Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts), Franconville - Montmorency - Saint-Gratien et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi)
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône
Sortie de la semaine (25 juillet 2018) : "Contes de juillet" de Guillaume Brac
L'histoire
Paris et sa banlieue. Cinq filles, cinq garçons. Deux histoires. Un jour d’été.
Première partie - L’amie du dimanche
Milena et Lucie, deux collègues de travail, profitent d’un dimanche ensoleillé pour aller se baigner à la base de loisirs de Cergy-Pontoise. Leur rencontre avec un agent de prévention envahissant met à mal leur amitié naissante.
Deuxième partie - Hanne et la fête nationale
Tandis que les festivités du 14 juillet battent leur plein, Hanne, une étudiante norvégienne, se trouve successivement aux prises avec trois hommes. Tout ce petit monde passe la soirée ensemble à la Cité Universitaire.
Un film de de Guillaume Brac avec Miléna Csergo, Lucie Grunstein, Jean Joudé...
Bonus : propos de Guillaume Brac, réalisateur du film.
Les deux films sont nés d’un atelier d’été avec les étudiants de deuxième année du Conservatoire. Comment êtes-vous arrivé sur le projet ?
Par la comédienne et réalisatrice Marilyne Canto, qui enseigne au Conservatoire. C’est elle qui m’a proposé de prendre en charge la moitié de la promotion, 16 étudiants, pendant trois semaines, au mois de juillet. J’étais laissé très libre, l’essentiel était d’obtenir une trace filmique que les étudiants puissent revoir. Néanmoins, je savais que le Conservatoire avait depuis un moment le fantasme qu’un réalisateur tourne un film avec les comédiens, ce que René Feret avait commencé à faire, mais il est mort trop tôt. J’ai accepté la proposition fin avril à un moment où je ressentais un besoin vital de tourner pendant l’été, le tournage d’un autre projet venant d’être décalé à cause de problèmes de financement.
J’étais très heureux, et j’ai tout de suite beaucoup investi émotionnellement sur cette opportunité. J’ai pris les choses au sérieux, il fallait faire un film. J’avais un petit budget alloué par le Conservatoire. Nicolas Anthomé (bathysphere), qui avait déjà produit mon documentaire "Le Repos des braves", s’est tout de suite montré intéressé. J’avais presque envie de me lancer dans un long métrage.
Qu’est-ce que vous aviez envie de filmer à ce moment-là ?
C’était en plein pendant "Nuit Debout" et le combat contre la loi Travail. J’avais l’idée d’un film autour de la parole politique. Mais, bien sûr, ce n’était pas évident d’écrire un récit choral pour 16 acteurs en quelques semaines. J’ai alors mis en place un dispositif qui s’est avéré précieux, je suis allé chez chacun d’entre eux et je les ai interrogés sur leur parcours, leurs amours, leur vision de la politique.
Cela m’a permis de mieux les connaître et de ne pas construire des personnages au-dessus du vide. Cette matière était très riche, mais je me rendais aussi compte du défi de filmer des acteurs que l’on n’a pas choisis. Les semaines passaient et je n’arrivais pas à écrire de dialogues. J’ai alors décidé de découper l’atelier en trois et de filmer des petits groupes plutôt qu’une grande troupe. J’ai aussi eu l’intuition qu’il fallait partir des lieux, connaître à fond mes décors, à défaut de bien connaître mes acteurs.
La précision de votre mise en scène tient d’ailleurs à l’unité des lieux…
Oui, et c’est pour ça que le film réalisé pendant la première semaine – le seul vraiment politique - n’est pas assez abouti. Il est trop itinérant. Il nous a permis de prendre nos marques, mais il n’a pas la cohérence des deux autres et j’ai choisi de ne pas le montrer. Pour "L’Amie du dimanche", j’ai choisi la base de loisirs de Cergy-Pontoise, un lieu qui m’est cher, lié à la fois à mon enfance et à Rohmer, via "L’Amie de mon amie". Pour "Hanne et la fête nationale", la cité universitaire et plus précisément le pavillon norvégien, où vivait Hanne, la comédienne. C’est par ailleurs un lieu que je connais bien, puisque j’habite à 200 mètres.
Quelle méthode avez-vous mise en place pour pouvoir tourner chaque film en cinq jours ?
Je revenais à une base archaïque du cinéma : une caméra, un pied, un micro. J’avais écrit une trame narrative pour chaque film et, en amont, les étudiants m’ont aidé, nous avons cherché ensemble des idées de scènes, de dialogues. Le premier jour était consacré aux costumes, aux ajustements de scénario et on commençait à tourner le deuxième jour. Rapidement, un principe d’improvisation dirigée s’est mis en place. Dans "L’Amie du dimanche", j’avais fait exprès de choisir Milena et Lucie : elles sont très proches dans la vie et entretiennent ce rapport un peu inégal d’admiration. J’avais envie de romancer la naissance de leur amitié telle que je pouvais la fantasmer. Milena et Lucie ont écrit des bribes de dialogues, mais c’était très largement improvisé. Et c’était d’ailleurs souvent étonnamment précis, comme ce moment dans le RER où ce qu’elles disent révèle beaucoup de la teneur de leur relation, et de leurs personnalités respectives. Pour casser leurs habitudes théâtrales, je me disais qu’il fallait absolument emmener les étudiants loin du Conservatoire, en plein air. Lucie m’a d’ailleurs confié qu’il était très agréable de jouer dehors, de sentir le vent, le soleil, et que c’était la première fois qu’elle en faisait réellement l’expérience. Dans la scène de la rencontre avec l’escrimeur, je pense que la grâce vient de là. Pour Hanne, j’ai tiré parti du fait qu’ils se connaissent très bien, qu’ils ont l’habitude de jouer ensemble. Dans les scènes à quatre ou cinq, ils savaient s’écouter, se passer la parole, de sorte que l’improvisation est fluide, pas cacophonique. Andrea et Hanne étaient très amis pendant l’année, et ils ont très intelligemment pris en charge la fin de leur amitié.
Si les dialogues sont improvisés, la mise en scène ne l’est pas. Au contraire, vous portez une attention particulière à vos cadres.
Un peu par hasard, j’avais vu beaucoup de films de John Ford avant de tourner. Avec mon chef opérateur, Alan Guichaoua, nous adorions ces panoramiques, en apparence très simples, qui permettent de filmer des personnages dans un espace que l’on découvre en les suivant, dans le même plan. Il y a un plan dont je suis assez fier dans "L’Amie du dimanche", celui où Kenza accompagne les filles à la zone de baignade, puis a un petit geste tendre pour Jean, qui reste ensuite seul dans le cadre et regarde hors-champ, vers les deux filles. On a tous les enjeux résumés en un plan, au milieu de la foule et sans regard caméra ! Quand on pouvait faire un seul plan plutôt que deux, on choisissait toujours l’économie. Il y a donc beaucoup de plans séquences, comme celui de la drague dans la rue de Hanne. On a fait 13 prises, et c’était la dernière la meilleure.
Si "L’Amie du dimanche", dès son titre, évoque Rohmer, "Hanne et la fête nationale" se situerait plutôt du côté de Hong Sang-soo, avec ce marivaudage qui se noie dans l’alcool. C’était une référence, un cap ?
Oui, d’ailleurs au départ le film devait s’appeler "Hanne et les hommes"
(Hong Sang-soo a réalisé "Haewon et les hommes" en 2013, ndlr). J’aimais l’idée d’une intrigue très triviale et de tentatives de séduction un peu pathétiques, avec cette fille qui ne maîtrise pas vraiment son pouvoir de séduction. En pensant le film, je voyais Hanne comme une créature féminine assez naïve, dépassée par son pouvoir sur les hommes. En le montant et en le montrant, je me suis rendu compte qu’elle était plus ambiguë que ça, peut-être moins innocente.
(extrait dossier de presse)
Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts), Franconville - Montmorency - Saint-Gratien et les séances à Ermont (mardi-mercredi) et Eaubonne (mercredi)
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône
Sortie de la semaine (25 juillet 2018) : "Contes de juillet" de Guillaume Brac
L'histoire
Paris et sa banlieue. Cinq filles, cinq garçons. Deux histoires. Un jour d’été.
Première partie - L’amie du dimanche
Milena et Lucie, deux collègues de travail, profitent d’un dimanche ensoleillé pour aller se baigner à la base de loisirs de Cergy-Pontoise. Leur rencontre avec un agent de prévention envahissant met à mal leur amitié naissante.
Deuxième partie - Hanne et la fête nationale
Tandis que les festivités du 14 juillet battent leur plein, Hanne, une étudiante norvégienne, se trouve successivement aux prises avec trois hommes. Tout ce petit monde passe la soirée ensemble à la Cité Universitaire.
Un film de de Guillaume Brac avec Miléna Csergo, Lucie Grunstein, Jean Joudé...
Bonus : propos de Guillaume Brac, réalisateur du film.
Les deux films sont nés d’un atelier d’été avec les étudiants de deuxième année du Conservatoire. Comment êtes-vous arrivé sur le projet ?
Par la comédienne et réalisatrice Marilyne Canto, qui enseigne au Conservatoire. C’est elle qui m’a proposé de prendre en charge la moitié de la promotion, 16 étudiants, pendant trois semaines, au mois de juillet. J’étais laissé très libre, l’essentiel était d’obtenir une trace filmique que les étudiants puissent revoir. Néanmoins, je savais que le Conservatoire avait depuis un moment le fantasme qu’un réalisateur tourne un film avec les comédiens, ce que René Feret avait commencé à faire, mais il est mort trop tôt. J’ai accepté la proposition fin avril à un moment où je ressentais un besoin vital de tourner pendant l’été, le tournage d’un autre projet venant d’être décalé à cause de problèmes de financement.
J’étais très heureux, et j’ai tout de suite beaucoup investi émotionnellement sur cette opportunité. J’ai pris les choses au sérieux, il fallait faire un film. J’avais un petit budget alloué par le Conservatoire. Nicolas Anthomé (bathysphere), qui avait déjà produit mon documentaire "Le Repos des braves", s’est tout de suite montré intéressé. J’avais presque envie de me lancer dans un long métrage.
Qu’est-ce que vous aviez envie de filmer à ce moment-là ?
C’était en plein pendant "Nuit Debout" et le combat contre la loi Travail. J’avais l’idée d’un film autour de la parole politique. Mais, bien sûr, ce n’était pas évident d’écrire un récit choral pour 16 acteurs en quelques semaines. J’ai alors mis en place un dispositif qui s’est avéré précieux, je suis allé chez chacun d’entre eux et je les ai interrogés sur leur parcours, leurs amours, leur vision de la politique.
Cela m’a permis de mieux les connaître et de ne pas construire des personnages au-dessus du vide. Cette matière était très riche, mais je me rendais aussi compte du défi de filmer des acteurs que l’on n’a pas choisis. Les semaines passaient et je n’arrivais pas à écrire de dialogues. J’ai alors décidé de découper l’atelier en trois et de filmer des petits groupes plutôt qu’une grande troupe. J’ai aussi eu l’intuition qu’il fallait partir des lieux, connaître à fond mes décors, à défaut de bien connaître mes acteurs.
La précision de votre mise en scène tient d’ailleurs à l’unité des lieux…
Oui, et c’est pour ça que le film réalisé pendant la première semaine – le seul vraiment politique - n’est pas assez abouti. Il est trop itinérant. Il nous a permis de prendre nos marques, mais il n’a pas la cohérence des deux autres et j’ai choisi de ne pas le montrer. Pour "L’Amie du dimanche", j’ai choisi la base de loisirs de Cergy-Pontoise, un lieu qui m’est cher, lié à la fois à mon enfance et à Rohmer, via "L’Amie de mon amie". Pour "Hanne et la fête nationale", la cité universitaire et plus précisément le pavillon norvégien, où vivait Hanne, la comédienne. C’est par ailleurs un lieu que je connais bien, puisque j’habite à 200 mètres.
Quelle méthode avez-vous mise en place pour pouvoir tourner chaque film en cinq jours ?
Je revenais à une base archaïque du cinéma : une caméra, un pied, un micro. J’avais écrit une trame narrative pour chaque film et, en amont, les étudiants m’ont aidé, nous avons cherché ensemble des idées de scènes, de dialogues. Le premier jour était consacré aux costumes, aux ajustements de scénario et on commençait à tourner le deuxième jour. Rapidement, un principe d’improvisation dirigée s’est mis en place. Dans "L’Amie du dimanche", j’avais fait exprès de choisir Milena et Lucie : elles sont très proches dans la vie et entretiennent ce rapport un peu inégal d’admiration. J’avais envie de romancer la naissance de leur amitié telle que je pouvais la fantasmer. Milena et Lucie ont écrit des bribes de dialogues, mais c’était très largement improvisé. Et c’était d’ailleurs souvent étonnamment précis, comme ce moment dans le RER où ce qu’elles disent révèle beaucoup de la teneur de leur relation, et de leurs personnalités respectives. Pour casser leurs habitudes théâtrales, je me disais qu’il fallait absolument emmener les étudiants loin du Conservatoire, en plein air. Lucie m’a d’ailleurs confié qu’il était très agréable de jouer dehors, de sentir le vent, le soleil, et que c’était la première fois qu’elle en faisait réellement l’expérience. Dans la scène de la rencontre avec l’escrimeur, je pense que la grâce vient de là. Pour Hanne, j’ai tiré parti du fait qu’ils se connaissent très bien, qu’ils ont l’habitude de jouer ensemble. Dans les scènes à quatre ou cinq, ils savaient s’écouter, se passer la parole, de sorte que l’improvisation est fluide, pas cacophonique. Andrea et Hanne étaient très amis pendant l’année, et ils ont très intelligemment pris en charge la fin de leur amitié.
Si les dialogues sont improvisés, la mise en scène ne l’est pas. Au contraire, vous portez une attention particulière à vos cadres.
Un peu par hasard, j’avais vu beaucoup de films de John Ford avant de tourner. Avec mon chef opérateur, Alan Guichaoua, nous adorions ces panoramiques, en apparence très simples, qui permettent de filmer des personnages dans un espace que l’on découvre en les suivant, dans le même plan. Il y a un plan dont je suis assez fier dans "L’Amie du dimanche", celui où Kenza accompagne les filles à la zone de baignade, puis a un petit geste tendre pour Jean, qui reste ensuite seul dans le cadre et regarde hors-champ, vers les deux filles. On a tous les enjeux résumés en un plan, au milieu de la foule et sans regard caméra ! Quand on pouvait faire un seul plan plutôt que deux, on choisissait toujours l’économie. Il y a donc beaucoup de plans séquences, comme celui de la drague dans la rue de Hanne. On a fait 13 prises, et c’était la dernière la meilleure.
Si "L’Amie du dimanche", dès son titre, évoque Rohmer, "Hanne et la fête nationale" se situerait plutôt du côté de Hong Sang-soo, avec ce marivaudage qui se noie dans l’alcool. C’était une référence, un cap ?
Oui, d’ailleurs au départ le film devait s’appeler "Hanne et les hommes"
(Hong Sang-soo a réalisé "Haewon et les hommes" en 2013, ndlr). J’aimais l’idée d’une intrigue très triviale et de tentatives de séduction un peu pathétiques, avec cette fille qui ne maîtrise pas vraiment son pouvoir de séduction. En pensant le film, je voyais Hanne comme une créature féminine assez naïve, dépassée par son pouvoir sur les hommes. En le montant et en le montrant, je me suis rendu compte qu’elle était plus ambiguë que ça, peut-être moins innocente.
(extrait dossier de presse)
Vous appréciez le Journal de François ? Soutenez-le ! Merci.
Retourner à la page d'accueil - Retourner à la page "Cinéma"
Vous appréciez le Journal de François ? Soutenez-le ! Merci.
Aucun commentaire