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Mercredi cinéma : "Et soudain tout le monde me manque" de Jennifer Devoldère avec Mélanie Laurent

Publié le : 20-04-2011

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

Et soudain tout le monde me manqueZoom nouveauté : "Et soudain tout le monde me manque" de Jennifer Devoldère

L'histoire
La famille, c’est compliqué…
Surtout quand Eli, le père, bientôt 60 ans, attend un enfant de sa nouvelle femme. À l’annonce de la nouvelle, ses deux grandes filles, Dom, qui cherche à adopter, et Justine, qui passe d’un petit ami à un autre sans trop d’état d’âme, sont ébranlées.
Pour se rapprocher de Justine avec qui il n’a jamais pu s’entendre, Eli a la bonne idée de se lier d’amitié avec tous ses ex… À son insu.
Mais lorsque Justine tombe de nouveau amoureuse et qu’Eli s’apprête à tout gâcher, la famille est sur le point d’imploser. Est-ce que tout ce petit monde va parvenir à se réconcilier avant qu’il ne soit trop tard ?
Un film de Jennifer Devoldère avec Mélanie Laurent, Michel Blanc, Géralidne Nakache, Manu Payet, Guillaume Gouix, Florence Loiret-Caille, Claude Perron, Sébastien Castro…

Bonus : propos de Jennifer Devoldère, réalisatrice du film

Dans votre précédent film, "Jusqu'à toi", comme dans celui-ci, Mélanie Laurent joue votre alter ego.
Oui, c’est vrai qu’elle me joue toujours “moi”… Mais Michel Blanc joue aussi un peu moi dans ce film...

Justine et Eli ont des caractères très proches.
Effectivement, par pudeur, ils montrent peu ce qu’ils ressentent, ils ne s’abandonnent pas. Ils ne sont pas faciles d’accès et en même temps, ils peuvent être très spontanés et dire les choses sans filtre. Eli a souvent été absent durant l’enfance de Justine, ce n’est pas souligné dans le film, mais ils se connaissent peu en fait. Quand l’absence a existé pendant l’enfance, il peut s’avérer difficile de construire une relation par la suite. Entre Justine et Eli, il y a un manque de confiance et de complicité. Mais même s’ils sont un mystère l’un pour l’autre, on va s’apercevoir au fur et à mesure de l’histoire qu’ils sont plus proches que ce qu’ils imaginaient.

Mélanie LaurentC’est un film sur un père et une fille qui se découvrent ?
Je dirais plutôt que c’est un film sur la réconciliation d’une fille avec son père. Eli est un homme qui aime mal sa famille, mais qui l’aime profondément. Il vient d’une génération de père qui a connu un succès économique et qui est rentrée dans une phase où le travail prenait plus d’importance que la vie privée. Il a eu également la possibilité d’avoir plusieurs femmes, et là aussi ça a fait chanceler sa vie familiale.
C’est un type charismatique, qui a une certaine liberté. Il est marrant, il sait des choses. En revanche, pour sa famille, c’est difficile. Il n’est jamais présent, il ne sait pas exprimer ses sentiments, il fuit sans cesse. La scène du repas d’anniversaire, au début, le montre bien.
Cette scène met en exergue le fait que dans cette famille tout le monde se parle sans vraiment s’écouter. Chacun semble isolé dans sa réalité. C’est ainsi dans ma famille… Tout le monde parle, parle, parle, veut raconter « son truc », mais personne n’écoute vraiment. De toute façon c’est comme ça la famille, qu’elle soit idéale ou pas… Chacun essaye de se faire une place (rires).

Pourquoi avez-vous choisi Michel Blanc pour ce rôle ?
Je voyais quelqu’un de petit et de frêle, un homme qui ne soit pas impressionnant physiquement, mais qui en impose d’emblée autrement. Je n’avais jamais rencontré Michel Blanc, mais il semblait pouvoir jouer les névroses obsessionnelles du personnage d’Eli. Il possédait son énergie aussi, sa vivacité d’esprit. Et puis c’est un grand acteur, à la fois comique et dramatique. Je crois que le rôle nécessitait quelqu’un qui soit capable d’incarner un homme à la fois exaspérant, souvent désagréable, tout en restant touchant.

Et tout le monde me manque de Jennifer Devoldère"Et soudain, tout le monde me manque" est un film sur deux personnages dont on attend qu’ils se parlent, mais qui ne le font jamais. Pourquoi avoir délibérément choisi de frustrer le spectateur ?
Pour le mettre dans la même situation que les protagonistes. Le spectateur s’attend à une réconciliation, il pense qu’elle va arriver et non, les personnages se ratent. Justine et Eli n’arrivent jamais à saisir le moment où ils pourraient se parler.

Quand vous écrivez pour Mélanie Laurent, vous partez de situations dans lesquelles vous voulez la voir ou d’émotions que vous voulez lui faire vivre ?
Je ne réfléchis pas de cette façon. Je me préoccupe surtout de faire avancer le récit. Mélanie m’influence par sa façon d’exprimer les choses, par son langage, son rythme ou sa manière d’être. C’est sa voix que j’entends. Elle n’a pas seulement une couleur, elle a beaucoup de facettes et c’est à sa complexité que je pense. Elle a une fragilité et en même temps une très grande force. Une grande confiance en elle mais aussi une sensibilité exacerbée. Pour être très sincère, j’ai un rapport assez fusionnel avec elle. Pendant le montage, il m’est arrivé de rêver d’elle à ma place… Mélanie me joue même dans mes rêves (rires).

Tout son jeu prend sa mesure lors de la scène d’hôpital.
Dans cette scène, Justine est complètement collée à ce qui se passe. Elle n’a plus cette distance, ce décalage qui d’habitude la protège. Mélanie a été filmée de façon brute, pour être au plus près de son émotion. Lors des deux premières prises, c’était une souffrance, je ne pouvais pas la regarder. J’avais physiquement mal pour elle. D’ailleurs, c’est toujours une séquence que j’ai du mal à revoir.

A quel point Justine vous ressemble ?
Ce que je vais dire pourra sembler intellectuel, mais c’est vrai que Justine a, en quelque sorte, la place de l’artiste. Elle est dans l’observation. Et elle voudrait que la réalité puisse se soumettre à son fantasme, même si ça ne marche pas toujours. En cela, elle est un peu identique à une réalisatrice de films… Après, je ne sais pas à quel point nous nous ressemblons. J’ai l’impression que l’on délivre toujours inconsciemment une part de soi, mais elle est difficile à quantifier.

D’où est venue cette idée des radios comme moyen d’expression artistique ?
Par hasard. Je cherchais un métier que pourrait exercer Justine. Dans les films, c’est toujours compliqué de choisir une profession parce qu’après, il faut l’expliquer. Donc je me suis mise en quête d’un travail simple et connu de tous. Je ne sais pas comment est venue la radiologie. Un jour, j’ai fait un panoramique dentaire et j’avais trouvé ça amusant…

En effet, c’est amusant cette idée des radios comme moyen d’expression artistique.
Oui, j’ai écrit en me disant que si j’étais manipulatrice en radiologie, c’est ce que j’aurais eu envie de faire. Tout ce matériel coûteux à sa disposition pour voir l’intérieur des objets et des gens, et puis c’est assez beau les radios, c’est très graphique. Dans le film, on voit les œuvres d’Hugh Turvey, un artiste anglais.

Michel Blanc C’est vraiment possible de radiographier un frigo ?
En fait, on peut tout radiographier. Et presque tous les radiologues font de l’art avec leur support. Après, le résultat est plus ou moins réussi... Et la symbolique de radiographier les gens, son amoureux, son père… La symbolique est évidemment de dire l’extrême clairvoyance de Justine, elle perçoit les gens de l’intérieur. L’autre n’a aucun secret pour elle.

Il y a aussi l’idée, présente dans votre premier film, de la « muse masculine », ici incarnée par Guillaume Gouix.
Le désir est le principal moteur dans la vie. Quand on tombe amoureux, subitement la créativité est décuplée. C’est vrai qu’à chaque fois, je mets en avant l’autre comme moteur de la créativité. Le personnage de Guillaume est le personnage le plus droit, le plus philosophe du film. Il est d’abord séduit par l’imaginaire et la créativité de Justine.

Comment avez-vous abordé ce film esthétiquement?
Je voulais faire un film sans cesse en mouvement. Comme il y avait beaucoup de personnages, d’histoires parallèles et de dialogues, je voulais que mes personnages se déplacent sans cesse, qu’ils tournent, comme une ronde… Je souhaitais donner l’impression que rien ne semble figé, qu’aucune situation n’est inéluctable. "Et soudain… tout le monde me manque" est avant tout un film de personnages, un film pour les acteurs. Il fallait, pour que l’alchimie fonctionne, qu’ils puissent prendre plaisir à jouer.

Votre film tresse ensemble différents destins. Pouvez-vous en parler ?
J’ai voulu que chaque personnage ait son parcours, et sa propre résolution. Il n’y a pas de rôles secondaires, j’ai tenu à les considérer comme des rôles principaux, en fait. C’est un film « semichoral » sur la famille, autour de Mélanie Laurent et Michel Blanc. Il y a Dom, la demi-sœur de Justine, jouée par Florence Loiret Caille, et Bertrand, son mari, joué par Sebastien Castro, qui constituent, autour de la problématique d’adoption, l’histoire B du film.
Suzanne (Claude Perron) est la nouvelle femme d’Eli, et c’est elle qui chapitre le film. Enfin, Manu Payet et Géraldine Nakache qui jouent respectivement les confidents de Michel et Mélanie, vont connaître une histoire d’amour. A la fin, tous ces personnages réunis grâce à Eli, vont constituer en quelque sorte une nouvelle famille, plus harmonieuse et plus sereine que la première.

Pouvez-vous nous parler de la musique qui a presque la place d’un personnage.
C’est Nathan Johnson qui a composé la musique. Je voulais que la musique soit mélodique et colle aux personnages. Et qu’elle ait une couleur « pop » comme le film. Il y a le thème de Justine et celui d’Eli. A la fin, tous les thèmes musicaux s’imbriquent les uns dans les autres, chaque chose trouve sa place, comme si tout faisait soudain sens. Nathan Johnson avait fait "les Brothers Bloom", et je trouvais sa musique vraiment élégante, toujours juste. Elle donne le sentiment que rien n’est si important, qu’il y a quelque chose de plus vaste qui dépasse les personnages.

Aviez-vous des références de films ou de série en faisant "Et soudain, tout le monde me manque" ?
Quelques unes : Larry David dans "Curb" et aussi "Annie Hall". Et "Nous nous sommes tant aimés" parce qu’il y a beaucoup de ruptures dans mon film, on rompt souvent avec l’émotion précédente. Et même si ce n’est pas du tout la même histoire, mon film aurait pu s’appeler "Nous nous sommes tant aimés, non ?

Etrangement, le film n’est pas dédicacé alors qu’il semble s’adresser à votre père.
J’ai décidé de ne pas dédicacer ce film à mon père après deux mois de réflexion. D’abord, ce film est une dédicace en soi. Ensuite, je trouve que, contrairement à un livre, un film ne se dédicace pas. Le livre est un objet personnel que l’on a chez soi. On est en rapport avec l’auteur, il y a une connexion directe entre lui et nous. Quand on voit un film on n’est pas en relation avec le metteur en scène. On est en relation avec les acteurs et l’histoire. Un film appartient à tout le monde. J’ai choisi de mettre un mot à mon père dans les remerciements.
(Extrait dossier de presse)

Autres films toujours à l'affiche :
"Mon père est femme de ménage" de Saphia Azzedine
"La Nostra Vita" de Daniele Luchetti
"Tous les soleils" de Philippe Claudel
"Les yeux de sa mère" de Thierry Klifa
"Ma part du gâteau" de Cédric Klapisch

Je souhaite que, vous aussi, vous partagiez vos émotions et vos coups de cœur ciné. Envoyez vos critiques de films par mail (contact@journaldefrancois.fr ). Elles seront publiées dans le Journal !
Mercredi cinéma, c’est votre rendez-vous !

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

Et soudain tout le monde me manqueZoom nouveauté : "Et soudain tout le monde me manque" de Jennifer Devoldère

L'histoire
La famille, c’est compliqué…
Surtout quand Eli, le père, bientôt 60 ans, attend un enfant de sa nouvelle femme. À l’annonce de la nouvelle, ses deux grandes filles, Dom, qui cherche à adopter, et Justine, qui passe d’un petit ami à un autre sans trop d’état d’âme, sont ébranlées.
Pour se rapprocher de Justine avec qui il n’a jamais pu s’entendre, Eli a la bonne idée de se lier d’amitié avec tous ses ex… À son insu.
Mais lorsque Justine tombe de nouveau amoureuse et qu’Eli s’apprête à tout gâcher, la famille est sur le point d’imploser. Est-ce que tout ce petit monde va parvenir à se réconcilier avant qu’il ne soit trop tard ?
Un film de Jennifer Devoldère avec Mélanie Laurent, Michel Blanc, Géralidne Nakache, Manu Payet, Guillaume Gouix, Florence Loiret-Caille, Claude Perron, Sébastien Castro…

Bonus : propos de Jennifer Devoldère, réalisatrice du film

Dans votre précédent film, "Jusqu'à toi", comme dans celui-ci, Mélanie Laurent joue votre alter ego.
Oui, c’est vrai qu’elle me joue toujours “moi”… Mais Michel Blanc joue aussi un peu moi dans ce film...

Justine et Eli ont des caractères très proches.
Effectivement, par pudeur, ils montrent peu ce qu’ils ressentent, ils ne s’abandonnent pas. Ils ne sont pas faciles d’accès et en même temps, ils peuvent être très spontanés et dire les choses sans filtre. Eli a souvent été absent durant l’enfance de Justine, ce n’est pas souligné dans le film, mais ils se connaissent peu en fait. Quand l’absence a existé pendant l’enfance, il peut s’avérer difficile de construire une relation par la suite. Entre Justine et Eli, il y a un manque de confiance et de complicité. Mais même s’ils sont un mystère l’un pour l’autre, on va s’apercevoir au fur et à mesure de l’histoire qu’ils sont plus proches que ce qu’ils imaginaient.

Mélanie LaurentC’est un film sur un père et une fille qui se découvrent ?
Je dirais plutôt que c’est un film sur la réconciliation d’une fille avec son père. Eli est un homme qui aime mal sa famille, mais qui l’aime profondément. Il vient d’une génération de père qui a connu un succès économique et qui est rentrée dans une phase où le travail prenait plus d’importance que la vie privée. Il a eu également la possibilité d’avoir plusieurs femmes, et là aussi ça a fait chanceler sa vie familiale.
C’est un type charismatique, qui a une certaine liberté. Il est marrant, il sait des choses. En revanche, pour sa famille, c’est difficile. Il n’est jamais présent, il ne sait pas exprimer ses sentiments, il fuit sans cesse. La scène du repas d’anniversaire, au début, le montre bien.
Cette scène met en exergue le fait que dans cette famille tout le monde se parle sans vraiment s’écouter. Chacun semble isolé dans sa réalité. C’est ainsi dans ma famille… Tout le monde parle, parle, parle, veut raconter « son truc », mais personne n’écoute vraiment. De toute façon c’est comme ça la famille, qu’elle soit idéale ou pas… Chacun essaye de se faire une place (rires).

Pourquoi avez-vous choisi Michel Blanc pour ce rôle ?
Je voyais quelqu’un de petit et de frêle, un homme qui ne soit pas impressionnant physiquement, mais qui en impose d’emblée autrement. Je n’avais jamais rencontré Michel Blanc, mais il semblait pouvoir jouer les névroses obsessionnelles du personnage d’Eli. Il possédait son énergie aussi, sa vivacité d’esprit. Et puis c’est un grand acteur, à la fois comique et dramatique. Je crois que le rôle nécessitait quelqu’un qui soit capable d’incarner un homme à la fois exaspérant, souvent désagréable, tout en restant touchant.

Et tout le monde me manque de Jennifer Devoldère"Et soudain, tout le monde me manque" est un film sur deux personnages dont on attend qu’ils se parlent, mais qui ne le font jamais. Pourquoi avoir délibérément choisi de frustrer le spectateur ?
Pour le mettre dans la même situation que les protagonistes. Le spectateur s’attend à une réconciliation, il pense qu’elle va arriver et non, les personnages se ratent. Justine et Eli n’arrivent jamais à saisir le moment où ils pourraient se parler.

Quand vous écrivez pour Mélanie Laurent, vous partez de situations dans lesquelles vous voulez la voir ou d’émotions que vous voulez lui faire vivre ?
Je ne réfléchis pas de cette façon. Je me préoccupe surtout de faire avancer le récit. Mélanie m’influence par sa façon d’exprimer les choses, par son langage, son rythme ou sa manière d’être. C’est sa voix que j’entends. Elle n’a pas seulement une couleur, elle a beaucoup de facettes et c’est à sa complexité que je pense. Elle a une fragilité et en même temps une très grande force. Une grande confiance en elle mais aussi une sensibilité exacerbée. Pour être très sincère, j’ai un rapport assez fusionnel avec elle. Pendant le montage, il m’est arrivé de rêver d’elle à ma place… Mélanie me joue même dans mes rêves (rires).

Tout son jeu prend sa mesure lors de la scène d’hôpital.
Dans cette scène, Justine est complètement collée à ce qui se passe. Elle n’a plus cette distance, ce décalage qui d’habitude la protège. Mélanie a été filmée de façon brute, pour être au plus près de son émotion. Lors des deux premières prises, c’était une souffrance, je ne pouvais pas la regarder. J’avais physiquement mal pour elle. D’ailleurs, c’est toujours une séquence que j’ai du mal à revoir.

A quel point Justine vous ressemble ?
Ce que je vais dire pourra sembler intellectuel, mais c’est vrai que Justine a, en quelque sorte, la place de l’artiste. Elle est dans l’observation. Et elle voudrait que la réalité puisse se soumettre à son fantasme, même si ça ne marche pas toujours. En cela, elle est un peu identique à une réalisatrice de films… Après, je ne sais pas à quel point nous nous ressemblons. J’ai l’impression que l’on délivre toujours inconsciemment une part de soi, mais elle est difficile à quantifier.

D’où est venue cette idée des radios comme moyen d’expression artistique ?
Par hasard. Je cherchais un métier que pourrait exercer Justine. Dans les films, c’est toujours compliqué de choisir une profession parce qu’après, il faut l’expliquer. Donc je me suis mise en quête d’un travail simple et connu de tous. Je ne sais pas comment est venue la radiologie. Un jour, j’ai fait un panoramique dentaire et j’avais trouvé ça amusant…

En effet, c’est amusant cette idée des radios comme moyen d’expression artistique.
Oui, j’ai écrit en me disant que si j’étais manipulatrice en radiologie, c’est ce que j’aurais eu envie de faire. Tout ce matériel coûteux à sa disposition pour voir l’intérieur des objets et des gens, et puis c’est assez beau les radios, c’est très graphique. Dans le film, on voit les œuvres d’Hugh Turvey, un artiste anglais.

Michel Blanc C’est vraiment possible de radiographier un frigo ?
En fait, on peut tout radiographier. Et presque tous les radiologues font de l’art avec leur support. Après, le résultat est plus ou moins réussi... Et la symbolique de radiographier les gens, son amoureux, son père… La symbolique est évidemment de dire l’extrême clairvoyance de Justine, elle perçoit les gens de l’intérieur. L’autre n’a aucun secret pour elle.

Il y a aussi l’idée, présente dans votre premier film, de la « muse masculine », ici incarnée par Guillaume Gouix.
Le désir est le principal moteur dans la vie. Quand on tombe amoureux, subitement la créativité est décuplée. C’est vrai qu’à chaque fois, je mets en avant l’autre comme moteur de la créativité. Le personnage de Guillaume est le personnage le plus droit, le plus philosophe du film. Il est d’abord séduit par l’imaginaire et la créativité de Justine.

Comment avez-vous abordé ce film esthétiquement?
Je voulais faire un film sans cesse en mouvement. Comme il y avait beaucoup de personnages, d’histoires parallèles et de dialogues, je voulais que mes personnages se déplacent sans cesse, qu’ils tournent, comme une ronde… Je souhaitais donner l’impression que rien ne semble figé, qu’aucune situation n’est inéluctable. "Et soudain… tout le monde me manque" est avant tout un film de personnages, un film pour les acteurs. Il fallait, pour que l’alchimie fonctionne, qu’ils puissent prendre plaisir à jouer.

Votre film tresse ensemble différents destins. Pouvez-vous en parler ?
J’ai voulu que chaque personnage ait son parcours, et sa propre résolution. Il n’y a pas de rôles secondaires, j’ai tenu à les considérer comme des rôles principaux, en fait. C’est un film « semichoral » sur la famille, autour de Mélanie Laurent et Michel Blanc. Il y a Dom, la demi-sœur de Justine, jouée par Florence Loiret Caille, et Bertrand, son mari, joué par Sebastien Castro, qui constituent, autour de la problématique d’adoption, l’histoire B du film.
Suzanne (Claude Perron) est la nouvelle femme d’Eli, et c’est elle qui chapitre le film. Enfin, Manu Payet et Géraldine Nakache qui jouent respectivement les confidents de Michel et Mélanie, vont connaître une histoire d’amour. A la fin, tous ces personnages réunis grâce à Eli, vont constituer en quelque sorte une nouvelle famille, plus harmonieuse et plus sereine que la première.

Pouvez-vous nous parler de la musique qui a presque la place d’un personnage.
C’est Nathan Johnson qui a composé la musique. Je voulais que la musique soit mélodique et colle aux personnages. Et qu’elle ait une couleur « pop » comme le film. Il y a le thème de Justine et celui d’Eli. A la fin, tous les thèmes musicaux s’imbriquent les uns dans les autres, chaque chose trouve sa place, comme si tout faisait soudain sens. Nathan Johnson avait fait "les Brothers Bloom", et je trouvais sa musique vraiment élégante, toujours juste. Elle donne le sentiment que rien n’est si important, qu’il y a quelque chose de plus vaste qui dépasse les personnages.

Aviez-vous des références de films ou de série en faisant "Et soudain, tout le monde me manque" ?
Quelques unes : Larry David dans "Curb" et aussi "Annie Hall". Et "Nous nous sommes tant aimés" parce qu’il y a beaucoup de ruptures dans mon film, on rompt souvent avec l’émotion précédente. Et même si ce n’est pas du tout la même histoire, mon film aurait pu s’appeler "Nous nous sommes tant aimés, non ?

Etrangement, le film n’est pas dédicacé alors qu’il semble s’adresser à votre père.
J’ai décidé de ne pas dédicacer ce film à mon père après deux mois de réflexion. D’abord, ce film est une dédicace en soi. Ensuite, je trouve que, contrairement à un livre, un film ne se dédicace pas. Le livre est un objet personnel que l’on a chez soi. On est en rapport avec l’auteur, il y a une connexion directe entre lui et nous. Quand on voit un film on n’est pas en relation avec le metteur en scène. On est en relation avec les acteurs et l’histoire. Un film appartient à tout le monde. J’ai choisi de mettre un mot à mon père dans les remerciements.
(Extrait dossier de presse)

Autres films toujours à l'affiche :
"Mon père est femme de ménage" de Saphia Azzedine
"La Nostra Vita" de Daniele Luchetti
"Tous les soleils" de Philippe Claudel
"Les yeux de sa mère" de Thierry Klifa
"Ma part du gâteau" de Cédric Klapisch

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