Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts), Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi)
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône
Zoom nouveauté : "La glace et le ciel" de Luc Jacquet avec Claude Lorius
L'histoire
Luc Jacquet met en scène l’aventure de Claude Lorius, parti en 1957 étudier les glaces de l’Antarctique. Il nous raconte l’histoire d’une vie extraordinaire de science et d’aventure, consacrée à percer au plus profond des glaces de l’Antarctique les secrets bien gardés du climat.
«J’ai aimé les grands fleuves de glace, les lagons, les villages au bord du désert. J’ai aimé les grandes forêts d’Amérique. Mais je crois que j’ai aimé plus que tout l’être humain et sa capacité à se surpasser dans les climats extrêmes. Je m’appelle Claude Lorius et j’ai 83 ans. J’ai passé ma vie au service de la connaissance. J’ai vécu une aventure extraordinaire, une aventure de science et d’hommes passionnés qui a changé le cours de l’histoire de l‘humanité.» Claude Lorius
Un film de Luc Jacquet avec Claude Lorius.
Bonus : propos de Luc Jacquet, réalisateur du film
Comment est né le film ?
D’une rencontre avec Claude Lorius à la Maison de la Géographie en octobre 2011 : on avait déjà entendu parler l’un de l’autre, et on a immédiatement éprouvé une véritable complicité. Nous avions vécu les mêmes aventures à 40 ans d’intervalle. On a évoqué notre expérience de l’Antarctique, où l’on ressent une forme de retrait du monde, et on s’est rendu compte qu’on utilisait les mêmes mots pour en parler, qu’on était animés par la même fascination pour cette région du monde. Par ailleurs, j’avais été bouleversé par son livre "Voyage dans l’Anthropocène" que j’estime être l’un des meilleurs ouvrages scientifiques récents. Et il m’a alors dit : «Pourquoi est-ce qu’on ne ferait pas un film ensemble ?»
Quelle a été votre réaction à ce moment-là ?
J’ai d’abord été très touché : Claude était extrêmement affaibli et j’ai compris qu’il y avait urgence. En effet, cet homme pouvait disparaître à tout moment, et on risquait de perdre le témoignage vivant de ce moment historique, où l’humanité a soudain pris conscience de son impact sur le monde, que Claude a documenté et a été le premier à nous fournir. Mon premier réflexe a été de «sauvegarder» ce témoignage. Je voulais entendre Claude raconter sa version de l’histoire. C’était aussi pour moi une manière de découvrir cet homme en profondeur et d’évaluer le potentiel de son histoire pour le cinéma. J’ai eu conscience qu’il fallait absolument l’entendre raconter, avec ses mots à lui, son cheminement et comment, grâce à la glaciologie, il avait contribué à changer notre rapport au monde. Du coup, j’ai entamé une première série d’entretiens filmés avec lui pendant dix jours, en prenant soin de la qualité de l’image et du son. Lorsqu’il m’a annoncé qu’il allait avoir 80 ans, je me suis dit qu’il fallait les fêter en Antarctique !
Ce projet s’est-il concrétisé ?
Oui, grâce à Wild-Touch et ses premiers partenaires, on a pu monter une première expédition en Antarctique pour prolonger le premier entretien. On a imaginé un costume pour Claude qui soit à la fois cinématographique et pratique dans ces conditions extrêmes de tournage. On a d’abord réussi à convaincre une compagnie aérienne de nous offrir le transport. Quand on a habillé Claude avec cette fameuse veste bleue et ce pantalon noir et la première fois que je l’ai vu dans ce décor, il s’est produit comme une collision entre la figure qu’il incarne, ce costume puissamment évocateur, et l’environnement. Tout à coup, en découvrant le «personnage» de Claude en situation, il devenait universel à mes yeux. C’est à ce moment-là que j’ai trouvé l’angle du film : «un homme qui a consacré sa vie à la science fait un ultime tour du monde pour constater que ce qu’il avait prédit est arrivé. L’occasion pour lui de remonter tout le fil de sa vie aventureuse.»
Vous avez découvert une nouvelle facette de Claude Lorius ?
Je me suis rendu compte que ce type était un battant : malgré des conditions de tournage épouvantables, et un froid terrible, il était resté un aventurier prêt à tout malgré sa faiblesse physique du moment. Je suis allé jusqu’à le faire monter sur une épave glissante de baleinier, et j’ai constaté qu’il avait une force de volonté hors du commun forgée par des années et des années d’endurance et de souffrance. D’ailleurs, en remontant vers Ushuaia, il m’a confié, «l’Antarctique, j’y reviens quand je veux». Il est inguérissable de cette passion pour l’Antarctique ! Du coup, je me suis dit qu’il fallait aller plus loin. D’où l’idée de ce personnage, âgé de 80 ans, qui fait le tour du monde : c’est aussi un voyage métaphorique qui s’inscrit dans une logique testamentaire. Car Claude divise sa vie entre le temps des expéditions – sa jeunesse –, le temps de la recherche - de la quarantaine à la cinquantaine –, le temps des comités scientifiques et politiques – l’époque de la maturité jusqu’à la retraite -, le temps des récompenses – après la retraite - et le temps de la transmission. J’ai donc repris cette idée de testament, en emmenant Claude là où, trente ans plus tôt, il pensait que des événements déterminants allaient se produire. Et plutôt que de se contenter d’un discours, je souhaitais le mettre en scène pour qu’on soit témoin de ce qu’il avait prédit.
Qui vous a accompagné dans la production du film ?
D’abord mon association Wild-Touch et ses premiers partenaires comme Aster, Big Bang, la Compagnie du Ponant qui ont accompagné l’émergence du projet, son écriture, ses premiers repérages. Eskwad et Richard Grandpierre nous ont permis ensuite de développer toute l’ambition cinématographique de ce projet : cela a été la première étincelle. De son côté, Wild-Touch avait déjà fait tout le travail de recherche et de développement. On a ensuite mené un vrai travail bilatéral entre Wild-Touch et Eskwad.
D’où vous vient cette fascination pour l’Antarctique ?
C’est une addiction : à 23 ans, je suis parti 14 mois en Antarctique, et je n’ai eu de cesse d’y retourner. Je l’explique par la puissance des paysages et des éléments, et par l’expérience du blizzard qui est une forme ultime de confrontation avec les forces de la nature et de survie : dans cet environnement, la seule loi qui convienne est de rester vivant en s’appuyant sur la fraternité. Il faut aller dans des endroits extrêmes pour découvrir cela. Il y a des lieux sur Terre où on ne triche plus. Ce qui me plaît, c’est l’authenticité des hommes qui vont là-bas.
On pourrait penser que pour vous des hommes comme Claude Lorius et Francis Hallé, à qui vous avez rendu hommage dans "Il était une forêt", sont les vrais héros.
Absolument. J’ai voulu me mettre à leur service en fondant l’association Wild-Touch. Je considère que j’ai eu une chance folle avec mon premier film, "La marche de l’empereur", qui a été vu par 35 millions de spectateurs et remporté l’Oscar. Aujourd’hui, je veux renvoyer la balle et exprimer ma gratitude. Pour moi, aller sur ce territoire, c’est suivre ma pente naturelle puisque je suis écologue de formation : je sais repérer les altérités dans tel ou tel paysage, et j’essaie d’alerter l’opinion à travers le medium du cinéma. Mon objectif est donc d’offrir une caisse de résonance à des hommes qui produisent une connaissance qui n’est pas entendue.
Dans les années 70, l’homme se croyait tout-puissant : grâce à l’argent et à la technologie, il pensait pouvoir tout faire. Mais au même moment, Lorius et d’autres scientifiques nous ont alertés en prouvant que le progrès a un prix, à savoir la destruction de notre environnement.
On a le sentiment que si les arbres apprivoisent le temps comme on le voit dans "Il était une forêt", la glace demeure mémoire comme on le voit dans "La Glace et le Ciel". Le temps est notre principal repère, il est parfaitement subjectif, lié à notre perception des choses, les temps très longs et très courts nous échappent par exemple. J’adore me servir du cinéma pour changer de repères spatio-temporels. De nouveaux mondes, de nouvelles réalités s’offrent alors à notre regard : nous ne considérons le temps que dans la mesure où nous ne sommes capables de percevoir la vie qu’à l’échelle de l’âge de l’homme et du temps politique. Or, la nature ne suit pas la temporalité humaine : par exemple, le temps d’un arbre est de l’ordre de 800 ans. Le fait de changer notre rapport au temps et à l’espace modifie notre perception du réel. Cela reste invisible à l’échelle de sa propre temporalité d’être humain, mais ce travail sur le temps permet d’ôter des voiles pour voir le monde différemment et être étonné par les révélations de l’infiniment grand ou de l’infiniment petit.
Toutes les découvertes de Claude Lorius se sont avérées prémonitoires. Peut-on dire que vous avez fait un film sur un prophète de l’humanité ?
Claude n’est pas un prophète dans la mesure où il s’interdit toute interprétation des phénomènes non démontrés par la science. Mais quand il publie ses trois articles historiques dans le magazine «Nature» en 1985, il démontre de manière irréfutable la connexion des gaz à effet de serre émis par l’homme et le climat. Ce faisant, il ouvre la porte à la fois à une science nouvelle, majeure, qui permet de prédire, et il lance une alerte à l’échelle planétaire. Mais Claude n’a jamais franchi le seuil du politique. Il s’est toujours cantonné à la production du savoir, et c’est pour cela qu’il est aussi peu connu aujourd’hui. Rien de prophétique là-dedans : je préfère le mot de visionnaire. C’est l’intuition dont il a fait preuve durant toute sa carrière. Ses collègues le disent : Claude ne s’est jamais trompé dans ses choix scientifiques. Pour un homme comme Lorius, tant que le fait n’est pas entièrement démontré scientifiquement, il ne prend pas la parole. Et nous cherchons, chez Wild-Touch, à assurer une médiation entre ces scientifiques et la sphère publique.
Pouvez-vous nous raconter brièvement l’histoire de ce flocon de neige qui contient l’ADN de l’humanité ?
Pour moi, c’est davantage l’histoire d’un homme et de sa quête de l’invisible : c’est parce qu’il a porté un regard sur ce flocon de neige que celui-ci a pris une telle importance. Lorius, quand il embarque, ne sait pas ce qu’il va découvrir, et il aurait aussi bien pu ne rien trouver. Mais à chaque étape de ses découvertes, il a le génie de s’engager dans la bonne direction. Le film retrace donc une double aventure, celle d’un homme et celle d’une connaissance. Il n’y a pas de prédestination dans cette démarche, car la recherche n’est pas prédestinée : les grands scientifiques n’auraient jamais accompli leurs découvertes s’ils avaient eu un but précis. La science n’a rien d’intentionnel ou d’utilitaire : au départ, la seule interrogation de Claude, c’est de se demander pourquoi il fait froid en Antarctique ! Ce qui m’a intéressé dans son parcours, c’est qu’il s’agit d’une épopée au sens grec du terme : lorsqu’Ulysse part en guerre contre les Troyens, il ne sait pas ce qui l’attend au bout du chemin. Et à son retour chez lui, il lui est arrivé des événements tellement extraordinaires qu’il a pu s’élever au-dessus de l’humanité. C’est ce qui fait de lui un héros.
Dans le film, vous montrez que l’homme se dépasse dans l’adversité.
Quand on est en Antarctique, on doit faire un nombre incalculable de renoncements. Une fois qu’on les a faits, on sait qu’on peut aller très loin : on repousse tellement les limites qu’on éprouve une confiance absolue dans sa capacité d’endurance. C’est fondamental dans le rapport aux autres et dans la confiance en soi. Quand, pendant 120 jours, on subit le froid, on est privé d’eau chaude, et on vit en paix avec ses camarades, tout en étant capable de produire des résultats scientifiques révolutionnaires, on sait que tout peut nous arriver.
De même que la glace est le patrimoine de l’humanité, peut-on dire que dans votre film les archives sont le matériau de la mise en scène ?
Quand j’ai commencé à me pencher sur le parcours et les travaux de Claude Lorius, je suis tombé sur les fameuses images de cet homme à 23 ans en Antarctique, et je me suis dit que ce serait formidable de relater l’histoire de sa vie, entièrement consacrée à la science, en suivant les rebondissements successifs de ses expéditions et de ses grandes découvertes. À partir de là, j’avais mon arc narratif. Après coup, le pari était de retrouver les images. Une course au trésor extraordinaire a alors commencé : en allant dans son ancien laboratoire de Grenoble, on a retrouvé de la pellicule tournée en 8 mm et non développée. Toute l’histoire du film reposait sur cette quête qui allait en direction des grands scientifiques polaires français, qui emmenaient une caméra dans leurs expéditions, puis en direction des chercheurs américains, avec lesquels Claude a travaillé, et en direction de Moscou, puisque Claude a tissé des liens très forts avec les scientifiques soviétiques. Au final, il nous aura fallu un an pour retrouver les archives du film !
On a le sentiment que ces archives ne font pas compilation, mais qu’elles sont mises en scène.
C’est ce que j’aime au cinéma : utiliser l’image pour ce qu’elle est et pour ce qu’elle raconte. Quand je tourne dans la nature, je provoque des situations, et rien ne me rend plus heureux que lorsqu’une situation m’échappe pour exprimer encore mieux ce que je pensais dire au départ. Il se dégage une puissance émotionnelle intense de ces archives, une expérience offerte aux spectateurs. Au montage son notamment, on a tout fait pour supprimer la dimension «archives» du film afin de donner le sentiment d’être avec Claude en permanence et de vivre l’expérience de l’Antarctique avec lui : je voulais qu’on soit au-dessus de son épaule pendant les soixante ans de sa vie au cours desquels il est allé en Antarctique. Le travail du son était donc conçu pour apporter du réel et des sensations partagées.
Au départ, toutes les images étaient muettes : il n’y avait aucun élément sonore. J’y ai donc mis mes propres sensations, en m’appuyant sur la «musique» des hommes qui vont en Antarctique : on n’entend pas forcément ce qu’ils disent, car on est surtout dans des sonorités impressionnistes et évocatrices, davantage que naturalistes. C’est un son qui donne de la profondeur et qui prolonge les images.
Comment s’est déroulé le montage image ?
C’était très complexe car les images sont arrivées au fur et à mesure. La ligne directrice était celle de la quête de Lorius, jalonnée par les grands événements de sa vie et de ses découvertes qui ont abouti à l’alerte climatique de 1985, publiée dans la revue «Nature». Cet arc dramatique s’est construit en remaniant en permanence l’enchaînement narratif puisqu’on intégrait les images qu’on nous ramenait progressivement. On avait des épisodes très bien documentés, comme les expéditions chez les Américains, mais d’autres épisodes étaient beaucoup plus épars. Il a donc fallu recréer une homogénéité et retrouver des images en relançant de nouvelles pistes. Par exemple, au décès du frère de Claude, sa belle-sœur a accepté de se replonger dans ses archives personnelles pour nous ressortir des images inédites.
La lumière joue un rôle important dans vos films, celle des chefs-opérateurs et celle de la survie.
Le gros travail avec Stéphane Martin, mon chef-op, c’était de se mettre au service de Claude : je voulais qu’il soit beau et noble. On était dans une économie assez fruste, et il fallait donc composer avec la lumière naturelle, ce que j’adore par ailleurs. Mais le plus important, c’était de trouver le bon angle et le bon éclairage pour que Claude apparaisse noble et charismatique, comme un chaman ou un vieux chef indien – autrement dit, à la mesure de l’admiration que j’ai pour lui. Jamais je ne voulais que l’âge transparaisse à l’image. Pour autant, il a une grande honnêteté puisque cet homme, qui a été une force de la nature, a accepté de se mettre en scène dans sa fragilité, en l’assumant, et je ne voulais pas trahir ça. Parfois, il était tendu, si bien qu’on a dû tourner plusieurs prises, comme si j’avais affaire à un acteur. À d’autres moments, il oubliait la caméra. Je l’ai harcelé jusqu’au bout pour qu’il reste naturel, et il en a été reconnaissant car il comprenait ma démarche
De "La marche de l’empereur" à "Il était une forêt", on observe dans votre cinéma que l’écologie n’est pas anxiogène : elle est optimiste et au service de l’humanité.
En Antarctique, si on est pris en plein blizzard, on est mort si on n’agit pas, pour le climat et donc l’humanité. La question n’est donc plus de savoir si l’on est optimiste ou pessimiste, mais seulement de se sortir de là ! C’est la même chose en montagne, ou si l’on est pris en embuscade : on n’est plus dans le temps de la philosophie, mais dans celui de la survie ! Le débat entre optimistes et pessimistes n’est plus d’actualité. De même qu’un chef d’escouade, pris dans une embuscade, a l’obligation de motiver ses hommes pour s’en sortir, je pense qu’il faut mobiliser autour de soi pour surmonter les difficultés environnementales. Car j’ai profondément confiance en l’humanité. Le dépassement de soi qui se révèle en Antarctique me donne une indication très claire sur la capacité de l’homme à s’en sortir et sur sa capacité de fraternité et de coopération. Le désespoir ne sert à rien : on souffre de gens qui ont usé de l’argument culpabilisant, plaintif ou accablé. Pour moi, le dépassement de soi est une attitude profondément positive.
Comme dans tous vos films, la transmission est au centre de "La glace et le ciel".
Cette notion de transmission pour moi est essentielle. Elle s’inscrit dans une optique humaniste : elle fait écho à l’abbaye de Thélème et à Rabelais. On ne peut construire une humanité, et avancer, que si on partage le savoir. J’ai été formé par mes aînés dans une pure logique de compagnonnage, et je trouve que cette philosophie de la transmission manque cruellement aujourd’hui : c’est par la transmission qu’on atteint l’éternité.
Pourquoi avez-vous décidé de vous exprimer à travers une œuvre cinématographique ?
En effet, ma prise de parole se fait au cinéma. Parce qu’il y a un point de vue de quelqu’un sur quelqu’un. Et ce point de vue n’a rien d’objectif. Comme dans "Il était une forêt" ou "La marche de l’empereur", je revendique totalement la logique du point de vue, qui est l’essence même du cinéma : j’évoque quelqu’un qui a une manière de voir le monde, et qui a besoin et envie de la partager. C’est un point de vue nourri par le fait d’avoir fréquenté intimement la personne dont je parle. Du coup, en côtoyant Claude, en comprenant ce qu’il m’a dit, et en partageant son expérience de l’Antarctique, la voix-off m’est venue naturellement. Elle renvoie à la voix intérieure du personnage. Par moments, j’avais l’impression d’être une sorte de miroir déformant de Lorius : ce qui m’intéressait, c’était l’humanité du personnage, et son universalité. Au fond, ce qui m’importait, c’était d’exposer la légitimité de quelqu’un et de porter son message.
(extrait dossier de presse)
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Zoom nouveauté : "La glace et le ciel" de Luc Jacquet avec Claude Lorius
L'histoire
Luc Jacquet met en scène l’aventure de Claude Lorius, parti en 1957 étudier les glaces de l’Antarctique. Il nous raconte l’histoire d’une vie extraordinaire de science et d’aventure, consacrée à percer au plus profond des glaces de l’Antarctique les secrets bien gardés du climat.
«J’ai aimé les grands fleuves de glace, les lagons, les villages au bord du désert. J’ai aimé les grandes forêts d’Amérique. Mais je crois que j’ai aimé plus que tout l’être humain et sa capacité à se surpasser dans les climats extrêmes. Je m’appelle Claude Lorius et j’ai 83 ans. J’ai passé ma vie au service de la connaissance. J’ai vécu une aventure extraordinaire, une aventure de science et d’hommes passionnés qui a changé le cours de l’histoire de l‘humanité.» Claude Lorius
Un film de Luc Jacquet avec Claude Lorius.
Bonus : propos de Luc Jacquet, réalisateur du film
Comment est né le film ?
D’une rencontre avec Claude Lorius à la Maison de la Géographie en octobre 2011 : on avait déjà entendu parler l’un de l’autre, et on a immédiatement éprouvé une véritable complicité. Nous avions vécu les mêmes aventures à 40 ans d’intervalle. On a évoqué notre expérience de l’Antarctique, où l’on ressent une forme de retrait du monde, et on s’est rendu compte qu’on utilisait les mêmes mots pour en parler, qu’on était animés par la même fascination pour cette région du monde. Par ailleurs, j’avais été bouleversé par son livre "Voyage dans l’Anthropocène" que j’estime être l’un des meilleurs ouvrages scientifiques récents. Et il m’a alors dit : «Pourquoi est-ce qu’on ne ferait pas un film ensemble ?»
Quelle a été votre réaction à ce moment-là ?
J’ai d’abord été très touché : Claude était extrêmement affaibli et j’ai compris qu’il y avait urgence. En effet, cet homme pouvait disparaître à tout moment, et on risquait de perdre le témoignage vivant de ce moment historique, où l’humanité a soudain pris conscience de son impact sur le monde, que Claude a documenté et a été le premier à nous fournir. Mon premier réflexe a été de «sauvegarder» ce témoignage. Je voulais entendre Claude raconter sa version de l’histoire. C’était aussi pour moi une manière de découvrir cet homme en profondeur et d’évaluer le potentiel de son histoire pour le cinéma. J’ai eu conscience qu’il fallait absolument l’entendre raconter, avec ses mots à lui, son cheminement et comment, grâce à la glaciologie, il avait contribué à changer notre rapport au monde. Du coup, j’ai entamé une première série d’entretiens filmés avec lui pendant dix jours, en prenant soin de la qualité de l’image et du son. Lorsqu’il m’a annoncé qu’il allait avoir 80 ans, je me suis dit qu’il fallait les fêter en Antarctique !
Ce projet s’est-il concrétisé ?
Oui, grâce à Wild-Touch et ses premiers partenaires, on a pu monter une première expédition en Antarctique pour prolonger le premier entretien. On a imaginé un costume pour Claude qui soit à la fois cinématographique et pratique dans ces conditions extrêmes de tournage. On a d’abord réussi à convaincre une compagnie aérienne de nous offrir le transport. Quand on a habillé Claude avec cette fameuse veste bleue et ce pantalon noir et la première fois que je l’ai vu dans ce décor, il s’est produit comme une collision entre la figure qu’il incarne, ce costume puissamment évocateur, et l’environnement. Tout à coup, en découvrant le «personnage» de Claude en situation, il devenait universel à mes yeux. C’est à ce moment-là que j’ai trouvé l’angle du film : «un homme qui a consacré sa vie à la science fait un ultime tour du monde pour constater que ce qu’il avait prédit est arrivé. L’occasion pour lui de remonter tout le fil de sa vie aventureuse.»
Vous avez découvert une nouvelle facette de Claude Lorius ?
Je me suis rendu compte que ce type était un battant : malgré des conditions de tournage épouvantables, et un froid terrible, il était resté un aventurier prêt à tout malgré sa faiblesse physique du moment. Je suis allé jusqu’à le faire monter sur une épave glissante de baleinier, et j’ai constaté qu’il avait une force de volonté hors du commun forgée par des années et des années d’endurance et de souffrance. D’ailleurs, en remontant vers Ushuaia, il m’a confié, «l’Antarctique, j’y reviens quand je veux». Il est inguérissable de cette passion pour l’Antarctique ! Du coup, je me suis dit qu’il fallait aller plus loin. D’où l’idée de ce personnage, âgé de 80 ans, qui fait le tour du monde : c’est aussi un voyage métaphorique qui s’inscrit dans une logique testamentaire. Car Claude divise sa vie entre le temps des expéditions – sa jeunesse –, le temps de la recherche - de la quarantaine à la cinquantaine –, le temps des comités scientifiques et politiques – l’époque de la maturité jusqu’à la retraite -, le temps des récompenses – après la retraite - et le temps de la transmission. J’ai donc repris cette idée de testament, en emmenant Claude là où, trente ans plus tôt, il pensait que des événements déterminants allaient se produire. Et plutôt que de se contenter d’un discours, je souhaitais le mettre en scène pour qu’on soit témoin de ce qu’il avait prédit.
Qui vous a accompagné dans la production du film ?
D’abord mon association Wild-Touch et ses premiers partenaires comme Aster, Big Bang, la Compagnie du Ponant qui ont accompagné l’émergence du projet, son écriture, ses premiers repérages. Eskwad et Richard Grandpierre nous ont permis ensuite de développer toute l’ambition cinématographique de ce projet : cela a été la première étincelle. De son côté, Wild-Touch avait déjà fait tout le travail de recherche et de développement. On a ensuite mené un vrai travail bilatéral entre Wild-Touch et Eskwad.
D’où vous vient cette fascination pour l’Antarctique ?
C’est une addiction : à 23 ans, je suis parti 14 mois en Antarctique, et je n’ai eu de cesse d’y retourner. Je l’explique par la puissance des paysages et des éléments, et par l’expérience du blizzard qui est une forme ultime de confrontation avec les forces de la nature et de survie : dans cet environnement, la seule loi qui convienne est de rester vivant en s’appuyant sur la fraternité. Il faut aller dans des endroits extrêmes pour découvrir cela. Il y a des lieux sur Terre où on ne triche plus. Ce qui me plaît, c’est l’authenticité des hommes qui vont là-bas.
On pourrait penser que pour vous des hommes comme Claude Lorius et Francis Hallé, à qui vous avez rendu hommage dans "Il était une forêt", sont les vrais héros.
Absolument. J’ai voulu me mettre à leur service en fondant l’association Wild-Touch. Je considère que j’ai eu une chance folle avec mon premier film, "La marche de l’empereur", qui a été vu par 35 millions de spectateurs et remporté l’Oscar. Aujourd’hui, je veux renvoyer la balle et exprimer ma gratitude. Pour moi, aller sur ce territoire, c’est suivre ma pente naturelle puisque je suis écologue de formation : je sais repérer les altérités dans tel ou tel paysage, et j’essaie d’alerter l’opinion à travers le medium du cinéma. Mon objectif est donc d’offrir une caisse de résonance à des hommes qui produisent une connaissance qui n’est pas entendue.
Dans les années 70, l’homme se croyait tout-puissant : grâce à l’argent et à la technologie, il pensait pouvoir tout faire. Mais au même moment, Lorius et d’autres scientifiques nous ont alertés en prouvant que le progrès a un prix, à savoir la destruction de notre environnement.
On a le sentiment que si les arbres apprivoisent le temps comme on le voit dans "Il était une forêt", la glace demeure mémoire comme on le voit dans "La Glace et le Ciel". Le temps est notre principal repère, il est parfaitement subjectif, lié à notre perception des choses, les temps très longs et très courts nous échappent par exemple. J’adore me servir du cinéma pour changer de repères spatio-temporels. De nouveaux mondes, de nouvelles réalités s’offrent alors à notre regard : nous ne considérons le temps que dans la mesure où nous ne sommes capables de percevoir la vie qu’à l’échelle de l’âge de l’homme et du temps politique. Or, la nature ne suit pas la temporalité humaine : par exemple, le temps d’un arbre est de l’ordre de 800 ans. Le fait de changer notre rapport au temps et à l’espace modifie notre perception du réel. Cela reste invisible à l’échelle de sa propre temporalité d’être humain, mais ce travail sur le temps permet d’ôter des voiles pour voir le monde différemment et être étonné par les révélations de l’infiniment grand ou de l’infiniment petit.
Toutes les découvertes de Claude Lorius se sont avérées prémonitoires. Peut-on dire que vous avez fait un film sur un prophète de l’humanité ?
Claude n’est pas un prophète dans la mesure où il s’interdit toute interprétation des phénomènes non démontrés par la science. Mais quand il publie ses trois articles historiques dans le magazine «Nature» en 1985, il démontre de manière irréfutable la connexion des gaz à effet de serre émis par l’homme et le climat. Ce faisant, il ouvre la porte à la fois à une science nouvelle, majeure, qui permet de prédire, et il lance une alerte à l’échelle planétaire. Mais Claude n’a jamais franchi le seuil du politique. Il s’est toujours cantonné à la production du savoir, et c’est pour cela qu’il est aussi peu connu aujourd’hui. Rien de prophétique là-dedans : je préfère le mot de visionnaire. C’est l’intuition dont il a fait preuve durant toute sa carrière. Ses collègues le disent : Claude ne s’est jamais trompé dans ses choix scientifiques. Pour un homme comme Lorius, tant que le fait n’est pas entièrement démontré scientifiquement, il ne prend pas la parole. Et nous cherchons, chez Wild-Touch, à assurer une médiation entre ces scientifiques et la sphère publique.
Pouvez-vous nous raconter brièvement l’histoire de ce flocon de neige qui contient l’ADN de l’humanité ?
Pour moi, c’est davantage l’histoire d’un homme et de sa quête de l’invisible : c’est parce qu’il a porté un regard sur ce flocon de neige que celui-ci a pris une telle importance. Lorius, quand il embarque, ne sait pas ce qu’il va découvrir, et il aurait aussi bien pu ne rien trouver. Mais à chaque étape de ses découvertes, il a le génie de s’engager dans la bonne direction. Le film retrace donc une double aventure, celle d’un homme et celle d’une connaissance. Il n’y a pas de prédestination dans cette démarche, car la recherche n’est pas prédestinée : les grands scientifiques n’auraient jamais accompli leurs découvertes s’ils avaient eu un but précis. La science n’a rien d’intentionnel ou d’utilitaire : au départ, la seule interrogation de Claude, c’est de se demander pourquoi il fait froid en Antarctique ! Ce qui m’a intéressé dans son parcours, c’est qu’il s’agit d’une épopée au sens grec du terme : lorsqu’Ulysse part en guerre contre les Troyens, il ne sait pas ce qui l’attend au bout du chemin. Et à son retour chez lui, il lui est arrivé des événements tellement extraordinaires qu’il a pu s’élever au-dessus de l’humanité. C’est ce qui fait de lui un héros.
Dans le film, vous montrez que l’homme se dépasse dans l’adversité.
Quand on est en Antarctique, on doit faire un nombre incalculable de renoncements. Une fois qu’on les a faits, on sait qu’on peut aller très loin : on repousse tellement les limites qu’on éprouve une confiance absolue dans sa capacité d’endurance. C’est fondamental dans le rapport aux autres et dans la confiance en soi. Quand, pendant 120 jours, on subit le froid, on est privé d’eau chaude, et on vit en paix avec ses camarades, tout en étant capable de produire des résultats scientifiques révolutionnaires, on sait que tout peut nous arriver.
De même que la glace est le patrimoine de l’humanité, peut-on dire que dans votre film les archives sont le matériau de la mise en scène ?
Quand j’ai commencé à me pencher sur le parcours et les travaux de Claude Lorius, je suis tombé sur les fameuses images de cet homme à 23 ans en Antarctique, et je me suis dit que ce serait formidable de relater l’histoire de sa vie, entièrement consacrée à la science, en suivant les rebondissements successifs de ses expéditions et de ses grandes découvertes. À partir de là, j’avais mon arc narratif. Après coup, le pari était de retrouver les images. Une course au trésor extraordinaire a alors commencé : en allant dans son ancien laboratoire de Grenoble, on a retrouvé de la pellicule tournée en 8 mm et non développée. Toute l’histoire du film reposait sur cette quête qui allait en direction des grands scientifiques polaires français, qui emmenaient une caméra dans leurs expéditions, puis en direction des chercheurs américains, avec lesquels Claude a travaillé, et en direction de Moscou, puisque Claude a tissé des liens très forts avec les scientifiques soviétiques. Au final, il nous aura fallu un an pour retrouver les archives du film !
On a le sentiment que ces archives ne font pas compilation, mais qu’elles sont mises en scène.
C’est ce que j’aime au cinéma : utiliser l’image pour ce qu’elle est et pour ce qu’elle raconte. Quand je tourne dans la nature, je provoque des situations, et rien ne me rend plus heureux que lorsqu’une situation m’échappe pour exprimer encore mieux ce que je pensais dire au départ. Il se dégage une puissance émotionnelle intense de ces archives, une expérience offerte aux spectateurs. Au montage son notamment, on a tout fait pour supprimer la dimension «archives» du film afin de donner le sentiment d’être avec Claude en permanence et de vivre l’expérience de l’Antarctique avec lui : je voulais qu’on soit au-dessus de son épaule pendant les soixante ans de sa vie au cours desquels il est allé en Antarctique. Le travail du son était donc conçu pour apporter du réel et des sensations partagées.
Au départ, toutes les images étaient muettes : il n’y avait aucun élément sonore. J’y ai donc mis mes propres sensations, en m’appuyant sur la «musique» des hommes qui vont en Antarctique : on n’entend pas forcément ce qu’ils disent, car on est surtout dans des sonorités impressionnistes et évocatrices, davantage que naturalistes. C’est un son qui donne de la profondeur et qui prolonge les images.
Comment s’est déroulé le montage image ?
C’était très complexe car les images sont arrivées au fur et à mesure. La ligne directrice était celle de la quête de Lorius, jalonnée par les grands événements de sa vie et de ses découvertes qui ont abouti à l’alerte climatique de 1985, publiée dans la revue «Nature». Cet arc dramatique s’est construit en remaniant en permanence l’enchaînement narratif puisqu’on intégrait les images qu’on nous ramenait progressivement. On avait des épisodes très bien documentés, comme les expéditions chez les Américains, mais d’autres épisodes étaient beaucoup plus épars. Il a donc fallu recréer une homogénéité et retrouver des images en relançant de nouvelles pistes. Par exemple, au décès du frère de Claude, sa belle-sœur a accepté de se replonger dans ses archives personnelles pour nous ressortir des images inédites.
La lumière joue un rôle important dans vos films, celle des chefs-opérateurs et celle de la survie.
Le gros travail avec Stéphane Martin, mon chef-op, c’était de se mettre au service de Claude : je voulais qu’il soit beau et noble. On était dans une économie assez fruste, et il fallait donc composer avec la lumière naturelle, ce que j’adore par ailleurs. Mais le plus important, c’était de trouver le bon angle et le bon éclairage pour que Claude apparaisse noble et charismatique, comme un chaman ou un vieux chef indien – autrement dit, à la mesure de l’admiration que j’ai pour lui. Jamais je ne voulais que l’âge transparaisse à l’image. Pour autant, il a une grande honnêteté puisque cet homme, qui a été une force de la nature, a accepté de se mettre en scène dans sa fragilité, en l’assumant, et je ne voulais pas trahir ça. Parfois, il était tendu, si bien qu’on a dû tourner plusieurs prises, comme si j’avais affaire à un acteur. À d’autres moments, il oubliait la caméra. Je l’ai harcelé jusqu’au bout pour qu’il reste naturel, et il en a été reconnaissant car il comprenait ma démarche
De "La marche de l’empereur" à "Il était une forêt", on observe dans votre cinéma que l’écologie n’est pas anxiogène : elle est optimiste et au service de l’humanité.
En Antarctique, si on est pris en plein blizzard, on est mort si on n’agit pas, pour le climat et donc l’humanité. La question n’est donc plus de savoir si l’on est optimiste ou pessimiste, mais seulement de se sortir de là ! C’est la même chose en montagne, ou si l’on est pris en embuscade : on n’est plus dans le temps de la philosophie, mais dans celui de la survie ! Le débat entre optimistes et pessimistes n’est plus d’actualité. De même qu’un chef d’escouade, pris dans une embuscade, a l’obligation de motiver ses hommes pour s’en sortir, je pense qu’il faut mobiliser autour de soi pour surmonter les difficultés environnementales. Car j’ai profondément confiance en l’humanité. Le dépassement de soi qui se révèle en Antarctique me donne une indication très claire sur la capacité de l’homme à s’en sortir et sur sa capacité de fraternité et de coopération. Le désespoir ne sert à rien : on souffre de gens qui ont usé de l’argument culpabilisant, plaintif ou accablé. Pour moi, le dépassement de soi est une attitude profondément positive.
Comme dans tous vos films, la transmission est au centre de "La glace et le ciel".
Cette notion de transmission pour moi est essentielle. Elle s’inscrit dans une optique humaniste : elle fait écho à l’abbaye de Thélème et à Rabelais. On ne peut construire une humanité, et avancer, que si on partage le savoir. J’ai été formé par mes aînés dans une pure logique de compagnonnage, et je trouve que cette philosophie de la transmission manque cruellement aujourd’hui : c’est par la transmission qu’on atteint l’éternité.
Pourquoi avez-vous décidé de vous exprimer à travers une œuvre cinématographique ?
En effet, ma prise de parole se fait au cinéma. Parce qu’il y a un point de vue de quelqu’un sur quelqu’un. Et ce point de vue n’a rien d’objectif. Comme dans "Il était une forêt" ou "La marche de l’empereur", je revendique totalement la logique du point de vue, qui est l’essence même du cinéma : j’évoque quelqu’un qui a une manière de voir le monde, et qui a besoin et envie de la partager. C’est un point de vue nourri par le fait d’avoir fréquenté intimement la personne dont je parle. Du coup, en côtoyant Claude, en comprenant ce qu’il m’a dit, et en partageant son expérience de l’Antarctique, la voix-off m’est venue naturellement. Elle renvoie à la voix intérieure du personnage. Par moments, j’avais l’impression d’être une sorte de miroir déformant de Lorius : ce qui m’intéressait, c’était l’humanité du personnage, et son universalité. Au fond, ce qui m’importait, c’était d’exposer la légitimité de quelqu’un et de porter son message.
(extrait dossier de presse)
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