SERIE : Histoire générale de la Vallée de Montmorency, des origines jusqu’à 1900
Le Journal de François vous propose un document exceptionnel : l'histoire générale de notre Vallée de Montmorency, des origines jusqu'à 1900, synthétisée par le regretté Hervé Collet et Gérard Ducoeur. Nos deux historiens avaient établi ce texte à l'occasion de la création de l'association Valmorency.
Aujourd'hui, le journal est heureux de le partager avec vous, chers lecteurs, qui appréciez vivre dans notre belle région.
4ème épisode : la Révolution puis l'emprise napoléonnienne sur la Vallée !
Les premiers mois de la Révolution sont plutôt bien accueillis, non seulement par les cultivateurs de la Vallée, satisfaits de voir arriver la fin des privilèges, mais aussi par une grande partie des notables installés dans le pays, acquis à la philosophie des lumières et dont beaucoup sont franc-maçons. Tous voient avec soulagement la fin de l’emprise des princes de Condé, qui devenait plus pesante, en raison notamment des dégâts causés aux cultures par les animaux de la forêt qu’il était interdit aux paysans de chasser. Certains grands propriétaires participent de bon cœur aux premières initiatives républicaines, en particulier à la Garde nationale, dont font partie Pierre Broutin à Ermont ou Cadet-de-Vaux à Franconville, celui-ci devient même président du Conseil général du nouveau département de la Seine et de l’Oise.
Les choses se gâtent avec la Terreur. Beaucoup d’anciens privilégiés émigrent ou se terrent dans leurs résidences, en essayant de se faire oublier, comme Mme Broutin à Cernay ou Joseph Lenormand de Mézières à Eaubonne. D’autres sont arrêtés et exécutés, comme le marquis de Giac à Saint-Leu ou le marquis d’Avrigny à Soisy-sous-Montmorency. Les noms d’un certain nombre de communes sont modifiés : Saint-Leu devient Claire-Fontaine ; Saint-Prix, Bellevue-la-Forêt ; Montmorency, Emile, en hommage à Jean-Jacques Rousseau, dont la Convention fait un véritable héros national, et qui ordonne de transporter ses cendres au Panthéon. La Vallée de Montmorency elle-même devient le Val d’Émile.
Les propriétés des émigrés et les lieux de culte sont vendus comme biens nationaux. Les dégradations sont nombreuses, certaines irréparables. La forêt de Montmorency est soumise au pillage, la faune fait l’objet de chasses "sauvages" (le pays connaît la disette) et le déboisement incontrôlé entraîne de graves conséquences sur le débit des ruisseaux, dont Cadet-de-Vaux se fera l’écho vers 1800. La vallée de Montmorency devient, durant toute cette période troublée, un lieu de refuge pour un certain nombre de personnages politiques. Mme Broutin, à Cernay, cache des députés girondins comme l’abbé Morellet, Lacretelle, Mathieu, Leroi, en 1792-93. Fouché se réfugie à Saint-Leu en 1794-1795. Le naturaliste Bosc se fabrique une cachette en forêt de Montmorency, dans l’ancien ermitage du Bois Saint-Père, où il accueille, de 1794 à 1799, de nombreux amis girondins comme Roland, ancien ministre de l’Intérieur ou La Réveillère-Lépeaux, membre du Directoire.
L’emprise napoléonienne sur la Vallée
La vallée de Montmorency devient, durant le Premier Empire, un haut lieu de l’épopée napoléonienne. Louis Bonaparte, frère de Napoléon, s’installe au château de Saint-Leu en 1804. Sa femme, la reine Hortense, qui deviendra la duchesse de Saint-Leu en 1814, fait aménager dans son domaine de 80 hectares un parc magnifique, qu’elle confie au paysagiste Louis-Martin Berthault, architecte de la Malmaison. Le comte de Luçay, préfet du Palais du Gouvernement, acquiert en 1806 l’ancien domaine du Maréchal de Catinat à Saint-Gratien, où il fait construire, sous le regard vigilant de Napoléon, le château qui sera habité plus tard par une nièce de ce dernier, la princesse Mathilde, après le comte Philippe de Ségur, aide-de-camp de l’Empereur. Régnault de Saint-Jean d’Angely, bras droit de Napoléon, habite successivement l’Ermitage de Montmorency, la villa de Saint-Lambert à Eaubonne et le château de la Chaumette à Saint-Leu.
De son côté, Louis-Jérôme Gohier, président du Directoire, pourtant chassé par Napoléon lors du coup d’Etat du 18 brumaire, s’est installé à Eaubonne, à quelques pas de Regnault de Saint-Jean d’Angély. Sans doute est-ce parce que son gendre, le future comte d’Empire et général Eugène Merlin, fils de son collègue du Directoire, Merlin de Douai, est devenu lui aussi aide-de-camp de Bonaparte ?
La restauration
L’occupation des armées alliées en 1814-1815 est marquée par de nombreuses dégradations, en particulier dans le château de Montmorency, que le comte Aldini a restauré à grands frais quelques mois auparavant. En 1830, Louis-Philippe accède au trône. Il a passé une partie de son enfance au château de Saint-Leu, avant la Révolution, avec Mme de Genlis comme préceptrice. La vallée de Montmorency, déjà marquée par l’empreinte pré-romantique de l’auteur de la Nouvelle Héloïse, connaît une vogue romantique dans la première moitié du XIXe siècle. Alfred de Musset, qui passe des nuits effrénées en compagnie de jeunes dandys, dans tous les lieux "chauds" de Paris et chez son ami Alfred Tattet, au château de Bury à Margency dans les années 1835, s’exclame : « Qu'il est doux d'être au monde, / Et quel bien que la vie ! ».
Chateaubriand, dans le même temps, est fréquemment reçu à Andilly par son amie Claire de Durfort, duchesse de Duras, qui publie en 1836 son célèbre roman "Ourika", dont les héros promènent leur nostalgie dans la forêt de Montmorency. La famille de Victor Hugo et le poète lui-même passent leurs vacances à Saint-Prix de 1840 à 1842, ce qui amènera la célèbre strophe : « […] Connaissez-vous, sur la colline/ Qui joint Montlignon à Saint-Leu, / Une terrasse qui s’incline / Entre un bois sombre et le ciel bleu ? »
A suivre :
5ème épisode : les communes s'équipent au 19ème siècle mais la Vallée reste toutefois rurale.
Déjà publiés : 
1er épisode : généralités sur la vallée de Montmorency et évolutions de la protohistoire au haut Moyen-Âge
2ème épisode : une période de grande insécurité pendant la période médiévale
3ème épisode : la consolidation de la construction féodale et la Vallée devient peu à peu "le jardin de Paris"
SERIE : Histoire générale de la Vallée de Montmorency, des origines jusqu’à 1900
Le Journal de François vous propose un document exceptionnel : l'histoire générale de notre Vallée de Montmorency, des origines jusqu'à 1900, synthétisée par le regretté Hervé Collet et Gérard Ducoeur. Nos deux historiens avaient établi ce texte à l'occasion de la création de l'association Valmorency.
Aujourd'hui, le journal est heureux de le partager avec vous, chers lecteurs, qui appréciez vivre dans notre belle région.
4ème épisode : la Révolution puis l'emprise napoléonnienne sur la Vallée !
Les premiers mois de la Révolution sont plutôt bien accueillis, non seulement par les cultivateurs de la Vallée, satisfaits de voir arriver la fin des privilèges, mais aussi par une grande partie des notables installés dans le pays, acquis à la philosophie des lumières et dont beaucoup sont franc-maçons. Tous voient avec soulagement la fin de l’emprise des princes de Condé, qui devenait plus pesante, en raison notamment des dégâts causés aux cultures par les animaux de la forêt qu’il était interdit aux paysans de chasser. Certains grands propriétaires participent de bon cœur aux premières initiatives républicaines, en particulier à la Garde nationale, dont font partie Pierre Broutin à Ermont ou Cadet-de-Vaux à Franconville, celui-ci devient même président du Conseil général du nouveau département de la Seine et de l’Oise.
Les choses se gâtent avec la Terreur. Beaucoup d’anciens privilégiés émigrent ou se terrent dans leurs résidences, en essayant de se faire oublier, comme Mme Broutin à Cernay ou Joseph Lenormand de Mézières à Eaubonne. D’autres sont arrêtés et exécutés, comme le marquis de Giac à Saint-Leu ou le marquis d’Avrigny à Soisy-sous-Montmorency. Les noms d’un certain nombre de communes sont modifiés : Saint-Leu devient Claire-Fontaine ; Saint-Prix, Bellevue-la-Forêt ; Montmorency, Emile, en hommage à Jean-Jacques Rousseau, dont la Convention fait un véritable héros national, et qui ordonne de transporter ses cendres au Panthéon. La Vallée de Montmorency elle-même devient le Val d’Émile.
Les propriétés des émigrés et les lieux de culte sont vendus comme biens nationaux. Les dégradations sont nombreuses, certaines irréparables. La forêt de Montmorency est soumise au pillage, la faune fait l’objet de chasses "sauvages" (le pays connaît la disette) et le déboisement incontrôlé entraîne de graves conséquences sur le débit des ruisseaux, dont Cadet-de-Vaux se fera l’écho vers 1800. La vallée de Montmorency devient, durant toute cette période troublée, un lieu de refuge pour un certain nombre de personnages politiques. Mme Broutin, à Cernay, cache des députés girondins comme l’abbé Morellet, Lacretelle, Mathieu, Leroi, en 1792-93. Fouché se réfugie à Saint-Leu en 1794-1795. Le naturaliste Bosc se fabrique une cachette en forêt de Montmorency, dans l’ancien ermitage du Bois Saint-Père, où il accueille, de 1794 à 1799, de nombreux amis girondins comme Roland, ancien ministre de l’Intérieur ou La Réveillère-Lépeaux, membre du Directoire.
L’emprise napoléonienne sur la Vallée
La vallée de Montmorency devient, durant le Premier Empire, un haut lieu de l’épopée napoléonienne. Louis Bonaparte, frère de Napoléon, s’installe au château de Saint-Leu en 1804. Sa femme, la reine Hortense, qui deviendra la duchesse de Saint-Leu en 1814, fait aménager dans son domaine de 80 hectares un parc magnifique, qu’elle confie au paysagiste Louis-Martin Berthault, architecte de la Malmaison. Le comte de Luçay, préfet du Palais du Gouvernement, acquiert en 1806 l’ancien domaine du Maréchal de Catinat à Saint-Gratien, où il fait construire, sous le regard vigilant de Napoléon, le château qui sera habité plus tard par une nièce de ce dernier, la princesse Mathilde, après le comte Philippe de Ségur, aide-de-camp de l’Empereur. Régnault de Saint-Jean d’Angely, bras droit de Napoléon, habite successivement l’Ermitage de Montmorency, la villa de Saint-Lambert à Eaubonne et le château de la Chaumette à Saint-Leu.
De son côté, Louis-Jérôme Gohier, président du Directoire, pourtant chassé par Napoléon lors du coup d’Etat du 18 brumaire, s’est installé à Eaubonne, à quelques pas de Regnault de Saint-Jean d’Angély. Sans doute est-ce parce que son gendre, le future comte d’Empire et général Eugène Merlin, fils de son collègue du Directoire, Merlin de Douai, est devenu lui aussi aide-de-camp de Bonaparte ?
La restauration
L’occupation des armées alliées en 1814-1815 est marquée par de nombreuses dégradations, en particulier dans le château de Montmorency, que le comte Aldini a restauré à grands frais quelques mois auparavant. En 1830, Louis-Philippe accède au trône. Il a passé une partie de son enfance au château de Saint-Leu, avant la Révolution, avec Mme de Genlis comme préceptrice. La vallée de Montmorency, déjà marquée par l’empreinte pré-romantique de l’auteur de la Nouvelle Héloïse, connaît une vogue romantique dans la première moitié du XIXe siècle. Alfred de Musset, qui passe des nuits effrénées en compagnie de jeunes dandys, dans tous les lieux "chauds" de Paris et chez son ami Alfred Tattet, au château de Bury à Margency dans les années 1835, s’exclame : « Qu'il est doux d'être au monde, / Et quel bien que la vie ! ».
Chateaubriand, dans le même temps, est fréquemment reçu à Andilly par son amie Claire de Durfort, duchesse de Duras, qui publie en 1836 son célèbre roman "Ourika", dont les héros promènent leur nostalgie dans la forêt de Montmorency. La famille de Victor Hugo et le poète lui-même passent leurs vacances à Saint-Prix de 1840 à 1842, ce qui amènera la célèbre strophe : « […] Connaissez-vous, sur la colline/ Qui joint Montlignon à Saint-Leu, / Une terrasse qui s’incline / Entre un bois sombre et le ciel bleu ? »
A suivre :
5ème épisode : les communes s'équipent au 19ème siècle mais la Vallée reste toutefois rurale.
Déjà publiés : 
1er épisode : généralités sur la vallée de Montmorency et évolutions de la protohistoire au haut Moyen-Âge
2ème épisode : une période de grande insécurité pendant la période médiévale
3ème épisode : la consolidation de la construction féodale et la Vallée devient peu à peu "le jardin de Paris"
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