Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts), Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mardi et mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône
Zoom nouveauté : "Qu'Allah bénisse la France" d'Abd Al Malik
L'histoire
Adapté du livre autobiographique d'Abd Al Malik, "Qu'Allah bénisse la France" raconte le parcours de Régis, enfant d’immigrés, noir, surdoué, élevé par sa mère catholique avec ses deux frères, dans une cité de Strasbourg. Entre délinquance, rap et islam, il va découvrir l’amour et trouver sa voie.
Un film d'Abd Al Malik avec Marc Zinga, Larouci Didi, Mickaël Nagenraft, Matteo Falone, Stéphane Fayette-Mikano, Mireille Perrier.
Bonus : propos d'Abd Al Malik, réalisateur de son film.
D'où est venu le désir de porter à l'écran votre livre autobiographique "Qu'Allah bénisse la France !"
Je n’ai pas écrit ce livre pour en faire un film mais en l’écrivant, j’avais conscience de poser un jalon que je pourrais approfondir par la suite, grâce au cinéma. Cet art a une grande capacité d’humanisation, il permet d’aller voir derrière les apparences, de montrer que tous les êtres fonctionnent de la même manière. On fantasme énormément sur le rap, les cultures urbaines, la banlieue, la délinquance, l’islam, et j’ai voulu aller à l’encontre du discours sociologique ou médiatique, qui donne des statistiques mais parle très peu d’humain.
Beaucoup de films sont faits sur les cités mais trop souvent d’un point de vue extérieur. Ils peuvent être beaux mais ils ne rendent pas justice à ce que l’on est. Par exemple, ils vont traiter de la thématique de l’islam par le canal de l’intégrisme religieux. L’intégrisme existe mais ne concerne qu’une minorité.
Aucun film ne vous a rendu justice ?
Si, "La haine". Pour moi, c’était la première fois qu’un cinéaste voulait vraiment montrer la cité, avec amour mais aussi avec une démarche artistique. Découvrir ce film gamin a été fort pour moi, presque fondateur. Et puis après, j’ai rencontré Mathieu Kassovitz, je suis devenu son ami, on a eu de grandes discussions. C’est lui qui m’a poussé à être réalisateur.
Mais aussi vrai et sincère que je puisse trouver "La haine", ce n’est quand même pas un regard de l’intérieur. Ce phénomène n’est pas propre à la France. Quand on regarde le néo-réalisme italien, c’est pareil. Moi, j’ai voulu casser ce cycle. Sans être revanchard mais avec l’ambition de nous raconter. Quand les italo américains ont découvert "Le Parrain" ou "Mean street", enfin ils se sont vus. Enfin ils faisaient partie de l’Amérique. Moi aussi, j’ai envie qu’on parle de nous et de nos problématiques sans que ce soit exotique. Mon ambition est de donner à voir, de sortir d’un fantasme malsain sur nous. Qu’on voit en Régis, Mike, ou Samir, la France, avec toutes ses ramifications communautaires. Mes racines sont africaines, certes, mais mes fruits sont français, et européens. J’ai grandi à Strasbourg, la notion d’Europe existe peut-être plus pour moi que pour un Parisien !
A quelle époque se passe le film ?
D’une certaine manière, je reprends là où "La haine" s’est arrêté. Kassovitz n’abordait pas la problématique religieuse car elle n’était pas encore d’actualité à l’époque. En revanche, elle est très prégnante depuis deux décennies. Mon histoire n’est pas datée précisément. Elle pourrait se passer aussi bien aujourd’hui qu’à la fin des années 90.
"Dans votre film, la violence reste essentiellement hors champ…
J’aurais pu, de manière légitime, faire le film le plus violent qui soit. Mais moi je voulais raconter ce qu’il y a avant cette violence, qui n’est qu’une conséquence. Samir, peut-être qu’il va finir en Syrie, et y mourir. Mais ce qui m’intéresse, c’est ce qui fait qu’il va devenir le type qui va partir en Syrie.
… Vous prenez vos distances avec la mythologie de la violence, notamment la fascination véhiculée par "Scarface"
Il faut se rendre compte de l’impact qu’a eu "Scarface" sur nous. J’ai vraiment vu des gens qui se prenaient pour Tony Montana et qui en sont morts.Quand on me demande combien de temps j’ai mis pour faire ce film, je réponds : trente-huit ans ! En trente-huit ans, j’ai eu le temps de me débarrasser de ce genre de mythologies, de ce qui aurait pu empêcher une compréhension directe de la réalité de la cité. C’est comme si j’avais fait une thérapie qui me permet aujourd’hui d’aller au cœur des choses, et d’être dans une démarche artistique. Je ne veux plaire à personne, je ne veux choquer personne, je veux juste être le plus fidèle à moi-même et aux gens que j’aime et avec lesquels j’ai grandi : ma mère, mes frères, mes sœurs, les gens de cité.
Le film pose la question de savoir jusqu'où on peut aller dans l'illégalité sans se brûler les ailes…
Moi j’étais bon élève le jour et délinquant la nuit. Non parce que je souffrais de schizophrénie mais parce que lorsqu’on est dans un groupe, on ne veut pas être ostracisé. Mon personnage se construit avec ce qu’il a autour de lui. Sa mère l’élève seule, dans une précarité réelle, un milieu criminogène où la délinquance est un moyen d’exister. En même temps, il a des passions : la littérature, l’écriture, le rap... Et il a l’ambition d’en faire quelque chose. Il a en puissance ce qui va lui permettre de s’en sortir mais ce n’est pas encore effectif.
(extrait dossier de presse - Propos recueillis par Claire Vassé)
Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts), Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mardi et mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône
Zoom nouveauté : "Qu'Allah bénisse la France" d'Abd Al Malik
L'histoire
Adapté du livre autobiographique d'Abd Al Malik, "Qu'Allah bénisse la France" raconte le parcours de Régis, enfant d’immigrés, noir, surdoué, élevé par sa mère catholique avec ses deux frères, dans une cité de Strasbourg. Entre délinquance, rap et islam, il va découvrir l’amour et trouver sa voie.
Un film d'Abd Al Malik avec Marc Zinga, Larouci Didi, Mickaël Nagenraft, Matteo Falone, Stéphane Fayette-Mikano, Mireille Perrier.
Bonus : propos d'Abd Al Malik, réalisateur de son film.
D'où est venu le désir de porter à l'écran votre livre autobiographique "Qu'Allah bénisse la France !"
Je n’ai pas écrit ce livre pour en faire un film mais en l’écrivant, j’avais conscience de poser un jalon que je pourrais approfondir par la suite, grâce au cinéma. Cet art a une grande capacité d’humanisation, il permet d’aller voir derrière les apparences, de montrer que tous les êtres fonctionnent de la même manière. On fantasme énormément sur le rap, les cultures urbaines, la banlieue, la délinquance, l’islam, et j’ai voulu aller à l’encontre du discours sociologique ou médiatique, qui donne des statistiques mais parle très peu d’humain.
Beaucoup de films sont faits sur les cités mais trop souvent d’un point de vue extérieur. Ils peuvent être beaux mais ils ne rendent pas justice à ce que l’on est. Par exemple, ils vont traiter de la thématique de l’islam par le canal de l’intégrisme religieux. L’intégrisme existe mais ne concerne qu’une minorité.
Aucun film ne vous a rendu justice ?
Si, "La haine". Pour moi, c’était la première fois qu’un cinéaste voulait vraiment montrer la cité, avec amour mais aussi avec une démarche artistique. Découvrir ce film gamin a été fort pour moi, presque fondateur. Et puis après, j’ai rencontré Mathieu Kassovitz, je suis devenu son ami, on a eu de grandes discussions. C’est lui qui m’a poussé à être réalisateur.
Mais aussi vrai et sincère que je puisse trouver "La haine", ce n’est quand même pas un regard de l’intérieur. Ce phénomène n’est pas propre à la France. Quand on regarde le néo-réalisme italien, c’est pareil. Moi, j’ai voulu casser ce cycle. Sans être revanchard mais avec l’ambition de nous raconter. Quand les italo américains ont découvert "Le Parrain" ou "Mean street", enfin ils se sont vus. Enfin ils faisaient partie de l’Amérique. Moi aussi, j’ai envie qu’on parle de nous et de nos problématiques sans que ce soit exotique. Mon ambition est de donner à voir, de sortir d’un fantasme malsain sur nous. Qu’on voit en Régis, Mike, ou Samir, la France, avec toutes ses ramifications communautaires. Mes racines sont africaines, certes, mais mes fruits sont français, et européens. J’ai grandi à Strasbourg, la notion d’Europe existe peut-être plus pour moi que pour un Parisien !
A quelle époque se passe le film ?
D’une certaine manière, je reprends là où "La haine" s’est arrêté. Kassovitz n’abordait pas la problématique religieuse car elle n’était pas encore d’actualité à l’époque. En revanche, elle est très prégnante depuis deux décennies. Mon histoire n’est pas datée précisément. Elle pourrait se passer aussi bien aujourd’hui qu’à la fin des années 90.
"Dans votre film, la violence reste essentiellement hors champ…
J’aurais pu, de manière légitime, faire le film le plus violent qui soit. Mais moi je voulais raconter ce qu’il y a avant cette violence, qui n’est qu’une conséquence. Samir, peut-être qu’il va finir en Syrie, et y mourir. Mais ce qui m’intéresse, c’est ce qui fait qu’il va devenir le type qui va partir en Syrie.
… Vous prenez vos distances avec la mythologie de la violence, notamment la fascination véhiculée par "Scarface"
Il faut se rendre compte de l’impact qu’a eu "Scarface" sur nous. J’ai vraiment vu des gens qui se prenaient pour Tony Montana et qui en sont morts.Quand on me demande combien de temps j’ai mis pour faire ce film, je réponds : trente-huit ans ! En trente-huit ans, j’ai eu le temps de me débarrasser de ce genre de mythologies, de ce qui aurait pu empêcher une compréhension directe de la réalité de la cité. C’est comme si j’avais fait une thérapie qui me permet aujourd’hui d’aller au cœur des choses, et d’être dans une démarche artistique. Je ne veux plaire à personne, je ne veux choquer personne, je veux juste être le plus fidèle à moi-même et aux gens que j’aime et avec lesquels j’ai grandi : ma mère, mes frères, mes sœurs, les gens de cité.
Le film pose la question de savoir jusqu'où on peut aller dans l'illégalité sans se brûler les ailes…
Moi j’étais bon élève le jour et délinquant la nuit. Non parce que je souffrais de schizophrénie mais parce que lorsqu’on est dans un groupe, on ne veut pas être ostracisé. Mon personnage se construit avec ce qu’il a autour de lui. Sa mère l’élève seule, dans une précarité réelle, un milieu criminogène où la délinquance est un moyen d’exister. En même temps, il a des passions : la littérature, l’écriture, le rap... Et il a l’ambition d’en faire quelque chose. Il a en puissance ce qui va lui permettre de s’en sortir mais ce n’est pas encore effectif.
(extrait dossier de presse - Propos recueillis par Claire Vassé)
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