Séverine Rocaboy et son équipe des "Toiles" de Saint-Gratien nous proposent une semaine exceptionnelle avec deux ciné-rencontres complémentaires.
Tout d'abord, ils accueillent vendredi 28 janvier, le réalisateur Thomas Kruithof pour "Les promesses" qui réunit Isabelle Huppert et Reda Kateb interprétant respectivement une maire et son directeur de cabinet. Son film nous plonge dans le quotidien d'une municipalité.
Puis, le dimanche 30 janvier, ce sont le réalisateur Thomas Paulot et les scénaristes Milan Alfonsi et Ferdinand Flame qui viendront aux Toiles pour présenter leur film "Municipale". Leur long métrage mêle avec habilité fiction et aspect documentaire.
Ces deux rendez-vous s'annoncent très intéressants en cette année électorale ! Présentation du film "Les promesses" (extrait dossier de presse)
Clémence, maire dévouée et pugnace d’une ville pauvre du 93, vit les derniers mois de sa carrière politique. Aidée de son brillant et fidèle bras droit, Yazid, elle se bat avec passion pour sauver un quartier de la ville, miné par l’insalubrité et les “marchands de sommeil”. Mais quand Clémence est pressentie pour devenir Ministre, une ambition jusqu’ici refoulée se fait jour, mettant à l’épreuve son rapport à l’engagement politique ainsi que son amitié avec Yazid.
Propos de Thomas Kruithof, réalisateur de "Les promesses"
Dans "Les Promesses", vous explorez à nouveau une "mécanique de l’ombre", celle des tractations politiques, au niveau local et national…
De l’espionnage à la politique, j’aime bien, sans doute, montrer la cuisine des choses ! Après l’élection présidentielle de 2017, j’avais envie de m’intéresser au courage politique et il m’a semblé que c’était à l’échelon local qu’on pouvait encore y croire, même si à l’arrivée le film traverse toutes les strates de l’échiquier politique. J’ai rencontré Jean-Baptiste Delafon, le co-créateur de "Baron noir", qui lui-même travaillait sur un portrait de maire de banlieue, il avait déjà rassemblé de la documentation, on a continué à rencontrer des maires, des acteurs du secteur associatif, ça s’est enrichi au fur et à mesure… J’ai trouvé qu’il y avait une matière humaine et sociale passionnante et viscérale autour du problème des copropriétés dégradées et des marchands de sommeil.
Ce qu’il y a de commun avec mon premier film, c’est le rapport de l’individu face au système. Dans "La Mécanique de l’ombre", c’était plus ouvertement kafkaïen, mais là, au sein de cette cartographie de la vie politique, on perçoit qu’il y a différents échelons de décision, et que les individus doivent se débrouiller avec… Le maire occupe une place à part dans ce système : il fait la liaison entre le peuple et l’Etat. Il connait les prénoms et les noms de ses administrés et en même temps, il est exposé à l’état central. Il subit une froideur, un dédain venant d’au-dessus, et une colère, une impatience et une perte de confiance venant d’en dessous. Les gens pensent souvent qu’il a plus de pouvoir qu’il n’en a vraiment.
Comment s’est déroulée l’écriture du scénario ?
Il y a eu de nombreuses versions, l’écriture a pris presque trois ans. J’admire ceux qui arrivent à aller plus vite ! C’était un travail d’exploration, enrichi et remis en question au fil de nos rencontres. Avec, dès le départ, un récit centré sur la relation entre Clémence, la maire, et Yazid, son directeur de cabinet. Ils constituent un vrai duo : c’est une amitié professionnelle forte avec une admiration mutuelle, des frontières pas forcément nettes entre l’intimité et le travail, et un rapport personnel à l’engagement politique. Ils sont aussi à un moment différent de leur carrière. Ils sont le réacteur humain du film.
Le personnage de Clémence s’inspire-t-il de maires que vous avez croisés ?
Pas directement. En banlieue parisienne, on a rencontré beaucoup de maires avec des personnalités et des couleurs politiques différentes qui menaient le même combat pour sauver des cités dégradées, que ce soit à Grigny, à Clichy-sous-Bois, où l’on a tourné, ou à Chanteloup-les-Vignes, etc. On a attrapé des fragments de vie, des petites scènes qui nous ont inspirés. Toujours ce double rapport avec les citoyens et avec les instances au-dessus d’eux…
"Les promesses"
Vendredi 28 janvier 2022 à 21h – Cinéma "Les Toiles" place François Truffaut Saint-Gratien – Réservation en ligne ou à la caisse du cinéma à partir du 26 janvier 2022 – Pass sanitaire obligatoire.Présentation du film "Municipale" (extrait dossier de presse)
La petite ville de Revin, dans les Ardennes, se prépare à élire son maire quand un individu inconnu de tous se porte candidat. Cet intrus n’est autre qu’un comédien, qui va entrainer toute la ville dans une fiction politique.
Propos de Thomas Paulot, Ferdinand Flame et Milan Alfonsi, auteurs de "Municipale"
Le grand pari formel et narratif du film, c’est évidemment ce jeu entre fiction et documentaire, et rarement la frontière entre les deux n’aura été aussi poreuse, invisible. pouvez-vous nous parler de l’objet scénario ? comment s’est écrit le film ?
Thomas Paulot : Si tu lis le scénario aujourd’hui, tu retrouveras très peu de choses du film. C’était un scénario documentaire-type, avec des scènes beaucoup plus écrites, et des vrais enjeux de fiction impliquant des Revinois. Toutes nos velléités de fiction ont été contrariées à l’approche du tournage : là on s’est dit qu’on préférait être dans le direct de la campagne, sans s’encombrer du plan de travail et du texte.
Milan Alfonsi : Il y a eu cet objet scénario bizarre, fabriqué pour les financements, sans repérage et au fond assez inopérant ; et puis une deuxième modalité d’écriture qui est survenue assez vite, au moment de la deuxième réunion publique conservée dans le film. À cet instant, Laurent demande à ses colistiers si notre liste doit rester fictive ou devenir réelle. Là on est enfin sorti de l’écriture et on s’est rappelé que ce qu’on voulait faire c’était autre chose, c’était suivre les effets d’une fiction dans la dynamique d’une ville. Mais on n’a jamais totalement abandonné le texte : on le gardait comme trame générale, on y revenait certains soirs après le tournage, en le réécrivant, dans un processus très évolutif et parfois harassant.Ferdinand Flame : Le scénario était surtout un document important pour Laurent Papot, ça lui servait de note d’intention de jeu pendant le tournage. Il y avait écrit toutes les grandes stations de son personnage : au début, il savait qu’il devait camper un type un peu creux, puis se prendre au jeu de la campagne, et virer à la mégalomanie. Il avait ces repères, qu’il a bien sûr dynamités lui-même à plein d’endroits. C’était aussi le postulat de départ : une élection, en France, est un scénario extrêmement bien structuré. Tout le monde en connaît le fonctionnement, tout le monde est conscient des enjeux, et ça nous a offert une grande liberté : nous avions au moins ce langage-là en commun avec les Revinois que nous avons rencontrés, et dont certains sont devenus par la suite des protagonistes centraux du film.
Thomas Paulot : On a repris le contrôle du scénario quand la campagne a été interrompue par le confinement, ce qui nous a permis de dérusher. À notre retour pour le second tour, on avait atteint un tel degré de confiance auprès des Revinois qu’on se sentait autorisés à réinjecter un peu plus de fiction, ou en tout cas à provoquer davantage de situations. Et les Revinois eux-mêmes se prenaient totalement au jeu.
"Municipale"
Dimanche 30 janvier 2022 à 16h – Cinéma "Les Toiles" place François Truffaut Saint-Gratien – Réservation en ligne ou à la caisse du cinéma à partir du 26 janvier 2022 – Pass sanitaire obligatoire.
Séverine Rocaboy et son équipe des "Toiles" de Saint-Gratien nous proposent une semaine exceptionnelle avec deux ciné-rencontres complémentaires.
Tout d'abord, ils accueillent vendredi 28 janvier, le réalisateur Thomas Kruithof pour "Les promesses" qui réunit Isabelle Huppert et Reda Kateb interprétant respectivement une maire et son directeur de cabinet. Son film nous plonge dans le quotidien d'une municipalité.
Puis, le dimanche 30 janvier, ce sont le réalisateur Thomas Paulot et les scénaristes Milan Alfonsi et Ferdinand Flame qui viendront aux Toiles pour présenter leur film "Municipale". Leur long métrage mêle avec habilité fiction et aspect documentaire.
Ces deux rendez-vous s'annoncent très intéressants en cette année électorale ! Présentation du film "Les promesses" (extrait dossier de presse)
Clémence, maire dévouée et pugnace d’une ville pauvre du 93, vit les derniers mois de sa carrière politique. Aidée de son brillant et fidèle bras droit, Yazid, elle se bat avec passion pour sauver un quartier de la ville, miné par l’insalubrité et les “marchands de sommeil”. Mais quand Clémence est pressentie pour devenir Ministre, une ambition jusqu’ici refoulée se fait jour, mettant à l’épreuve son rapport à l’engagement politique ainsi que son amitié avec Yazid.
Propos de Thomas Kruithof, réalisateur de "Les promesses"
Dans "Les Promesses", vous explorez à nouveau une "mécanique de l’ombre", celle des tractations politiques, au niveau local et national…
De l’espionnage à la politique, j’aime bien, sans doute, montrer la cuisine des choses ! Après l’élection présidentielle de 2017, j’avais envie de m’intéresser au courage politique et il m’a semblé que c’était à l’échelon local qu’on pouvait encore y croire, même si à l’arrivée le film traverse toutes les strates de l’échiquier politique. J’ai rencontré Jean-Baptiste Delafon, le co-créateur de "Baron noir", qui lui-même travaillait sur un portrait de maire de banlieue, il avait déjà rassemblé de la documentation, on a continué à rencontrer des maires, des acteurs du secteur associatif, ça s’est enrichi au fur et à mesure… J’ai trouvé qu’il y avait une matière humaine et sociale passionnante et viscérale autour du problème des copropriétés dégradées et des marchands de sommeil.
Ce qu’il y a de commun avec mon premier film, c’est le rapport de l’individu face au système. Dans "La Mécanique de l’ombre", c’était plus ouvertement kafkaïen, mais là, au sein de cette cartographie de la vie politique, on perçoit qu’il y a différents échelons de décision, et que les individus doivent se débrouiller avec… Le maire occupe une place à part dans ce système : il fait la liaison entre le peuple et l’Etat. Il connait les prénoms et les noms de ses administrés et en même temps, il est exposé à l’état central. Il subit une froideur, un dédain venant d’au-dessus, et une colère, une impatience et une perte de confiance venant d’en dessous. Les gens pensent souvent qu’il a plus de pouvoir qu’il n’en a vraiment.
Comment s’est déroulée l’écriture du scénario ?
Il y a eu de nombreuses versions, l’écriture a pris presque trois ans. J’admire ceux qui arrivent à aller plus vite ! C’était un travail d’exploration, enrichi et remis en question au fil de nos rencontres. Avec, dès le départ, un récit centré sur la relation entre Clémence, la maire, et Yazid, son directeur de cabinet. Ils constituent un vrai duo : c’est une amitié professionnelle forte avec une admiration mutuelle, des frontières pas forcément nettes entre l’intimité et le travail, et un rapport personnel à l’engagement politique. Ils sont aussi à un moment différent de leur carrière. Ils sont le réacteur humain du film.
Le personnage de Clémence s’inspire-t-il de maires que vous avez croisés ?
Pas directement. En banlieue parisienne, on a rencontré beaucoup de maires avec des personnalités et des couleurs politiques différentes qui menaient le même combat pour sauver des cités dégradées, que ce soit à Grigny, à Clichy-sous-Bois, où l’on a tourné, ou à Chanteloup-les-Vignes, etc. On a attrapé des fragments de vie, des petites scènes qui nous ont inspirés. Toujours ce double rapport avec les citoyens et avec les instances au-dessus d’eux…
"Les promesses"
Vendredi 28 janvier 2022 à 21h – Cinéma "Les Toiles" place François Truffaut Saint-Gratien – Réservation en ligne ou à la caisse du cinéma à partir du 26 janvier 2022 – Pass sanitaire obligatoire.Présentation du film "Municipale" (extrait dossier de presse)
La petite ville de Revin, dans les Ardennes, se prépare à élire son maire quand un individu inconnu de tous se porte candidat. Cet intrus n’est autre qu’un comédien, qui va entrainer toute la ville dans une fiction politique.
Propos de Thomas Paulot, Ferdinand Flame et Milan Alfonsi, auteurs de "Municipale"
Le grand pari formel et narratif du film, c’est évidemment ce jeu entre fiction et documentaire, et rarement la frontière entre les deux n’aura été aussi poreuse, invisible. pouvez-vous nous parler de l’objet scénario ? comment s’est écrit le film ?
Thomas Paulot : Si tu lis le scénario aujourd’hui, tu retrouveras très peu de choses du film. C’était un scénario documentaire-type, avec des scènes beaucoup plus écrites, et des vrais enjeux de fiction impliquant des Revinois. Toutes nos velléités de fiction ont été contrariées à l’approche du tournage : là on s’est dit qu’on préférait être dans le direct de la campagne, sans s’encombrer du plan de travail et du texte.
Milan Alfonsi : Il y a eu cet objet scénario bizarre, fabriqué pour les financements, sans repérage et au fond assez inopérant ; et puis une deuxième modalité d’écriture qui est survenue assez vite, au moment de la deuxième réunion publique conservée dans le film. À cet instant, Laurent demande à ses colistiers si notre liste doit rester fictive ou devenir réelle. Là on est enfin sorti de l’écriture et on s’est rappelé que ce qu’on voulait faire c’était autre chose, c’était suivre les effets d’une fiction dans la dynamique d’une ville. Mais on n’a jamais totalement abandonné le texte : on le gardait comme trame générale, on y revenait certains soirs après le tournage, en le réécrivant, dans un processus très évolutif et parfois harassant.Ferdinand Flame : Le scénario était surtout un document important pour Laurent Papot, ça lui servait de note d’intention de jeu pendant le tournage. Il y avait écrit toutes les grandes stations de son personnage : au début, il savait qu’il devait camper un type un peu creux, puis se prendre au jeu de la campagne, et virer à la mégalomanie. Il avait ces repères, qu’il a bien sûr dynamités lui-même à plein d’endroits. C’était aussi le postulat de départ : une élection, en France, est un scénario extrêmement bien structuré. Tout le monde en connaît le fonctionnement, tout le monde est conscient des enjeux, et ça nous a offert une grande liberté : nous avions au moins ce langage-là en commun avec les Revinois que nous avons rencontrés, et dont certains sont devenus par la suite des protagonistes centraux du film.
Thomas Paulot : On a repris le contrôle du scénario quand la campagne a été interrompue par le confinement, ce qui nous a permis de dérusher. À notre retour pour le second tour, on avait atteint un tel degré de confiance auprès des Revinois qu’on se sentait autorisés à réinjecter un peu plus de fiction, ou en tout cas à provoquer davantage de situations. Et les Revinois eux-mêmes se prenaient totalement au jeu.
"Municipale"
Dimanche 30 janvier 2022 à 16h – Cinéma "Les Toiles" place François Truffaut Saint-Gratien – Réservation en ligne ou à la caisse du cinéma à partir du 26 janvier 2022 – Pass sanitaire obligatoire.
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