Pendant trois ans, Moritz, le célèbre chat de Gérard Pouettre, est intervenu régulièrement dans le Journal de François pour nous délivrer avec humour son point de vue sur ce monde qui l'entoure.
Aujourd'hui notre écrivain saint-loupien nous partage les dialogues de Moritz avec un certain Fagus… un hêtre ! Quelle drôle d'idée !
A travers leurs discussions, ils nous invitent à déambuler dans l'univers des valeurs… Et comme toujours, le lecteur retrouve l'humour et la sagesse de Gérard Pouettre !
Bonne lecture !
Episodes précédents et aujourd'hui : le silence (illustration : Marine Gauvain)
Silence
- Moritz : Je n’ai vraiment pas envie de sortir. Rien ne bouge. Aucun signe de vie. Est-ce que ce ne serait pas la journée mondiale du silence ? Je vais quand même y aller sinon il va s’inquiéter.
- Fagus : Salut, je ne t’ai même pas entendu arriver.
- C’est volontaire. Je ne voulais pas troubler le silence. Tout le monde semble s’être donné le mot.
- C’est le hasard. Le silence de la nature est imprévisible.
- Je ne suis pas forcément rassuré. J’espère que ce n’est pas le calme avant la tempête.
- Mais non ; tu t’es trop humanisé. Les hommes ont toujours besoin d’un bruit de fond. Le silence les angoisse.
- C’est compréhensible. Il y a tellement de formes de silence. Parfois, ils demandent une minute de silence, c’est quand ils sont tristes. Parfois, c’est parce qu’ils ne savent pas quoi dire ; ou au contraire ils incitent l’autre à se taire en disant « la parole est d’argent, le silence est d’or ». On pourrait faire un catalogue des silences.
- Moi je ne fais que transmettre ce que la nature a décidé. Je ne suis pas à l’origine de l’eau qui chantonne sur mes feuilles, de la chaleur qui les craquèlent, du vent qui les giflent. Après, chacun de nous est une caisse de résonnance unique.
- En fait, tu es une beauté qui ne dit rien !
- Arrête de me flatter.
- Je ne te flatte pas. C’est ce que les hommes recherchent en toi : d’un côté, tes vibrations, tes frémissements, de l’autre ton silence végétal. Sinon pourquoi viendraient-ils prendre des bains de forêt, pourquoi te dédieraient-ils des poèmes ?
- Des poèmes ? De quoi tu parles ?
- Tu ne connais pas les Haikus ? Tiens je t’en fais un : Ecorce lisse, Tapis de faines, Toujours tu m’accueilles.
- J’en suis bouche bée ! un chat poète. Ça a l’air de plaire aux oiseaux, les voilà qui rappliquent.
- On va devoir dire adieu au silence pendant un certain temps.
- Oui mais le bruit, c’est aussi la vie. N’oublie pas qu’un jour on sera définitivement réduit au silence.
- Mais nous avons le pouvoir de le retarder, toi plus encore que moi.
A suivre...
Pendant trois ans, Moritz, le célèbre chat de Gérard Pouettre, est intervenu régulièrement dans le Journal de François pour nous délivrer avec humour son point de vue sur ce monde qui l'entoure.
Aujourd'hui notre écrivain saint-loupien nous partage les dialogues de Moritz avec un certain Fagus… un hêtre ! Quelle drôle d'idée !
A travers leurs discussions, ils nous invitent à déambuler dans l'univers des valeurs… Et comme toujours, le lecteur retrouve l'humour et la sagesse de Gérard Pouettre !
Bonne lecture !
Episodes précédents et aujourd'hui : le silence (illustration : Marine Gauvain)
Silence
- Moritz : Je n’ai vraiment pas envie de sortir. Rien ne bouge. Aucun signe de vie. Est-ce que ce ne serait pas la journée mondiale du silence ? Je vais quand même y aller sinon il va s’inquiéter.
- Fagus : Salut, je ne t’ai même pas entendu arriver.
- C’est volontaire. Je ne voulais pas troubler le silence. Tout le monde semble s’être donné le mot.
- C’est le hasard. Le silence de la nature est imprévisible.
- Je ne suis pas forcément rassuré. J’espère que ce n’est pas le calme avant la tempête.
- Mais non ; tu t’es trop humanisé. Les hommes ont toujours besoin d’un bruit de fond. Le silence les angoisse.
- C’est compréhensible. Il y a tellement de formes de silence. Parfois, ils demandent une minute de silence, c’est quand ils sont tristes. Parfois, c’est parce qu’ils ne savent pas quoi dire ; ou au contraire ils incitent l’autre à se taire en disant « la parole est d’argent, le silence est d’or ». On pourrait faire un catalogue des silences.
- Moi je ne fais que transmettre ce que la nature a décidé. Je ne suis pas à l’origine de l’eau qui chantonne sur mes feuilles, de la chaleur qui les craquèlent, du vent qui les giflent. Après, chacun de nous est une caisse de résonnance unique.
- En fait, tu es une beauté qui ne dit rien !
- Arrête de me flatter.
- Je ne te flatte pas. C’est ce que les hommes recherchent en toi : d’un côté, tes vibrations, tes frémissements, de l’autre ton silence végétal. Sinon pourquoi viendraient-ils prendre des bains de forêt, pourquoi te dédieraient-ils des poèmes ?
- Des poèmes ? De quoi tu parles ?
- Tu ne connais pas les Haikus ? Tiens je t’en fais un : Ecorce lisse, Tapis de faines, Toujours tu m’accueilles.
- J’en suis bouche bée ! un chat poète. Ça a l’air de plaire aux oiseaux, les voilà qui rappliquent.
- On va devoir dire adieu au silence pendant un certain temps.
- Oui mais le bruit, c’est aussi la vie. N’oublie pas qu’un jour on sera définitivement réduit au silence.
- Mais nous avons le pouvoir de le retarder, toi plus encore que moi.
A suivre...
Vous appréciez le Journal de François ? Soutenez-le ! Merci.
Retourner à la page d'accueil - Retourner à la page "Les Dialogues de Moritz"
Vous appréciez le Journal de François ? Soutenez-le ! Merci.
Retourner à la page d'accueil Retourner à la page "Les Dialogues de Moritz"
Aucun commentaire