Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône
Zoom nouveauté : "La ballade de l'impossible" de Tran Anh Hung
L'histoire
Tokyo, fin des années 60.
Kizuki, le meilleur ami de Watanabe, s’est suicidé. Watanabe quitte alors Kobe et s’installe à Tokyo pour commencer ses études universitaires. Alors qu’un peu partout, les étudiants se révoltent contre les institutions, la vie de Watanabe est, elle aussi, bouleversée quand il retrouve Naoko, ancienne petite amie de Kizuki. Fragile et repliée sur elle-même, Naoko n’a pas encore surmonté la mort de Kizuki. Watanabe et Naoko passent les dimanches ensemble et le soir de l’anniversaire des 20 ans de Naoko, ils font l’amour.
Mais le lendemain, elle disparaît sans laisser de traces. Watanabe semble alors mettre sa vie en suspension depuis la perte inexplicable de ce premier amour.
Lorsqu’enfin il reçoit une lettre de Naoko, il vient à peine de rencontrer Midori, belle, drôle et vive qui ne demande qu’à lui offrir son amour.
Un film de Tran Anh Hung avec Rinko Kikuchi, Kenichi Matsuyama, Kiko Mizuhara
Bonus : propos de Tran Anh Hung, réalisateur du film
Comment avez-vous découvert le livre et comment est né le projet de film ?
J’ai lu le livre en 1994 dans sa traduction française. Ce fut la poignante mélancolie qui s’en dégageait qui était à l’origine de mon envie de l’adapter. Le livre a créé un espace intime en moi et a fait remonter à la surface les émotions enfouies de sorte que j’ai eu la sensation d’être reconnu par lui.
Depuis cette date, à chacun de mes voyages au Japon, je ne manquais jamais de mentionner mon désir d’adapter ce roman. Bien plus tard, il y a 5 ans, la distributrice japonaise de mon dernier film sorti au Japon m’a envoyé un courriel pour m’informer que, pour la première fois, Murakami a accepté qu’on adapte l’une de ses nouvelles au cinéma. Si je souhaitais toujours adapter le livre, ce serait peut-être le bon moment d’entrer en contact avec lui. Et elle m’a mis en relation avec l’un des producteurs d’Asmik Ace, Monsieur Shinji Ogawa. M. Murakami est un homme franc et direct. Lors de notre rencontre, il a posé ses conditions de façon très réaliste : avant de donner son feu vert, il aimerait voir le scénario et connaître le budget du film. Après un seul aller-retour d’échanges de notes sur la première version du scénario, l’auteur m’a souhaité bonne chance pour l’adaptation et n’a réapparu qu’à la fin du montage, à ma demande, pour visionner le film. Ses remarques sur le scénario et sur le montage ont été précieuses.
Qu’est-ce qui vous a captivé dans le livre ?
À part l’histoire qui est très émouvante, j’ai été très étonné d’avoir été assailli par un très grand nombre de ramifications poétiques provoquées par le livre pendant la lecture et d’implications personnelles qui ont forgé une intimité avec lui telle que je n’ai jamais connu avec aucun autre livre auparavant. Ce sentiment complexe m’a fait entrevoir une forme cinématographique pleine de promesses. Tout se passait comme si le livre, par une construction spécifique du récit et par sa voix littéraire, m’émouvait profondément. Il m’a fallu trouver un équivalent cinématographique capable de provoquer cette émotion d’une façon tout aussi mystérieuse en travaillant le matériau spécifique du cinéma.
Quel a été votre plus grand défi dans l’écriture du scénario ?
Rester fidèle au livre tout en donnant un ton personnel. Quand on adapte un livre, on n’adapte pas seulement une histoire mais aussi toutes les émotions profondes qu’elle provoque à la lecture. C’est ainsi qu’on s’approprie une œuvre existante et la rend personnelle.
Aviez-vous prévu dès le début de choisir des acteurs japonais et de tourner au Japon ?
Murakami était ouvert à l’idée que j’adapte le film dans une autre langue et dans un autre pays. Mais ce qui m’a séduit dans le livre était que cette histoire était japonaise. Pour moi, il n’y a jamais eu d’alternative possible.
Quels ont été les critères de casting ?
L’humanité de l’acteur doit correspondre à celle du personnage. Ensuite, on espère que les acteurs ont du talent. Avec une bonne dose de travail, on devrait parvenir à une certaine authenticité de l’interprétation.
Pourquoi avoir choisi Matsuyama Kenichi pour le rôle de Watanabe ?
Kenichi possède la qualité de laisser venir les choses, de ne jamais forcer sur l’expressivité, de ne pas convaincre par la force. Pour le film, il était comme une surface sensible, perméable à toutes les demandes et confidences des personnages féminins. Ce trait particulier est la nature même de Watanabe.
Et Rinko Kikuchi, l’interprète de Naoko ?
Je l’avais vue dans "Babel" et je ne pensais pas qu’elle conviendrait au rôle de Naoko. Mais elle a tenu à passer l’audition. Quand j’ai vu la vidéo, j’ai réalisé mon erreur. C’est une grande chance pour moi et pour le film qu’elle ait insisté. Certaines scènes du film n’auraient pas pu être tournées comme elles le sont si je ne pouvais pas m’appuyer sur son talent et celui de Kenichi.
Pourquoi avoir choisi Kiko Mizuhara pour incarner Midori ?
Midori était difficile à trouver. Kiko, bien que manquant d’expérience, dégageait cette infaillible gentillesse et douceur sur lesquelles Watanabe pouvait compter tout au long de son parcours douloureux.
Comment avez-vous surmonté la différence de langue et les barrages culturels pour tourner au Japon ?
Même si je ne parle pas la langue, c’est facile de voir si un acteur est juste ou pas dans une scène. En cas de doute, je discutais avec le producteur, M. Shinji Ogawa qui a participé à la rédaction des dialogues et connaissait parfaitement mes intentions pour chaque ligne. J’ai voulu avoir une qualité musicale dans les dialogues ce qui a apporté une difficulté supplémentaire à la réalisation.
Pourquoi avoir choisi Mark Lee Ping-bin comme directeur de la photo ?
Pour un film dont le thème est la formation de la personnalité à travers l’incertitude de l’amour, la souffrance de perdre l’être aimé, le miracle du retour à la vie après le deuil par une voie extrêmement audacieuse, la collaboration avec Mark est une évidence pour sa façon de bouger la caméra qui donne à l’image une sensation d’instabilité et de flottaison exprimant une profonde inquiétude face à la fragilité de l’existence.
Comment avez-vous arrêté votre choix sur Jonny Greenwood pour la musique du film ?
En voyant There Will Be Blood, j’ai été séduit et ému par la musique de Greenwood. Elle avait une profondeur et une sonorité qui la rendaient différente de ce qu’on peut entendre dans d’autres films. Jonny était devenu l’homme de la situation pour mon film parce qu’il avait cette profondeur nécessaire à cette histoire romantique, traversée d’une sombre beauté, une histoire où les personnages se retrouvent souvent dans des états psychologiques et des dilemmes complexes entraînant une grande souffrance morale.
Il a composé une magnifique musique pour le film et ce qu’il a fait pour la scène du deuil au bord de la mer est exceptionnel.
Je souhaite que, vous aussi, vous partagiez vos émotions et vos coups de cœur ciné. Envoyez vos critiques de films par mail (contact@journaldefrancois.fr ). Elles seront publiées dans le Journal !
Mercredi cinéma, c’est votre rendez-vous
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Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône
Zoom nouveauté : "La ballade de l'impossible" de Tran Anh Hung
L'histoire
Tokyo, fin des années 60.
Kizuki, le meilleur ami de Watanabe, s’est suicidé. Watanabe quitte alors Kobe et s’installe à Tokyo pour commencer ses études universitaires. Alors qu’un peu partout, les étudiants se révoltent contre les institutions, la vie de Watanabe est, elle aussi, bouleversée quand il retrouve Naoko, ancienne petite amie de Kizuki. Fragile et repliée sur elle-même, Naoko n’a pas encore surmonté la mort de Kizuki. Watanabe et Naoko passent les dimanches ensemble et le soir de l’anniversaire des 20 ans de Naoko, ils font l’amour.
Mais le lendemain, elle disparaît sans laisser de traces. Watanabe semble alors mettre sa vie en suspension depuis la perte inexplicable de ce premier amour.
Lorsqu’enfin il reçoit une lettre de Naoko, il vient à peine de rencontrer Midori, belle, drôle et vive qui ne demande qu’à lui offrir son amour.
Un film de Tran Anh Hung avec Rinko Kikuchi, Kenichi Matsuyama, Kiko Mizuhara
Bonus : propos de Tran Anh Hung, réalisateur du film
Comment avez-vous découvert le livre et comment est né le projet de film ?
J’ai lu le livre en 1994 dans sa traduction française. Ce fut la poignante mélancolie qui s’en dégageait qui était à l’origine de mon envie de l’adapter. Le livre a créé un espace intime en moi et a fait remonter à la surface les émotions enfouies de sorte que j’ai eu la sensation d’être reconnu par lui.
Depuis cette date, à chacun de mes voyages au Japon, je ne manquais jamais de mentionner mon désir d’adapter ce roman. Bien plus tard, il y a 5 ans, la distributrice japonaise de mon dernier film sorti au Japon m’a envoyé un courriel pour m’informer que, pour la première fois, Murakami a accepté qu’on adapte l’une de ses nouvelles au cinéma. Si je souhaitais toujours adapter le livre, ce serait peut-être le bon moment d’entrer en contact avec lui. Et elle m’a mis en relation avec l’un des producteurs d’Asmik Ace, Monsieur Shinji Ogawa. M. Murakami est un homme franc et direct. Lors de notre rencontre, il a posé ses conditions de façon très réaliste : avant de donner son feu vert, il aimerait voir le scénario et connaître le budget du film. Après un seul aller-retour d’échanges de notes sur la première version du scénario, l’auteur m’a souhaité bonne chance pour l’adaptation et n’a réapparu qu’à la fin du montage, à ma demande, pour visionner le film. Ses remarques sur le scénario et sur le montage ont été précieuses.
Qu’est-ce qui vous a captivé dans le livre ?
À part l’histoire qui est très émouvante, j’ai été très étonné d’avoir été assailli par un très grand nombre de ramifications poétiques provoquées par le livre pendant la lecture et d’implications personnelles qui ont forgé une intimité avec lui telle que je n’ai jamais connu avec aucun autre livre auparavant. Ce sentiment complexe m’a fait entrevoir une forme cinématographique pleine de promesses. Tout se passait comme si le livre, par une construction spécifique du récit et par sa voix littéraire, m’émouvait profondément. Il m’a fallu trouver un équivalent cinématographique capable de provoquer cette émotion d’une façon tout aussi mystérieuse en travaillant le matériau spécifique du cinéma.
Quel a été votre plus grand défi dans l’écriture du scénario ?
Rester fidèle au livre tout en donnant un ton personnel. Quand on adapte un livre, on n’adapte pas seulement une histoire mais aussi toutes les émotions profondes qu’elle provoque à la lecture. C’est ainsi qu’on s’approprie une œuvre existante et la rend personnelle.
Aviez-vous prévu dès le début de choisir des acteurs japonais et de tourner au Japon ?
Murakami était ouvert à l’idée que j’adapte le film dans une autre langue et dans un autre pays. Mais ce qui m’a séduit dans le livre était que cette histoire était japonaise. Pour moi, il n’y a jamais eu d’alternative possible.
Quels ont été les critères de casting ?
L’humanité de l’acteur doit correspondre à celle du personnage. Ensuite, on espère que les acteurs ont du talent. Avec une bonne dose de travail, on devrait parvenir à une certaine authenticité de l’interprétation.
Pourquoi avoir choisi Matsuyama Kenichi pour le rôle de Watanabe ?
Kenichi possède la qualité de laisser venir les choses, de ne jamais forcer sur l’expressivité, de ne pas convaincre par la force. Pour le film, il était comme une surface sensible, perméable à toutes les demandes et confidences des personnages féminins. Ce trait particulier est la nature même de Watanabe.
Et Rinko Kikuchi, l’interprète de Naoko ?
Je l’avais vue dans "Babel" et je ne pensais pas qu’elle conviendrait au rôle de Naoko. Mais elle a tenu à passer l’audition. Quand j’ai vu la vidéo, j’ai réalisé mon erreur. C’est une grande chance pour moi et pour le film qu’elle ait insisté. Certaines scènes du film n’auraient pas pu être tournées comme elles le sont si je ne pouvais pas m’appuyer sur son talent et celui de Kenichi.
Pourquoi avoir choisi Kiko Mizuhara pour incarner Midori ?
Midori était difficile à trouver. Kiko, bien que manquant d’expérience, dégageait cette infaillible gentillesse et douceur sur lesquelles Watanabe pouvait compter tout au long de son parcours douloureux.
Comment avez-vous surmonté la différence de langue et les barrages culturels pour tourner au Japon ?
Même si je ne parle pas la langue, c’est facile de voir si un acteur est juste ou pas dans une scène. En cas de doute, je discutais avec le producteur, M. Shinji Ogawa qui a participé à la rédaction des dialogues et connaissait parfaitement mes intentions pour chaque ligne. J’ai voulu avoir une qualité musicale dans les dialogues ce qui a apporté une difficulté supplémentaire à la réalisation.
Pourquoi avoir choisi Mark Lee Ping-bin comme directeur de la photo ?
Pour un film dont le thème est la formation de la personnalité à travers l’incertitude de l’amour, la souffrance de perdre l’être aimé, le miracle du retour à la vie après le deuil par une voie extrêmement audacieuse, la collaboration avec Mark est une évidence pour sa façon de bouger la caméra qui donne à l’image une sensation d’instabilité et de flottaison exprimant une profonde inquiétude face à la fragilité de l’existence.
Comment avez-vous arrêté votre choix sur Jonny Greenwood pour la musique du film ?
En voyant There Will Be Blood, j’ai été séduit et ému par la musique de Greenwood. Elle avait une profondeur et une sonorité qui la rendaient différente de ce qu’on peut entendre dans d’autres films. Jonny était devenu l’homme de la situation pour mon film parce qu’il avait cette profondeur nécessaire à cette histoire romantique, traversée d’une sombre beauté, une histoire où les personnages se retrouvent souvent dans des états psychologiques et des dilemmes complexes entraînant une grande souffrance morale.
Il a composé une magnifique musique pour le film et ce qu’il a fait pour la scène du deuil au bord de la mer est exceptionnel.
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