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Mercredi cinéma : "Je ne suis pas un salaud" d'Emmanuel Finkel avec Nicolas Duvauchelle et Mélanie Thierry.

Publié le : 24-02-2016

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

JE NE SUIS PAS UN SALAUD d'Emmanuel FinkelZoom nouveauté : "Je ne suis pas un salaud" d'Emmanuel Finkel

L'histoire
Lorsqu’il est violemment agressé dans la rue, Eddie désigne à tort Ahmed, coupable idéal qu’il avait aperçu quelques jours avant son agression. Alors que la machine judiciaire s’emballe pour Ahmed, Eddie tente de se relever auprès de sa femme et de son fils et grâce à un nouveau travail. Mais bientôt conscient de la gravité de son geste, Eddie va tout faire pour rétablir sa vérité. Quitte à tout perdre…
Un film d'Emmanuel Finkel avec Nicolas Duvauchelle, Mélanie Thierry, Maryne Cayon, Driss Ramdi, Johann Soulé, Nicolas Bridet.

>> Bande annonce du film

 

Bonus : propos d'Emmanuel Finkel, réalisateur du film.

D’où est née l’idée du film ?
Elle est née de trois choses. Il y a quelques années, un de mes amis, qui s’appelle Ahmed - je n’ai pas changé son nom -, a disparu de la circulation pendant six mois. Lorsqu‘il a réapparu, il m’a raconté ce qui lui était arrivé : un type s’était fait gravement agresser en bas du bloc de la petite cité JE NE SUIS PAS UN SALAUD d'Emmanuel Finkeldans laquelle il vivait et avait entendu prononcer le prénom Ahmed lors de son passage à tabac. Comme dans le film, la police avait arrêté tous les Ahmed de sa cité et le gars s’était entêté à reconnaitre mon ami, alors même que l’enquête le mettait peu à peu hors de cause. Ce type m’a tout de suite intrigué. Qui pouvait-il être ? Pourquoi cet acharnement ? Quel était in fine son intérêt ? Je n’arrêtais pas d’interroger mon copain injustement accusé : « À quoi ressemblait-il ? Comment était-il ? ». Mais Ahmed n’était pas très loquace : « C’était une espèce de bolos qui n’osait pas me regarder, un pauvre type, un petit çais-fran », me répondait-il. C’est là, à partir de l’énigme que représentait pour moi ce « pauvre type », que peu à peu s’est esquissé le désir de faire ce film, un pauvre type que j’ai appelé Eddie et qui est devenu non seulement le personnage principal, mais celui à travers lequel tout serait vécu. Au même moment, je fréquentais un café-tabac près de chez moi et avais repéré un homme qui éveillait ma curiosité : 35 ans, toujours en survêtement, assez beau, il m’évoquait ces légionnaires flamboyants qui hantent les chansons réalistes d’avant-guerre. Le gars donnait l’impression d’être toujours affairé comme s’il se rendait à un rendez-vous et qu’il avait peu de temps à accorder à la boisson qu’il avait commandée. Sauf que ce petit jeu durait toute la journée.
Et puis un jour, je l’ai vu avec un petit garçon, son fils. L’itinéraire de mon ami et le sien se sont rejoints dans mon esprit : j’ai commencé à travailler sur cette trame que j’ai nourrie de préoccupations tout à fait personnelles. En l’occurrence j’ai eu envie de parler de la famille.

JE NE SUIS PAS UN SALAUD d'Emmanuel FinkelComme dans vos films précédents, on a le sentiment que vous prenez plaisir à tirer plusieurs fils à la fois.
Exactement. J’ai envisagé ce long métrage comme une sorte de millefeuille, chaque feuille étant un mouvement que j’essaie de suivre tout au long du récit, plus ou moins discrètement, comme on suit les mouvements souterrains de l’alto sur les violons dans un quatuor.

Que ce soit dans les vitrines, chez eux, devant un miroir, ou à l’extérieur, face aux vitres de la cité, tous les personnages du film, et Eddie, le héros en particulier, croisent constamment leur reflet. Comme s’ils se trouvaient en permanence face à une image d’eux-mêmes à laquelle ils doivent se confronter.

C’est une autre des feuilles du millefeuille. Nous sommes tous déterminés par un certain nombre de mécanismes sociaux et, dans le même temps, chacun a son libre arbitre. Dans cette dialectique permanente, entre ce que la société nous demande d’être, ce que nous sommes réellement et la projection de ce que nous aimerions être, la bataille est rude et le devient d’autant plus lorsqu’on souffre, comme Eddie, d’un petit déficit. D’où ce reflet auquel il est sans cesse confronté : il ne voit le monde qu’à travers ce qu’il projette de lui-même. C’est sa maladie. Et son démon.

Vous avez consacré beaucoup de temps à l’écriture et au montage financier du film.
"Je ne suis pas un salaud" est un projet que je porte depuis une dizaine d’années. Les projets de film mettent parfois du temps à devenir matures. Et puis il arrive un moment où il semble qu’ils entrent en écho avec ce qui nous entoure, l’actualité, le climat social, l’état de la société ou du moins ce que personnellement on en ressent, et surtout où ils correspondent à un besoin particulier d’écriture cinématographique.
Lorsque je l’ai repris, à la faveur de ma rencontre avec la productrice Christine Gozlan, j’imaginais le réaliser d’un jet, comme une espèce de cri, qui correspond à la violence du sujet. Sa fabrication s’est finalement étalée sur près de quatre ans et, sans l’opiniâtreté de mes producteurs, il n’aurait sans doute pas existé. Le thème faisait peur et le personnage d’Eddie, beaucoup trop éloigné des stéréotypes actuels, dérangeait.

On a souvent évoqué - parfois mal à propos - le côté documentaire de votre cinéma.
Quel que soit l’argument fictionnel à mettre en scène, je suis toujours attaché à chercher l’impression de vérité, à restituer dans le film tant que possible l’épaisseur que l’on trouve dans la réalité de nos vies. Avec toujours le souci de rendre compte de l’incarnation de chaque personnage, le désir de filmer, bien au-delà du statut de chaque personnage, des personnes de chair et de sang. J’ai souvent dit que la caméra n’enregistrait pas tel sourire, tel regard d’un personnage, mais bel et bien ceux de l’acteur qui joue ce personnage. Bien que l’itinéraire d’Eddie soit fabriqué de toute pièce, j’ai recherché la vérité documentaire de chaque action, de chaque regard. Les acteurs, et notamment Nicolas Duvauchelle et Mélanie Thierry, m’ont permis de les aborder JE NE SUIS PAS UN SALAUD d'Emmanuel Finkelquasiment à la manière d’un documentaire. Ainsi il n’y avait pas de répétition, ou plutôt chaque répétition était filmée et souvent utilisée au montage. Et malgré le découpage - parfois sophistiqué - de certaines scènes, il s’agissait de capter les choses comme si elles se déroulaient pour la première fois et spontanément devant la caméra. J’ai, en quelque sorte, suivi Duvauchelle en documentaire. Mais un Duvauchelle qui était devenu Eddie. Oui on peut dire que j’ai fait un documentaire sur Eddie.

Le film paraît pourtant très écrit…
J’ai essayé de combiner cette matière brute spontanée avec une écriture précise, parfois à effets et flirtant avec le film de genre. La mécanique implacable du récit me permettait de rendre la structure déterminante que représente la société, et de lui opposer, dans le même temps, l’intimité du personnage, son libre arbitre, son existence. Face à cette structure qui le détermine, Eddie est libre de choisir, et le spectateur assiste, impuissant et en direct, à ses mauvais choix.

En dehors de Nicolas Duvauchelle, Mélanie Thierry et Driss Ramdi, la plupart des acteurs sont des non professionnels.
J’ai beaucoup tourné avec des non professionnels et me sens à l’aise avec eux. Je trouve qu’ils contribuent à la vérité d’un film. Dans "Je ne suis pas un salaud", j’ai essayé d’utiliser le plus souvent possible des gens appartenant aux mondes que je filmais ; du personnel hospitalier dans les scènes d’hôpital, des magistrats pour le Palais de Justice, etc.

Les comédiens pros sont un peu logés à la même enseigne que ces amateurs : ils portent leurs propres vêtements, et n’avaient ni coiffeur ni maquilleur à leur disposition sur le plateau…
Je pars du principe que les gens sont beaux et c’est justement lorsqu’ils échappent aux canons de ce qu’on appelle « la belle représentation cinématographique » que je les trouve magnifiés. Pour "Voyages", où les acteurs avaient plus de quatre-vingts ans, on m’avait conseillé d’éviter les gros plans. Mais ce sont précisément les gros plans que j’aime au cinéma. J’aime cadrer mes acteurs de très près, que, tout d’un coup, l’espace de quelques secondes, le paysage du film soit un visage. Le spectateur peut y lire ce qui n’est pas dit dans le dialogue, comme nous le faisons naturellement lorsque nous appréhendons les autres dans nos vies quotidiennes.

Comment dirigez-vous vos acteurs ?
Je les regarde, je les aime et ne me dis jamais qu’ils sont des interprètes. Mélanie Thierry a cette particularité de pouvoir être à la fois sublimement belle et rayonnante, et dans le même moment incarner une femme comme toutes les autres, assez commune pour pouvoir véhiculer l’authenticité de l’histoire. Il fallait que son personnage soit une planche de salut possible pour Eddie, l’énergie de Mélanie a fait beaucoup pour le rôle. Mais ce qui m’a le plus touché chez elle c’est sans doute sa sincérité de jeu. Ce qu’elle fait à la fin du film est sublime, elle l’a fait sans filet, avec générosité, sans effet, sans autres armes que son talent et sa vérité.
Pour moi, Nicolas Duvauchelle et Mélanie Thierry sont un homme et une femme que je filme. J’essaie de faire en sorte qu’ils soient le plus libre possible en dépit du cadre précis que je leur impose. Je le répète, on est finalement toujours dans une position de documentariste quand on filme quelqu’un.

JE NE SUIS PAS UN SALAUD d'Emmanuel FinkelLeur avez-vous parfois demandé d’improviser ?
En règle générale tout est écrit. Mais Nicolas Duvauchelle, formidable acteur, ne recopie jamais une prise. Il a véritablement incarné Eddie. Dans le film, ni lui ni Mélanie Thierry ne jouent. Ils ne trichent jamais. Ils m’ont bluffé.

Vous avez été premier assistant sur les films de Jean-Luc Godard et Krzysztof Kieslowski. Revendiquez-vous leur influence ?

Quand je tourne un film, j’essaie, au contraire, d’oublier tout ce qui serait susceptible de m’influencer. Mais il est certain que ces deux metteurs en scène m’ont nourri.

Depuis "Voyages" en 1999, vous n’avez réalisé que trois longs métrages pour le cinéma. Pourquoi tournez-vous si peu ?
J’ai du mal à entreprendre un film sans sentiment de nécessité. Peut-être ai-je un peu exagéré... Depuis quelques années, le désir de raconter des histoires et surtout celui de tourner s’est fait plus pressant. Je suis même devenu un peu impatient.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi) 
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

JE NE SUIS PAS UN SALAUD d'Emmanuel FinkelZoom nouveauté : "Je ne suis pas un salaud" d'Emmanuel Finkel

L'histoire
Lorsqu’il est violemment agressé dans la rue, Eddie désigne à tort Ahmed, coupable idéal qu’il avait aperçu quelques jours avant son agression. Alors que la machine judiciaire s’emballe pour Ahmed, Eddie tente de se relever auprès de sa femme et de son fils et grâce à un nouveau travail. Mais bientôt conscient de la gravité de son geste, Eddie va tout faire pour rétablir sa vérité. Quitte à tout perdre…
Un film d'Emmanuel Finkel avec Nicolas Duvauchelle, Mélanie Thierry, Maryne Cayon, Driss Ramdi, Johann Soulé, Nicolas Bridet.

>> Bande annonce du film

 

Bonus : propos d'Emmanuel Finkel, réalisateur du film.

D’où est née l’idée du film ?
Elle est née de trois choses. Il y a quelques années, un de mes amis, qui s’appelle Ahmed - je n’ai pas changé son nom -, a disparu de la circulation pendant six mois. Lorsqu‘il a réapparu, il m’a raconté ce qui lui était arrivé : un type s’était fait gravement agresser en bas du bloc de la petite cité JE NE SUIS PAS UN SALAUD d'Emmanuel Finkeldans laquelle il vivait et avait entendu prononcer le prénom Ahmed lors de son passage à tabac. Comme dans le film, la police avait arrêté tous les Ahmed de sa cité et le gars s’était entêté à reconnaitre mon ami, alors même que l’enquête le mettait peu à peu hors de cause. Ce type m’a tout de suite intrigué. Qui pouvait-il être ? Pourquoi cet acharnement ? Quel était in fine son intérêt ? Je n’arrêtais pas d’interroger mon copain injustement accusé : « À quoi ressemblait-il ? Comment était-il ? ». Mais Ahmed n’était pas très loquace : « C’était une espèce de bolos qui n’osait pas me regarder, un pauvre type, un petit çais-fran », me répondait-il. C’est là, à partir de l’énigme que représentait pour moi ce « pauvre type », que peu à peu s’est esquissé le désir de faire ce film, un pauvre type que j’ai appelé Eddie et qui est devenu non seulement le personnage principal, mais celui à travers lequel tout serait vécu. Au même moment, je fréquentais un café-tabac près de chez moi et avais repéré un homme qui éveillait ma curiosité : 35 ans, toujours en survêtement, assez beau, il m’évoquait ces légionnaires flamboyants qui hantent les chansons réalistes d’avant-guerre. Le gars donnait l’impression d’être toujours affairé comme s’il se rendait à un rendez-vous et qu’il avait peu de temps à accorder à la boisson qu’il avait commandée. Sauf que ce petit jeu durait toute la journée.
Et puis un jour, je l’ai vu avec un petit garçon, son fils. L’itinéraire de mon ami et le sien se sont rejoints dans mon esprit : j’ai commencé à travailler sur cette trame que j’ai nourrie de préoccupations tout à fait personnelles. En l’occurrence j’ai eu envie de parler de la famille.

JE NE SUIS PAS UN SALAUD d'Emmanuel FinkelComme dans vos films précédents, on a le sentiment que vous prenez plaisir à tirer plusieurs fils à la fois.
Exactement. J’ai envisagé ce long métrage comme une sorte de millefeuille, chaque feuille étant un mouvement que j’essaie de suivre tout au long du récit, plus ou moins discrètement, comme on suit les mouvements souterrains de l’alto sur les violons dans un quatuor.

Que ce soit dans les vitrines, chez eux, devant un miroir, ou à l’extérieur, face aux vitres de la cité, tous les personnages du film, et Eddie, le héros en particulier, croisent constamment leur reflet. Comme s’ils se trouvaient en permanence face à une image d’eux-mêmes à laquelle ils doivent se confronter.

C’est une autre des feuilles du millefeuille. Nous sommes tous déterminés par un certain nombre de mécanismes sociaux et, dans le même temps, chacun a son libre arbitre. Dans cette dialectique permanente, entre ce que la société nous demande d’être, ce que nous sommes réellement et la projection de ce que nous aimerions être, la bataille est rude et le devient d’autant plus lorsqu’on souffre, comme Eddie, d’un petit déficit. D’où ce reflet auquel il est sans cesse confronté : il ne voit le monde qu’à travers ce qu’il projette de lui-même. C’est sa maladie. Et son démon.

Vous avez consacré beaucoup de temps à l’écriture et au montage financier du film.
"Je ne suis pas un salaud" est un projet que je porte depuis une dizaine d’années. Les projets de film mettent parfois du temps à devenir matures. Et puis il arrive un moment où il semble qu’ils entrent en écho avec ce qui nous entoure, l’actualité, le climat social, l’état de la société ou du moins ce que personnellement on en ressent, et surtout où ils correspondent à un besoin particulier d’écriture cinématographique.
Lorsque je l’ai repris, à la faveur de ma rencontre avec la productrice Christine Gozlan, j’imaginais le réaliser d’un jet, comme une espèce de cri, qui correspond à la violence du sujet. Sa fabrication s’est finalement étalée sur près de quatre ans et, sans l’opiniâtreté de mes producteurs, il n’aurait sans doute pas existé. Le thème faisait peur et le personnage d’Eddie, beaucoup trop éloigné des stéréotypes actuels, dérangeait.

On a souvent évoqué - parfois mal à propos - le côté documentaire de votre cinéma.
Quel que soit l’argument fictionnel à mettre en scène, je suis toujours attaché à chercher l’impression de vérité, à restituer dans le film tant que possible l’épaisseur que l’on trouve dans la réalité de nos vies. Avec toujours le souci de rendre compte de l’incarnation de chaque personnage, le désir de filmer, bien au-delà du statut de chaque personnage, des personnes de chair et de sang. J’ai souvent dit que la caméra n’enregistrait pas tel sourire, tel regard d’un personnage, mais bel et bien ceux de l’acteur qui joue ce personnage. Bien que l’itinéraire d’Eddie soit fabriqué de toute pièce, j’ai recherché la vérité documentaire de chaque action, de chaque regard. Les acteurs, et notamment Nicolas Duvauchelle et Mélanie Thierry, m’ont permis de les aborder JE NE SUIS PAS UN SALAUD d'Emmanuel Finkelquasiment à la manière d’un documentaire. Ainsi il n’y avait pas de répétition, ou plutôt chaque répétition était filmée et souvent utilisée au montage. Et malgré le découpage - parfois sophistiqué - de certaines scènes, il s’agissait de capter les choses comme si elles se déroulaient pour la première fois et spontanément devant la caméra. J’ai, en quelque sorte, suivi Duvauchelle en documentaire. Mais un Duvauchelle qui était devenu Eddie. Oui on peut dire que j’ai fait un documentaire sur Eddie.

Le film paraît pourtant très écrit…
J’ai essayé de combiner cette matière brute spontanée avec une écriture précise, parfois à effets et flirtant avec le film de genre. La mécanique implacable du récit me permettait de rendre la structure déterminante que représente la société, et de lui opposer, dans le même temps, l’intimité du personnage, son libre arbitre, son existence. Face à cette structure qui le détermine, Eddie est libre de choisir, et le spectateur assiste, impuissant et en direct, à ses mauvais choix.

En dehors de Nicolas Duvauchelle, Mélanie Thierry et Driss Ramdi, la plupart des acteurs sont des non professionnels.
J’ai beaucoup tourné avec des non professionnels et me sens à l’aise avec eux. Je trouve qu’ils contribuent à la vérité d’un film. Dans "Je ne suis pas un salaud", j’ai essayé d’utiliser le plus souvent possible des gens appartenant aux mondes que je filmais ; du personnel hospitalier dans les scènes d’hôpital, des magistrats pour le Palais de Justice, etc.

Les comédiens pros sont un peu logés à la même enseigne que ces amateurs : ils portent leurs propres vêtements, et n’avaient ni coiffeur ni maquilleur à leur disposition sur le plateau…
Je pars du principe que les gens sont beaux et c’est justement lorsqu’ils échappent aux canons de ce qu’on appelle « la belle représentation cinématographique » que je les trouve magnifiés. Pour "Voyages", où les acteurs avaient plus de quatre-vingts ans, on m’avait conseillé d’éviter les gros plans. Mais ce sont précisément les gros plans que j’aime au cinéma. J’aime cadrer mes acteurs de très près, que, tout d’un coup, l’espace de quelques secondes, le paysage du film soit un visage. Le spectateur peut y lire ce qui n’est pas dit dans le dialogue, comme nous le faisons naturellement lorsque nous appréhendons les autres dans nos vies quotidiennes.

Comment dirigez-vous vos acteurs ?
Je les regarde, je les aime et ne me dis jamais qu’ils sont des interprètes. Mélanie Thierry a cette particularité de pouvoir être à la fois sublimement belle et rayonnante, et dans le même moment incarner une femme comme toutes les autres, assez commune pour pouvoir véhiculer l’authenticité de l’histoire. Il fallait que son personnage soit une planche de salut possible pour Eddie, l’énergie de Mélanie a fait beaucoup pour le rôle. Mais ce qui m’a le plus touché chez elle c’est sans doute sa sincérité de jeu. Ce qu’elle fait à la fin du film est sublime, elle l’a fait sans filet, avec générosité, sans effet, sans autres armes que son talent et sa vérité.
Pour moi, Nicolas Duvauchelle et Mélanie Thierry sont un homme et une femme que je filme. J’essaie de faire en sorte qu’ils soient le plus libre possible en dépit du cadre précis que je leur impose. Je le répète, on est finalement toujours dans une position de documentariste quand on filme quelqu’un.

JE NE SUIS PAS UN SALAUD d'Emmanuel FinkelLeur avez-vous parfois demandé d’improviser ?
En règle générale tout est écrit. Mais Nicolas Duvauchelle, formidable acteur, ne recopie jamais une prise. Il a véritablement incarné Eddie. Dans le film, ni lui ni Mélanie Thierry ne jouent. Ils ne trichent jamais. Ils m’ont bluffé.

Vous avez été premier assistant sur les films de Jean-Luc Godard et Krzysztof Kieslowski. Revendiquez-vous leur influence ?

Quand je tourne un film, j’essaie, au contraire, d’oublier tout ce qui serait susceptible de m’influencer. Mais il est certain que ces deux metteurs en scène m’ont nourri.

Depuis "Voyages" en 1999, vous n’avez réalisé que trois longs métrages pour le cinéma. Pourquoi tournez-vous si peu ?
J’ai du mal à entreprendre un film sans sentiment de nécessité. Peut-être ai-je un peu exagéré... Depuis quelques années, le désir de raconter des histoires et surtout celui de tourner s’est fait plus pressant. Je suis même devenu un peu impatient.
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