Stendhal souhaitait être enterré à Andilly !

Cela peut paraître présomptueux d'affirmer que Stendhal, le célèbre romancier, devrait reposer dans le petit cimetière d'Andilly et non au cimetière Montmartre où sa tombe a été érigée… Mais, à plusieurs reprises au cours de sa vie mouvementée, il a déclaré sa flamme pour notre chère Vallée de Montmorency et notamment Andilly.

« Nous courrons ensemble les bois d'Andilly. Ils sont pour moi ce qu'il y a de mieux aux environs de Paris »
Dès 1827, dans son premier roman "Armance", Stendhal annonce la couleur. Ce livre, publié sans nom d'auteur en 1827, raconte les amours d'Octave, impuissant à la suite d'un accident grave. De nombreux analystes trouveront par la suite que Stendhal a abordé le thème de l'homosexualité sans l'exprimer expressément pour ne pas se faire censurer par la presse….
Mais pourquoi évoque-t-il Andilly dans ce roman ? Il ne faut pas chercher très loin la raison ! Admirateur de Rousseau, Henri Marie Beyle, (le vrai nom de Stendhal) aimait venir en vallée de Montmorency. Notre historien Hervé Collet dans son livre consacré à Andilly, nous raconte que Stendhal mettait deux heures en fiacre pour quitter Paris et rejoindre la forêt de Montmorency. Puis il évoque la rencontre entre le romancier et la Comtesse Clémentine Curial :
« Stendhal fréquente, à partir de 1810, le salon de Mme Breugnot, femme de caractère et d'esprit, qu'il entoure d'une cour empressée. Elle se contente de se montrer bienveillante, voire maternelle. C'est dans le parc de son château, près de Paris, que Henri (Stendhal) corrige en 1821 les épreuves de son traité "De l'amour", quand il remarque le long regard noir de sa fille Clémentine arrêté sur lui. Elle a les yeux magnifiques et un nez trop long dont Napoléon s'est moqué.
Clémentine Breugnot, surnommée Menti, n'est pas heureuse avec son mari (général de brigade fait général de division puis comte par Napoléon) qui lui préfère ses femmes de chambre, et elle cherche un amant. Le 11 mai 1824, comme Stendhal se promène avec elle dans les bois d'Andilly, il se dit qu'il ne sera qu'un lâche s'il ne se déclare pas en atteignant tel arbre. Quand il se trouve près de cet arbre, il avoue sa flamme… »
Leur liaison ardente durera deux ans avant que Clémentine mette fin à leur relation, préférant se consacrer à sa fille de treize ans dont l'état de santé s'est aggravé…. Celle-ci mourra en 1827. Stendhal fut très affecté par cette rupture et c'est après cet échec qu'il écrira donc son premier roman "Armance".

Evidemment Stendhal est resté dans l'histoire de la littérature plutôt pour ses romans comme "Le Rouge et le Noir" (1830) ou la "Chartreuse de Parme" (1838). Il mourra en 1842 à l'âge de 59 ans à la suite d'une série d'attaques d'apoplexie.
Il craignait de longue date une mort prématurée et a ainsi rédigé… 21 testaments tout au long de sa vie !
Dans de nombreuses versions, il stipulait clairement son souhait :
« Je désire être enterré dans le cimetière d'Andilly (vallée de Montmorency) ou dans le cimetière de Montlignon ou de Saint-Leu ou enfin dans le cimetière d'un des villages voisins d'Andilly. »
Dans d'autres versions, seule la ville d'Andilly était mentionnée.
Malheureusement, c'est celle de 1837 qui servira de base pour la succession du romancier. Il avait alors écrit ces mots :
« M. Romain Colomb sera exécuteur testamentaire et me fera enterrer au cimetière d'Andilly (Vallée de Montmorency) ou, si cela est trop cher, au cimetière Montmartre, en belle vue, près le monument de la famille Houdetot. »
M Colomb, ira à l'économie et choisira le cimetière parisien…

Mais l'histoire ne se termine pas ainsi… Il y a 10 ans, le 23 septembre 2012, une "tablette" commémorative est érigée dans le cimetière d'Andilly pour honorer le vœu de Stendhal.

Souvenirs d'égotisme (1827)
Que de fois balancé sur une barque solitaire par les ondes du lac de Côme, je me disais avec délice :
Hic captabis frigus opacum ("Là tu respireras la fraîcheur obscure" – Bucoliques, Virgile)
Si je laisse de quoi faire cette tablette, je prie qu'on la place dans le cimetière d'Andilly, près Montmorency, exposée au levant.

Ainsi, le souvenir de Stendhal est aujourd'hui présent à Andilly et le romancier est ainsi relié à jamais à la vallée de Montmorency.

Merci à Hervé Collet pour ces recherches historiques qui m'ont aidées pour cet article. Vous pouvez les retrouver dans son livre consacré à Andilly : "Andilly au fil du temps" (disponible dans la Petite boutique du Journal de François)