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Mercredi cinéma : "La Grande Bellezza" de Paolo Sorrentino ave Toni Servillo.

Publié le : 22-05-2013

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

LA GRANDE BELLEZZA de Paolo SorrentinoZoom nouveauté : "La Grande Bellezza" de Paolo Sorrentino

L'histoire
Rome dans la splendeur de l’été. Les touristes se pressent sur le Janicule : un Japonais s’effondre foudroyé par tant de beauté. Jep Gambardella – un bel homme au charme irrésistible malgré les premiers signes de la vieillesse – jouit des mondanités de la ville. Il est de toutes les soirées et de toutes les fêtes, son esprit fait merveille et sa compagnie recherchée. Journaliste à succès, séducteur impénitent, il a écrit dans sa jeunesse un roman qui lui a valu un prix littéraire et une réputation d’écrivain frustré : il cache son désarroi derrière une attitude cynique et désabusée qui l’amène à poser sur le monde un regard d’une amère lucidité.
Sur la terrasse de son appartement romain qui domine le Colisée, il donne des fêtes où se met à nu « l’appareil humain » – c’est le titre de son roman – et se joue la comédie du néant. Revenu de tout, Jep rêve parfois de se remettre à écrire, traversé par les souvenirs d’un amour de jeunesse auquel il se raccroche, mais y parviendra-t-il ? Surmontera-t-il son profond dégoût de lui-même et des autres dans une ville dont l’aveuglante beauté a quelque chose de paralysant…
Un film de Paolo Sorrentino avec Toni Servillo, Carlo Verdone, Sabrina Ferilli, Carlo Buccirosso….

 

Bonus ; propos de Paolo Sorrentino (recueillis par Jean A. Gili)

LA GRANDE BELLEZZA de Paolo SorrentinoComment naît un film aussi profondément plongé dans l’humus romain après l’expérience d’une œuvre réalisée en Irlande et aux États-Unis ?
J'ai toujours pensé à un film qui sonde les contradictions, les beautés, les scènes auxquelles j'ai assisté, les gens que j'ai rencontrés à Rome. C'est une ville merveilleuse, apaisante et en même temps pleine de dangers impalpables. Par dangers, j'entends les aventures mentales qui ne mènent nulle part. Au début, il s'agissait d'un projet ambitieux et sans limites, que j'ai reporté jusqu'à trouver le ciment qui puisse faire exister tout cet univers romain. Et ce ciment a été le personnage de Jep Gambardella qui est arrivé en dernier, et qui a rendu possible et moins confuse l'idée du film. J'ai pensé que le moment était venu pour moi de donner vie à un film indéniablement ambitieux. Après deux merveilleuses années d'errance entre l'Europe et les États-Unis pour réaliser "This must be the place", j’ai vraiment ressenti la nécessité de ne plus bouger. J’ai voulu entretenir ma paresse avec un travail qui me permettrait de rentrer chez moi tous les soirs ; mais, en réalité, "La grande bellezza" a été un film épuisant, bien que passionnant à faire.

LA GRANDE BELLEZZA de Paolo SorrentinoQuel a été le rôle d’Umberto Contarello dans l’écriture du scénario ?
Je connais Umberto depuis ma jeunesse quand je voulais être scénariste et qu’il était déjà un auteur de cinéma reconnu. Avec Antonio Capuano, il m'a initié à ce travail. Il m'a introduit dans des mondes poétiques que j'ai eu la chance de pouvoir restituer ensuite de manière personnelle, en fonction de ma sensibilité. De fait, nous partageons une façon de ressentir les choses qui remonte désormais à plus de vingt ans. Notre façon de travailler est assez simple. Elle consiste à bavarder régulièrement, parfois de manière fugace, parfois de façon plus approfondie, selon les suggestions que la vie quotidienne nous offre. Même les petites choses, ou l’irrépressible besoin de se raconter une blague qui nous a fait rire, nous conduit à nous écrire, à nous appeler ou à nous voir. Puis, lorsque le travail d'écriture commence, nous nous séparons. Comme dans une longue partie de ping-pong, nous nous renvoyons le scénario. J'écris la première version, je la lui envoie, il écrit la deuxième version, j'en fais une troisième et ainsi de suite, jusqu'à la veille du tournage, car un scénario peut toujours être amélioré. Le mot «fin» n'existe pas dans l'écriture.

En termes de mise en scène, il me semble que ce film est moins baroque que les précédents.
Probablement. C'est, a priori, un film «plein». Pendant la phase de préparation, j'avais remarqué la surcharge visuelle produite par le travail sur les décors, les costumes, la grande multitude d'acteurs nécessaires au récit. Quand je suis passé à la réalisation du film, j'ai choisi de me tenir un peu à l'écart. J'ai pensé que la mise en scène devait seulement accompagner cette densité.

LA GRANDE BELLEZZA de Paolo SorrentinoPar certains aspects le film pourrait s’appeler «Sorrentino Roma». Est-ce que l’idée d’emprunter la voie de "La dolce vita" a été un des points de départ du film ? Comme dans le film de Fellini, le protagoniste est avant tout un observateur.
En réalité, même dans "Les conséquences de l'amour" et dans "This must be the place", j'avais utilisé le schéma narratif qui me correspond le mieux : le protagoniste du film est avant tout un observateur du monde extérieur qui devient la principale raison d'être du film et puis, par des chemins détournés, incidemment, et souvent pour des raisons liées au destin de la vie, il lui arrive aussi de vivre une histoire personnelle. Pour "La grande bellezza", je ne pouvais pas faire autrement, parce que le noyau du film était une masse énorme de faits imbriqués, de petits personnages, d'anecdotes, tous gravitant autour de Rome et que je voulais transformer en film. Bien sûr, "Roma" et "La dolce vita" sont des œuvres qu’on ne peut pas faire semblant d'ignorer au moment d'affronter un film comme celui que j'ai voulu faire. Ce sont deux chefs-d'œuvre et une règle élémentaire dit que les chefs-d'œuvre se regardent, mais ne s'imitent pas. J'ai essayé de faire comme ça. Mais il est vrai aussi que les chefs-d'œuvre transforment la façon dont nous sentons et percevons les choses. Ils nous conditionnent, malgré nous. Je ne peux donc pas nier que ces deux films sont inscrits de manière indélébile en moi et ont pu guider mon film. J'espère seulement qu'ils m'ont guidé dans la bonne direction.

LA GRANDE BELLEZZA de Paolo SorrentinoLe fait que le protagoniste, Toni Servillo, soit plus âgé que Marcello Mastroianni change la nature du récit : il y a un plus grand désespoir dans le rapport à la création.
Un écrivain est constamment habité par l'idée de devoir capitaliser sur un plan artistique sa propre biographie. Si cette biographie, comme dans le cas de Jep Gambardella, se déplace constamment sur les rails d'une mondanité superficielle, sur un bavardage si futile qu'il n'est plus qu'un bruit de fond, sur les ragots réduits à la mesquinerie instinctive, alors cette capitalisation semble impossible. C'est pour cette raison qu'il cite constamment Flaubert. Entre temps, les années passent pour Gambardella et son plus grand désespoir est aussi la conséquence de l'âge. Il y a toujours moins de temps, moins d'énergie, et le bonheur semble perdu ou n'avoir jamais existé. Le plaisir s'est réduit à une mécanique qui contredit par nature le principe de plaisir. Il lui reste le rendez-vous avec la nostalgie de l'innocence que ce personnage associe peut-être à une forme momentanée de quelque chose d'autre, bien loin de son histoire : la béatitude. Un état enviable qui, d'une manière totalement inattendue compte tenu de ses habitudes, se déplace par les canaux de la suspension et du silence. Pour cette raison, sa rencontre avec la religieuse qui consacre sa vie à la pauvreté et qui est en quelque sorte proche de la béatitude, prend au début les chemins habituels d'une mondanité désinvolte et irrévérencieuse et puis, finalement, par sa simplicité, elle le conduit ailleurs. Pas dans un ailleurs capable de le faire changer vraiment, mais elle l'aide au moins à entrevoir le point de départ d'une nouvelle création artistique.

La présence d’un cardinal qui ne pense qu’à mettre en œuvre des recettes culinaires est-elle une critique de l’Église ?
C’est plutôt une critique de la propagation de la culture de la nourriture, de la cuisine gastronomique, et ainsi de suite. Quelquefois, il semble que nous ne puissions plus parler d'autre chose. Ces sujets m'amusent aussi, mais l'arrogance tyrannique de certains à vouloir imposer ces thèmes partout commence à m'ennuyer. C'est pourquoi, un peu en plaisantant, j'ai voulu montrer comment cette mode s'est répandue même dans les endroits les plus inattendus, ceux dédiés à la spiritualité.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

LA GRANDE BELLEZZA de Paolo SorrentinoZoom nouveauté : "La Grande Bellezza" de Paolo Sorrentino

L'histoire
Rome dans la splendeur de l’été. Les touristes se pressent sur le Janicule : un Japonais s’effondre foudroyé par tant de beauté. Jep Gambardella – un bel homme au charme irrésistible malgré les premiers signes de la vieillesse – jouit des mondanités de la ville. Il est de toutes les soirées et de toutes les fêtes, son esprit fait merveille et sa compagnie recherchée. Journaliste à succès, séducteur impénitent, il a écrit dans sa jeunesse un roman qui lui a valu un prix littéraire et une réputation d’écrivain frustré : il cache son désarroi derrière une attitude cynique et désabusée qui l’amène à poser sur le monde un regard d’une amère lucidité.
Sur la terrasse de son appartement romain qui domine le Colisée, il donne des fêtes où se met à nu « l’appareil humain » – c’est le titre de son roman – et se joue la comédie du néant. Revenu de tout, Jep rêve parfois de se remettre à écrire, traversé par les souvenirs d’un amour de jeunesse auquel il se raccroche, mais y parviendra-t-il ? Surmontera-t-il son profond dégoût de lui-même et des autres dans une ville dont l’aveuglante beauté a quelque chose de paralysant…
Un film de Paolo Sorrentino avec Toni Servillo, Carlo Verdone, Sabrina Ferilli, Carlo Buccirosso….

 

Bonus ; propos de Paolo Sorrentino (recueillis par Jean A. Gili)

LA GRANDE BELLEZZA de Paolo SorrentinoComment naît un film aussi profondément plongé dans l’humus romain après l’expérience d’une œuvre réalisée en Irlande et aux États-Unis ?
J'ai toujours pensé à un film qui sonde les contradictions, les beautés, les scènes auxquelles j'ai assisté, les gens que j'ai rencontrés à Rome. C'est une ville merveilleuse, apaisante et en même temps pleine de dangers impalpables. Par dangers, j'entends les aventures mentales qui ne mènent nulle part. Au début, il s'agissait d'un projet ambitieux et sans limites, que j'ai reporté jusqu'à trouver le ciment qui puisse faire exister tout cet univers romain. Et ce ciment a été le personnage de Jep Gambardella qui est arrivé en dernier, et qui a rendu possible et moins confuse l'idée du film. J'ai pensé que le moment était venu pour moi de donner vie à un film indéniablement ambitieux. Après deux merveilleuses années d'errance entre l'Europe et les États-Unis pour réaliser "This must be the place", j’ai vraiment ressenti la nécessité de ne plus bouger. J’ai voulu entretenir ma paresse avec un travail qui me permettrait de rentrer chez moi tous les soirs ; mais, en réalité, "La grande bellezza" a été un film épuisant, bien que passionnant à faire.

LA GRANDE BELLEZZA de Paolo SorrentinoQuel a été le rôle d’Umberto Contarello dans l’écriture du scénario ?
Je connais Umberto depuis ma jeunesse quand je voulais être scénariste et qu’il était déjà un auteur de cinéma reconnu. Avec Antonio Capuano, il m'a initié à ce travail. Il m'a introduit dans des mondes poétiques que j'ai eu la chance de pouvoir restituer ensuite de manière personnelle, en fonction de ma sensibilité. De fait, nous partageons une façon de ressentir les choses qui remonte désormais à plus de vingt ans. Notre façon de travailler est assez simple. Elle consiste à bavarder régulièrement, parfois de manière fugace, parfois de façon plus approfondie, selon les suggestions que la vie quotidienne nous offre. Même les petites choses, ou l’irrépressible besoin de se raconter une blague qui nous a fait rire, nous conduit à nous écrire, à nous appeler ou à nous voir. Puis, lorsque le travail d'écriture commence, nous nous séparons. Comme dans une longue partie de ping-pong, nous nous renvoyons le scénario. J'écris la première version, je la lui envoie, il écrit la deuxième version, j'en fais une troisième et ainsi de suite, jusqu'à la veille du tournage, car un scénario peut toujours être amélioré. Le mot «fin» n'existe pas dans l'écriture.

En termes de mise en scène, il me semble que ce film est moins baroque que les précédents.
Probablement. C'est, a priori, un film «plein». Pendant la phase de préparation, j'avais remarqué la surcharge visuelle produite par le travail sur les décors, les costumes, la grande multitude d'acteurs nécessaires au récit. Quand je suis passé à la réalisation du film, j'ai choisi de me tenir un peu à l'écart. J'ai pensé que la mise en scène devait seulement accompagner cette densité.

LA GRANDE BELLEZZA de Paolo SorrentinoPar certains aspects le film pourrait s’appeler «Sorrentino Roma». Est-ce que l’idée d’emprunter la voie de "La dolce vita" a été un des points de départ du film ? Comme dans le film de Fellini, le protagoniste est avant tout un observateur.
En réalité, même dans "Les conséquences de l'amour" et dans "This must be the place", j'avais utilisé le schéma narratif qui me correspond le mieux : le protagoniste du film est avant tout un observateur du monde extérieur qui devient la principale raison d'être du film et puis, par des chemins détournés, incidemment, et souvent pour des raisons liées au destin de la vie, il lui arrive aussi de vivre une histoire personnelle. Pour "La grande bellezza", je ne pouvais pas faire autrement, parce que le noyau du film était une masse énorme de faits imbriqués, de petits personnages, d'anecdotes, tous gravitant autour de Rome et que je voulais transformer en film. Bien sûr, "Roma" et "La dolce vita" sont des œuvres qu’on ne peut pas faire semblant d'ignorer au moment d'affronter un film comme celui que j'ai voulu faire. Ce sont deux chefs-d'œuvre et une règle élémentaire dit que les chefs-d'œuvre se regardent, mais ne s'imitent pas. J'ai essayé de faire comme ça. Mais il est vrai aussi que les chefs-d'œuvre transforment la façon dont nous sentons et percevons les choses. Ils nous conditionnent, malgré nous. Je ne peux donc pas nier que ces deux films sont inscrits de manière indélébile en moi et ont pu guider mon film. J'espère seulement qu'ils m'ont guidé dans la bonne direction.

LA GRANDE BELLEZZA de Paolo SorrentinoLe fait que le protagoniste, Toni Servillo, soit plus âgé que Marcello Mastroianni change la nature du récit : il y a un plus grand désespoir dans le rapport à la création.
Un écrivain est constamment habité par l'idée de devoir capitaliser sur un plan artistique sa propre biographie. Si cette biographie, comme dans le cas de Jep Gambardella, se déplace constamment sur les rails d'une mondanité superficielle, sur un bavardage si futile qu'il n'est plus qu'un bruit de fond, sur les ragots réduits à la mesquinerie instinctive, alors cette capitalisation semble impossible. C'est pour cette raison qu'il cite constamment Flaubert. Entre temps, les années passent pour Gambardella et son plus grand désespoir est aussi la conséquence de l'âge. Il y a toujours moins de temps, moins d'énergie, et le bonheur semble perdu ou n'avoir jamais existé. Le plaisir s'est réduit à une mécanique qui contredit par nature le principe de plaisir. Il lui reste le rendez-vous avec la nostalgie de l'innocence que ce personnage associe peut-être à une forme momentanée de quelque chose d'autre, bien loin de son histoire : la béatitude. Un état enviable qui, d'une manière totalement inattendue compte tenu de ses habitudes, se déplace par les canaux de la suspension et du silence. Pour cette raison, sa rencontre avec la religieuse qui consacre sa vie à la pauvreté et qui est en quelque sorte proche de la béatitude, prend au début les chemins habituels d'une mondanité désinvolte et irrévérencieuse et puis, finalement, par sa simplicité, elle le conduit ailleurs. Pas dans un ailleurs capable de le faire changer vraiment, mais elle l'aide au moins à entrevoir le point de départ d'une nouvelle création artistique.

La présence d’un cardinal qui ne pense qu’à mettre en œuvre des recettes culinaires est-elle une critique de l’Église ?
C’est plutôt une critique de la propagation de la culture de la nourriture, de la cuisine gastronomique, et ainsi de suite. Quelquefois, il semble que nous ne puissions plus parler d'autre chose. Ces sujets m'amusent aussi, mais l'arrogance tyrannique de certains à vouloir imposer ces thèmes partout commence à m'ennuyer. C'est pourquoi, un peu en plaisantant, j'ai voulu montrer comment cette mode s'est répandue même dans les endroits les plus inattendus, ceux dédiés à la spiritualité.
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