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Mercredi cinéma : "Une vie meilleure" de Cédric Kahn avec Guillaume Canet et Leïla Bekhti.

Publié le : 28-12-2011

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

Une vie meilleure de Cédric KahnZoom nouveauté : "Une vie meilleure" de Cédric Kahn (attention : sortie le 4 janvier 2012)

L'histoire
Yann et Nadia, amoureux, se lancent dans un projet de restaurant au bord d'un lac. Leur rêve d'entrepreneur se brise rapidement. Nadia, contrainte d'accepter un travail à l'étranger, confie provisoirement son fils à Yann. Elle disparaît...
Un film de Cédric Kahn avec Guillaume Canet, Leïla Bekhti, Slimane Khettabi…

 

Bonus ; propos de Cédric Kahn, réalisateur du film

À quel moment est venue l’idée du film, sous quelle forme, et comment s’est-elle développée ?
Le point de départ de l’histoire est très simple, c’est celui d’un type qui, par amour, décide de changer de vie. Il se lance dans un projet trop grand pour lui, pense être plus malin que le système, mais c’est le système qui va le broyer et réduire son rêve de "vie meilleure" à néant. Il va devoir, à travers l’affection qui le lie à un enfant, celui de sa compagne, se réinventer un autre idéal…
À partir de là, Catherine Paillé (la scénariste) et moi-même avons inventé une intrigue financière, basée sur le trajet implacable de l’argent, avec en creux, une dénonciation du système libéral et de la brutalité avec laquelle les plus fragiles sont traités. Ça fait longtemps que le thème du surendettement m’intéresse, en tant que symptôme du capitalisme, et surtout, parce qu’il y a des tragédies humaines derrière cela, des histoires dramatiques, où souvent une faiblesse s’ajoute à une fragilité extrême et frappe les plus démunis. On s’est appuyé sur un long travail de documentation. On a rencontré des restaurateurs, des banquiers, des militants anti-surendettement, des assistantes sociales…

Leïla Bekthi et Guillaume CanetLe titre est ironique…
C’est un titre à double entrée, une antiphrase pendant toute la première partie du film, puis il s’incarne dans la dernière partie. Ce rêve de "vie meilleure" leur est interdit. Cela dit, ils restent debout et n’acceptent pas cette fatalité. Lui surtout, alors qu’elle, en partant, refuse de rester prisonnière du projet. Elle (Leïla Bekhti), jeune fille-mère, est serveuse dans un restaurant. Lui (Guillaume Canet) est simple cuistot. C’est un ambitieux, un type entre deux âges, démuni (sans argent, sans situation, sans famille) mais avec une énergie à bouffer le monde. Dans son esprit, tout s’offre à lui. Il n’y a aucun obstacle à son aspiration. Les péripéties du film font qu’un piège en entraîne un autre, selon l’engrenage de la pauvreté, même si lui a une féroce envie de tordre le cou au destin. Je ne voulais pas d’une "success story", du genre "ils vont finir par y arriver, malgré tout". Le film leur propose plutôt de se débarrasser de leur rêve d’entrepreneur et de propriétaire et de vivre avec peu, mais libres.

Au début, l’argent se résume à des chiffres, une entité abstraite, puis vient le temps où le héros est confronté à l’argent réel, en espèces, et est dépendant de lui.
À partir du moment où il se trouve dans la difficulté financière, Yann descend très vite les marches et bascule dans l’économie parallèle, les circuits de la pauvreté, où règne la loi de la jungle. Il a une aspiration par le haut, il tombe encore plus bas, ce qui est le principe du surendettement. On l’a vu aux État-Unis, avec les subprimes, où vous avez des gens aux revenus modestes qui ont voulu accéder à la propriété ou acheter des maisons plus grandes et qui se sont retrouvés à vivre sous des tentes. Idem pour les prêts à la consommation, conçus sur le même principe. On vend du surclassement social et ça produit du déclassement. Ce sont de véritables tragédies humaines.

Leïla Bekhti et Slimane KhettabiLe début, composé de plusieurs strates, va très vite, avec le jeune cuistot qui ne se fait pas embaucher, puis discute avec la serveuse, avant de sortir avec elle. Il ne laisse pas présager de la nature de l’histoire, qui commence avec la découverte du restaurant abandonné.
Le début commence par une fausse vraie piste, car tout est imbriqué, l’aspiration à une vie meilleure étant une conséquence de la rencontre amoureuse. Tout cela va finir par imploser. Le rêve de fonder une famille est un préalable à l’histoire, il deviendra la clé du récit. Le héros agit essentiellement par amour, c’est le moteur de son ambition, sauf que l’échec économique entraîne irrémédiablement celui du couple. La digue sentimentale ne résiste pas. Le malentendu est trop profond, il est incapable de renoncer à son ambition. Il devra abandonner son rêve de jeune homme, changer d’idéal, et réinventer son existence pour la récupérer. Le film à la fin laisse les personnages avec rien, financièrement, sans que la situation soit désespérée pour autant. On est convaincu qu’ils vont s’en sortir, alors qu’aucun élément du film ne le dit clairement. Car à la résolution affective s’ajoute le fait que lui a mûri. Il est devenu à la fois un père et un homme.
À ce titre, le rôle de l’enfant est primordial. Il est le moteur du récit, son cœur battant. On pourrait presque raconter toute l’histoire à travers lui. Il est tour à tour un poids, un sujet de conflit et va permettre la réunification du couple. C’est lui qui entre dans le restaurant à l’abandon et permet à Guillaume Canet d’y accéder et c’est pour lui à la fin qu’il prend la décision de tout vendre et de partir. Le jeune homme et l’enfant deviennent deux orphelins, condamnés à s’entendre pour survivre. Cela faisait longtemps que je voulais raconter une histoire entre un homme et un enfant qui n’ont pas de lien filial. Au départ, il est un homme accroché à ses rêves professionnels, et à la fin, il est capable de prendre en compte l’autre, l’enfant, la femme. Le cœur du film est là, dans la façon dont il renaît à travers le gamin. Il le sauve et se sauve à travers lui.

Guillaume CanetVous avez le sentiment de partir dans une nouvelle direction avec "Une vie meilleure" ?
Sur le fond oui, mais dans la méthode, pas tant que cela. Roberto Succo (2001) avait déjà un socle très documentaire. "Une vie meilleure" m’a fait sortir de moi, m’a permis de quitter un territoire où je me laissais un peu enfermer, dans lequel je suis arrivé au bout de quelque chose, et j’ai envie de continuer dans cette direction désormais. Cela dit, j’ai toujours considéré mes films comme sociaux, même si ce n’était pas explicite. Dans "Trop de bonheur", la petite bourgeoise va s’encanailler un soir avec les jeunes de la cité, dans "L'ennui", un grand bourgeois essaie de posséder une fille du peuple, dans "Feux rouges", l’homme en veut à sa femme de réussir mieux que lui, etc.…
En réalisant "Une vie meilleure", j’ai plutôt pensé aux Anglais, à Ken Loach ("Rainning stones") ou aux frères Dardenne, dont les films sont scénarisés comme des polars. Dans leurs films, le naturalisme est toujours transcendé par le récit. Le constat d’une réalité ne peut pas suffire. J’essaie toujours de privilégier le mouvement à l’explication. Jusqu’au bout, le film est tendu par les différents rebondissements du récit.

Le film tombe bien dans le contexte actuel.
La pauvreté est devenue un formidable terrain de spéculation. Des gens ingénieux ont inventé les crédits à la consommation ou les crédits à risques, plus chers pour les plus pauvres (les subprimes aux États-Unis). Dans un tel contexte, la pauvreté est un engrenage et il est de plus en plus difficile de sortir de sa condition sociale. Le capitalisme est devenu vicieux, incapable de proposer la moindre utopie et la survie devient la seule règle.
(extrait dossier de presse)

 

Autres films toujours à l'affiche :

"La délicatesse" de David et Stéphane Foenkinos
"Des vents contraires" de Jalil Lespert

"Donoma" de Djinn Carrénard
"The lady" de Luc Besson
"L'art d'aimer" d'Emmanuel Mouret
"L'ordre et la morale" de Mathieu Kassovitz
"Toutes nos envies" de Philippe Lioret
"Polisse" de Maïwenn
 

 

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

Une vie meilleure de Cédric KahnZoom nouveauté : "Une vie meilleure" de Cédric Kahn (attention : sortie le 4 janvier 2012)

L'histoire
Yann et Nadia, amoureux, se lancent dans un projet de restaurant au bord d'un lac. Leur rêve d'entrepreneur se brise rapidement. Nadia, contrainte d'accepter un travail à l'étranger, confie provisoirement son fils à Yann. Elle disparaît...
Un film de Cédric Kahn avec Guillaume Canet, Leïla Bekhti, Slimane Khettabi…

 

Bonus ; propos de Cédric Kahn, réalisateur du film

À quel moment est venue l’idée du film, sous quelle forme, et comment s’est-elle développée ?
Le point de départ de l’histoire est très simple, c’est celui d’un type qui, par amour, décide de changer de vie. Il se lance dans un projet trop grand pour lui, pense être plus malin que le système, mais c’est le système qui va le broyer et réduire son rêve de "vie meilleure" à néant. Il va devoir, à travers l’affection qui le lie à un enfant, celui de sa compagne, se réinventer un autre idéal…
À partir de là, Catherine Paillé (la scénariste) et moi-même avons inventé une intrigue financière, basée sur le trajet implacable de l’argent, avec en creux, une dénonciation du système libéral et de la brutalité avec laquelle les plus fragiles sont traités. Ça fait longtemps que le thème du surendettement m’intéresse, en tant que symptôme du capitalisme, et surtout, parce qu’il y a des tragédies humaines derrière cela, des histoires dramatiques, où souvent une faiblesse s’ajoute à une fragilité extrême et frappe les plus démunis. On s’est appuyé sur un long travail de documentation. On a rencontré des restaurateurs, des banquiers, des militants anti-surendettement, des assistantes sociales…

Leïla Bekthi et Guillaume CanetLe titre est ironique…
C’est un titre à double entrée, une antiphrase pendant toute la première partie du film, puis il s’incarne dans la dernière partie. Ce rêve de "vie meilleure" leur est interdit. Cela dit, ils restent debout et n’acceptent pas cette fatalité. Lui surtout, alors qu’elle, en partant, refuse de rester prisonnière du projet. Elle (Leïla Bekhti), jeune fille-mère, est serveuse dans un restaurant. Lui (Guillaume Canet) est simple cuistot. C’est un ambitieux, un type entre deux âges, démuni (sans argent, sans situation, sans famille) mais avec une énergie à bouffer le monde. Dans son esprit, tout s’offre à lui. Il n’y a aucun obstacle à son aspiration. Les péripéties du film font qu’un piège en entraîne un autre, selon l’engrenage de la pauvreté, même si lui a une féroce envie de tordre le cou au destin. Je ne voulais pas d’une "success story", du genre "ils vont finir par y arriver, malgré tout". Le film leur propose plutôt de se débarrasser de leur rêve d’entrepreneur et de propriétaire et de vivre avec peu, mais libres.

Au début, l’argent se résume à des chiffres, une entité abstraite, puis vient le temps où le héros est confronté à l’argent réel, en espèces, et est dépendant de lui.
À partir du moment où il se trouve dans la difficulté financière, Yann descend très vite les marches et bascule dans l’économie parallèle, les circuits de la pauvreté, où règne la loi de la jungle. Il a une aspiration par le haut, il tombe encore plus bas, ce qui est le principe du surendettement. On l’a vu aux État-Unis, avec les subprimes, où vous avez des gens aux revenus modestes qui ont voulu accéder à la propriété ou acheter des maisons plus grandes et qui se sont retrouvés à vivre sous des tentes. Idem pour les prêts à la consommation, conçus sur le même principe. On vend du surclassement social et ça produit du déclassement. Ce sont de véritables tragédies humaines.

Leïla Bekhti et Slimane KhettabiLe début, composé de plusieurs strates, va très vite, avec le jeune cuistot qui ne se fait pas embaucher, puis discute avec la serveuse, avant de sortir avec elle. Il ne laisse pas présager de la nature de l’histoire, qui commence avec la découverte du restaurant abandonné.
Le début commence par une fausse vraie piste, car tout est imbriqué, l’aspiration à une vie meilleure étant une conséquence de la rencontre amoureuse. Tout cela va finir par imploser. Le rêve de fonder une famille est un préalable à l’histoire, il deviendra la clé du récit. Le héros agit essentiellement par amour, c’est le moteur de son ambition, sauf que l’échec économique entraîne irrémédiablement celui du couple. La digue sentimentale ne résiste pas. Le malentendu est trop profond, il est incapable de renoncer à son ambition. Il devra abandonner son rêve de jeune homme, changer d’idéal, et réinventer son existence pour la récupérer. Le film à la fin laisse les personnages avec rien, financièrement, sans que la situation soit désespérée pour autant. On est convaincu qu’ils vont s’en sortir, alors qu’aucun élément du film ne le dit clairement. Car à la résolution affective s’ajoute le fait que lui a mûri. Il est devenu à la fois un père et un homme.
À ce titre, le rôle de l’enfant est primordial. Il est le moteur du récit, son cœur battant. On pourrait presque raconter toute l’histoire à travers lui. Il est tour à tour un poids, un sujet de conflit et va permettre la réunification du couple. C’est lui qui entre dans le restaurant à l’abandon et permet à Guillaume Canet d’y accéder et c’est pour lui à la fin qu’il prend la décision de tout vendre et de partir. Le jeune homme et l’enfant deviennent deux orphelins, condamnés à s’entendre pour survivre. Cela faisait longtemps que je voulais raconter une histoire entre un homme et un enfant qui n’ont pas de lien filial. Au départ, il est un homme accroché à ses rêves professionnels, et à la fin, il est capable de prendre en compte l’autre, l’enfant, la femme. Le cœur du film est là, dans la façon dont il renaît à travers le gamin. Il le sauve et se sauve à travers lui.

Guillaume CanetVous avez le sentiment de partir dans une nouvelle direction avec "Une vie meilleure" ?
Sur le fond oui, mais dans la méthode, pas tant que cela. Roberto Succo (2001) avait déjà un socle très documentaire. "Une vie meilleure" m’a fait sortir de moi, m’a permis de quitter un territoire où je me laissais un peu enfermer, dans lequel je suis arrivé au bout de quelque chose, et j’ai envie de continuer dans cette direction désormais. Cela dit, j’ai toujours considéré mes films comme sociaux, même si ce n’était pas explicite. Dans "Trop de bonheur", la petite bourgeoise va s’encanailler un soir avec les jeunes de la cité, dans "L'ennui", un grand bourgeois essaie de posséder une fille du peuple, dans "Feux rouges", l’homme en veut à sa femme de réussir mieux que lui, etc.…
En réalisant "Une vie meilleure", j’ai plutôt pensé aux Anglais, à Ken Loach ("Rainning stones") ou aux frères Dardenne, dont les films sont scénarisés comme des polars. Dans leurs films, le naturalisme est toujours transcendé par le récit. Le constat d’une réalité ne peut pas suffire. J’essaie toujours de privilégier le mouvement à l’explication. Jusqu’au bout, le film est tendu par les différents rebondissements du récit.

Le film tombe bien dans le contexte actuel.
La pauvreté est devenue un formidable terrain de spéculation. Des gens ingénieux ont inventé les crédits à la consommation ou les crédits à risques, plus chers pour les plus pauvres (les subprimes aux États-Unis). Dans un tel contexte, la pauvreté est un engrenage et il est de plus en plus difficile de sortir de sa condition sociale. Le capitalisme est devenu vicieux, incapable de proposer la moindre utopie et la survie devient la seule règle.
(extrait dossier de presse)

 

Autres films toujours à l'affiche :

"La délicatesse" de David et Stéphane Foenkinos
"Des vents contraires" de Jalil Lespert

"Donoma" de Djinn Carrénard
"The lady" de Luc Besson
"L'art d'aimer" d'Emmanuel Mouret
"L'ordre et la morale" de Mathieu Kassovitz
"Toutes nos envies" de Philippe Lioret
"Polisse" de Maïwenn
 

 

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