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Hommage à l'inclassable Roger Brégou, l’auteur enghiennois et créateur des "phot'oniriques"

Publié le : 24-02-2025

Roger BrégouRoger Brégou, personnalité attachante d'Enghien, nous a quittés ce mercredi 12 février 2025 à l'âge de 91 ans. Toutes nos pensées vont auprès de son épouse Marthe et de sa famille.
Le Journal de François lui avait consacré quelques articles à l'occasion de la sortie de ses livres ou bien lors des expositions auxquelles il participait. Pour lui rendre hommage, retrouvons ses propos qui traduisaient bien sa passion pour son travail professionnel et son ouverture d'esprit et son humour pour ses œuvres artistiques !

Propos recueillis en 2015

Evoquons tout d'abord votre longue carrière professionnelle…
Pendant la carrière que vous évoquez (elle a débuté en 1951), j'ai successivement exercé les fonctions de maquettiste, de concepteur, de directeur d'atelier de création, de directeur artistique dans le cadre de plusieurs agences de publicité parisienne. En 1965, décidé à reprendre ma liberté, j'ai créé ma propre société de création publicitaire me mettant au service d'activités commerciales diverses : l'industrie, la grande consommation, la mode etc...et cela a bien fonctionné. Mes créations devaient être bonnes sinon je n'aurais pu gagner ma croûte... et si longtemps !
Le service assumé à mes clients comprenait : la conception, la réalisation de maquettes pour visualiser, la direction artistique des prises de vues photographiques, les illustrations, l'exécution des documents techniques et la concrétisation des fichiers destinés à l'imprimeur. Entre autres, parmi mes réalisations de l'époque, j'ai conçu des catalogue pour Prénatal, Vilmorin, l'Air Liquide, des plaquettes de prestige pour l'Aérospatiale, des affiches pour le Crédit Foncier de France, des créations pour Playtex, les tissus Corot. Une seule recette pour réussir : un client content en amène un autre ! Et tout cela pendant 45 ans ! J'ai cessé mon activité, il n'y a pas si longtemps, après avoir honoré jusqu'à 75 ans mon dernier contrat. Une grande fierté pour moi.

Vous avez dû vous adapter seul aux évolutions techniques durant votre carrière ?
Oui ! Au départ mes outils étaient le tire-ligne et le pinceau. Puis est survenu le Rotring (les traits, il fallait les tirer en apnée). L'arrivée de l'ordinateur a tout révolutionné.

Roger Brégou devant une de ses oniriquesC'est à la retraite que vous avez abordé la peinture ?
Pas exactement. A 15 ans, j'ai débuté sous la férule d'un peintre flamand, un artiste qui peignait "comme dans le temps". Ensuite, absorbé par mon activité professionnelle, je n'ai pu pratiquer que de façon très intermittente réalisant malgré cela une peinture sur bois, un triptyque de 8 m2 (vingt ans de labeur avant son achèvement). A la retraite j'ai repris plus assidument. Je peins sur bois "à la manière" de Bruegel avec de tout petits pinceaux. Ce style est démodé mais je m'en moque ! Je mets deux mois pour peindre un tableau de petite taille et ne me soucie guère d'être dans le vent de ce qui se fait. L'essentiel n'est-il pas d'y prendre du plaisir ? Je n'ai jamais exposé mes œuvres peintes. Un jour peut-être ! Qui sait ?

LIVRE Au Café du FoirailLa peinture n'est pas votre seul centre d'intérêt. Vous avez publié de nombreux romans.
Oui et pour moi c'est la même chose ! Je peins comme dans le temps passé et raconte des histoires comme jadis. J'ai écrit mon premier roman, "Au Café du Foirail" en 2006. Ce sont de petites histoires vécues dans un village perdu, écrites dans l'esprit de "Clochemerle". Le public a apprécié la truculence du roman. Cela m'a encouragé à en écrire d'autres. Le dernier "Imagin'air" est composé de récits la plupart surréalistes. Je ne fais aucune recherche historique, je me contente modestement de raconter les histoires qui sortent de ma tête. Je vous l'ai dit, c'est naturel ! Je suis comme un arbre au printemps, je pars dans tous les sens. Ensuite, c'est important, je canalise !
Je n'ai pas de problème avec mon imaginaire mais la mise en forme de mes écrits prennent tout de même beaucoup de mon temps, c'est un gros travail. "L'écriture c'est 10% d'inspiration et 90% de transpiration !" a dit un écrivain dont je n'ai plus le souvenir du nom et qui avait bien raison.

Onirique de Roger BrégouAbordons maintenant ces fameuses phot'oniriques. Comment faites-vous ?
C'est la question que l'on me pose d'entrée. A chaque fois je réponds que, vu mon grand âge, ma mémoire défaille et que je ne me souviens plus.

Mais comprenez-vous notre souhait d'en savoir plus sur le cheminement technique de vos œuvres originales ?
Oui ! Je le comprends mais je ne peux que vous dire qu'il s'agit d'un travail de recherche, de mise en scène, d'une technique de transformation des apparences. Entre-temps une prise de vue intervient. L'oeuvre finale, un tirage limité et numéroté de 1 à 5 contrecollé sur Dibond 3 mm, porte ma signature. A la différence de l'art numérique qui part dans tous les sens au bon gré des logiciels complices de l'artiste, ma technique contrôle ma recherche, rien de ma créations n'est laissé au hasard. J'ai réalisé plus de 300 "oniriques". Elles constituent une oeuvre cohérente. Le public voyage en les regardant et je m'en félicite. A vrai dire, mon seul souci, je le rencontre avec les organisateurs d'exposition : ils ne savent pas dans quelle catégorie d'artistes me placer !

D'où vient votre inspiration ?
Mes images sont le fruit d'une quête poétique, la recherche d'un ailleurs, d'un monde parallèle. Elles sont autant de fenêtres ouvertes sur des paysages insolites, oniriques, parfois peuplés d’êtres immatériels fluides et dansants. Pour aborder et cheminer sur les rivages de ce royaume de l'étrange, à chacun de se laisse guider par son imaginaire.

Onirique de Roger BrégouVous ne donnez aucun titre à vos œuvres ? Est-ce volontaire ?
Totalement. Si je donnais un titre à mes "oniriques", j'orienterais votre imagination. Je ne veux surtout pas cela ! Chacun doit rester libre de voir ce qu'il souhaite voir !

Quelles sont les réactions du public lors de vos expositions ?
Mes images surprennent et intriguent les visiteurs qui me confient parfois ce qu'ils "voient" : des paysages surréalistes, des monstres qui se diluent, des montagnes qui se disloquent. Et même, dans un cas précis, une situation érotique que j'aurais pu intituler "l'origine du monde" (allusion à l'oeuvre de Gustave Courbet)… A chacun de choisir sa vérité !

LIVRE Propos de paille et de laine !En 2018, Roger Brégou a publié un dernier livre "Propos de paille et de laine !"
A 85 ans, Roger Brégou n'avait pas perdu sa verve en nous offrant un recueil de ses propos « de-ci et de là », comme il dit.
L'auteur emmenait le lecteur dans ses pensées : « certaines sont douces comme la laine ; d'autres, comme la paille irritent un peu » dit-il. Celles qui concernent notre société de consommation sont les plus acides mais se révèlent jamais méchantes. Il jouait avec les mots, les situations, imaginait l'avenir en regardant le monde qui l'entourait et surtout faisait preuve de bon sens !
Enfin, dans son livre, il nous racontait quelques souvenirs personnels : l'Exode, la Kommandantur à Evreux, son passage scolaire chez les Jésuites, son premier billet de 5 Francs... Et, petit scoop, il nous révélait comment sa grand-mère qui tenait le Grand Café face à la gare d'Enghien, avait inspiré Louis Bousquet (auteur aussi de "La Madelon") pour sa chanson "La caissière du Grand Café". Ce succès a été popularisé par le chanteur comique Bach, autre enghiennois célèbre, puis par Fernandel entre autres.

 

Roger BrégouRoger Brégou, personnalité attachante d'Enghien, nous a quittés ce mercredi 12 février 2025 à l'âge de 91 ans. Toutes nos pensées vont auprès de son épouse Marthe et de sa famille.
Le Journal de François lui avait consacré quelques articles à l'occasion de la sortie de ses livres ou bien lors des expositions auxquelles il participait. Pour lui rendre hommage, retrouvons ses propos qui traduisaient bien sa passion pour son travail professionnel et son ouverture d'esprit et son humour pour ses œuvres artistiques !

Propos recueillis en 2015

Evoquons tout d'abord votre longue carrière professionnelle…
Pendant la carrière que vous évoquez (elle a débuté en 1951), j'ai successivement exercé les fonctions de maquettiste, de concepteur, de directeur d'atelier de création, de directeur artistique dans le cadre de plusieurs agences de publicité parisienne. En 1965, décidé à reprendre ma liberté, j'ai créé ma propre société de création publicitaire me mettant au service d'activités commerciales diverses : l'industrie, la grande consommation, la mode etc...et cela a bien fonctionné. Mes créations devaient être bonnes sinon je n'aurais pu gagner ma croûte... et si longtemps !
Le service assumé à mes clients comprenait : la conception, la réalisation de maquettes pour visualiser, la direction artistique des prises de vues photographiques, les illustrations, l'exécution des documents techniques et la concrétisation des fichiers destinés à l'imprimeur. Entre autres, parmi mes réalisations de l'époque, j'ai conçu des catalogue pour Prénatal, Vilmorin, l'Air Liquide, des plaquettes de prestige pour l'Aérospatiale, des affiches pour le Crédit Foncier de France, des créations pour Playtex, les tissus Corot. Une seule recette pour réussir : un client content en amène un autre ! Et tout cela pendant 45 ans ! J'ai cessé mon activité, il n'y a pas si longtemps, après avoir honoré jusqu'à 75 ans mon dernier contrat. Une grande fierté pour moi.

Vous avez dû vous adapter seul aux évolutions techniques durant votre carrière ?
Oui ! Au départ mes outils étaient le tire-ligne et le pinceau. Puis est survenu le Rotring (les traits, il fallait les tirer en apnée). L'arrivée de l'ordinateur a tout révolutionné.

Roger Brégou devant une de ses oniriquesC'est à la retraite que vous avez abordé la peinture ?
Pas exactement. A 15 ans, j'ai débuté sous la férule d'un peintre flamand, un artiste qui peignait "comme dans le temps". Ensuite, absorbé par mon activité professionnelle, je n'ai pu pratiquer que de façon très intermittente réalisant malgré cela une peinture sur bois, un triptyque de 8 m2 (vingt ans de labeur avant son achèvement). A la retraite j'ai repris plus assidument. Je peins sur bois "à la manière" de Bruegel avec de tout petits pinceaux. Ce style est démodé mais je m'en moque ! Je mets deux mois pour peindre un tableau de petite taille et ne me soucie guère d'être dans le vent de ce qui se fait. L'essentiel n'est-il pas d'y prendre du plaisir ? Je n'ai jamais exposé mes œuvres peintes. Un jour peut-être ! Qui sait ?

LIVRE Au Café du FoirailLa peinture n'est pas votre seul centre d'intérêt. Vous avez publié de nombreux romans.
Oui et pour moi c'est la même chose ! Je peins comme dans le temps passé et raconte des histoires comme jadis. J'ai écrit mon premier roman, "Au Café du Foirail" en 2006. Ce sont de petites histoires vécues dans un village perdu, écrites dans l'esprit de "Clochemerle". Le public a apprécié la truculence du roman. Cela m'a encouragé à en écrire d'autres. Le dernier "Imagin'air" est composé de récits la plupart surréalistes. Je ne fais aucune recherche historique, je me contente modestement de raconter les histoires qui sortent de ma tête. Je vous l'ai dit, c'est naturel ! Je suis comme un arbre au printemps, je pars dans tous les sens. Ensuite, c'est important, je canalise !
Je n'ai pas de problème avec mon imaginaire mais la mise en forme de mes écrits prennent tout de même beaucoup de mon temps, c'est un gros travail. "L'écriture c'est 10% d'inspiration et 90% de transpiration !" a dit un écrivain dont je n'ai plus le souvenir du nom et qui avait bien raison.

Onirique de Roger BrégouAbordons maintenant ces fameuses phot'oniriques. Comment faites-vous ?
C'est la question que l'on me pose d'entrée. A chaque fois je réponds que, vu mon grand âge, ma mémoire défaille et que je ne me souviens plus.

Mais comprenez-vous notre souhait d'en savoir plus sur le cheminement technique de vos œuvres originales ?
Oui ! Je le comprends mais je ne peux que vous dire qu'il s'agit d'un travail de recherche, de mise en scène, d'une technique de transformation des apparences. Entre-temps une prise de vue intervient. L'oeuvre finale, un tirage limité et numéroté de 1 à 5 contrecollé sur Dibond 3 mm, porte ma signature. A la différence de l'art numérique qui part dans tous les sens au bon gré des logiciels complices de l'artiste, ma technique contrôle ma recherche, rien de ma créations n'est laissé au hasard. J'ai réalisé plus de 300 "oniriques". Elles constituent une oeuvre cohérente. Le public voyage en les regardant et je m'en félicite. A vrai dire, mon seul souci, je le rencontre avec les organisateurs d'exposition : ils ne savent pas dans quelle catégorie d'artistes me placer !

D'où vient votre inspiration ?
Mes images sont le fruit d'une quête poétique, la recherche d'un ailleurs, d'un monde parallèle. Elles sont autant de fenêtres ouvertes sur des paysages insolites, oniriques, parfois peuplés d’êtres immatériels fluides et dansants. Pour aborder et cheminer sur les rivages de ce royaume de l'étrange, à chacun de se laisse guider par son imaginaire.

Onirique de Roger BrégouVous ne donnez aucun titre à vos œuvres ? Est-ce volontaire ?
Totalement. Si je donnais un titre à mes "oniriques", j'orienterais votre imagination. Je ne veux surtout pas cela ! Chacun doit rester libre de voir ce qu'il souhaite voir !

Quelles sont les réactions du public lors de vos expositions ?
Mes images surprennent et intriguent les visiteurs qui me confient parfois ce qu'ils "voient" : des paysages surréalistes, des monstres qui se diluent, des montagnes qui se disloquent. Et même, dans un cas précis, une situation érotique que j'aurais pu intituler "l'origine du monde" (allusion à l'oeuvre de Gustave Courbet)… A chacun de choisir sa vérité !

LIVRE Propos de paille et de laine !En 2018, Roger Brégou a publié un dernier livre "Propos de paille et de laine !"
A 85 ans, Roger Brégou n'avait pas perdu sa verve en nous offrant un recueil de ses propos « de-ci et de là », comme il dit.
L'auteur emmenait le lecteur dans ses pensées : « certaines sont douces comme la laine ; d'autres, comme la paille irritent un peu » dit-il. Celles qui concernent notre société de consommation sont les plus acides mais se révèlent jamais méchantes. Il jouait avec les mots, les situations, imaginait l'avenir en regardant le monde qui l'entourait et surtout faisait preuve de bon sens !
Enfin, dans son livre, il nous racontait quelques souvenirs personnels : l'Exode, la Kommandantur à Evreux, son passage scolaire chez les Jésuites, son premier billet de 5 Francs... Et, petit scoop, il nous révélait comment sa grand-mère qui tenait le Grand Café face à la gare d'Enghien, avait inspiré Louis Bousquet (auteur aussi de "La Madelon") pour sa chanson "La caissière du Grand Café". Ce succès a été popularisé par le chanteur comique Bach, autre enghiennois célèbre, puis par Fernandel entre autres.

 

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