servitudes à Andilly, afin d’y rappeler les habitants que les désordres de la guerre en ont fait sortir. Deuil, qui comptait 120 feux au XIVe siècle, n’en comprend plus que 40 à la fin du XVe siècle.
De la fin du XVe siècle à la Révolution.
La fin de la guerre de Cent Ans est supposée ramener la paix civile. Mais les villageois ne sont pas pour autant quittes de troubles de toutes sortes. De temps à autres, éclatent des jacqueries au nord de Paris, qui ont des répercussions sur la Vallée. En 1558, des paysans des environs de Saint-Leu-d’Esserent et de Clermont-en-Beauvaisis, ayant à leur tête Guillaume Varle, font une descente meurtrière sur Tour. Les seigneurs français se font aussi la guerre. Dans les années 1590, la Ligue fait des ravages. En 1589, les Ligueurs saccagent Montmorency. En septembre 1596, un rapport présenté au roi, signé du connétable de Montmorency, demande que « les habitants de Montmorency, Deuil, Saint-Pry, Saint-Leu, Taverny, Plessis-Bouchard, Franconville, Choisy (Soisy) et autres, attendu les grandes ruines et ravages qu’ils ont souffert, durant les troubles ayant été pris et pillés plusieurs fois des armées… obtiennent de sa Majesté décharges de divers subsides… ».
Plus tard, ce sera la Fronde. 1652 est une année terrible pour l’Île-de-France et la Vallée. Le 1er juin, les troupes royales commandées par Turenne installent leur camp à Deuil, au lieu-dit La Barre, qui est le point central de la vallée. À partir de là, la soldatesque multiplie les exactions pour se ravitailler ou, pire encore, pour se divertir. Avoine et sainfoin fauchés à Deuil, Andilly, Eaubonne, bétail volé à Franconville, à Ermont, églises ravagées et arbres fruitiers coupés à Saint-Leu, Taverny et Saint-Prix : tels sont les témoignages de la violence qui s’abat sur les habitants et leur territoire. Quand Turenne quitte Deuil le 17 juillet pour Compiègne, la vallée de Montmorency est dévastée. Épinay, Saint-Leu et Saint-Prix voient leurs curés fouettés ou tués. Les blés sont mangés par les chevaux des soldats ou vendus sur le marché par les soldats. Les habitants s’enfuient vers la forêt. Les terres abandonnées ne sont plus labourées, les vendanges ne sont guère abondantes. À Montmorency, il mourait en moyenne 58 personnes par an, en 1652, 424 personnes sont décédées, dont 310 décès d’août à septembre ; il y avait jusqu’à 10 enterrements par jour. À Eaubonne, on constate 16 décès sur une population d’à peine 100 habitants.
A suivre :
3ème épisode : la consolidation de la construction féodale et la Vallée devient peu à peu "le jardin de Paris"
Déjà publié :
1er épisode : généralités sur la vallée de Montmorency et évolutions de la protohistoire au haut Moyen-Âge
SERIE : Histoire générale de la Vallée de Montmorency, des origines jusqu’à 1900
Le Journal de François vous propose un document exceptionnel : l'histoire générale de notre Vallée de Montmorency, des origines jusqu'à 1900, synthétisée par le regretté Hervé Collet et Gérard Ducoeur. Nos deux historiens avaient établi ce texte à l'occasion de la création de l'association Valmorency.
Aujourd'hui, le journal est heureux de le partager avec vous, chers lecteurs, qui appréciez vivre dans notre belle région.
2ème épisode : une période de grande insécurité pendant la période médiévale
Au fil du temps, les grands seigneurs féodaux disputent le pouvoir aux abbayes. Dans notre vallée, la dynastie des Bouchard de Montmorency, arrive peu à peu, à partir du XIe siècle, à se tailler un vaste domaine, aux dépens non seulement des grands monastères, principalement Saint-Denis, mais aussi des donations de l’ancien domaine du fisc royal, à cette même abbaye dionysienne. En 1293, sous Philippe-le-Bel, la châtellenie de Mathieu IV de Montmorency comprend les paroisses de : Soisy (Soisiaco), Groslay (Graulido), Montmagny (Magniacus villae), Andilly (Andeilli), Margency (Megafin), Montlignon (Moulignon et Metigier, écart de Montlignon), Saint-Prix (Thor), Eaubonne (Aquaputa en 635 et Aquabona en 1190), Ermont (viculus Ermedonis), Sannois (Centum nuces), Franconville (Francurtvilla en 1150), Saint-Gratien (Sancti Gratiani en 1205) et Épinay (Spinogelum villa super Sigona).
Pendant toute la période médiévale, la Vallée subit de plein fouet les nombreux méfaits des gens de guerre qui affectent l’ensemble de l’Île-de-France. Les paysans sont pillés et massacrés. La guerre de Cent Ans (1337-1453) est particulièrement ravageuse. En 1358, les Anglais de la garnison de Creil, aidés des Jacques du Beauvaisis, investissent Montmorency, dont ils détruisent le village et le château, qui ne sera pas reconstruit. En 1381, ils reviennent dévaster la ville. Cette dernière est de nouveau investie en 1411, cette fois, par le duc d’Orléans, ce qui amène Jacques 1er de Montmorency, conseiller et chambellan de Charles VI, à la faire entourer de nouveaux remparts, avec cinq portes. Aux désordres de la guerre s’ajoutent les grandes épidémies et la disette. 1348 est l’année de la Grande Peste noire (peste bubonique). Pendant 18 mois, elle ravage l’Occident. Le cimetière d’Ermont doit être agrandi, car devenu soudain trop exigu. On estime généralement que le tiers de la population d’Île-de-France en meurt. Entre le 25 mars et le 8 septembre 1418, 100 000 personnes sur les 250 000 que compte Paris sont emportées. L’hiver est d’une exceptionnelle rigueur. Les loups errent par bandes. La famine sévit, due aux dégradations. La lutte contre les Anglais reprend. Les campagnes se dépeuplent. Les terres retournent à la lande, aux marais, à la forêt. En 1419, les Anglais ravagent la Vallée. De 1435 à 1444, les "écorcheurs" sévissent. En 1442, le Camp de César à Taverny (ancien oppidum gaulois) est le refuge d’une bande anglaise, qui fait des incursions dans la Vallée, ravageant les champs et pillant les maisons. Les habitants de Taverny, Saint-Leu et Bessancourt se liguent pour les déloger, mais ce fait semble légendaire.
Une autre période de troubles succède à la guerre de Cent Ans
La guerre de Cent Ans se termine en 1453. La paix s’installant, il faut reconstruire une région complètement ravagée. En 1450, des lettres patentes de Charles VII ont déjà autorisé le seigneur Fromont, de Taverny, à modérer ou supprimer les servitudes à Andilly, afin d’y rappeler les habitants que les désordres de la guerre en ont fait sortir. Deuil, qui comptait 120 feux au XIVe siècle, n’en comprend plus que 40 à la fin du XVe siècle.
De la fin du XVe siècle à la Révolution.
La fin de la guerre de Cent Ans est supposée ramener la paix civile. Mais les villageois ne sont pas pour autant quittes de troubles de toutes sortes. De temps à autres, éclatent des jacqueries au nord de Paris, qui ont des répercussions sur la Vallée. En 1558, des paysans des environs de Saint-Leu-d’Esserent et de Clermont-en-Beauvaisis, ayant à leur tête Guillaume Varle, font une descente meurtrière sur Tour. Les seigneurs français se font aussi la guerre. Dans les années 1590, la Ligue fait des ravages. En 1589, les Ligueurs saccagent Montmorency. En septembre 1596, un rapport présenté au roi, signé du connétable de Montmorency, demande que « les habitants de Montmorency, Deuil, Saint-Pry, Saint-Leu, Taverny, Plessis-Bouchard, Franconville, Choisy (Soisy) et autres, attendu les grandes ruines et ravages qu’ils ont souffert, durant les troubles ayant été pris et pillés plusieurs fois des armées… obtiennent de sa Majesté décharges de divers subsides… ».
Plus tard, ce sera la Fronde. 1652 est une année terrible pour l’Île-de-France et la Vallée. Le 1er juin, les troupes royales commandées par Turenne installent leur camp à Deuil, au lieu-dit La Barre, qui est le point central de la vallée. À partir de là, la soldatesque multiplie les exactions pour se ravitailler ou, pire encore, pour se divertir. Avoine et sainfoin fauchés à Deuil, Andilly, Eaubonne, bétail volé à Franconville, à Ermont, églises ravagées et arbres fruitiers coupés à Saint-Leu, Taverny et Saint-Prix : tels sont les témoignages de la violence qui s’abat sur les habitants et leur territoire. Quand Turenne quitte Deuil le 17 juillet pour Compiègne, la vallée de Montmorency est dévastée. Épinay, Saint-Leu et Saint-Prix voient leurs curés fouettés ou tués. Les blés sont mangés par les chevaux des soldats ou vendus sur le marché par les soldats. Les habitants s’enfuient vers la forêt. Les terres abandonnées ne sont plus labourées, les vendanges ne sont guère abondantes. À Montmorency, il mourait en moyenne 58 personnes par an, en 1652, 424 personnes sont décédées, dont 310 décès d’août à septembre ; il y avait jusqu’à 10 enterrements par jour. À Eaubonne, on constate 16 décès sur une population d’à peine 100 habitants.
A suivre :
3ème épisode : la consolidation de la construction féodale et la Vallée devient peu à peu "le jardin de Paris"
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