TEMOIGNAGE EXCEPTIONNEL
Tout le monde a suivi les événements d'Egypte avec grand intérêt. Tout le monde a salué ce grand mouvement de révolte qui a poussé Hosni Moubarak, le président égyptien à la démission. Pendant cette "révolution", trois femmes valdoisiennes, membres de l'association de Franconville, "Les enfants du Nil" étaient sur place pour assurer la livraison de matériels d'hygiène pour les enfants de Haute-Egypte. J'ai souhaité rencontrer Suzon Pironet, présidente de l'association, afin qu'elle nous raconte ce séjour mémorable en Egypte Passionnant !
Suzon, ma première question est directe. Pourquoi êtes-vous allée en Egypte alors que tous les médias parlaient de la révolution qui était en marche ?
De nombreuses personnes pensaient que c'était déraisonnable de partir dans ce contexte. Mais j'avais les "vraies "infos grâce à Ahmed, mon relais privilégié en Egypte et à mon fils qui travaille au journal "Le Monde". Claudette, Roxane et moi allions à Louxor où il ne se passait rien. Sinon qu'il n'y avait plus de touristes et donc… encore plus de gens dans la misère. Il n'était pas question de mettre nos vies en danger, je suis mariée, mère et mamie ! Mais je n'ai pas créé une association humanitaire pour baisser les bras au moment où les enfants et les adultes d'Egypte ont besoin de nous.
En effet, il ne faut pas oublier qu'en Egypte, 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté avec moins de 2 dollars par jour. Le salaire minimum mensuel est de 40 à 45 €, le taux d'inflation de 15,8 % et… le kilo de sucre coute 1 € et le litre d'huile 2 € !!
Les Egyptiens ont osé défier l'état de terreur dans lequel ils étaient depuis des décennies et j'espère qu'aujourd'hui on pourra parler de la pauvreté qui est présente dans le pays ! Il y a quelques années, une équipe de télé m'avait suivie lors d'une de nos régulières livraisons de matériel en Haute Egypte. Le reportage n'a jamais pu être diffusé car on y montrait… des pauvres !
Depuis plus de 10 ans, l'association de Franconville "Les enfants du Nil" livre de nombreuses fois par an du matériel pour les enfants de plusieurs villages de Haute Egypte
En 2010, Suzon Pironet et son équipe a acheminé en cinq voyages, 600kg de matériel divers et 600kg de médicaments ! Pour financer toutes ses actions l'association organise de nombreuses ventes d'objets égyptiens lors d'expositions, aux CE de nombreuses entreprises et dans les brocantes de la région sans oublier la traditionnelle soirée égyptienne en fin d'année N'hésitez pas à soutenir l'association !
Comment s'est déroulé votre séjour ? Avez-vous vu des changements notoires ?
Nous avons pu aller en Egypte en toute sécurité car il ne faut pas perdre de vue que tout s'est déroulé sur la place Tahrir au Caire : c'était un peu comme "Mai 68". Dans le reste du pays, il n'y a pas eu de soulèvements ni de climat d'insécurité. Gardons à l'esprit que les Egyptiens sont des "doux", que les musulmans et les chrétiens s'entendent très bien. Bien sûr il y a des intégristes mais ils ne sont pas majoritaires. Lorsque les chrétiens coptes sont attaqués, toute la population musulmane d'Egypte est révoltée !
Ce qui m'a le plus marqué lors de notre séjour, c'est cette ville de Louxor, vidée de ses touristes. Une tristesse ! Un souk vide, pas d'ambiance. J'espère que les gens reviendront rapidement visiter l'Egypte car sans touristes, le pays tombera vite dans une misère encore plus importante.
Ahmed, notre ami taxi, était aussi très surpris de l'intérêt que le monde entier portait à son pays. Il a vécu par procuration la révolution qu'il soutenait évidemment. Enfin, les vacances scolaires ont été prolongées pour les enfants – 4 semaines sans école !– et nous n'avons pas pu livrer notre matériel d'hygiène comme d'habitude. Heureusement les enfants ont eu l'autorisation de venir un dimanche à l'école pour nous voir et recevoir leur matériel. Claudette et Roxane qui m'accompagnaient ont ainsi pu voir les enfants qui travaillent dans l'école que l'association a financée et construite !
Enfin, Suzon, racontez nous le moment où Moubarak a annoncé sa démission ?
Je m'en rappellerai toujours ! Roxane et Claudette n'étaient malheureusement pas avec moi. J'avais fait des achats avec Ahmed et puis nous nous sommes assis à la terrasse d'un café. Il était 18h. Ahmed fumait sa traditionnelle chicha et moi j'avais le nez plongé dans mes papiers. D'un coup dans le café, des cris… tout le monde se lève, hurle. Ahmed me tire par la main vers la télévision du café. Un homme me prend dans ses bras, m'embrasse, je ne comprends rien… mais que se passe-t-il ? Ahmed me crie dans l'oreille "Moubarak a démissionné !" Je suis sans voix, émue au bord des larmes… Ici c'est de la folie, tout le monde s'embrasse, chante, c'est l'explosion totale après tant de journées de lutte. Comme je suis heureuse ! Une émotion impossible à décrire, il faut le vivre en direct !
Le soir Ahmed nous a emmené toutes les trois dans le centre ville pour fêter l'événement. C'était la liesse dans les rues de Louxor, les klaxons résonnaient, les gens s'embrassaient et dansaient même sur des estrades improvisées ou en pleine rue ! Nous avons entendu de très nombreuses fois "Mabrouk" ou "Dieu est grand" ! Inutile de vous dire que cette joie collective fut plus qu'émouvante. Vivre la libération d'un régime si oppressant, croyez-moi, cela valait le déplacement !
Merci à Suzon Pironet pour sesactions et sa disponibilité pour le "Journal de François".
En savoir plus sur l'association>> site internet de l'association
TEMOIGNAGE EXCEPTIONNEL
Tout le monde a suivi les événements d'Egypte avec grand intérêt. Tout le monde a salué ce grand mouvement de révolte qui a poussé Hosni Moubarak, le président égyptien à la démission. Pendant cette "révolution", trois femmes valdoisiennes, membres de l'association de Franconville, "Les enfants du Nil" étaient sur place pour assurer la livraison de matériels d'hygiène pour les enfants de Haute-Egypte. J'ai souhaité rencontrer Suzon Pironet, présidente de l'association, afin qu'elle nous raconte ce séjour mémorable en Egypte Passionnant !
Suzon, ma première question est directe. Pourquoi êtes-vous allée en Egypte alors que tous les médias parlaient de la révolution qui était en marche ?
De nombreuses personnes pensaient que c'était déraisonnable de partir dans ce contexte. Mais j'avais les "vraies "infos grâce à Ahmed, mon relais privilégié en Egypte et à mon fils qui travaille au journal "Le Monde". Claudette, Roxane et moi allions à Louxor où il ne se passait rien. Sinon qu'il n'y avait plus de touristes et donc… encore plus de gens dans la misère. Il n'était pas question de mettre nos vies en danger, je suis mariée, mère et mamie ! Mais je n'ai pas créé une association humanitaire pour baisser les bras au moment où les enfants et les adultes d'Egypte ont besoin de nous.
En effet, il ne faut pas oublier qu'en Egypte, 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté avec moins de 2 dollars par jour. Le salaire minimum mensuel est de 40 à 45 €, le taux d'inflation de 15,8 % et… le kilo de sucre coute 1 € et le litre d'huile 2 € !!
Les Egyptiens ont osé défier l'état de terreur dans lequel ils étaient depuis des décennies et j'espère qu'aujourd'hui on pourra parler de la pauvreté qui est présente dans le pays ! Il y a quelques années, une équipe de télé m'avait suivie lors d'une de nos régulières livraisons de matériel en Haute Egypte. Le reportage n'a jamais pu être diffusé car on y montrait… des pauvres !
Depuis plus de 10 ans, l'association de Franconville "Les enfants du Nil" livre de nombreuses fois par an du matériel pour les enfants de plusieurs villages de Haute Egypte
En 2010, Suzon Pironet et son équipe a acheminé en cinq voyages, 600kg de matériel divers et 600kg de médicaments ! Pour financer toutes ses actions l'association organise de nombreuses ventes d'objets égyptiens lors d'expositions, aux CE de nombreuses entreprises et dans les brocantes de la région sans oublier la traditionnelle soirée égyptienne en fin d'année N'hésitez pas à soutenir l'association !
Comment s'est déroulé votre séjour ? Avez-vous vu des changements notoires ?
Nous avons pu aller en Egypte en toute sécurité car il ne faut pas perdre de vue que tout s'est déroulé sur la place Tahrir au Caire : c'était un peu comme "Mai 68". Dans le reste du pays, il n'y a pas eu de soulèvements ni de climat d'insécurité. Gardons à l'esprit que les Egyptiens sont des "doux", que les musulmans et les chrétiens s'entendent très bien. Bien sûr il y a des intégristes mais ils ne sont pas majoritaires. Lorsque les chrétiens coptes sont attaqués, toute la population musulmane d'Egypte est révoltée !
Ce qui m'a le plus marqué lors de notre séjour, c'est cette ville de Louxor, vidée de ses touristes. Une tristesse ! Un souk vide, pas d'ambiance. J'espère que les gens reviendront rapidement visiter l'Egypte car sans touristes, le pays tombera vite dans une misère encore plus importante.
Ahmed, notre ami taxi, était aussi très surpris de l'intérêt que le monde entier portait à son pays. Il a vécu par procuration la révolution qu'il soutenait évidemment. Enfin, les vacances scolaires ont été prolongées pour les enfants – 4 semaines sans école !– et nous n'avons pas pu livrer notre matériel d'hygiène comme d'habitude. Heureusement les enfants ont eu l'autorisation de venir un dimanche à l'école pour nous voir et recevoir leur matériel. Claudette et Roxane qui m'accompagnaient ont ainsi pu voir les enfants qui travaillent dans l'école que l'association a financée et construite !
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Je m'en rappellerai toujours ! Roxane et Claudette n'étaient malheureusement pas avec moi. J'avais fait des achats avec Ahmed et puis nous nous sommes assis à la terrasse d'un café. Il était 18h. Ahmed fumait sa traditionnelle chicha et moi j'avais le nez plongé dans mes papiers. D'un coup dans le café, des cris… tout le monde se lève, hurle. Ahmed me tire par la main vers la télévision du café. Un homme me prend dans ses bras, m'embrasse, je ne comprends rien… mais que se passe-t-il ? Ahmed me crie dans l'oreille "Moubarak a démissionné !" Je suis sans voix, émue au bord des larmes… Ici c'est de la folie, tout le monde s'embrasse, chante, c'est l'explosion totale après tant de journées de lutte. Comme je suis heureuse ! Une émotion impossible à décrire, il faut le vivre en direct !
Le soir Ahmed nous a emmené toutes les trois dans le centre ville pour fêter l'événement. C'était la liesse dans les rues de Louxor, les klaxons résonnaient, les gens s'embrassaient et dansaient même sur des estrades improvisées ou en pleine rue ! Nous avons entendu de très nombreuses fois "Mabrouk" ou "Dieu est grand" ! Inutile de vous dire que cette joie collective fut plus qu'émouvante. Vivre la libération d'un régime si oppressant, croyez-moi, cela valait le déplacement !
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