Vendredi 19 janvier 2024
Taverny
Nouveau "Vendredi ciné" avec au programme "La ligne droite" le film de Régis Wargnier
Synopsis
Leïla, après cinq années de prison, retrouve la liberté.
Elle va rencontrer Yannick, un jeune athlète qui vient de perdre la vue dans un accident.
La seule discipline que celui-ci peut pratiquer avec son handicap, c’est la course. Mais avec un guide, auquel il est attaché, par un fil, le temps de l’entraînement. Ce sera en l’occurrence, une guide : Leïla, elle-même athlète de haut niveau dans sa vie d’avant.
Leïla se tait sur son passé. Yannick, étouffé par les marques de compassion de son entourage, va s’arranger de ce silence. L’entraînement, et puis les projets de compétition vont les aider à se reconstruire, l’un avec l’autre.
Mais il y a des histoires passées qui ne vous lâchent pas, et des sentiments présents, des mouvements du cœur, qui bouleversent les trajectoires.
Il faudra en passer par là pour un jour entrer dans la ligne droite.
Un film de Régis Wargnier avec Rachida Brakni, Cyril Descours…
Vendredi 19 janvier 2024 à 15h30 – Médiathèque 7, rue du Chemin-Vert de Boissy Taverny - Entrée libre mais réservation indispensable au 01 30 40 55 00.
Bonus : propos de Régis Wargnier, réalisateur du film
On sait que l’athlétisme est depuis longtemps l’une de vos passions. Vous lui avez d’ailleurs déjà consacré deux documentaires. A quel moment avez-vous envisagé de vous en inspirer pour une fiction ?
Aux Mondiaux de 2003, au stade Charléty, quand je filmais Hicham El Guerrouj à l’entraînement. J’ai vu le coureur non-voyant Aladji Ba qui, quelques jours plus tard, devait d’ailleurs emporter une médaille de bronze au 400 m. Avec son guide, Denis Augé, ils travaillaient sur la piste, attachés l’un à l’autre par le poignet. Ces deux hommes, le non-voyant avec ses lunettes et le guide, le lien qui les unissait, la dépendance, leurs foulées ensemble… Il y avait là quelque chose de fondamentalement émouvant. Je me suis dit : « Si un jour, je fais une fiction sur l’athlétisme, je partirai de ce lien-là ». Ce qui est amusant, c’est que je faisais un documentaire sur les athlètes parce que justement, je n’avais pas trouvé de fiction. Connaissant la vie de ceux que j’avais choisis de filmer, je trouvais qu’elle était beaucoup plus forte que n’importe quelle histoire inventée. Et finalement, au rendez-vous de ce documentaire, il y a eu l’idée et le désir d’une fiction ! L’an dernier, suite à un projet – "Mon ministre", une comédie sur le pouvoir et la discrimination, que j’ai dû abandonner à quelques semaines du début du tournage faute de financements, je me suis senti en état d’urgence de travailler, et ce sujet s’est imposé. Il faut dire que j’ai toujours eu le goût de l’athlétisme, même avant mon documentaire "Cœurs d'athlètes".
Pour vous dire, ma première émotion d’athlétisme, c’est Colette Besson aux Jeux Olympiques de Mexico en 1968 ! Cette femme qu’on n’attendait pas et qui l’a emporté… J’ai donc eu envie d’écrire une histoire de deux athlètes qui se rencontrent à travers ce lien qui est aussi, bien sûr, une attache symbolique.
Qu’est-ce qu’il y a au-delà du fil ? Voilà, c’est parti de là…
Qu’est-ce qui vous attire tant dans cet univers ?
La pureté, la gestuelle… L’athlétisme est un sport originel qui ramène aux premiers hommes, à la nature humaine, au physique de l’homme qui court parce qu’il faut chasser ou parce qu’il est chassé… Il y a quelque chose qui remonte à la nuit des temps de l’humanité, je trouve magnifique que des gens aujourd’hui perpétuent cela. C’est le premier point. Et puis, par rapport aux autres sports, dans l’athlétisme le plus grand adversaire de l’athlète, c’est lui-même. C’est une discipline où l’on est très souvent face à soi, face à sa détermination, à son désir. C’est très particulier. Il y a quelque chose de très impressionnant chez les athlètes… L’engagement, le but, l’énergie, le travail, la rigueur, le point au bout de la ligne droite, avec peut-être la victoire… Il y en a qui travaillent trois ans pour gagner un dixième de secondes ! Je trouve ça très beau. C’est beau parce que chez les très grands on ne sent pas l’effort, ils déroulent des foulées avec une grâce infinie. En plus, c’est très beau à regarder et… très beau à filmer. Il y a dans l’athlétisme quelque chose de très esthétique.
On a le sentiment que c’est aussi un cadre idéal pour traiter de thèmes qui vous sont chers depuis toujours : l’engagement, le dépassement de soi, la détermination à se trouver soi-même…
Bien sûr, le vrai thème, en profondeur de la ligne droite, c’est la résistance, le combat. Contre le mauvais sort. Comment remonter la pente après un événement dramatique, voire tragique. Je pense que c’est en soi qu’il faut aller chercher. Le souffle de vie, la pulsion vitale sont là, au fond de nous, et ils seront toujours plus forts que la pulsion de mort.
Dans le cas de "La ligne droite", cette résistance est particulière, puisqu’il va s’agir d’entraide, de soutien entre deux êtres accidentés de la vie. Et dans leur cas, ils n’auront d’autre choix que de repousser les limites. Comme s’ils allaient à la découverte d’eux-mêmes. C’est la métaphore de la course elle-même.
Pourquoi on court ? Pour qui ? On avance, même si, on ne sait pas vers où, ni vers quoi, ni vers qui. Mais l’essentiel, c’est d’avancer. C’est l’élan, le continu, l’action. La course se nourrit d’elle-même. Le corps travaille, vit, et il apporte cette vie à l’esprit. Courir, c’est une forme de libération. Libération de la pesanteur, des blocages, des contraintes, des chaînes. Libération de l’énergie contenue, des pulsions enfermées. Délier, ouvrir, libérer.
On aurait aussi bien pu appeler le film "La deuxième chance". De manière plus ou moins violente, plus ou moins évidente, nous sommes tous un jour confrontés à l’échec. Vie privée, vie professionnelle, la fin d’un couple, les ambitions déçues, l’abandon d’un projet, sans même parler de la disparition des êtres chers. L’essentiel, dans ces moments là, c’est de refuser l’immobilité, c’est de se mettre en mouvement, en action. Créer le mouvement, la dynamique. C’est toute l’histoire de "La ligne droite".
Avez-vous écrit "la ligne droite" en ayant une actrice ou un acteur précis en tête ?
J’ai écrit pour Rachida Brakni. D’abord parce que c’est une actrice rare – dans tous les sens du terme. Je savais en plus qu’elle avait fait de l’athlétisme dans sa jeunesse, qu’elle courait en national. Avant de partir écrire, j’ai pris rendez-vous avec elle et je lui ai parlé du projet sans entrer dans les détails. Elle m’a dit : « Mes deux passions, ce sont le cinéma et l’athlétisme. Tout ce que tu me racontes me parle… Je suis partante». Je me suis donc nourri pour écrire de ce qu’elle est, de ce qu’elle dégage, de son histoire, de son origine algérienne… En revanche, pour le jeune coureur non-voyant, j’ai fait un casting normal et, assez
vite, j’ai pensé à Cyril Descours.
Pourquoi ?
Je l’avais remarqué dans deux films, "Une petite zone de turbulences" et surtout "Complices où il joue un personnage assez dur, un jeune prostitué, avec des scènes assez dénudées et difficiles à faire. J’ai été frappé, surtout pour un acteur de son âge, par son aisance, par son rapport au corps. On voyait que, dans le jeu, son corps était un atout et pas un handicap. Il avait aussi une espèce d’imperméabilité, de non-compromission que je trouvais très intéressante. J’ai retrouvé ça lorsque je l’ai rencontré. C’est quelqu’un qui est à la fois proche et mystérieux. Il y a une distance chez lui que j’aime bien et qui est agréable pour un metteur en scène. Et puis, il a mordu tout de suite au projet. Quand on a fait les essais, il n’y avait pas beaucoup d’hésitations : c’était lui.
Comment leur avez-vous demandé de se préparer au tournage ? Car, même si le cinéma est l’art de truquer, il leur fallait courir et avoir l’air de vrais athlètes…
On ne peut pas truquer ça. D’ailleurs, lorsque j’ai fait des essais entre les quatre finalistes pour le rôle du jeune non-voyant, deux entraîneurs étaient avec moi pour évaluer leur potentiel sportif. Moi, j’avais fait avec eux des essais de jeu, j’avais mon avis, mais je tenais à les faire courir devant les entraîneurs. Et sur le plan sportif, Cyril s’est imposé, dépassant même leurs attentes. Bien sûr, quand ils ont vu courir Rachida, ils ont dit : « Elle, c’est une athlète ». Tout de suite, tout lui est revenu. La position, les bras, les jambes, les sensations… J’ai demandé à Rachida et à Cyril de s’entraîner comme de vrais athlètes. Très régulièrement et pendant plusieurs mois. Ils sont allés à l’INSEP où s’entraînaient à côté d’eux les athlètes de l’équipe de France. Ils avaient un programme particulier avec de la musculation, du vélo en salle, de la course… Ils ont appris l’échauffement, ils ont appris le décrassage. Dès le départ du projet, la Fédération française d’athlétisme nous a soutenus. Le président Bernard Amsalem, le directeur technique national, Ghani Yalouz… Ils m’ont emmené à l’INSEP, ce sont eux qui ont choisi les entraîneurs, Bruno Gajer et Renaud Longuèvre, le coach de Ladji Doucouré, et leur ont demandé de s’occuper de Rachida et Cyril. Au début, les entraîneurs étaient un peu réticents mais ils ont vu très vite qu’ils avaient à faire à des acteurs bosseurs, courageux, déterminés… Rachida et Cyril se sont créés des amitiés avec les entraîneurs, ils ont travaillé en compagnie de Muriel Hurtis, Ladji Doucouré et Leslie Djhone, ils ont travaillé aux côtés de champions qui les ont pris en affection. Il s’est passé beaucoup de choses côté amitié, solidarité, rencontre…
Pour Cyril Descours, c’était presque un triple apprentissage que vous exigiez de lui : le jeu, l’athlétisme et la non-voyance…
Le jeu, c’est son métier ; l’athlétisme, il a tout de suite mordu d’autant qu’il est très sportif – il pratique les sports de combat, il est ceinture noire de karaté.
Pour la non-voyance, on en a beaucoup parlé. On a vu des films ensemble, il en a vu séparément. Il a revu les deux versions de "Parfum de femme", version Gassman et version Pacino. Je lui ai demandé de voir "Les saisons du cœur" de Robert Benton où John Malkovich était incroyable en aveugle. Et puis, je lui ai fait rencontrer des non-voyants, surtout des gens qui avaient été accidentés récemment. Car, dans le film, il y a aussi l’idée du traumatisme : on n’a pas le même comportement lorsqu’on est non voyant depuis 5 ou 6 mois seulement ou lorsqu’on est aveugle, comme Aladji Ba, depuis l’âge de 5 ans. Je voulais aussi que Cyril travaille sur l’état mental du personnage, sur les différentes phases que connaissent les accidentés. Quand l’accident vient d’arriver, il y a une phase de rébellion contre le mauvais sort, et après il y a une phase de dénégation ou de déni : « Je ne suis pas handicapé, je fais les choses comme les autres ». Il y a de la révolte, du désespoir, de la colère, de la résignation, de la souffrance…
Toutes choses qui avaient nourri l’écriture. Ses rencontres avec ces gens-là ont beaucoup aidé Cyril et l’ont aussi beaucoup marqué. Pendant le tournage, il y faisait souvent allusion.
(extrait du dossier de presse)
Vendredi 19 janvier 2024
Taverny
Nouveau "Vendredi ciné" avec au programme "La ligne droite" le film de Régis Wargnier
Synopsis
Leïla, après cinq années de prison, retrouve la liberté.
Elle va rencontrer Yannick, un jeune athlète qui vient de perdre la vue dans un accident.
La seule discipline que celui-ci peut pratiquer avec son handicap, c’est la course. Mais avec un guide, auquel il est attaché, par un fil, le temps de l’entraînement. Ce sera en l’occurrence, une guide : Leïla, elle-même athlète de haut niveau dans sa vie d’avant.
Leïla se tait sur son passé. Yannick, étouffé par les marques de compassion de son entourage, va s’arranger de ce silence. L’entraînement, et puis les projets de compétition vont les aider à se reconstruire, l’un avec l’autre.
Mais il y a des histoires passées qui ne vous lâchent pas, et des sentiments présents, des mouvements du cœur, qui bouleversent les trajectoires.
Il faudra en passer par là pour un jour entrer dans la ligne droite.
Un film de Régis Wargnier avec Rachida Brakni, Cyril Descours…
Vendredi 19 janvier 2024 à 15h30 – Médiathèque 7, rue du Chemin-Vert de Boissy Taverny - Entrée libre mais réservation indispensable au 01 30 40 55 00.
Bonus : propos de Régis Wargnier, réalisateur du film
On sait que l’athlétisme est depuis longtemps l’une de vos passions. Vous lui avez d’ailleurs déjà consacré deux documentaires. A quel moment avez-vous envisagé de vous en inspirer pour une fiction ?
Aux Mondiaux de 2003, au stade Charléty, quand je filmais Hicham El Guerrouj à l’entraînement. J’ai vu le coureur non-voyant Aladji Ba qui, quelques jours plus tard, devait d’ailleurs emporter une médaille de bronze au 400 m. Avec son guide, Denis Augé, ils travaillaient sur la piste, attachés l’un à l’autre par le poignet. Ces deux hommes, le non-voyant avec ses lunettes et le guide, le lien qui les unissait, la dépendance, leurs foulées ensemble… Il y avait là quelque chose de fondamentalement émouvant. Je me suis dit : « Si un jour, je fais une fiction sur l’athlétisme, je partirai de ce lien-là ». Ce qui est amusant, c’est que je faisais un documentaire sur les athlètes parce que justement, je n’avais pas trouvé de fiction. Connaissant la vie de ceux que j’avais choisis de filmer, je trouvais qu’elle était beaucoup plus forte que n’importe quelle histoire inventée. Et finalement, au rendez-vous de ce documentaire, il y a eu l’idée et le désir d’une fiction ! L’an dernier, suite à un projet – "Mon ministre", une comédie sur le pouvoir et la discrimination, que j’ai dû abandonner à quelques semaines du début du tournage faute de financements, je me suis senti en état d’urgence de travailler, et ce sujet s’est imposé. Il faut dire que j’ai toujours eu le goût de l’athlétisme, même avant mon documentaire "Cœurs d'athlètes".
Pour vous dire, ma première émotion d’athlétisme, c’est Colette Besson aux Jeux Olympiques de Mexico en 1968 ! Cette femme qu’on n’attendait pas et qui l’a emporté… J’ai donc eu envie d’écrire une histoire de deux athlètes qui se rencontrent à travers ce lien qui est aussi, bien sûr, une attache symbolique.
Qu’est-ce qu’il y a au-delà du fil ? Voilà, c’est parti de là…
Qu’est-ce qui vous attire tant dans cet univers ?
La pureté, la gestuelle… L’athlétisme est un sport originel qui ramène aux premiers hommes, à la nature humaine, au physique de l’homme qui court parce qu’il faut chasser ou parce qu’il est chassé… Il y a quelque chose qui remonte à la nuit des temps de l’humanité, je trouve magnifique que des gens aujourd’hui perpétuent cela. C’est le premier point. Et puis, par rapport aux autres sports, dans l’athlétisme le plus grand adversaire de l’athlète, c’est lui-même. C’est une discipline où l’on est très souvent face à soi, face à sa détermination, à son désir. C’est très particulier. Il y a quelque chose de très impressionnant chez les athlètes… L’engagement, le but, l’énergie, le travail, la rigueur, le point au bout de la ligne droite, avec peut-être la victoire… Il y en a qui travaillent trois ans pour gagner un dixième de secondes ! Je trouve ça très beau. C’est beau parce que chez les très grands on ne sent pas l’effort, ils déroulent des foulées avec une grâce infinie. En plus, c’est très beau à regarder et… très beau à filmer. Il y a dans l’athlétisme quelque chose de très esthétique.
On a le sentiment que c’est aussi un cadre idéal pour traiter de thèmes qui vous sont chers depuis toujours : l’engagement, le dépassement de soi, la détermination à se trouver soi-même…
Bien sûr, le vrai thème, en profondeur de la ligne droite, c’est la résistance, le combat. Contre le mauvais sort. Comment remonter la pente après un événement dramatique, voire tragique. Je pense que c’est en soi qu’il faut aller chercher. Le souffle de vie, la pulsion vitale sont là, au fond de nous, et ils seront toujours plus forts que la pulsion de mort.
Dans le cas de "La ligne droite", cette résistance est particulière, puisqu’il va s’agir d’entraide, de soutien entre deux êtres accidentés de la vie. Et dans leur cas, ils n’auront d’autre choix que de repousser les limites. Comme s’ils allaient à la découverte d’eux-mêmes. C’est la métaphore de la course elle-même.
Pourquoi on court ? Pour qui ? On avance, même si, on ne sait pas vers où, ni vers quoi, ni vers qui. Mais l’essentiel, c’est d’avancer. C’est l’élan, le continu, l’action. La course se nourrit d’elle-même. Le corps travaille, vit, et il apporte cette vie à l’esprit. Courir, c’est une forme de libération. Libération de la pesanteur, des blocages, des contraintes, des chaînes. Libération de l’énergie contenue, des pulsions enfermées. Délier, ouvrir, libérer.
On aurait aussi bien pu appeler le film "La deuxième chance". De manière plus ou moins violente, plus ou moins évidente, nous sommes tous un jour confrontés à l’échec. Vie privée, vie professionnelle, la fin d’un couple, les ambitions déçues, l’abandon d’un projet, sans même parler de la disparition des êtres chers. L’essentiel, dans ces moments là, c’est de refuser l’immobilité, c’est de se mettre en mouvement, en action. Créer le mouvement, la dynamique. C’est toute l’histoire de "La ligne droite".
Avez-vous écrit "la ligne droite" en ayant une actrice ou un acteur précis en tête ?
J’ai écrit pour Rachida Brakni. D’abord parce que c’est une actrice rare – dans tous les sens du terme. Je savais en plus qu’elle avait fait de l’athlétisme dans sa jeunesse, qu’elle courait en national. Avant de partir écrire, j’ai pris rendez-vous avec elle et je lui ai parlé du projet sans entrer dans les détails. Elle m’a dit : « Mes deux passions, ce sont le cinéma et l’athlétisme. Tout ce que tu me racontes me parle… Je suis partante». Je me suis donc nourri pour écrire de ce qu’elle est, de ce qu’elle dégage, de son histoire, de son origine algérienne… En revanche, pour le jeune coureur non-voyant, j’ai fait un casting normal et, assez
vite, j’ai pensé à Cyril Descours.
Pourquoi ?
Je l’avais remarqué dans deux films, "Une petite zone de turbulences" et surtout "Complices où il joue un personnage assez dur, un jeune prostitué, avec des scènes assez dénudées et difficiles à faire. J’ai été frappé, surtout pour un acteur de son âge, par son aisance, par son rapport au corps. On voyait que, dans le jeu, son corps était un atout et pas un handicap. Il avait aussi une espèce d’imperméabilité, de non-compromission que je trouvais très intéressante. J’ai retrouvé ça lorsque je l’ai rencontré. C’est quelqu’un qui est à la fois proche et mystérieux. Il y a une distance chez lui que j’aime bien et qui est agréable pour un metteur en scène. Et puis, il a mordu tout de suite au projet. Quand on a fait les essais, il n’y avait pas beaucoup d’hésitations : c’était lui.
Comment leur avez-vous demandé de se préparer au tournage ? Car, même si le cinéma est l’art de truquer, il leur fallait courir et avoir l’air de vrais athlètes…
On ne peut pas truquer ça. D’ailleurs, lorsque j’ai fait des essais entre les quatre finalistes pour le rôle du jeune non-voyant, deux entraîneurs étaient avec moi pour évaluer leur potentiel sportif. Moi, j’avais fait avec eux des essais de jeu, j’avais mon avis, mais je tenais à les faire courir devant les entraîneurs. Et sur le plan sportif, Cyril s’est imposé, dépassant même leurs attentes. Bien sûr, quand ils ont vu courir Rachida, ils ont dit : « Elle, c’est une athlète ». Tout de suite, tout lui est revenu. La position, les bras, les jambes, les sensations… J’ai demandé à Rachida et à Cyril de s’entraîner comme de vrais athlètes. Très régulièrement et pendant plusieurs mois. Ils sont allés à l’INSEP où s’entraînaient à côté d’eux les athlètes de l’équipe de France. Ils avaient un programme particulier avec de la musculation, du vélo en salle, de la course… Ils ont appris l’échauffement, ils ont appris le décrassage. Dès le départ du projet, la Fédération française d’athlétisme nous a soutenus. Le président Bernard Amsalem, le directeur technique national, Ghani Yalouz… Ils m’ont emmené à l’INSEP, ce sont eux qui ont choisi les entraîneurs, Bruno Gajer et Renaud Longuèvre, le coach de Ladji Doucouré, et leur ont demandé de s’occuper de Rachida et Cyril. Au début, les entraîneurs étaient un peu réticents mais ils ont vu très vite qu’ils avaient à faire à des acteurs bosseurs, courageux, déterminés… Rachida et Cyril se sont créés des amitiés avec les entraîneurs, ils ont travaillé en compagnie de Muriel Hurtis, Ladji Doucouré et Leslie Djhone, ils ont travaillé aux côtés de champions qui les ont pris en affection. Il s’est passé beaucoup de choses côté amitié, solidarité, rencontre…
Pour Cyril Descours, c’était presque un triple apprentissage que vous exigiez de lui : le jeu, l’athlétisme et la non-voyance…
Le jeu, c’est son métier ; l’athlétisme, il a tout de suite mordu d’autant qu’il est très sportif – il pratique les sports de combat, il est ceinture noire de karaté.
Pour la non-voyance, on en a beaucoup parlé. On a vu des films ensemble, il en a vu séparément. Il a revu les deux versions de "Parfum de femme", version Gassman et version Pacino. Je lui ai demandé de voir "Les saisons du cœur" de Robert Benton où John Malkovich était incroyable en aveugle. Et puis, je lui ai fait rencontrer des non-voyants, surtout des gens qui avaient été accidentés récemment. Car, dans le film, il y a aussi l’idée du traumatisme : on n’a pas le même comportement lorsqu’on est non voyant depuis 5 ou 6 mois seulement ou lorsqu’on est aveugle, comme Aladji Ba, depuis l’âge de 5 ans. Je voulais aussi que Cyril travaille sur l’état mental du personnage, sur les différentes phases que connaissent les accidentés. Quand l’accident vient d’arriver, il y a une phase de rébellion contre le mauvais sort, et après il y a une phase de dénégation ou de déni : « Je ne suis pas handicapé, je fais les choses comme les autres ». Il y a de la révolte, du désespoir, de la colère, de la résignation, de la souffrance…
Toutes choses qui avaient nourri l’écriture. Ses rencontres avec ces gens-là ont beaucoup aidé Cyril et l’ont aussi beaucoup marqué. Pendant le tournage, il y faisait souvent allusion.
(extrait du dossier de presse)
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