En septembre, le Journal de François avait mis en lumière Marie-Noëlle Richard, notre "Solidmums" du Plessis-Bouchard, qui se lançait dans une nouvelle aventure sportive. En effet, après avoir participé au "Raid Amazones" au Sri Lanka, elle avait décidé de se rendre en Jordanie pour parcourir les trois étapes du Half Marathon Des Sables (HMDS) dans le désert du Wadi Rum, situé dans le sud du pays. Et rappelez-vous, Marie-Noëlle, maman de deux jeunes ados (19 et 13 ans), avait dû subir cet été une opération pour extraire un carcinome (cancer de la peau). L'opération s'est bien passée et notre sportive devait désormais faire très attention à son exposition au soleil. Alors il est temps de retrouver Marie-Noëlle pour récolter ses confidences sur le défi qu'elle s'était lancé !
Marie-Noëlle, donnez-nous, avant tout, des nouvelles de votre santé ?
J'ai mis quinze jours à "toucher terre" après cette aventure extraordinaire. Et pendant toute la course je me suis très bien équipée et protégée. J'avais le feu vert de mon médecin pour cette course.
Vous parlez d'aventure extraordinaire… La Jordanie a tenu toutes ses promesses ?
Je dois avouer que les paysages du désert m'ont émerveillée. Difficile de croire qu'ils changent à chaque virage ! Mes yeux étaient en admiration tout le temps ! De plus il y avait très peu de touristes et cela rend le désert encore plus exceptionnel.
La situation en Israël n'a pas rendu les conditions de courses difficiles ?
C'est vrai que la Jordanie est proche d'Israël mais l'organisation du Half Marathon des Sables est au top ! Je n'ai jamais ressenti de l'insécurité, nous étions très bien encadrés et les Bédouins nous ont accueillis avec joie !
Evoquons la course. Vous avez relaté sur les réseaux sociaux (voir ci-dessous) vos trois jours de courses. Vous avez souffert mais vous vous êtes dépassée physiquement !
C'est vrai que j'ai souffert ! La chaleur, plus de 40 degrés ressentis lors de la 2ème étape (60 km) puis le sable mou permanent (pas de piste stable) ont rendu la course difficile. Aujourd'hui j'ai encore un orteil qui a du mal à retrouver son état normal !
Heureusement, le HDMS reste une course familiale même si elle comptait 420 participants cette année. Elle est accessible également aux marcheurs. Il n'y pas pas de barrière horaires, pas de récompenses. Chacun se fixe ses objectifs, chacun cherche une victoire personnelle, un dépassement de soi.
Pour ma part, comme je le raconte dans mon récit de course, j'ai vécu une expérience unique avec Pauline avec qui j'ai couru pendant 6 à 8 heures dans le désert. Grâce à elle qui avait le même niveau ensemble, j'ai réussi à me dépasser et à parcourir ces mythiques 60 km. Pour moi, c'est vraiment une belle victoire personnelle ! Je suis vraiment allée au bout du bout du bout !
Et les organisateurs du HMDS sont ravis car, cette année, 100% des participants ont terminé les trois étapes. Même des personnes peu sportives ont réussi leur épreuve en effectuant des étapes adaptées à leur niveau.
Enfin, votre participation au Half Marathon Des Sables (HDMS) était aussi solidaire ?
En effet, je suis partie avec l'aide de l'association Helpiti qui rassemble des équipes à travers le monde pour des projets sportifs et humanitaires. Nous étions huit femmes au passé compliqué (accidents, cancers, troubles alimentaires…) qui ont voulu se dépasser pour un projet qui a du sens !
C'est pourquoi nous avons collecté, avec l'aide des organisateurs, tous les bouchons utilisés lors de la course que nous avons remis à l'association "Green Wheelz" qui les revendra à des entreprises de recyclage des déchets. Les bénéfices iront ensuite à la Fondation Cerebral Paisy qui vient en aide aux enfants atteints de paralysie et aux personnes handicapées. Un don sera aussi remis à "Ecotree" qui œuvre au reboisement des forêts.
Bravo à Marie-Noëlle pour ce partage et, à n'en pas douter, nous la retrouverons prochainement pour de nouvelles aventures sportives et solidaires !
Bonus : le récit de Marie-Noëlle qu'elle a posté sur ses réseaux sociauxJour 1 - 5 novembre 2023 – 30 km
Levée à 2h34, rendez-vous à 3h30 dans le hall de l'hôtel et à 4h départ du bus. 4 heures 30 de trajet... vers le Wadi Rum !
Départ vers 9h30 : il y a du vent, il fait bon (enfin c'est ce qu'on pensait).
Petite course lors du top départ et très vite le sable en stoppe plus d'un dont moi ! Je vais alterner marche et course à pied jusqu'au Check Point (CP) n°2 puis marche uniquement.
Jusqu'au CP1, ça grimpe en mode escalade après 2 km, ça monte sévère dans les rochers, c'est la queue pour monter. Mais ça va, je suis dans les premiers donc moins d'attente que pour les suivants.
Ça va plutôt bien mais je me rends vite compte qu'on s'enfonce et que ça va vite me fatiguer.
Au 16ème km juste avant le CP2... L'enfer. Plein cagnard, pas d'ombre, j'ai envie de vomir, je ne me sens pas bien, je tiens en voyant les tentes au loin mais à deux doigts du malaise. Je fais une réaction au soleil... la crème solaire remise au CP1 et le sel dégagé foutent le bazar.
Je décide de me poser sous la tente : nettoyage des jambes et visage, crème. Je remplis mes 2 bidons vides, je grignote un peu mais rien de sucré ne passe. Les médecins ont du citron vert et ça... ça va me refaire pour les 5 km suivants.
J'ai une douleur sous l'orteil depuis 15 km et ça me suivra jusqu'à l'arrivée. La douleur remonte à la hanche, l'aine et c'est une torture.
La chaleur est trop forte, 39 degrés au plus chaud moment de la journée.
Je grimpe une montée totalement ensablée pensant que c'est la dernière... et non... j'en peux plus, la douleur, la chaleur, le sac qui pèse un âne mort.
Je veux arriver... je décoince un sourire quand je vois l'arche au loin et décide de courir la descente jusqu'à l'arrivée.
Bivouac magique et à l'heure où j'écris ces mots : quasi tout le monde roupille à 21hJour 2 – 6 novembre 2023 – 62 km
Départ à 7h après une nuit de bivouac
Il fait encore bon à cette heure, je décide de partir en marche rapide et en trottinant quand j'en suis capable.
L'arrivée au CP1 est chouette. Audrey, notre accompagnante nous encourage et m'annonce que mes enfants restés en France vont bien, j'ai les larmes aux yeux, faut dire que les émotions dans ce désert sont multipliées par 1 000. Je vous laisse imaginer !
Je m'arrête avant le CP2 pour prendre des photos de chèvres venues de nulle part ! Et que peuvent-elles manger ? Les voir me donne le sourire et me font penser à mes petites chèvres de La Clusaz (d'ailleurs, ma clochette La Clusaz est accrochée à mon sac !).
Faisons une pause sac... en ce jour 2, il doit encore peser avec l'eau pas loin de 9 kg. Il contient de quoi dormir, manger, boire, se nettoyer, seul extra : 1 jeu "Uno" que je laisserai le lendemain soir aux enfants du Wadi Rum.
L'arrivée est interminable au CP2... on commence à faire des blagues avec Jérôme, venu avec sa chérie ! On aperçoit des mirages de CP2 partout : on a soif, on a chaud, le soleil tape !
Alléluia le Check Point 2 est en vue !
Petite pause : je sors des lingettes à réhydrater pour nettoyer le sable et sel puis il faut remettre de la crème solaire (Dr Bouscarat, vous avez lu ? Élève modèle !) Je ne rigole plus avec le soleil suite à mon cancer de la peau détecté cet été ! Sur les conseils de Michaël qui a fait plusieurs Marathon des Sables, j'ai investi dans un tee-shirt manches longues anti-UV, une casquette saharienne anti-UV, des manchettes anti-UV... bref vous l'aurez compris : protégez-vous, pensez à la crème régulièrement et ce n'est pas parce que vous mettez de la crème que vous ne prendrez pas de couleurs (phrase que j'ai souvent entendue).
Au CP2, j'ai du mal à m'alimenter, le sucre me dégoûte ! J'ai des purées salées mais la chaleur les a rendues bouillantes et ça m'écœure, je me force avec de l'eau.
J'entends beaucoup de personnes qui modifient leur plan pour partir sur le 40 km au lieu du 62 km à cause du sable présent quasi à 90% du temps (pour ne pas dire 100%).
Je doute, j'ai peur... je suis déjà bien fatiguée par la chaleur, je suis un peu perdue... pourquoi je ne changerais pas de plan si, eux le font, ils sont raisonnables...
Comme je le dis sous la tente de ce CP2 : mon cœur me dit « Vas-y Mano » et mon corps me dit « Bascule sur le 40 km sinon je vais te le faire regretter »
Puis j'entends Pauline Ardoin me dire : « Je suis dans le même questionnement, allons-y ensemble ! »
Jusqu'à maintenant, j'avais toujours marché quasi seule, je n'avais jamais trouvé quelqu'un qui allait à mon rythme. Et j'ai besoin de cette solitude un peu quand même.
On sort donc du CP2 avec Pauline dans l'idée de partir sur le 62 km. Quelques km plus loin, plus possible de réfléchir, il faut décider... à droite pour 40 km... à gauche pour attaquer les 62 !
Bingo... on écoute notre cœur ! On part toutes les deux avec le trouillomètre au max. On enchaîne des montées sableuses, des canyons... Le paysage est époustouflant ! On croise une caravane de chameaux, on a des encouragements de Bédouins qui habitent ce magnifique désert de Wadi Rum. Je pense à mes enfants... j'aurais tellement aimé qu'ils voient tout ça !
Je ne me sens pas bien du tout vers le 30ème km... Pauline me suggère de mettre mes Kub Or dans mon bidon d'eau ! Et ça marche... l'eau est tellement chaude que les cubes fondent et me réhydratent en sel et me retapent un peu. J'ai aussi un autre bidon avec de l'Hydrate !
On est tellement dans le dur, qu'on ne parle pas, chaque pas est compliqué. Mais on sait que si nous n'avions pas été toutes les deux, nous n'aurions pas pu avancer aussi loin. Pas de coïncidences, la vie met des personnes sur notre chemin pour une raison...
Je pense aux copains qui vont préparer le feu de camp (j'en rêve depuis qu'on est arrivés).
Je doute de plus en plus de notre capacité à terminer mais une petite voix au fond de moi me dit « en rampant ou en roulant dans les dunes... tu finiras ».
La nuit tombe, frontale sur la tête, on va mieux... les pas s'accélèrent, on ne subit plus la chaleur mais juste la fatigue du corps. Le cerveau marche en pilotage automatique.
Lors du dernier Check Point, on décide de s'arrêter manger, ça passe avec la fraîcheur de la nuit, il reste 8,5 km après. On sort la popotte, on chauffe notre plat, petit thé et hop… on repart d'un pas décidées à en découdre.
Le ciel est magnifique, les étoiles scintillent, nous sommes seules au monde. On commence à réaliser qu'on va finir.On croise un cameraman, qui immortalise notre ascension dans ce sable qu'on a hâte de quitter pour notre duvet.
On entend les oiseaux, des genres de grillons... un silence... juste celui de nos pas... ce moment restera à jamais gravé dans ma mémoire ! Les larmes montent... je me dis que, quand même, c'est énorme ce qu'on fait...
On entend la musique de l'arrivée au loin... On aperçoit Alessandro qui annonce au speaker Guillaume, les participants qui arrivent.
Quelques minutes après,... j'aperçois Hélèna qui a fait le 20 km et qui est venue me chercher pour les derniers mètres ! Elle était en chaussons à cause des ampoules !
J'entends mon prénom au micro, je dis à Pauline « allez on finit en courant », goooooo !
Haie d'honneur, les copains de la team Helpiti sont là aussi... Yes we did it ! Câlin collectif, je suis épuisée ! C'est une expérience humaine, sportive intense. Une introspection chaque jour. Une adaptation aux situations sans cesse.
Merci mon petit corps de ne pas m'avoir lâché !
Étape 3 – 8 novembre 2023 - 26,6 km et… 733 m !
Départ à 4h30 du matin.
Avant cette troisième étape, je vous parle rapidement de la journée de repos : soigner les ampoules, se reposer, se balader et boire un bon coca frais amené par les chameaux !
Audrey notre accompagnante nous a rejoints quelques heures en fin d'après-midi et enfin mon feu de camp !
Revenons-en à la course : c'est assez roulant dans le sable dès le départ ! Là, je me dis, c'est la dernière, tu donnes tout, il y a un le soleil en moins.
Objectifs : faire le max en courant ou marche rapide avant le lever du soleil qui va taper dur et ne pas me faire rattraper par les "chats", c'est-à-dire les 30 premiers du classement qui partent 2 heures après nous. (Les chats de notre équipe Helpity sont Marie, Jérémie et Mika).
De nuit c'est superbe toutes ces étoiles, cette fraîcheur. On découvre au dernier moment les différents paysages, le premier Check Point arrive vite, je ne m'arrête pas... puis arrive une énorme dune de sable... mes pieds me rappellent vite qu'ils sont à l'agonie ! Je me sers des bâtons pour grimper, on dirait une cordée en montagne (merci Laurent Varet pour les conseils).
Arrivée en haut, je découvre le lever du soleil ! Whaouhhh c'est tellement beau, émouvant, le paysage est toujours différent à chaque virage, chaque dune... mais quel pays ! Et ses habitants sont aux petits soins avec nous.. On descend cette dune comme des gosses, on s'enfonce, on rigole, on crie de joie.
Ensuite c'est un faux-plat montant alors qu'on m'avait dit que la fin serait… roulante ! J'arrive au CP2 assoiffée, ma seule gourde potable a fui et je n'ai pas eu assez d'eau, j'ai dû boire dans l'autre qui a une odeur de vomi (les Kub Or mis il y a 2 jours ont laissé avec la chaleur une affreuse odeur). J'explique rapidement le problème à un gilet bleu qui semble avoir connu le même problème et qui me remplit ma gourde propre, d'eau et me file un citron vert pour changer le goût dans ma bouche. Je ne traine pas, je suis avec une petite équipe qui me pousse au-delà de mes limites. Je vais les laisser quelques km avant l'arrivée, je me fais doubler par le premier... parti 2h après nous. Puis quelques autres vont me doubler également on dirait des gazelles quand ils courent quand moi, je suis en mode hippopotame !
De plus, ils sont souriants, ont de l'humour au passage... on entend et on voit au loin l'arrivée, je dis à un gars de l'équipe des "abeilles" « vite, vite, les chats arrivent »", je lui explique la situation et il est mort de rire !
Je peste... je m'attendais à ranger mes bâtons et dérouler les jambes sur du sable plat... mais non, jusqu'au bout les chevilles et les cuisses souffrent ! Mais je veux en découdre et vite. Le soleil tape sérieusement.
Oyé, l'arrivée ! Yes, I did it ! Youhouuuu mais quelle expérience de dingue, sportivement, humainement, intérieurement bref tous les "...ment" que vous imaginez !
Plein d'émotions me traversent. Je repense au jour où Marie, mon amie et présidente d'Helpiti me dit : « tu viens ? j'ai monté une équipe de femmes incroyables dans le cadre de l'association », dans un premier temps je lui ai répondu « T'es folle, je n'en suis pas capable, je ne tiens pas la chaleur, la distance... » puis vous connaissez la suite ! Le corps est une machine incroyable et il me l'a prouvé ces derniers mois alors qu'il était malade et manquait d'entraînements.
Je retiens une chose... des emmerdes, comme beaucoup j'en ai eu, des bâtons dans les roues aussi... mais finalement même si je veux/souhaite que ça se calme dans le futur (proche !), je préfère une vie qui ressemble à un électrocardiogramme variable que plat !
Merci à tout le staff de Michaël Bietheres qui part en Egypte dans quelques jours, à toi, Marie, merci l'équipe Helpiti, merci à tous nos sponsors et mécènes qui ont cru en nous et soutiennent cette association. Merci à mes amis, famille de m'avoir suivie et encouragée, merci mes chouloux (Timoté et Mael) de m'avoir permis également de participer à cette aventure ! Vous savez tous que j'ai besoin de ce genre d'aventure humaine, solidaire et sportive, cette soif de vivre, vibrer, être vivante, être utile...
En septembre, le Journal de François avait mis en lumière Marie-Noëlle Richard, notre "Solidmums" du Plessis-Bouchard, qui se lançait dans une nouvelle aventure sportive. En effet, après avoir participé au "Raid Amazones" au Sri Lanka, elle avait décidé de se rendre en Jordanie pour parcourir les trois étapes du Half Marathon Des Sables (HMDS) dans le désert du Wadi Rum, situé dans le sud du pays. Et rappelez-vous, Marie-Noëlle, maman de deux jeunes ados (19 et 13 ans), avait dû subir cet été une opération pour extraire un carcinome (cancer de la peau). L'opération s'est bien passée et notre sportive devait désormais faire très attention à son exposition au soleil. Alors il est temps de retrouver Marie-Noëlle pour récolter ses confidences sur le défi qu'elle s'était lancé !
Marie-Noëlle, donnez-nous, avant tout, des nouvelles de votre santé ?
J'ai mis quinze jours à "toucher terre" après cette aventure extraordinaire. Et pendant toute la course je me suis très bien équipée et protégée. J'avais le feu vert de mon médecin pour cette course.
Vous parlez d'aventure extraordinaire… La Jordanie a tenu toutes ses promesses ?
Je dois avouer que les paysages du désert m'ont émerveillée. Difficile de croire qu'ils changent à chaque virage ! Mes yeux étaient en admiration tout le temps ! De plus il y avait très peu de touristes et cela rend le désert encore plus exceptionnel.
La situation en Israël n'a pas rendu les conditions de courses difficiles ?
C'est vrai que la Jordanie est proche d'Israël mais l'organisation du Half Marathon des Sables est au top ! Je n'ai jamais ressenti de l'insécurité, nous étions très bien encadrés et les Bédouins nous ont accueillis avec joie !
Evoquons la course. Vous avez relaté sur les réseaux sociaux (voir ci-dessous) vos trois jours de courses. Vous avez souffert mais vous vous êtes dépassée physiquement !
C'est vrai que j'ai souffert ! La chaleur, plus de 40 degrés ressentis lors de la 2ème étape (60 km) puis le sable mou permanent (pas de piste stable) ont rendu la course difficile. Aujourd'hui j'ai encore un orteil qui a du mal à retrouver son état normal !
Heureusement, le HDMS reste une course familiale même si elle comptait 420 participants cette année. Elle est accessible également aux marcheurs. Il n'y pas pas de barrière horaires, pas de récompenses. Chacun se fixe ses objectifs, chacun cherche une victoire personnelle, un dépassement de soi.
Pour ma part, comme je le raconte dans mon récit de course, j'ai vécu une expérience unique avec Pauline avec qui j'ai couru pendant 6 à 8 heures dans le désert. Grâce à elle qui avait le même niveau ensemble, j'ai réussi à me dépasser et à parcourir ces mythiques 60 km. Pour moi, c'est vraiment une belle victoire personnelle ! Je suis vraiment allée au bout du bout du bout !
Et les organisateurs du HMDS sont ravis car, cette année, 100% des participants ont terminé les trois étapes. Même des personnes peu sportives ont réussi leur épreuve en effectuant des étapes adaptées à leur niveau.
Enfin, votre participation au Half Marathon Des Sables (HDMS) était aussi solidaire ?
En effet, je suis partie avec l'aide de l'association Helpiti qui rassemble des équipes à travers le monde pour des projets sportifs et humanitaires. Nous étions huit femmes au passé compliqué (accidents, cancers, troubles alimentaires…) qui ont voulu se dépasser pour un projet qui a du sens !
C'est pourquoi nous avons collecté, avec l'aide des organisateurs, tous les bouchons utilisés lors de la course que nous avons remis à l'association "Green Wheelz" qui les revendra à des entreprises de recyclage des déchets. Les bénéfices iront ensuite à la Fondation Cerebral Paisy qui vient en aide aux enfants atteints de paralysie et aux personnes handicapées. Un don sera aussi remis à "Ecotree" qui œuvre au reboisement des forêts.
Bravo à Marie-Noëlle pour ce partage et, à n'en pas douter, nous la retrouverons prochainement pour de nouvelles aventures sportives et solidaires !
Bonus : le récit de Marie-Noëlle qu'elle a posté sur ses réseaux sociauxJour 1 - 5 novembre 2023 – 30 km
Levée à 2h34, rendez-vous à 3h30 dans le hall de l'hôtel et à 4h départ du bus. 4 heures 30 de trajet... vers le Wadi Rum !
Départ vers 9h30 : il y a du vent, il fait bon (enfin c'est ce qu'on pensait).
Petite course lors du top départ et très vite le sable en stoppe plus d'un dont moi ! Je vais alterner marche et course à pied jusqu'au Check Point (CP) n°2 puis marche uniquement.
Jusqu'au CP1, ça grimpe en mode escalade après 2 km, ça monte sévère dans les rochers, c'est la queue pour monter. Mais ça va, je suis dans les premiers donc moins d'attente que pour les suivants.
Ça va plutôt bien mais je me rends vite compte qu'on s'enfonce et que ça va vite me fatiguer.
Au 16ème km juste avant le CP2... L'enfer. Plein cagnard, pas d'ombre, j'ai envie de vomir, je ne me sens pas bien, je tiens en voyant les tentes au loin mais à deux doigts du malaise. Je fais une réaction au soleil... la crème solaire remise au CP1 et le sel dégagé foutent le bazar.
Je décide de me poser sous la tente : nettoyage des jambes et visage, crème. Je remplis mes 2 bidons vides, je grignote un peu mais rien de sucré ne passe. Les médecins ont du citron vert et ça... ça va me refaire pour les 5 km suivants.
J'ai une douleur sous l'orteil depuis 15 km et ça me suivra jusqu'à l'arrivée. La douleur remonte à la hanche, l'aine et c'est une torture.
La chaleur est trop forte, 39 degrés au plus chaud moment de la journée.
Je grimpe une montée totalement ensablée pensant que c'est la dernière... et non... j'en peux plus, la douleur, la chaleur, le sac qui pèse un âne mort.
Je veux arriver... je décoince un sourire quand je vois l'arche au loin et décide de courir la descente jusqu'à l'arrivée.
Bivouac magique et à l'heure où j'écris ces mots : quasi tout le monde roupille à 21hJour 2 – 6 novembre 2023 – 62 km
Départ à 7h après une nuit de bivouac
Il fait encore bon à cette heure, je décide de partir en marche rapide et en trottinant quand j'en suis capable.
L'arrivée au CP1 est chouette. Audrey, notre accompagnante nous encourage et m'annonce que mes enfants restés en France vont bien, j'ai les larmes aux yeux, faut dire que les émotions dans ce désert sont multipliées par 1 000. Je vous laisse imaginer !
Je m'arrête avant le CP2 pour prendre des photos de chèvres venues de nulle part ! Et que peuvent-elles manger ? Les voir me donne le sourire et me font penser à mes petites chèvres de La Clusaz (d'ailleurs, ma clochette La Clusaz est accrochée à mon sac !).
Faisons une pause sac... en ce jour 2, il doit encore peser avec l'eau pas loin de 9 kg. Il contient de quoi dormir, manger, boire, se nettoyer, seul extra : 1 jeu "Uno" que je laisserai le lendemain soir aux enfants du Wadi Rum.
L'arrivée est interminable au CP2... on commence à faire des blagues avec Jérôme, venu avec sa chérie ! On aperçoit des mirages de CP2 partout : on a soif, on a chaud, le soleil tape !
Alléluia le Check Point 2 est en vue !
Petite pause : je sors des lingettes à réhydrater pour nettoyer le sable et sel puis il faut remettre de la crème solaire (Dr Bouscarat, vous avez lu ? Élève modèle !) Je ne rigole plus avec le soleil suite à mon cancer de la peau détecté cet été ! Sur les conseils de Michaël qui a fait plusieurs Marathon des Sables, j'ai investi dans un tee-shirt manches longues anti-UV, une casquette saharienne anti-UV, des manchettes anti-UV... bref vous l'aurez compris : protégez-vous, pensez à la crème régulièrement et ce n'est pas parce que vous mettez de la crème que vous ne prendrez pas de couleurs (phrase que j'ai souvent entendue).
Au CP2, j'ai du mal à m'alimenter, le sucre me dégoûte ! J'ai des purées salées mais la chaleur les a rendues bouillantes et ça m'écœure, je me force avec de l'eau.
J'entends beaucoup de personnes qui modifient leur plan pour partir sur le 40 km au lieu du 62 km à cause du sable présent quasi à 90% du temps (pour ne pas dire 100%).
Je doute, j'ai peur... je suis déjà bien fatiguée par la chaleur, je suis un peu perdue... pourquoi je ne changerais pas de plan si, eux le font, ils sont raisonnables...
Comme je le dis sous la tente de ce CP2 : mon cœur me dit « Vas-y Mano » et mon corps me dit « Bascule sur le 40 km sinon je vais te le faire regretter »
Puis j'entends Pauline Ardoin me dire : « Je suis dans le même questionnement, allons-y ensemble ! »
Jusqu'à maintenant, j'avais toujours marché quasi seule, je n'avais jamais trouvé quelqu'un qui allait à mon rythme. Et j'ai besoin de cette solitude un peu quand même.
On sort donc du CP2 avec Pauline dans l'idée de partir sur le 62 km. Quelques km plus loin, plus possible de réfléchir, il faut décider... à droite pour 40 km... à gauche pour attaquer les 62 !
Bingo... on écoute notre cœur ! On part toutes les deux avec le trouillomètre au max. On enchaîne des montées sableuses, des canyons... Le paysage est époustouflant ! On croise une caravane de chameaux, on a des encouragements de Bédouins qui habitent ce magnifique désert de Wadi Rum. Je pense à mes enfants... j'aurais tellement aimé qu'ils voient tout ça !
Je ne me sens pas bien du tout vers le 30ème km... Pauline me suggère de mettre mes Kub Or dans mon bidon d'eau ! Et ça marche... l'eau est tellement chaude que les cubes fondent et me réhydratent en sel et me retapent un peu. J'ai aussi un autre bidon avec de l'Hydrate !
On est tellement dans le dur, qu'on ne parle pas, chaque pas est compliqué. Mais on sait que si nous n'avions pas été toutes les deux, nous n'aurions pas pu avancer aussi loin. Pas de coïncidences, la vie met des personnes sur notre chemin pour une raison...
Je pense aux copains qui vont préparer le feu de camp (j'en rêve depuis qu'on est arrivés).
Je doute de plus en plus de notre capacité à terminer mais une petite voix au fond de moi me dit « en rampant ou en roulant dans les dunes... tu finiras ».
La nuit tombe, frontale sur la tête, on va mieux... les pas s'accélèrent, on ne subit plus la chaleur mais juste la fatigue du corps. Le cerveau marche en pilotage automatique.
Lors du dernier Check Point, on décide de s'arrêter manger, ça passe avec la fraîcheur de la nuit, il reste 8,5 km après. On sort la popotte, on chauffe notre plat, petit thé et hop… on repart d'un pas décidées à en découdre.
Le ciel est magnifique, les étoiles scintillent, nous sommes seules au monde. On commence à réaliser qu'on va finir.On croise un cameraman, qui immortalise notre ascension dans ce sable qu'on a hâte de quitter pour notre duvet.
On entend les oiseaux, des genres de grillons... un silence... juste celui de nos pas... ce moment restera à jamais gravé dans ma mémoire ! Les larmes montent... je me dis que, quand même, c'est énorme ce qu'on fait...
On entend la musique de l'arrivée au loin... On aperçoit Alessandro qui annonce au speaker Guillaume, les participants qui arrivent.
Quelques minutes après,... j'aperçois Hélèna qui a fait le 20 km et qui est venue me chercher pour les derniers mètres ! Elle était en chaussons à cause des ampoules !
J'entends mon prénom au micro, je dis à Pauline « allez on finit en courant », goooooo !
Haie d'honneur, les copains de la team Helpiti sont là aussi... Yes we did it ! Câlin collectif, je suis épuisée ! C'est une expérience humaine, sportive intense. Une introspection chaque jour. Une adaptation aux situations sans cesse.
Merci mon petit corps de ne pas m'avoir lâché !
Étape 3 – 8 novembre 2023 - 26,6 km et… 733 m !
Départ à 4h30 du matin.
Avant cette troisième étape, je vous parle rapidement de la journée de repos : soigner les ampoules, se reposer, se balader et boire un bon coca frais amené par les chameaux !
Audrey notre accompagnante nous a rejoints quelques heures en fin d'après-midi et enfin mon feu de camp !
Revenons-en à la course : c'est assez roulant dans le sable dès le départ ! Là, je me dis, c'est la dernière, tu donnes tout, il y a un le soleil en moins.
Objectifs : faire le max en courant ou marche rapide avant le lever du soleil qui va taper dur et ne pas me faire rattraper par les "chats", c'est-à-dire les 30 premiers du classement qui partent 2 heures après nous. (Les chats de notre équipe Helpity sont Marie, Jérémie et Mika).
De nuit c'est superbe toutes ces étoiles, cette fraîcheur. On découvre au dernier moment les différents paysages, le premier Check Point arrive vite, je ne m'arrête pas... puis arrive une énorme dune de sable... mes pieds me rappellent vite qu'ils sont à l'agonie ! Je me sers des bâtons pour grimper, on dirait une cordée en montagne (merci Laurent Varet pour les conseils).
Arrivée en haut, je découvre le lever du soleil ! Whaouhhh c'est tellement beau, émouvant, le paysage est toujours différent à chaque virage, chaque dune... mais quel pays ! Et ses habitants sont aux petits soins avec nous.. On descend cette dune comme des gosses, on s'enfonce, on rigole, on crie de joie.
Ensuite c'est un faux-plat montant alors qu'on m'avait dit que la fin serait… roulante ! J'arrive au CP2 assoiffée, ma seule gourde potable a fui et je n'ai pas eu assez d'eau, j'ai dû boire dans l'autre qui a une odeur de vomi (les Kub Or mis il y a 2 jours ont laissé avec la chaleur une affreuse odeur). J'explique rapidement le problème à un gilet bleu qui semble avoir connu le même problème et qui me remplit ma gourde propre, d'eau et me file un citron vert pour changer le goût dans ma bouche. Je ne traine pas, je suis avec une petite équipe qui me pousse au-delà de mes limites. Je vais les laisser quelques km avant l'arrivée, je me fais doubler par le premier... parti 2h après nous. Puis quelques autres vont me doubler également on dirait des gazelles quand ils courent quand moi, je suis en mode hippopotame !
De plus, ils sont souriants, ont de l'humour au passage... on entend et on voit au loin l'arrivée, je dis à un gars de l'équipe des "abeilles" « vite, vite, les chats arrivent »", je lui explique la situation et il est mort de rire !
Je peste... je m'attendais à ranger mes bâtons et dérouler les jambes sur du sable plat... mais non, jusqu'au bout les chevilles et les cuisses souffrent ! Mais je veux en découdre et vite. Le soleil tape sérieusement.
Oyé, l'arrivée ! Yes, I did it ! Youhouuuu mais quelle expérience de dingue, sportivement, humainement, intérieurement bref tous les "...ment" que vous imaginez !
Plein d'émotions me traversent. Je repense au jour où Marie, mon amie et présidente d'Helpiti me dit : « tu viens ? j'ai monté une équipe de femmes incroyables dans le cadre de l'association », dans un premier temps je lui ai répondu « T'es folle, je n'en suis pas capable, je ne tiens pas la chaleur, la distance... » puis vous connaissez la suite ! Le corps est une machine incroyable et il me l'a prouvé ces derniers mois alors qu'il était malade et manquait d'entraînements.
Je retiens une chose... des emmerdes, comme beaucoup j'en ai eu, des bâtons dans les roues aussi... mais finalement même si je veux/souhaite que ça se calme dans le futur (proche !), je préfère une vie qui ressemble à un électrocardiogramme variable que plat !
Merci à tout le staff de Michaël Bietheres qui part en Egypte dans quelques jours, à toi, Marie, merci l'équipe Helpiti, merci à tous nos sponsors et mécènes qui ont cru en nous et soutiennent cette association. Merci à mes amis, famille de m'avoir suivie et encouragée, merci mes chouloux (Timoté et Mael) de m'avoir permis également de participer à cette aventure ! Vous savez tous que j'ai besoin de ce genre d'aventure humaine, solidaire et sportive, cette soif de vivre, vibrer, être vivante, être utile...
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