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Mercredi cinéma : "Paradis perdu" d'Eve Deboise

Publié le : 04-07-2012

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

Paradis perdu d'Eve DeboiseZoom nouveauté : "Paradis perdu" d'Eve Deboise

L'histoire
Lucie, 17 ans, vit avec son père Hugo, dans une pépinière isolée du sud de la France. Le travail quotidien au contact de la nature les absorbe et comble le manque de la mère, partie depuis un an sans donner de nouvelles.
Cette absence a resserré le lien entre père et fille, doux et étouffant, rassurant et dangereux. Mais un jour, la mère revient, provoquant la jalousie et la colère incontrôlée d’Hugo…
Un film d"Eve Déboise avec Pauline Etienne, Olivier Rabourdin, Florence Thomassin, Ouassini Embarek, Cédric Viera, Tilla Perez Houis.

 

Bonus : propos d'Eve Deboise, réalisatrice de "Paradis perdu"

En quoi le rapport père/fille vous intéresse-t-il en tant que cinéaste ?
J’avais déjà abordé ce thème dans un court-métrage "Petite Sœur", où Olivier Gourmet jouait un père troublé par sa fille aînée, Clémence Poésy. Il peut y avoir entre un parent et son enfant un amour absolu, une relation très forte avec une connotation sensuelle. C’est admis dans la petite enfance, puis il faut tout replier. Parfois, c’est un renoncement violent. Cet amour devient alors un « paradis perdu ». Cela m’intéressait d’aller voir les traces, les cicatrices qui subsistent de cette innocence, de cette liberté. C’est un lieu qui m’a permis de donner corps à ces questions : une pépinière, en Catalogne, une sorte de jardin d’Eden plus ou moins à l’abandon, entre beauté végétale et poussière. J’ai commencé à voir mes personnages dans ce jardin, comme Adam et Eve, sauf qu’il s’agit d’un père et de sa fille.

Paradis perdu d'Eve DeboiseEst-ce un film sur le désir ?
Ce qui m’intéresse, en termes de mise en scène, de jeu, c’est de travailler sur l’énergie sexuelle frustrée. Dans "Paradis perdu", le désir du père est endormi. La fille, à l’inverse, est en pleine découverte du sien, mais n’a pas d’objet d’amour vers qui le projeter. Dans la solitude où ils sont, il y a danger, et ce sont ces moments de vacillement que je voulais saisir. Que se passe-t-il lorsque l’expression du désir est impossible ? Cela crée une tension particulière entre les corps, comme des aimants à l’envers que l’on essaye de rapprocher. Il faut bien qu’elle se canalise dans quelque chose, le travail, la colère souvent, la course. Je voulais filmer la circulation de cette énergie, étouffée parfois, jamais apaisée.

Vous ancrez le film dans une nature très sauvage, mais les personnages sont confinés dans des espaces minuscules… Comment avez-vous travaillé sur les décors ?

Je voulais créer une sorte de huis clos en plein air, un univers où les personnages sont enfermés dans les sentiments ambivalents qu’ils ont les uns pour les autres. Un monde hors du temps, comme sur une île. Le film est contemporain, mais à quelques détails près, il pourrait se passer il y a vingt ou trente ans. De même, la géographie n’est pas précise. On peut Paradis perdu d'Eve Deboisereconnaître cette région des Pyrénées-Orientales qui a à la fois un côté création du monde, les roches, les rivières, et un côté tropical avec ses fleurs et leurs couleurs très franches. Mais cela pourrait aussi être un autre Sud. Dans ces grands espaces où les personnages sont seuls, il n’y a qu’eux à regarder, la moindre de leurs réactions prend sens. Comme je voulais travailler sur l’enfermement psychique, c’est là aussi que j’ai commencé à être obsédée par ces cabanons isolés dans les champs, les vignes, loin de tout.
Ces espaces exigus mais ouverts sur la nature, la cabane à outils, le chalet, la caravane, racontent un peu l’intérieur de mes personnages. Je voulais toujours tout rétrécir, on me disait : « Tu ne pourras même plus placer la caméra ». Mais ces contraintes poussent à trouver des solutions plus originales pour filmer les personnages. La cabane à outils a été conçue avec un mur et le toit amovibles, mais nous n’y avons eu recours qu’une fois, pour tourner la scène d’amour. Pareil pour tourner dans le puits, c’était assez compliqué mais je cherchais à donner la sensation que Hugo descend en lui-même. La nature semble être le seul lieu où père et fille trouvent la sérénité.

Paradis perdu d'Eve DeboisePourquoi avoir opté pour une famille si terrienne ?
Plus que le côté terrien, c’est l’idée de vie, de fertilité, associée au travail de pépiniériste qui m’a plu, en contraste avec les sentiments troubles, parfois destructeurs qui habitent les personnages. Tant qu’on arrive à faire pousser quelque chose, on va vers la vie. Et le travail est un lien important pour raconter la relation père/fille, je voulais qu’ils fassent quelque chose ensemble, que leurs corps aient l’occasion de se rapprocher, comme dans ce premier plan où leurs mains se touchent dans la terre.
L’une des choses les plus importantes était de rendre la sensualité des peaux, notamment celle de Lucie, qui est lumineuse, blanche, très belle à filmer. Vous filmez assez peu les visages. La première chose que l’on voit du père, c’est sa main dans le terreau…
Je partais souvent d’un objet pour moi plein de sens ou d’une partie du corps, la nuque de Pauline dans le camion avec son petit chignon, les chaussures d’Hugo, ou le savon oublié par l’ouvrier et que Lucie vient sentir… Le reste devait trouver sa logique par rapport à ces sensations. Les acteurs sont de dos, de trois quart, dans l’ombre, et du coup un visage, lorsqu’ils apparaissent pleine lumière, devient un événement.
(extrait dossier de presse)

 

Autres films toujours à l'affiche :

"Un bonheur n'arrive jamais seul" de James Huth
"Quand je serai petit" de Jean-Paul Rouve
"Bienvenue parmi nous" de Jean Becker
"Le grand soir" de Gustave Kervern et Benoit Delépine
"Les femmes du bus 678" de Mohamed Diab
"Sur la route" de Walter Salles
"De rouille et d'os" de Jacques Audiard

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

Paradis perdu d'Eve DeboiseZoom nouveauté : "Paradis perdu" d'Eve Deboise

L'histoire
Lucie, 17 ans, vit avec son père Hugo, dans une pépinière isolée du sud de la France. Le travail quotidien au contact de la nature les absorbe et comble le manque de la mère, partie depuis un an sans donner de nouvelles.
Cette absence a resserré le lien entre père et fille, doux et étouffant, rassurant et dangereux. Mais un jour, la mère revient, provoquant la jalousie et la colère incontrôlée d’Hugo…
Un film d"Eve Déboise avec Pauline Etienne, Olivier Rabourdin, Florence Thomassin, Ouassini Embarek, Cédric Viera, Tilla Perez Houis.

 

Bonus : propos d'Eve Deboise, réalisatrice de "Paradis perdu"

En quoi le rapport père/fille vous intéresse-t-il en tant que cinéaste ?
J’avais déjà abordé ce thème dans un court-métrage "Petite Sœur", où Olivier Gourmet jouait un père troublé par sa fille aînée, Clémence Poésy. Il peut y avoir entre un parent et son enfant un amour absolu, une relation très forte avec une connotation sensuelle. C’est admis dans la petite enfance, puis il faut tout replier. Parfois, c’est un renoncement violent. Cet amour devient alors un « paradis perdu ». Cela m’intéressait d’aller voir les traces, les cicatrices qui subsistent de cette innocence, de cette liberté. C’est un lieu qui m’a permis de donner corps à ces questions : une pépinière, en Catalogne, une sorte de jardin d’Eden plus ou moins à l’abandon, entre beauté végétale et poussière. J’ai commencé à voir mes personnages dans ce jardin, comme Adam et Eve, sauf qu’il s’agit d’un père et de sa fille.

Paradis perdu d'Eve DeboiseEst-ce un film sur le désir ?
Ce qui m’intéresse, en termes de mise en scène, de jeu, c’est de travailler sur l’énergie sexuelle frustrée. Dans "Paradis perdu", le désir du père est endormi. La fille, à l’inverse, est en pleine découverte du sien, mais n’a pas d’objet d’amour vers qui le projeter. Dans la solitude où ils sont, il y a danger, et ce sont ces moments de vacillement que je voulais saisir. Que se passe-t-il lorsque l’expression du désir est impossible ? Cela crée une tension particulière entre les corps, comme des aimants à l’envers que l’on essaye de rapprocher. Il faut bien qu’elle se canalise dans quelque chose, le travail, la colère souvent, la course. Je voulais filmer la circulation de cette énergie, étouffée parfois, jamais apaisée.

Vous ancrez le film dans une nature très sauvage, mais les personnages sont confinés dans des espaces minuscules… Comment avez-vous travaillé sur les décors ?

Je voulais créer une sorte de huis clos en plein air, un univers où les personnages sont enfermés dans les sentiments ambivalents qu’ils ont les uns pour les autres. Un monde hors du temps, comme sur une île. Le film est contemporain, mais à quelques détails près, il pourrait se passer il y a vingt ou trente ans. De même, la géographie n’est pas précise. On peut Paradis perdu d'Eve Deboisereconnaître cette région des Pyrénées-Orientales qui a à la fois un côté création du monde, les roches, les rivières, et un côté tropical avec ses fleurs et leurs couleurs très franches. Mais cela pourrait aussi être un autre Sud. Dans ces grands espaces où les personnages sont seuls, il n’y a qu’eux à regarder, la moindre de leurs réactions prend sens. Comme je voulais travailler sur l’enfermement psychique, c’est là aussi que j’ai commencé à être obsédée par ces cabanons isolés dans les champs, les vignes, loin de tout.
Ces espaces exigus mais ouverts sur la nature, la cabane à outils, le chalet, la caravane, racontent un peu l’intérieur de mes personnages. Je voulais toujours tout rétrécir, on me disait : « Tu ne pourras même plus placer la caméra ». Mais ces contraintes poussent à trouver des solutions plus originales pour filmer les personnages. La cabane à outils a été conçue avec un mur et le toit amovibles, mais nous n’y avons eu recours qu’une fois, pour tourner la scène d’amour. Pareil pour tourner dans le puits, c’était assez compliqué mais je cherchais à donner la sensation que Hugo descend en lui-même. La nature semble être le seul lieu où père et fille trouvent la sérénité.

Paradis perdu d'Eve DeboisePourquoi avoir opté pour une famille si terrienne ?
Plus que le côté terrien, c’est l’idée de vie, de fertilité, associée au travail de pépiniériste qui m’a plu, en contraste avec les sentiments troubles, parfois destructeurs qui habitent les personnages. Tant qu’on arrive à faire pousser quelque chose, on va vers la vie. Et le travail est un lien important pour raconter la relation père/fille, je voulais qu’ils fassent quelque chose ensemble, que leurs corps aient l’occasion de se rapprocher, comme dans ce premier plan où leurs mains se touchent dans la terre.
L’une des choses les plus importantes était de rendre la sensualité des peaux, notamment celle de Lucie, qui est lumineuse, blanche, très belle à filmer. Vous filmez assez peu les visages. La première chose que l’on voit du père, c’est sa main dans le terreau…
Je partais souvent d’un objet pour moi plein de sens ou d’une partie du corps, la nuque de Pauline dans le camion avec son petit chignon, les chaussures d’Hugo, ou le savon oublié par l’ouvrier et que Lucie vient sentir… Le reste devait trouver sa logique par rapport à ces sensations. Les acteurs sont de dos, de trois quart, dans l’ombre, et du coup un visage, lorsqu’ils apparaissent pleine lumière, devient un événement.
(extrait dossier de presse)

 

Autres films toujours à l'affiche :

"Un bonheur n'arrive jamais seul" de James Huth
"Quand je serai petit" de Jean-Paul Rouve
"Bienvenue parmi nous" de Jean Becker
"Le grand soir" de Gustave Kervern et Benoit Delépine
"Les femmes du bus 678" de Mohamed Diab
"Sur la route" de Walter Salles
"De rouille et d'os" de Jacques Audiard

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