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Mercredi cinéma : "L'attentat" de Ziad Doueiri

Publié le : 29-05-2013

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

L'ATTENTAT DE Ziad DoueiriZoom nouveauté : "L'attentat" de Ziad Doueiri

L'histoire
Dans un restaurant de Tel-Aviv, une femme fait exploser une bombe qu’elle dissimule sous sa robe de grossesse. Toute la journée, le docteur Amine Jaafari, israélien d’origine arabe, opère les nombreuses victimes de l’attentat. Au milieu de la nuit, on le rappelle d’urgence à l’hôpital pour lui annoncer que la kamikaze est sa propre femme. Refusant de croire à cette accusation, Amine part en Palestine pour tenter de comprendre.
Un film de Ziad Doueiri avec Ali Suliman, Reymonde Amsellem, Evgenia Dodina, Karim Saleh.

 

Bonus : propos de Ziad Doueiri, réalisateur du film

Vous êtes sur le point de partir au Liban, où "L’Attentat" fait l’objet d’une vive polémique. Quel en est l’objet ?
Il y a une campagne menée pour interdire la sortie du film dans mon pays. Le gouvernement libanais a une position ambivalente parce que j’ai violé la loi qui interdit à tous ses ressortissants d’être en contact, même de se faire photographier, avec un Israélien. Quel que soit le pays où l’on se trouve. D’un autre côté, les autorités hésitent à se battre contre un artiste, d’autant plus qu’il y a déjà eu plusieurs films censurés au Liban.
Ceux qui ont initié cette cabale contre moi n’ont même pas vu le film : ils se sont juste fondés sur le fait que "L’Attentat" a été, en partie, tourné à Tel-Aviv avec quelques acteurs israéliens. Ils invoquent même la peine de mort, ce que le gouvernement n’appliquera jamais. Pour eux, j’ai commis un sacrilège, presque un crime d’État. Je vais rentrer me battre pour que le film sorte au Liban et au Moyen-Orient. On ne peut pas faire porter à un cinéaste tout le poids d’une cause et d’un conflit. Je ne suis le porte-étendard d’aucune lutte. Je suis tombé amoureux du livre de Yasmina Khadra et je me suis donné tous les moyens de raconter cette histoire.

L'ATTENTAT DE Ziad DoueiriComment avez-vous découvert ce roman ?
C’était en 2006. J’étais à Beyrouth et mon agent américain m’a appelé pour me dire que les dirigeants de Focus Features avaient adoré "West Beyrouth" au Festival de Toronto et de Sundance. Ils tenaient à ce que je lise ce roman et me l’ont envoyé. Je me suis assis dans un café, en bord de mer, et j’ai été happé par le récit. Khadra est un immense écrivain et "L’Attentat" a la qualité d’un grand thriller politique. Il pose aussi des questions qui m’ont interpellé, notamment « Comment peut-on vivre dans un pays occupé sans se révolter ? ». Je suis parti pour New York rencontrer James Schamus, scénariste et producteur de "Tigre et Dragon", du "Secret de Brokeback Mountain", "Hulk" et "Ice Storm". Et j’ai signé pour le film. Un mois plus tard la guerre entre Israël et le Hezbollah éclatait. Joëlle Touma, la co-scénariste, et moi avons néanmoins décidé de nous plonger dans l’adaptation. Nous avons mis neuf mois pour achever la première version. Le projet a finalement été abandonné et il a fallu attendre quatre ans pour que des producteurs français, Rachid Bouchareb et Jean Bréhat, le reprennent. Avant le tournage, je me suis plongé dans l’œuvre de Khadra : j’ai lu tous ses livres pour appréhender pleinement son univers et j’y ai trouvé d’autres perles, comme "Le Quatuor algérien", du grand polar... Encore un matériau de rêve à adapter !

L'ATTENTAT DE Ziad DoueiriL’enjeu du film est posé d’emblée, lors du discours d’Amine, premier chirurgien arabe récompensé par une Académie israélienne...
Amine parle d’individus, à l’encontre des préjugés collectifs. Et assène une vérité : il y a des racines juives en chaque arabe et vice-versa. Amine est médecin : son métier est de sauver les vies, quelle que soit l’identité des gens. C’est le serment d’Hippocrate.
En remerciant les Israéliens de l’avoir soutenu, il est un exemple d’intégration. Tout ce qu’il va vivre ensuite lui fait perdre tous ses repères.
Mais le cœur du film est ailleurs : c’est l’implosion d’un couple, suite à la trahison de Siham, l’épouse d’Amine.
Étrangement, les deux films qui m’ont beaucoup influencé lors de l’écriture ont été "History of Violence" de David Cronenberg et "Le Nouveau Monde" de Terrence Malick. En réaction au cheminement des protagonistes, sans doute, mais je ne me lancerai pas dans l’auto-analyse (rires).

Le personnage de Siham est évoqué en creux à travers quelques flash-back et apparitions oniriques. Comment les avez-vous intégrés à la narration ?

C’est la musique de William Orbit et de Moby qui me les ont inspirés. Lors de l’écriture, Joëlle s’est concentrée sur la psychologie de Siham et nous nous sommes beaucoup questionnés sur un point : une femme peut-elle tuer des enfants pour une cause ? Pour Joëlle, il devait y avoir d’autres explications et elle s’est mise à les chercher. De mon côté, je me suis focalisé sur le visuel et c’est la musique qui m’a porté. Au montage, la place de ces scènes a encore évolué : j’ai laissé le film me contrôler et l’histoire d’amour a pris plus d’importance que dans le scénario. A un certain stade, on s’est rendu compte que la longueur des flash-back nuisait à la narration ; on a coupé deux minutes et je crois que l’on est arrivé au bon équilibre.

L'ATTENTAT DE Ziad DoueiriAu final, Siham garde malgré tout ses zones d’ombre...
Elle est enterrée avec ses mystères. Le portrait de cette femme a occupé une grande partie du temps d’écriture. Nous avons balayé toutes les hypothèses expliquant son geste kamikaze : sa naissance sur un barrage israélien qui a provoqué la mort de sa mère ; un côté suicidaire ou bipolaire ; le regret de ne pas s’être accomplie professionnellement et d’être restée dans l’ombre d’Amine, etc... Mais se contenter d’une seule explication aurait été une erreur. La solution était ailleurs : il fallait laisser le spectateur libre de toute interprétation. Ce qui importe le plus dans le film, c’est ce qu’Amine apprend sur son couple et sur lui-même.

Par contre, il y a une certitude : Siham n’agit pas par conviction religieuse.
Tous les occidentaux s’attendent à ce qu’un tel attentat soit forcément perpétré par une fondamentaliste musulmane. Mais en Palestine, le peuple lutte contre une occupation, la révolte est politique... Lorsque nous étions en repérages de nuit à Naplouse, qui est une ville musulmane et conservatrice, nous sommes tombés sur… Il ne faut pas donner la fin !

Ce qui surprend dans le ton du film, c’est l’absence de sentiments exacerbés et de révolte. Pourquoi avoir choisi cette voie ?
Le conflit israélo-palestinien et la colère qu’il suscite sont connus de tous. Je voulais m’éloigner de cette rhétorique de revendication. Dans son livre, Yasmina Khadra tenait cette position, sans jamais céder au moindre slogan politique. Avec Joëlle, nous avons suivi le même cap. C’était ardu parce qu’un seul mot peut être interprété, récupéré par l’un des deux camps. Il ne s’agissait pas de montrer le Mal ou la victime ultime : c’est une histoire d’amour où coexistent deux points de vue.
Dans la réalité, il existe bien une occupation israélienne. Je l’ai moi-même vécue pendant toute mon enfance au Liban. Mais dans un film, si l’on confronte le personnage principal à des antagonistes supposés mauvais, le combat est convenu, caricatural. Si, au contraire, on reconnaît un sens, une valeur au point de vue israélien, l’affrontement se fait entre deux forces revendiquant leur point de vue, ce qui est encore plus convaincant.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

L'ATTENTAT DE Ziad DoueiriZoom nouveauté : "L'attentat" de Ziad Doueiri

L'histoire
Dans un restaurant de Tel-Aviv, une femme fait exploser une bombe qu’elle dissimule sous sa robe de grossesse. Toute la journée, le docteur Amine Jaafari, israélien d’origine arabe, opère les nombreuses victimes de l’attentat. Au milieu de la nuit, on le rappelle d’urgence à l’hôpital pour lui annoncer que la kamikaze est sa propre femme. Refusant de croire à cette accusation, Amine part en Palestine pour tenter de comprendre.
Un film de Ziad Doueiri avec Ali Suliman, Reymonde Amsellem, Evgenia Dodina, Karim Saleh.

 

Bonus : propos de Ziad Doueiri, réalisateur du film

Vous êtes sur le point de partir au Liban, où "L’Attentat" fait l’objet d’une vive polémique. Quel en est l’objet ?
Il y a une campagne menée pour interdire la sortie du film dans mon pays. Le gouvernement libanais a une position ambivalente parce que j’ai violé la loi qui interdit à tous ses ressortissants d’être en contact, même de se faire photographier, avec un Israélien. Quel que soit le pays où l’on se trouve. D’un autre côté, les autorités hésitent à se battre contre un artiste, d’autant plus qu’il y a déjà eu plusieurs films censurés au Liban.
Ceux qui ont initié cette cabale contre moi n’ont même pas vu le film : ils se sont juste fondés sur le fait que "L’Attentat" a été, en partie, tourné à Tel-Aviv avec quelques acteurs israéliens. Ils invoquent même la peine de mort, ce que le gouvernement n’appliquera jamais. Pour eux, j’ai commis un sacrilège, presque un crime d’État. Je vais rentrer me battre pour que le film sorte au Liban et au Moyen-Orient. On ne peut pas faire porter à un cinéaste tout le poids d’une cause et d’un conflit. Je ne suis le porte-étendard d’aucune lutte. Je suis tombé amoureux du livre de Yasmina Khadra et je me suis donné tous les moyens de raconter cette histoire.

L'ATTENTAT DE Ziad DoueiriComment avez-vous découvert ce roman ?
C’était en 2006. J’étais à Beyrouth et mon agent américain m’a appelé pour me dire que les dirigeants de Focus Features avaient adoré "West Beyrouth" au Festival de Toronto et de Sundance. Ils tenaient à ce que je lise ce roman et me l’ont envoyé. Je me suis assis dans un café, en bord de mer, et j’ai été happé par le récit. Khadra est un immense écrivain et "L’Attentat" a la qualité d’un grand thriller politique. Il pose aussi des questions qui m’ont interpellé, notamment « Comment peut-on vivre dans un pays occupé sans se révolter ? ». Je suis parti pour New York rencontrer James Schamus, scénariste et producteur de "Tigre et Dragon", du "Secret de Brokeback Mountain", "Hulk" et "Ice Storm". Et j’ai signé pour le film. Un mois plus tard la guerre entre Israël et le Hezbollah éclatait. Joëlle Touma, la co-scénariste, et moi avons néanmoins décidé de nous plonger dans l’adaptation. Nous avons mis neuf mois pour achever la première version. Le projet a finalement été abandonné et il a fallu attendre quatre ans pour que des producteurs français, Rachid Bouchareb et Jean Bréhat, le reprennent. Avant le tournage, je me suis plongé dans l’œuvre de Khadra : j’ai lu tous ses livres pour appréhender pleinement son univers et j’y ai trouvé d’autres perles, comme "Le Quatuor algérien", du grand polar... Encore un matériau de rêve à adapter !

L'ATTENTAT DE Ziad DoueiriL’enjeu du film est posé d’emblée, lors du discours d’Amine, premier chirurgien arabe récompensé par une Académie israélienne...
Amine parle d’individus, à l’encontre des préjugés collectifs. Et assène une vérité : il y a des racines juives en chaque arabe et vice-versa. Amine est médecin : son métier est de sauver les vies, quelle que soit l’identité des gens. C’est le serment d’Hippocrate.
En remerciant les Israéliens de l’avoir soutenu, il est un exemple d’intégration. Tout ce qu’il va vivre ensuite lui fait perdre tous ses repères.
Mais le cœur du film est ailleurs : c’est l’implosion d’un couple, suite à la trahison de Siham, l’épouse d’Amine.
Étrangement, les deux films qui m’ont beaucoup influencé lors de l’écriture ont été "History of Violence" de David Cronenberg et "Le Nouveau Monde" de Terrence Malick. En réaction au cheminement des protagonistes, sans doute, mais je ne me lancerai pas dans l’auto-analyse (rires).

Le personnage de Siham est évoqué en creux à travers quelques flash-back et apparitions oniriques. Comment les avez-vous intégrés à la narration ?

C’est la musique de William Orbit et de Moby qui me les ont inspirés. Lors de l’écriture, Joëlle s’est concentrée sur la psychologie de Siham et nous nous sommes beaucoup questionnés sur un point : une femme peut-elle tuer des enfants pour une cause ? Pour Joëlle, il devait y avoir d’autres explications et elle s’est mise à les chercher. De mon côté, je me suis focalisé sur le visuel et c’est la musique qui m’a porté. Au montage, la place de ces scènes a encore évolué : j’ai laissé le film me contrôler et l’histoire d’amour a pris plus d’importance que dans le scénario. A un certain stade, on s’est rendu compte que la longueur des flash-back nuisait à la narration ; on a coupé deux minutes et je crois que l’on est arrivé au bon équilibre.

L'ATTENTAT DE Ziad DoueiriAu final, Siham garde malgré tout ses zones d’ombre...
Elle est enterrée avec ses mystères. Le portrait de cette femme a occupé une grande partie du temps d’écriture. Nous avons balayé toutes les hypothèses expliquant son geste kamikaze : sa naissance sur un barrage israélien qui a provoqué la mort de sa mère ; un côté suicidaire ou bipolaire ; le regret de ne pas s’être accomplie professionnellement et d’être restée dans l’ombre d’Amine, etc... Mais se contenter d’une seule explication aurait été une erreur. La solution était ailleurs : il fallait laisser le spectateur libre de toute interprétation. Ce qui importe le plus dans le film, c’est ce qu’Amine apprend sur son couple et sur lui-même.

Par contre, il y a une certitude : Siham n’agit pas par conviction religieuse.
Tous les occidentaux s’attendent à ce qu’un tel attentat soit forcément perpétré par une fondamentaliste musulmane. Mais en Palestine, le peuple lutte contre une occupation, la révolte est politique... Lorsque nous étions en repérages de nuit à Naplouse, qui est une ville musulmane et conservatrice, nous sommes tombés sur… Il ne faut pas donner la fin !

Ce qui surprend dans le ton du film, c’est l’absence de sentiments exacerbés et de révolte. Pourquoi avoir choisi cette voie ?
Le conflit israélo-palestinien et la colère qu’il suscite sont connus de tous. Je voulais m’éloigner de cette rhétorique de revendication. Dans son livre, Yasmina Khadra tenait cette position, sans jamais céder au moindre slogan politique. Avec Joëlle, nous avons suivi le même cap. C’était ardu parce qu’un seul mot peut être interprété, récupéré par l’un des deux camps. Il ne s’agissait pas de montrer le Mal ou la victime ultime : c’est une histoire d’amour où coexistent deux points de vue.
Dans la réalité, il existe bien une occupation israélienne. Je l’ai moi-même vécue pendant toute mon enfance au Liban. Mais dans un film, si l’on confronte le personnage principal à des antagonistes supposés mauvais, le combat est convenu, caricatural. Si, au contraire, on reconnaît un sens, une valeur au point de vue israélien, l’affrontement se fait entre deux forces revendiquant leur point de vue, ce qui est encore plus convaincant.
(extrait dossier de presse)

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