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Mercredi cinéma : "Cheba Louisa" de Françoise Charpiat avec Rachida Brakni, Isabelle Carré.

Publié le : 08-05-2013

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont (pas de séance le 8 mai)
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

CHEBA LOUISA de Françoise CharpiatZoom nouveauté : "Cheba Louisa" de Françoise Charpiat

L'histoire
À 30 ans, Djemila, juriste célibataire a enfin son propre appartement… à deux pas de chez ses parents. Française d’origine maghrébine, elle fait tout pour gommer ses origines. Emma, sa voisine déjantée et fauchée, rame pour élever seule ses deux enfants. Alors que tout oppose les deux femmes, une amitié profonde va naître grâce à leur amour de la musique.
Un film de Françoise Charpiat avec Rachida Brakni, Isabelle Carré…

 

Entretien avec Françoise Charpiat, réalisatrice du film

CHEBA LOUISA de Françoise CharpiatComment êtes-vous passée des programmes d'animation pour enfants à la fiction ?
C'est grâce au dessin animé que je me suis découverte un sens aigu du visuel. Ce fut un apprentissage formidable pour la réalisation.
Après, j'ai aussi fait de la fiction en travaillant notamment sur "La vie érotique de la grenouille", pour la productrice Laurence Bachmann. C'est elle qui m'a suggéré de réfléchir à la réalisation d'un long métrage, mais j’ai fini par lui soumettre un court métrage, "Oh My God". Plus tard, à l'occasion du "Sidaction", j'ai présenté à Laurence le scénario d'une mini-série, "Manège", que j'ai également mise en scène.

Que vous ont apporté ces deux tournages ?
La direction d'acteurs que j'ai vécue davantage comme une rencontre humaine. Jusqu'à présent, j'ai la chance de réaliser des films dont je suis l'auteur : je connais mes personnages par cœur, je suis en empathie avec eux. La mise en scène vient de là. Je ne suis pas une technicienne de formation ; le processus est très intuitif.

CHEBA LOUISA de Françoise CharpiatL'un des points de départ de "Cheba Louisa" est votre découverte des cabarets algériens...
Deux choses ont motivé l'écriture du film. Il y a eu ce débat autour des tests ADN pour les étrangers, initié par Eric Besson : j'étais choquée et je voulais réagir à ma manière, en prenant un crayon et une caméra. Peu après, je suis tombée sur un article de "Libération" : il dressait le portrait d'une chanteuse itinérante qui se produisait le week-end dans des cabarets de la périphérie. Lorsque je les ai découverts à la Courneuve, dans le 19ème et le 20ème, c'était comme me retrouver dans les guinguettes de bord de Marne du siècle dernier.
Je me souviens de l'ambiance du "Zefira", situé Porte de la Villette, où je suis allée avec ma coscénariste, Mariem Hamidat. C'était extrêmement chaleureux. Les gens y viennent en famille, de la jeune fille à la grand-mère, on boit du thé à la menthe ou de l'alcool, et tout le monde danse très bien... y compris les garçons (rires). J'étais la seule « Française d'origine » et je ne m'y suis jamais sentie mal à l'aise.

Était-ce la musique ou l'atmosphère transgénérationnelle qui vous a donné l'envie d'écrire?

Le raï vient d’Oran. Par la présence de ses cabarets, on dit qu’il s’agit de la ville la plus tolérante d'Algérie, j’aimais bien l’idée de le faire savoir. Je voulais aussi montrer une autre banlieue que celle que l’on voit trop, un endroit où des gens vivent et s'amusent aussi. Au départ, j'ai écrit "Cheba Louisa" sans préjuger de ce que le texte allait devenir. J'ai tout de suite pensé au personnage de la grand-mère, star de la chanson, dont l'image hante Djemila. J’avais aussi envie d’inverser les idées reçues en orchestrant la rencontre entre une Maghrébine trop intégrée et une Française « désintégrée ».

Comment avez-vous composé la personnalité de vos deux héroïnes, Emma et Djemila ?
Elles ont toutes les deux un fort tempérament et de nombreuses ressources. Djemila est l'aînée, la merveille de la famille. Ce statut est très compliqué à vivre, car on ne peut pas décevoir. Sa mère est abusive mais elle est incapable de s'opposer frontalement à elle. Et puis, Djemila a CHEBA LOUISA de Françoise Charpiatréussi son intégration. Elle la trouve si précieuse qu’elle la protège à son propre détriment. En comparaison, Emma est une femme libre. Elle pense comme elle veut, elle s’habille comme elle veut et élève ses enfants à sa façon unique. C’est pourtant elle qui vit l’adversité du quotidien.

Quelles étaient, pour Rachida Brakni et Isabelle Carré, les motivations pour incarner de tels personnages ?
Rachida s'est montrée très attentive à la manière dont j'abordais le sujet. Jouer à la fois Djemila et sa grand-mère Louisa l'a emballée : elle venait de sortir un disque. Du coup, chanter pour la première fois en arabe dans le film la motivait pour le rôle. Et puis, nous nous sommes « rencontrées ».
Isabelle aimait le scénario, mais là encore, tout s'est joué lors de notre première rencontre. Elle avait souvent interprété des névrosées introverties, incarner l'inverse avec Emma la motivait. Elle a joué le jeu jusqu'au bout, en se faisant teindre en rousse et en s'appropriant la singularité d'Emma.
Avec Isabelle et Rachida, nous avons beaucoup échangé sur la politique. Nous partageons toutes les trois la même vision humaniste, à l'encontre des préjugés, des extrêmes, de tout ce qui clive et oppose. C’est sûr que ça aide pour faire un film comme ça.

En quoi le thème de la transmission, au cœur de l'évolution de Djemila, résonne-t-il par rapport à votre vécu ?
Il faut trouver sa liberté pour exister soi-même. Nos racines sont parfois encombrantes et il arrive un moment où l'on doit s'en libérer. Parfois même pour mieux renouer avec elles, plus tard. Être soumise aux atavismes ou aux tabous imposés par les autres peut détruire, faner... A l'image du combat mené par Djemila et Emma, c'est une question de caractère et d'instinct de survie.

CHEBA LOUISA de Françoise CharpiatDjemila comme Emma sont en quête d'accomplissement, à la fois en tant qu'individu et au regard des fantômes de leur passé...

Elles ont toutes les deux un deuil à faire. Djemila cherche à "digérer" l'héritage de sa grand-mère et Emma doit avancer, alors qu'elle a été frappée par le destin. C'est également une conquête de liberté : si Emma accepte la mort de son amour, si Djemila arrive à chanter face à sa mère, elles auront soldé le passé, quel que soit l'avenir qu'elles se construiront. Toutes deux auront la faculté de choisir. C'est le bien le plus précieux donné aux êtres.

Pourquoi avoir choisi la comédie pour évoquer des thèmes plutôt douloureux ?

Pour l'instant, je ne saurai pas faire autrement (rires). "Cheba Louisa" est un conte de fées. Je crois au pouvoir de l'humour comme vecteur d'opinions, d'engagements. J'adore les comédies à l'anglaise et, si je peux m'imaginer tourner un mélo, je ne me vois pas dans le drame social réaliste. Ken Loach y excelle mais je préfère un film comme "La Part des anges" où il opte pour une fable positive. J'adore aussi le cinéma de Mike Leigh, notamment "Secrets et mensonges" où, sans grands mouvements de caméra, le texte et les actrices portent un humanisme profond, jamais déprimant.

Dans votre mise en scène, vous optez pour la simplicité formelle, en faisant la part belle aux comédiens...
"Cheba Louisa" est avant tout un film d'acteurs : me focaliser sur eux a toujours été ma ligne directrice. L'image puise sa force dans la création d'un monde original, avec le choix des costumes, des coiffures, des couleurs, de la lumière et du Pré-Saint-Gervais comme décor pour la cité. J’espère avoir réussi à créer le monde original de "Cheba Louisa".

Comment aimeriez-vous que Cheba Louisa soit perçu ?
Comme une bouffée d'oxygène dans un monde de brutes. Le film est une invitation simple à considérer l'autre. Le Chaâbi et le Raï sont des musiques populaires que beaucoup reprennent en chœur et j'espère que ce film procurera le même effet.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont (pas de séance le 8 mai)
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

CHEBA LOUISA de Françoise CharpiatZoom nouveauté : "Cheba Louisa" de Françoise Charpiat

L'histoire
À 30 ans, Djemila, juriste célibataire a enfin son propre appartement… à deux pas de chez ses parents. Française d’origine maghrébine, elle fait tout pour gommer ses origines. Emma, sa voisine déjantée et fauchée, rame pour élever seule ses deux enfants. Alors que tout oppose les deux femmes, une amitié profonde va naître grâce à leur amour de la musique.
Un film de Françoise Charpiat avec Rachida Brakni, Isabelle Carré…

 

Entretien avec Françoise Charpiat, réalisatrice du film

CHEBA LOUISA de Françoise CharpiatComment êtes-vous passée des programmes d'animation pour enfants à la fiction ?
C'est grâce au dessin animé que je me suis découverte un sens aigu du visuel. Ce fut un apprentissage formidable pour la réalisation.
Après, j'ai aussi fait de la fiction en travaillant notamment sur "La vie érotique de la grenouille", pour la productrice Laurence Bachmann. C'est elle qui m'a suggéré de réfléchir à la réalisation d'un long métrage, mais j’ai fini par lui soumettre un court métrage, "Oh My God". Plus tard, à l'occasion du "Sidaction", j'ai présenté à Laurence le scénario d'une mini-série, "Manège", que j'ai également mise en scène.

Que vous ont apporté ces deux tournages ?
La direction d'acteurs que j'ai vécue davantage comme une rencontre humaine. Jusqu'à présent, j'ai la chance de réaliser des films dont je suis l'auteur : je connais mes personnages par cœur, je suis en empathie avec eux. La mise en scène vient de là. Je ne suis pas une technicienne de formation ; le processus est très intuitif.

CHEBA LOUISA de Françoise CharpiatL'un des points de départ de "Cheba Louisa" est votre découverte des cabarets algériens...
Deux choses ont motivé l'écriture du film. Il y a eu ce débat autour des tests ADN pour les étrangers, initié par Eric Besson : j'étais choquée et je voulais réagir à ma manière, en prenant un crayon et une caméra. Peu après, je suis tombée sur un article de "Libération" : il dressait le portrait d'une chanteuse itinérante qui se produisait le week-end dans des cabarets de la périphérie. Lorsque je les ai découverts à la Courneuve, dans le 19ème et le 20ème, c'était comme me retrouver dans les guinguettes de bord de Marne du siècle dernier.
Je me souviens de l'ambiance du "Zefira", situé Porte de la Villette, où je suis allée avec ma coscénariste, Mariem Hamidat. C'était extrêmement chaleureux. Les gens y viennent en famille, de la jeune fille à la grand-mère, on boit du thé à la menthe ou de l'alcool, et tout le monde danse très bien... y compris les garçons (rires). J'étais la seule « Française d'origine » et je ne m'y suis jamais sentie mal à l'aise.

Était-ce la musique ou l'atmosphère transgénérationnelle qui vous a donné l'envie d'écrire?

Le raï vient d’Oran. Par la présence de ses cabarets, on dit qu’il s’agit de la ville la plus tolérante d'Algérie, j’aimais bien l’idée de le faire savoir. Je voulais aussi montrer une autre banlieue que celle que l’on voit trop, un endroit où des gens vivent et s'amusent aussi. Au départ, j'ai écrit "Cheba Louisa" sans préjuger de ce que le texte allait devenir. J'ai tout de suite pensé au personnage de la grand-mère, star de la chanson, dont l'image hante Djemila. J’avais aussi envie d’inverser les idées reçues en orchestrant la rencontre entre une Maghrébine trop intégrée et une Française « désintégrée ».

Comment avez-vous composé la personnalité de vos deux héroïnes, Emma et Djemila ?
Elles ont toutes les deux un fort tempérament et de nombreuses ressources. Djemila est l'aînée, la merveille de la famille. Ce statut est très compliqué à vivre, car on ne peut pas décevoir. Sa mère est abusive mais elle est incapable de s'opposer frontalement à elle. Et puis, Djemila a CHEBA LOUISA de Françoise Charpiatréussi son intégration. Elle la trouve si précieuse qu’elle la protège à son propre détriment. En comparaison, Emma est une femme libre. Elle pense comme elle veut, elle s’habille comme elle veut et élève ses enfants à sa façon unique. C’est pourtant elle qui vit l’adversité du quotidien.

Quelles étaient, pour Rachida Brakni et Isabelle Carré, les motivations pour incarner de tels personnages ?
Rachida s'est montrée très attentive à la manière dont j'abordais le sujet. Jouer à la fois Djemila et sa grand-mère Louisa l'a emballée : elle venait de sortir un disque. Du coup, chanter pour la première fois en arabe dans le film la motivait pour le rôle. Et puis, nous nous sommes « rencontrées ».
Isabelle aimait le scénario, mais là encore, tout s'est joué lors de notre première rencontre. Elle avait souvent interprété des névrosées introverties, incarner l'inverse avec Emma la motivait. Elle a joué le jeu jusqu'au bout, en se faisant teindre en rousse et en s'appropriant la singularité d'Emma.
Avec Isabelle et Rachida, nous avons beaucoup échangé sur la politique. Nous partageons toutes les trois la même vision humaniste, à l'encontre des préjugés, des extrêmes, de tout ce qui clive et oppose. C’est sûr que ça aide pour faire un film comme ça.

En quoi le thème de la transmission, au cœur de l'évolution de Djemila, résonne-t-il par rapport à votre vécu ?
Il faut trouver sa liberté pour exister soi-même. Nos racines sont parfois encombrantes et il arrive un moment où l'on doit s'en libérer. Parfois même pour mieux renouer avec elles, plus tard. Être soumise aux atavismes ou aux tabous imposés par les autres peut détruire, faner... A l'image du combat mené par Djemila et Emma, c'est une question de caractère et d'instinct de survie.

CHEBA LOUISA de Françoise CharpiatDjemila comme Emma sont en quête d'accomplissement, à la fois en tant qu'individu et au regard des fantômes de leur passé...

Elles ont toutes les deux un deuil à faire. Djemila cherche à "digérer" l'héritage de sa grand-mère et Emma doit avancer, alors qu'elle a été frappée par le destin. C'est également une conquête de liberté : si Emma accepte la mort de son amour, si Djemila arrive à chanter face à sa mère, elles auront soldé le passé, quel que soit l'avenir qu'elles se construiront. Toutes deux auront la faculté de choisir. C'est le bien le plus précieux donné aux êtres.

Pourquoi avoir choisi la comédie pour évoquer des thèmes plutôt douloureux ?

Pour l'instant, je ne saurai pas faire autrement (rires). "Cheba Louisa" est un conte de fées. Je crois au pouvoir de l'humour comme vecteur d'opinions, d'engagements. J'adore les comédies à l'anglaise et, si je peux m'imaginer tourner un mélo, je ne me vois pas dans le drame social réaliste. Ken Loach y excelle mais je préfère un film comme "La Part des anges" où il opte pour une fable positive. J'adore aussi le cinéma de Mike Leigh, notamment "Secrets et mensonges" où, sans grands mouvements de caméra, le texte et les actrices portent un humanisme profond, jamais déprimant.

Dans votre mise en scène, vous optez pour la simplicité formelle, en faisant la part belle aux comédiens...
"Cheba Louisa" est avant tout un film d'acteurs : me focaliser sur eux a toujours été ma ligne directrice. L'image puise sa force dans la création d'un monde original, avec le choix des costumes, des coiffures, des couleurs, de la lumière et du Pré-Saint-Gervais comme décor pour la cité. J’espère avoir réussi à créer le monde original de "Cheba Louisa".

Comment aimeriez-vous que Cheba Louisa soit perçu ?
Comme une bouffée d'oxygène dans un monde de brutes. Le film est une invitation simple à considérer l'autre. Le Chaâbi et le Raï sont des musiques populaires que beaucoup reprennent en chœur et j'espère que ce film procurera le même effet.
(extrait dossier de presse)

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