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Mercredi cinéma : "Suzanne" de Katell Quillévéré avec Sara Forestier et François Damiens.

Publié le : 18-12-2013

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

SUZANNE de Katell QuillévéréZoom nouveauté : "Suzanne" de Katell Quillévéré

L'histoire
Le récit d’un destin. Celui de Suzanne et des siens. Les liens qui les unissent, les retiennent et l’amour qu’elle poursuit jusqu’à tout abandonner derrière elle…
Un film de Katell Quillévéré avec Sara Forestier et François Damiens, Adèle Haenel, Paul Hamy…

 

Bonus : propos de Katell Quillévéré, réalisatrice du film.

"Suzanne" entremêle deux formes différentes… la chronique réaliste et un récit romanesque qui se déploie sur 25 ans.
Oui, il se promène à la frontière entre ces deux formes de récit. Je crois qu’un film trouve son esthétique dans ses antagonismes, quand il y a collision et rencontre entre des aspirations différentes. Si tout va dans le même sens, au bout d’un moment, on s’ennuie..

Comment est né le personnage de Suzanne ?
Quand mon compagnon lisait beaucoup de livres sur les ennemis publics français comme Mesrine, SUZANNE de Kattell QuillévéréBesse, Vaujour, il m’a offert les autobiographies de leurs compagnes. J’étais fascinée par l’attitude de ces femmes à la fois extrêmement courageuses mais aussi dans une soumission presque suicidaire à leurs hommes. Dans leur livre, elles consacrent toujours le premier chapitre à leur enfance et leur adolescence pour y chercher, sans vraiment les trouver, des événements qui donneraient du sens à leur parcours, expliqueraient cette rencontre amoureuse déterminante. Pourquoi tombent-elles tout d’un coup sur cet homme-là, s’y enchaînent et se révèlent capables d’introduire des explosifs dans une prison ou d’apprendre à conduire un hélicoptère pour le faire évader ? Leur trajectoire pose la question du destin et du hasard. Parallèlement, j’ai toujours beaucoup aimé la forme américaine des biopics comme "Bird", "Bound for glory", "Coal miner's daughter"… Dans ma tête a alors commencé à germer l’idée de construire le biopic d’une inconnue qui s’enchaîne à un amour, au point de tout abandonner pour lui.

Le film est construit sur des ellipses qui renforcent notre implication dans l’histoire car elles nous poussent à imaginer ce qu’a traversé Suzanne pendant ce temps-là, notamment quand on la retrouve avec son enfant qui a déjà trois ans…
Oui, la construction d’un récit fondé sur l’ellipse était un des paris de ce film. Avec Mariette Désert, ma co-scénariste, puis Thomas Marchand, mon monteur, nous avons voulu créer un hors-champ très puissant qui rende le spectateur actif et lui permette de nourrir les trous de l’histoire avec sa propre expérience. On a en effet choisi de faire apparaître le petit Charlie, le fils de Suzanne, à trois ans plutôt que de filmer sa naissance. Je trouvais plus SUZANNE de Katell Quillévérécinématographique de montrer cette adolescente devenue mère en une coupe. La brutalité d’une ellipse peut exprimer, mieux que tout, le bouleversement provoqué par un événement.
Le film parle aussi de choses universelles, qui touchent profondément au vécu de chacun. Tout le monde peut se représenter ce que cela implique d’avoir un enfant à dix-sept ans. Assez vite, on s’est dit aussi qu’on ne filmerait pas la cavale des amoureux, c’était trop attendu, déjà beaucoup vu au cinéma. À ce moment-là de l’histoire, il est plus intéressant d’être du côté de ceux qui restent, de travailler le personnage de Suzanne par le négatif.

Ce qui constitue l’autre originalité du film : suivre un personnage principal tout en tendant vers le récit polyphonique…
Cette structure, à la frontière entre la chronique et le film choral était déjà celle d’"Un poison violent". Mais nous l’avons poussée plus loin, en lui donnant un véritable souffle romanesque. Le personnage de Suzanne est la colonne vertébrale du film mais nous nous autorisons à la faire disparaître du récit, pour nous intéresser à d’autres. Au scénario, on allait plus loin dans l’histoire de chaque personnage. Mais au montage, il a fallu doser, on a énormément asséché le film, qui a trouvé son fonctionnement dans un principe : les scènes où Suzanne n’est pas là restent liées à elle indirectement, car elles sont chargées de son absence. Que ce soit la scène dans le camion de Nicolas avec l’auto-stoppeur ou quand Charlie revient de l’école, tout nous renvoie à elle.

SUZANNE de Katell QuillévéréOn a l’habitude de voir Sara Forestier dans un registre plus expansif. Ici, elle est presque à contre-emploi…
Le personnage de Suzanne exigeait une pudeur dans l’interprétation, Sara en était la première convaincue. À partir de là, notre collaboration fut évidente et passionnante. C’est une actrice incroyable, d’une intensité rare, capable d’endosser des situations de jeu très violentes. Et en même temps, elle est très lumineuse, ce qui était un atout énorme pour le personnage, car je savais que le film était potentiellement très sombre. Je savais que sa lumière et son énergie, une fois canalisées, apporteraient le souffle de vie nécessaire au film. Pendant le tournage j’étais fascinée par la maturité émotionnelle de cette jeune femme de 25 ans. Elle pouvait tout exprimer, la violence de la passion amoureuse, la douleur du deuil, les joies de la maternité, comme si elle avait déjà eu cent vies…

Et Adèle Haenel ?

Je l’avais vue petite dans "Les diables" de Christophe Ruggia, puis dans "La naissance des pieuvres" de Céline Sciamma et "L'appollonide" de Bertrand Bonello. J’avais envie de travailler avec elle depuis longtemps. C’est une actrice et une personne hors du commun. Elle a tellement de profondeur, que c’était passionnant de l’emmener du côté de la légèreté. Je savais que cette frivolité que je cherchais pour Maria ne serait jamais creuse, qu’elle saurait faire émerger la mélancolie, le drame derrière ses rires. J’avais aussi envie de mettre en valeur sa fantaisie, car c’est une fille très drôle. Je l’ai surtout invitée à se lâcher. J’ai gardé beaucoup de ses propositions pendant le tournage.

La scène où Maria et Suzanne, adolescentes, interpellent les garçons derrière la balustrade est d’ailleurs très amusante…
Justement, dans cette partie sur l’adolescence, beaucoup de choses viennent des comédiens. Il y avait le canevas des scènes mais je les laissais assez libres. Sara, Adèle et François Damiens sont très forts dans l’improvisation, c’est très agréable. Pour la scène du barbecue, par exemple, j’ai mis en place SUZANNE de Katell Quillévéréle décor, le climat, les figurants mais après, je les ai laissés improviser pour qu’il se passe des choses plus riches, plus proches du réel.

Et le choix de François Damiens ?

Je l’avais beaucoup aimé dans "La famille Wolberg" le très beau film d’Axelle Ropert et ensuite, j’ai découvert sa veine comique, les caméras cachées qui l‘ont rendu célèbre en Belgique. Il me fait tellement rire, il a du génie, c’est un acteur hallucinant. Je trouve qu’il a l’envergure des comédiens comme Jean Yanne dans "Nous ne vieillirons pas ensemble", Guy Marchand, ou Pialat lui-même. Il renouvelle quelque chose dans son physique, dans son rapport au jeu, dans son émotivité, très sincère, brute. Il me touche profondément, je ne voyais personne d’autre que lui pour jouer Nicolas.
(Extrait dossier de presse - Propos recueillis par Claire Vassé)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

SUZANNE de Katell QuillévéréZoom nouveauté : "Suzanne" de Katell Quillévéré

L'histoire
Le récit d’un destin. Celui de Suzanne et des siens. Les liens qui les unissent, les retiennent et l’amour qu’elle poursuit jusqu’à tout abandonner derrière elle…
Un film de Katell Quillévéré avec Sara Forestier et François Damiens, Adèle Haenel, Paul Hamy…

 

Bonus : propos de Katell Quillévéré, réalisatrice du film.

"Suzanne" entremêle deux formes différentes… la chronique réaliste et un récit romanesque qui se déploie sur 25 ans.
Oui, il se promène à la frontière entre ces deux formes de récit. Je crois qu’un film trouve son esthétique dans ses antagonismes, quand il y a collision et rencontre entre des aspirations différentes. Si tout va dans le même sens, au bout d’un moment, on s’ennuie..

Comment est né le personnage de Suzanne ?
Quand mon compagnon lisait beaucoup de livres sur les ennemis publics français comme Mesrine, SUZANNE de Kattell QuillévéréBesse, Vaujour, il m’a offert les autobiographies de leurs compagnes. J’étais fascinée par l’attitude de ces femmes à la fois extrêmement courageuses mais aussi dans une soumission presque suicidaire à leurs hommes. Dans leur livre, elles consacrent toujours le premier chapitre à leur enfance et leur adolescence pour y chercher, sans vraiment les trouver, des événements qui donneraient du sens à leur parcours, expliqueraient cette rencontre amoureuse déterminante. Pourquoi tombent-elles tout d’un coup sur cet homme-là, s’y enchaînent et se révèlent capables d’introduire des explosifs dans une prison ou d’apprendre à conduire un hélicoptère pour le faire évader ? Leur trajectoire pose la question du destin et du hasard. Parallèlement, j’ai toujours beaucoup aimé la forme américaine des biopics comme "Bird", "Bound for glory", "Coal miner's daughter"… Dans ma tête a alors commencé à germer l’idée de construire le biopic d’une inconnue qui s’enchaîne à un amour, au point de tout abandonner pour lui.

Le film est construit sur des ellipses qui renforcent notre implication dans l’histoire car elles nous poussent à imaginer ce qu’a traversé Suzanne pendant ce temps-là, notamment quand on la retrouve avec son enfant qui a déjà trois ans…
Oui, la construction d’un récit fondé sur l’ellipse était un des paris de ce film. Avec Mariette Désert, ma co-scénariste, puis Thomas Marchand, mon monteur, nous avons voulu créer un hors-champ très puissant qui rende le spectateur actif et lui permette de nourrir les trous de l’histoire avec sa propre expérience. On a en effet choisi de faire apparaître le petit Charlie, le fils de Suzanne, à trois ans plutôt que de filmer sa naissance. Je trouvais plus SUZANNE de Katell Quillévérécinématographique de montrer cette adolescente devenue mère en une coupe. La brutalité d’une ellipse peut exprimer, mieux que tout, le bouleversement provoqué par un événement.
Le film parle aussi de choses universelles, qui touchent profondément au vécu de chacun. Tout le monde peut se représenter ce que cela implique d’avoir un enfant à dix-sept ans. Assez vite, on s’est dit aussi qu’on ne filmerait pas la cavale des amoureux, c’était trop attendu, déjà beaucoup vu au cinéma. À ce moment-là de l’histoire, il est plus intéressant d’être du côté de ceux qui restent, de travailler le personnage de Suzanne par le négatif.

Ce qui constitue l’autre originalité du film : suivre un personnage principal tout en tendant vers le récit polyphonique…
Cette structure, à la frontière entre la chronique et le film choral était déjà celle d’"Un poison violent". Mais nous l’avons poussée plus loin, en lui donnant un véritable souffle romanesque. Le personnage de Suzanne est la colonne vertébrale du film mais nous nous autorisons à la faire disparaître du récit, pour nous intéresser à d’autres. Au scénario, on allait plus loin dans l’histoire de chaque personnage. Mais au montage, il a fallu doser, on a énormément asséché le film, qui a trouvé son fonctionnement dans un principe : les scènes où Suzanne n’est pas là restent liées à elle indirectement, car elles sont chargées de son absence. Que ce soit la scène dans le camion de Nicolas avec l’auto-stoppeur ou quand Charlie revient de l’école, tout nous renvoie à elle.

SUZANNE de Katell QuillévéréOn a l’habitude de voir Sara Forestier dans un registre plus expansif. Ici, elle est presque à contre-emploi…
Le personnage de Suzanne exigeait une pudeur dans l’interprétation, Sara en était la première convaincue. À partir de là, notre collaboration fut évidente et passionnante. C’est une actrice incroyable, d’une intensité rare, capable d’endosser des situations de jeu très violentes. Et en même temps, elle est très lumineuse, ce qui était un atout énorme pour le personnage, car je savais que le film était potentiellement très sombre. Je savais que sa lumière et son énergie, une fois canalisées, apporteraient le souffle de vie nécessaire au film. Pendant le tournage j’étais fascinée par la maturité émotionnelle de cette jeune femme de 25 ans. Elle pouvait tout exprimer, la violence de la passion amoureuse, la douleur du deuil, les joies de la maternité, comme si elle avait déjà eu cent vies…

Et Adèle Haenel ?

Je l’avais vue petite dans "Les diables" de Christophe Ruggia, puis dans "La naissance des pieuvres" de Céline Sciamma et "L'appollonide" de Bertrand Bonello. J’avais envie de travailler avec elle depuis longtemps. C’est une actrice et une personne hors du commun. Elle a tellement de profondeur, que c’était passionnant de l’emmener du côté de la légèreté. Je savais que cette frivolité que je cherchais pour Maria ne serait jamais creuse, qu’elle saurait faire émerger la mélancolie, le drame derrière ses rires. J’avais aussi envie de mettre en valeur sa fantaisie, car c’est une fille très drôle. Je l’ai surtout invitée à se lâcher. J’ai gardé beaucoup de ses propositions pendant le tournage.

La scène où Maria et Suzanne, adolescentes, interpellent les garçons derrière la balustrade est d’ailleurs très amusante…
Justement, dans cette partie sur l’adolescence, beaucoup de choses viennent des comédiens. Il y avait le canevas des scènes mais je les laissais assez libres. Sara, Adèle et François Damiens sont très forts dans l’improvisation, c’est très agréable. Pour la scène du barbecue, par exemple, j’ai mis en place SUZANNE de Katell Quillévéréle décor, le climat, les figurants mais après, je les ai laissés improviser pour qu’il se passe des choses plus riches, plus proches du réel.

Et le choix de François Damiens ?

Je l’avais beaucoup aimé dans "La famille Wolberg" le très beau film d’Axelle Ropert et ensuite, j’ai découvert sa veine comique, les caméras cachées qui l‘ont rendu célèbre en Belgique. Il me fait tellement rire, il a du génie, c’est un acteur hallucinant. Je trouve qu’il a l’envergure des comédiens comme Jean Yanne dans "Nous ne vieillirons pas ensemble", Guy Marchand, ou Pialat lui-même. Il renouvelle quelque chose dans son physique, dans son rapport au jeu, dans son émotivité, très sincère, brute. Il me touche profondément, je ne voyais personne d’autre que lui pour jouer Nicolas.
(Extrait dossier de presse - Propos recueillis par Claire Vassé)

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