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Mercredi cinéma : "No et moi" de Zabou Breitman

Publié le : 17-11-2010

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

No et moi affiche Zoom nouveauté : "No et moi", de Zabou Breitman

L'histoire
On dit de Lou qu’elle est une enfant précoce. Elle a treize ans, deux classes d’avance et un petit corps qui prend son temps. Elle a une mère emmurée dans les tranquillisants, peu d’amis, et le ressenti aigu d’un monde qui va de travers.
Lou doit faire un exposé sur une jeune femme sans abri. Elle en a vu une à la Gare d’Austerlitz. Une qui fait la manche, demande des clopes, s’endort sur la table du café lorsque Lou lui offre à boire pour l’interviewer.
Elle a 18 ans, s’appelle No, Nora en fait mais tout le monde dit No, et bientôt Lou ne pourra plus se passer d’elle. Mais No est imprévisible, elle a grandi dans les foyers et elle ne ressemble à personne. Un jour, elle disparaît.
Lou la recherche, sûre de ce besoin qu’elles ont l’une de l’autre. Lorsque No réapparaît à bout de forces, Lou sait ce qu’elle doit faire : No viendra vivre chez elle.
Un film de Zabou Breitman avec Julie-Marie Parmentier, Nina Rodriguez, Antonin Chalon, Zabou Breitman, Bernard Campan…


Bonus : propos de Zabou Breitman, réalisatrice

Comment est venue l’idée d’adapter No et moi ?
Ce sont les producteurs Frédéric Brillion et Gilles Legrand qui ont tenu à m’envoyer le livre de Delphine De Vigan. Je leur avais pourtant dit mes réticences: mon précédent film était tiré d’un livre, je travaillais déjà sur l’adaptation théâtrale des textes de Lydie Salvayre, je ne me voyais pas repartir d’un matériau romanesque. Et puis j’ai été happée par le texte de quatrième de couverture: j’y ai tout de suite vu un vrai sujet, simple, et, pardon du gros mot, efficace.
J’avais toujours voulu raconter quelque chose autour de l’adolescence, et je trouvais très juste l’histoire de cette ado surdouée, avec les lacunes affectives souvent violentes qui peuvent accompagner les enfants précoces, qui veut sauver le monde, comme tous les ados, et en même temps son propre monde. J’ai lu le livre en réfléchissant d’emblée au moyen d’en tirer un scénario : que pouvais-je y puiser qui résonnait fortement en moi ? Qu’est-ce qui me paraissait le plus juste ? etc.… Très tôt, j’ai pensé que la distribution serait essentielle.

Avec Agnès de Sacy, votre coscénariste, quelles questions vous êtes vous posées ? Voix off ou pas voix off ?
Bien sûr ! D’abord, on a essayé sans… Je me suis demandé : pourquoi n’aime-t-on pas la voix off en France, alors qu’aux Etats-Unis elle ne pose aucun problème ? J’ai revu récemment "Casino", de Scorsese : je pense que la voix off est présente 70 % du temps !
La différence vient sans doute du soin apporté au jeu. Il faut jouer et non pas lire, les acteurs américains sont à fond à ce moment-là. On a beaucoup travaillé avec Nina Rodriguez, qui joue Lou : on a enregistré sa voix off trois fois, avant, pendant et après le tournage. Elle n’a que 13 ans, et au bout d’un mois et demi de tournage, elle avait énormément progressé.
Plus généralement, le temps de l’adaptation est celui de la compression et du choix : que va-t-on laisser de côté ? Je ne croyais pas, par exemple, à la relation préalable entre Lucas et Lou, telle qu’elle était racontée dans le livre: les clans, entre adolescents, sont très rigides… Lucas ne regarde Lou que parce qu’il y a No, c’est leur trio qui m’intéressait, et le regard que chacun porte sur les deux autres: on ne sait pas vraiment qui aime qui.

Julie-Marie Parmentier et Nina RodriguezQuelles recherches avez-vous faites ?
J’ai rencontré des filles dans la situation de No, j’ai parlé avec elles. J’ai écouté leur façon très particulière de s’exprimer : elles ne répondent jamais tout droit. Elles sont toujours dans le concret, dans l’intime, et puis parfois, pendant ces entretiens, je voyais qu’elles piquaient du nez, parce qu’elles dorment peu, de peur de se faire voler leurs affaires…
Une première version du scénario a été montrée à des éducateurs, des gens travaillant dans des associations, en contact avec les SDF. Tant qu’à filmer cette histoire, autant qu’elle sonne juste ! Ils nous ont aidés à corriger certains dialogues.
Plus profondément, ma façon de travailler a changé depuis que j’ai joué au théâtre Des gens, spectacle puisé dans les documentaires de Raymond Depardon. Sur scène, il était très étrange à retranscrire et à jouer, ce discours qui n’était pas un texte à proprement parler, mais une parole orale, à l’origine improvisée. Jusque-là dans mes scénarios, tout était très précisément écrit : c’était tellement ficelé qu’on ne pouvait pas changer grand-chose au montage. Le travail inspiré de Depardon a amené plus de souplesse, de détente. Déjà dans Je l’aimais, il y avait une scène avec deux transporteurs de containers qui étaient de vrais transporteurs, pas du tout des acteurs : on avait en partie improvisé et j’avais adoré ça.
Je me suis dit qu’il fallait faire la même chose pour "No et moi" : certaines scènes seraient très écrites, et d’autres, beaucoup plus libres, se tourneraient en improvisation dirigée. Ça concerne beaucoup le personnage de No, par exemple ce qu’on entend d’elle au magnétophone, ou encore la longue scène montée en « jump cut » où Julie-Marie Parmentier s’énerve contre la fille de la Place des Fêtes.

Comment avez-vous choisi Julie-Marie Parmentier ?
Au terme d’un long processus! J’ai vite abandonné l’idée de faire jouer No par quelqu’un venu de la rue. On aurait pu peut-être être confronté à quelque chose de formidable, de très monolithique, mais ça n’aurait marché que si elle avait été l’unique personnage principal du film. Face à une petite comédienne de 13 ans, c’était impossible. J’ai alors cherché des comédiennes de l’âge de No, de dix-neuf ou vingt ans : le contraste entre la juvénilité de ces filles et l’âpreté, la dureté de leur vie est fondamental. Elles ne sont pas encore marquées en profondeur, certaines ont encore des têtes de bébé…
Au final, il est resté trois filles formidables, totalement différentes : chacune avait en elles un élément qui me ravissait, mais je n’étais pas entièrement convaincue. Auraient-elles l’endurance nécessaire pour les trente-cinq jours de tournage ? Il se trouve que la directrice de casting est Juliette Denis, la fille de Jean-Pierre Denis, qui a réalisé Les Blessures assassines. Un jour, en la regardant, j’ai pensé : « Et Julie-Marie Parmentier ? » Elle est plus âgée que le rôle, mais elle est si frêle, si juvénile. Au casting, les filles passaient sur un monologue extrait d’Urgences, de Depardon. Il y a eu un tel contraste entre le moment où Julie-Marie s’est présentée et celui où elle a joué, la métamorphose a été si frappante, que j’ai eu un coup de cœur immédiat.

Ce qu’elle a proposé était-il proche de la composition qu’elle offre dans le film ?
Oui, beaucoup de choses étaient déjà là. Elle a eu d’emblée une dureté, un phrasé rude qui convenaient. Au casting, je demandais aussi aux filles de danser, parce qu’on demande souvent aux gens de parler comme s’ils n’avaient pas de corps: Julie-Marie a fait des trucs incroyables. Elle a montré peu à peu une grande capacité d’ingurgiter et de reproduire, sans doute grâce à sa puissance de concentration. Il y a eu dans ses propositions une grande constance de qualité : un tel niveau de jeu, tout le temps, c‘était impressionnant. Et, en plus, elle n’a peur de rien. C’est saisissant : dans la vie, c’est une petite jeune femme assez timide, qui parle d’une toute petite voix, mais, par exemple, quand elle apostrophe les autres SDF, elle est allée très loin. Les figurants sont des vrais SDF : J’ai tenu à ce que dans le film tous les figurants soient authentiques, de vrais habitués du bar lors des scènes de café, de vrais lycéens dans les scènes de lycée. Et quand elle crie au type dans la queue « Va niquer ton père ! », j’ai cru qu’il allait l’écraser par terre ! C’était une phrase qu’on avait entendue et qu’elle avait mémorisée. Julie-Marie est allée dans un foyer, elle a parlé à des filles dans la situation de No, à leurs éducatrices, elle en a rapporté des bribes de réalité qu’elle a introduites dans ses improvisations : le tapis mouillé qui empêche No de se doucher, ou le CV envoyé au MacDo, par exemple.

Et Nina Rodriguez ?
On a fait un peu de casting sauvage, et on est allé aussi dans les cours de théâtre. Lou a treize ans, c’est un âge compliqué, où l’on n’est plus désinhibé, où l’on n’a plus la fraîcheur des pré-ados. Mais c’est aussi un âge assez magique, celui de L’Effrontée, par exemple. Je vois Nina, j’ai l’impression de la connaître, sans savoir d’où. Elle joue la scène où Lou est en colère contre ses parents, parce que No est partie et je vois cette petite fille très sage lâcher les chiens ! Il n’y avait pas de comparaison avec les autres candidates. C’est alors que je m’aperçois que j’ai été sa mère dans Le Premier jour du reste de ta vie. Elle jouait Deborah François jeune. Entre 7 et 13 ans, elle s’était transformée, son visage de jeune fille était arrivé.
Il y a eu aussi le premier essai avec les deux filles. C’était difficile, elles avaient le trac. Julie-Marie était la plus tendue, parce que Nina était déjà choisie. On a tout de suite vu que quelque chose se passait entre elles. Tout n’était pas là encore, mais il y avait quelque chose en devenir. Ça faisait peur de dire : voilà, ce sont elles, tant le film repose sur elles deux… L’avantage, c’est que Julie-Marie n’a plus dix-huit ans : c’est une actrice de théâtre très solide, très travailleuse, elle a impressionné Nina, qui l’a suivie. Julie-Marie a compris très vite que No était toujours en mouvement, et Nina était comme Lou, immobile face à elle. Julie-Marie savait aussi provoquer Nina, la titiller. Quand elle parle d’un rêve de nudité, par exemple, dans l’escalier de l’immeuble de Lucas : Nina, qui est très prude, a réagi au quart de tour. Nina a cette capacité de jouer des scènes apprises, mais aussi de faire comme s’il n’y avait aucune caméra. On ne sait pas où est placé le jeu, c’est très troublant. (extrait dossier de presse)

Je souhaite que, vous aussi, vous partagiez vos émotions et vos coups de cœur ciné. Envoyez vos critiques de films par mail (contact@journaldefrancois.fr ). Elles seront publiées dans le Journal !
Mercredi cinéma, c’est votre rendez-vous !

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

No et moi affiche Zoom nouveauté : "No et moi", de Zabou Breitman

L'histoire
On dit de Lou qu’elle est une enfant précoce. Elle a treize ans, deux classes d’avance et un petit corps qui prend son temps. Elle a une mère emmurée dans les tranquillisants, peu d’amis, et le ressenti aigu d’un monde qui va de travers.
Lou doit faire un exposé sur une jeune femme sans abri. Elle en a vu une à la Gare d’Austerlitz. Une qui fait la manche, demande des clopes, s’endort sur la table du café lorsque Lou lui offre à boire pour l’interviewer.
Elle a 18 ans, s’appelle No, Nora en fait mais tout le monde dit No, et bientôt Lou ne pourra plus se passer d’elle. Mais No est imprévisible, elle a grandi dans les foyers et elle ne ressemble à personne. Un jour, elle disparaît.
Lou la recherche, sûre de ce besoin qu’elles ont l’une de l’autre. Lorsque No réapparaît à bout de forces, Lou sait ce qu’elle doit faire : No viendra vivre chez elle.
Un film de Zabou Breitman avec Julie-Marie Parmentier, Nina Rodriguez, Antonin Chalon, Zabou Breitman, Bernard Campan…


Bonus : propos de Zabou Breitman, réalisatrice

Comment est venue l’idée d’adapter No et moi ?
Ce sont les producteurs Frédéric Brillion et Gilles Legrand qui ont tenu à m’envoyer le livre de Delphine De Vigan. Je leur avais pourtant dit mes réticences: mon précédent film était tiré d’un livre, je travaillais déjà sur l’adaptation théâtrale des textes de Lydie Salvayre, je ne me voyais pas repartir d’un matériau romanesque. Et puis j’ai été happée par le texte de quatrième de couverture: j’y ai tout de suite vu un vrai sujet, simple, et, pardon du gros mot, efficace.
J’avais toujours voulu raconter quelque chose autour de l’adolescence, et je trouvais très juste l’histoire de cette ado surdouée, avec les lacunes affectives souvent violentes qui peuvent accompagner les enfants précoces, qui veut sauver le monde, comme tous les ados, et en même temps son propre monde. J’ai lu le livre en réfléchissant d’emblée au moyen d’en tirer un scénario : que pouvais-je y puiser qui résonnait fortement en moi ? Qu’est-ce qui me paraissait le plus juste ? etc.… Très tôt, j’ai pensé que la distribution serait essentielle.

Avec Agnès de Sacy, votre coscénariste, quelles questions vous êtes vous posées ? Voix off ou pas voix off ?
Bien sûr ! D’abord, on a essayé sans… Je me suis demandé : pourquoi n’aime-t-on pas la voix off en France, alors qu’aux Etats-Unis elle ne pose aucun problème ? J’ai revu récemment "Casino", de Scorsese : je pense que la voix off est présente 70 % du temps !
La différence vient sans doute du soin apporté au jeu. Il faut jouer et non pas lire, les acteurs américains sont à fond à ce moment-là. On a beaucoup travaillé avec Nina Rodriguez, qui joue Lou : on a enregistré sa voix off trois fois, avant, pendant et après le tournage. Elle n’a que 13 ans, et au bout d’un mois et demi de tournage, elle avait énormément progressé.
Plus généralement, le temps de l’adaptation est celui de la compression et du choix : que va-t-on laisser de côté ? Je ne croyais pas, par exemple, à la relation préalable entre Lucas et Lou, telle qu’elle était racontée dans le livre: les clans, entre adolescents, sont très rigides… Lucas ne regarde Lou que parce qu’il y a No, c’est leur trio qui m’intéressait, et le regard que chacun porte sur les deux autres: on ne sait pas vraiment qui aime qui.

Julie-Marie Parmentier et Nina RodriguezQuelles recherches avez-vous faites ?
J’ai rencontré des filles dans la situation de No, j’ai parlé avec elles. J’ai écouté leur façon très particulière de s’exprimer : elles ne répondent jamais tout droit. Elles sont toujours dans le concret, dans l’intime, et puis parfois, pendant ces entretiens, je voyais qu’elles piquaient du nez, parce qu’elles dorment peu, de peur de se faire voler leurs affaires…
Une première version du scénario a été montrée à des éducateurs, des gens travaillant dans des associations, en contact avec les SDF. Tant qu’à filmer cette histoire, autant qu’elle sonne juste ! Ils nous ont aidés à corriger certains dialogues.
Plus profondément, ma façon de travailler a changé depuis que j’ai joué au théâtre Des gens, spectacle puisé dans les documentaires de Raymond Depardon. Sur scène, il était très étrange à retranscrire et à jouer, ce discours qui n’était pas un texte à proprement parler, mais une parole orale, à l’origine improvisée. Jusque-là dans mes scénarios, tout était très précisément écrit : c’était tellement ficelé qu’on ne pouvait pas changer grand-chose au montage. Le travail inspiré de Depardon a amené plus de souplesse, de détente. Déjà dans Je l’aimais, il y avait une scène avec deux transporteurs de containers qui étaient de vrais transporteurs, pas du tout des acteurs : on avait en partie improvisé et j’avais adoré ça.
Je me suis dit qu’il fallait faire la même chose pour "No et moi" : certaines scènes seraient très écrites, et d’autres, beaucoup plus libres, se tourneraient en improvisation dirigée. Ça concerne beaucoup le personnage de No, par exemple ce qu’on entend d’elle au magnétophone, ou encore la longue scène montée en « jump cut » où Julie-Marie Parmentier s’énerve contre la fille de la Place des Fêtes.

Comment avez-vous choisi Julie-Marie Parmentier ?
Au terme d’un long processus! J’ai vite abandonné l’idée de faire jouer No par quelqu’un venu de la rue. On aurait pu peut-être être confronté à quelque chose de formidable, de très monolithique, mais ça n’aurait marché que si elle avait été l’unique personnage principal du film. Face à une petite comédienne de 13 ans, c’était impossible. J’ai alors cherché des comédiennes de l’âge de No, de dix-neuf ou vingt ans : le contraste entre la juvénilité de ces filles et l’âpreté, la dureté de leur vie est fondamental. Elles ne sont pas encore marquées en profondeur, certaines ont encore des têtes de bébé…
Au final, il est resté trois filles formidables, totalement différentes : chacune avait en elles un élément qui me ravissait, mais je n’étais pas entièrement convaincue. Auraient-elles l’endurance nécessaire pour les trente-cinq jours de tournage ? Il se trouve que la directrice de casting est Juliette Denis, la fille de Jean-Pierre Denis, qui a réalisé Les Blessures assassines. Un jour, en la regardant, j’ai pensé : « Et Julie-Marie Parmentier ? » Elle est plus âgée que le rôle, mais elle est si frêle, si juvénile. Au casting, les filles passaient sur un monologue extrait d’Urgences, de Depardon. Il y a eu un tel contraste entre le moment où Julie-Marie s’est présentée et celui où elle a joué, la métamorphose a été si frappante, que j’ai eu un coup de cœur immédiat.

Ce qu’elle a proposé était-il proche de la composition qu’elle offre dans le film ?
Oui, beaucoup de choses étaient déjà là. Elle a eu d’emblée une dureté, un phrasé rude qui convenaient. Au casting, je demandais aussi aux filles de danser, parce qu’on demande souvent aux gens de parler comme s’ils n’avaient pas de corps: Julie-Marie a fait des trucs incroyables. Elle a montré peu à peu une grande capacité d’ingurgiter et de reproduire, sans doute grâce à sa puissance de concentration. Il y a eu dans ses propositions une grande constance de qualité : un tel niveau de jeu, tout le temps, c‘était impressionnant. Et, en plus, elle n’a peur de rien. C’est saisissant : dans la vie, c’est une petite jeune femme assez timide, qui parle d’une toute petite voix, mais, par exemple, quand elle apostrophe les autres SDF, elle est allée très loin. Les figurants sont des vrais SDF : J’ai tenu à ce que dans le film tous les figurants soient authentiques, de vrais habitués du bar lors des scènes de café, de vrais lycéens dans les scènes de lycée. Et quand elle crie au type dans la queue « Va niquer ton père ! », j’ai cru qu’il allait l’écraser par terre ! C’était une phrase qu’on avait entendue et qu’elle avait mémorisée. Julie-Marie est allée dans un foyer, elle a parlé à des filles dans la situation de No, à leurs éducatrices, elle en a rapporté des bribes de réalité qu’elle a introduites dans ses improvisations : le tapis mouillé qui empêche No de se doucher, ou le CV envoyé au MacDo, par exemple.

Et Nina Rodriguez ?
On a fait un peu de casting sauvage, et on est allé aussi dans les cours de théâtre. Lou a treize ans, c’est un âge compliqué, où l’on n’est plus désinhibé, où l’on n’a plus la fraîcheur des pré-ados. Mais c’est aussi un âge assez magique, celui de L’Effrontée, par exemple. Je vois Nina, j’ai l’impression de la connaître, sans savoir d’où. Elle joue la scène où Lou est en colère contre ses parents, parce que No est partie et je vois cette petite fille très sage lâcher les chiens ! Il n’y avait pas de comparaison avec les autres candidates. C’est alors que je m’aperçois que j’ai été sa mère dans Le Premier jour du reste de ta vie. Elle jouait Deborah François jeune. Entre 7 et 13 ans, elle s’était transformée, son visage de jeune fille était arrivé.
Il y a eu aussi le premier essai avec les deux filles. C’était difficile, elles avaient le trac. Julie-Marie était la plus tendue, parce que Nina était déjà choisie. On a tout de suite vu que quelque chose se passait entre elles. Tout n’était pas là encore, mais il y avait quelque chose en devenir. Ça faisait peur de dire : voilà, ce sont elles, tant le film repose sur elles deux… L’avantage, c’est que Julie-Marie n’a plus dix-huit ans : c’est une actrice de théâtre très solide, très travailleuse, elle a impressionné Nina, qui l’a suivie. Julie-Marie a compris très vite que No était toujours en mouvement, et Nina était comme Lou, immobile face à elle. Julie-Marie savait aussi provoquer Nina, la titiller. Quand elle parle d’un rêve de nudité, par exemple, dans l’escalier de l’immeuble de Lucas : Nina, qui est très prude, a réagi au quart de tour. Nina a cette capacité de jouer des scènes apprises, mais aussi de faire comme s’il n’y avait aucune caméra. On ne sait pas où est placé le jeu, c’est très troublant. (extrait dossier de presse)

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