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Mercredi cinéma : "Une famille syrienne" de Philippe Van Leeuw avec Hiam Abbass.

Publié le : 06-09-2017

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

UNE AFFAIRE SYRIENNE de Philippe Van LeeuwSortie de la semaine (6 septembre 2017) : "Une famille syrienne" de Philippe Van Leeuw.

L'histoire
Dans la Syrie en guerre, d'innombrables familles sont restées piégées par les bombardements. Parmi elles, une mère et ses enfants tiennent bon, cachés dans leur appartement. Courageusement, ils s’organisent au jour le jour pour continuer à vivre malgré les pénuries et le danger, et par solidarité, recueillent un couple de voisins et son nouveau-né. Tiraillés entre fuir et rester, ils font chaque jour face en gardant espoir.
Un film de Philippe Van Leeuw avec Hiam Abbass, Diamand Abou Abboud, Juliette Navis, Mohsen Abbas, Moustapha Al Kar

>> Bande annonce

 

Bonus : propos de Philippe Van Leeuw, réalisateur du film.

Le film raconte la journée d’une famille syrienne vivant confinée dans son appartement. D’où est venu le désir de faire ce film ?
D’un sentiment d’injustice. Quand la Communauté Internationale s’est engagée en Libye avec tous les moyens nécessaires, militaires et politiques, au même moment, en Syrie, les manifestations pacifiques étaient réprimées par la terreur, et là, personne n’a bougé. Comme pour mon premier film, "Le Jour où Dieu est parti en voyage", qui abordait le génocide au Rwanda, je suis parti de cette colère, de ce sentiment d’impuissance face à des choses terribles qui se passent sous nos yeux.

UNE AFFAIRE SYRIENNE de Philippe Van LeeuwLa réalité de la guerre est très présente dans votre film mais reste essentiellement hors-champ…
On voit beaucoup d’images des conflits armés à la télévision, on entend des commentaires sur les actes de tortures perpétrés, mais on ne voit pas comment les gens se débrouillent au quotidien dans cette réalité dont ils sont otages. Dans "Une famille syrienne", je voulais mettre des images sur ces personnes qui subissent la guerre au jour le jour, quelles que soient leurs convictions politiques.
Qu'on ne se méprenne pourtant pas, je pense bien entendu que Bachar Al-Assad est un tortionnaire, que ceux qui le soutiennent sont encore pires que lui. Mais dans "Une famille syrienne", je ne fais pas de politique, ou plutôt j’essaie de me situer en dehors des polémiques partisanes, ce n’est pas mon propos. Je veux être au cœur de l’humain, avec un contexte historique et géopolitique aussi réduit que possible.

D’où l’idée aussi du huis-clos ?
Cette idée m’est d’abord venue d’une amie chef opératrice syrienne, avec laquelle j’avais travaillé au Liban. En 2012, alors qu’elle est de passage à Paris, je prends des nouvelles de sa famille et elle me dit que ça fait trois semaines qu'elle n'a pas de nouvelles de son père, qui vit à Alep. Elle sait juste qu’il est dans son appartement, dont il ne peut pas sortir parce que ça bombarde dans tous les sens autour de chez lui. Je suis parti de là : imaginer cet homme dans son appartement. En me disant : et si UNE AFFAIRE SYRIENNE de Philippe Van Leeuwcela m’arrivait à moi ? Quels seraient mes propres ressorts, comment fait-on pour tenir ? Pour répondre à de telles questions, pas besoin d’aller enquêter en Syrie, de se documenter ou de lire des témoignages. L’important est de plonger dans l’humain. L’idée était de raconter le quotidien d'une famille ordinaire en imaginant les pénuries avec lesquelles il faut composer pour que ce quotidien conserve une apparence de normalité. Normalité qui est le seul faux-fuyant contre le déchainement de violence qui s'abat indistinctement et sans crier gare.

Et le choix de concentrer le huis clos sur une seule journée ?

Etre dans cet appartement et ne pas en sortir pendant 24 heures était une manière de concentrer les enjeux. Et de clore le film sur la notion de recommencement inéluctable : ce dont on vient d’être témoin va recommencer le jour suivant, et le jour d'après, de manière similaire.

La décision de Oum Yazan, la mère de famille, de taire ce qui est arrivé au mari de Halima est avant tout pragmatique : maintenir la cohésion du groupe, son énergie…
Oui, elle veut avant tout assurer la survie du groupe. Cette femme a la responsabilité de sa maison, elle est en charge d’organiser le quotidien pour qu’un semblant de normalité continue à s’exercer dans cet espace confiné, malgré la promiscuité, les pénuries de toutes sortes, et avec le manque d’intimité et l’ennui que ça induit.
Sans lui en avoir parlé, j’ai écrit en pensant à Hiam Abbass. Cela m’aidait beaucoup de m’appuyer sur ce que j’imaginais d’elle : sa détermination, son autorité gracieuse. Et puis Hiam est née en Palestine, elle a grandi au milieu des bombes, elle a cette connaissance intime du conflit. Comme d’ailleurs les autres acteurs du film, qui sont tous Syriens, hormis Juliette Navis et Diamand Abou Abboud, la jeune Libanaise. C’était capital pour moi qu’ils puissent chacun s'appuyer sur leur vécu, mais aussi me semble-t-il le transmettre à l'écran. Ils étaient très impliqués dans ce film qui raconte quelque chose qui leur appartient, dans lequel ils se reconnaissent.

UNE AFFAIRE SYRIENNE de Philippe Van LeeuwLes deux maris étant hors-champs, les forces vives du film sont essentiellement féminines…
Face à la violence, la femme ne répond généralement pas par la violence. Elle trouve d’autres ressorts, que je trouve exceptionnels et que j’avais envie d’explorer, notamment lors de la scène de viol. Halima essaye de se prêter volontairement au « jeu » de ses agresseurs plutôt que de rester sur la défensive, à prendre des coups. Elle essaye de les diviser, de les éloigner autant que possible de son bébé d’abord, et des autres ensuite. Et de rester en vie elle-même. Son action est avant tout guidée par son instinct de survie.
Quand je suis confronté à la représentation de scènes aussi violentes, j'essaie toujours qu'à aucun moment le spectateur n'ait besoin de détourner le regard et, en même temps, je ne voulais pas faire l'impasse sur la brutalité de cette scène. Alors je me suis concentré sur la résistance et la dignité de cette femme, qui irradient tout son corps. Ensuite je savais pouvoir basculer aussi dans la cuisine et montrer par le son seulement ce que cette violence produit sur ceux qui en sont témoins.

Cette violence faite aux femmes est une véritable arme de guerre.
Du point de vue de nos archaïsmes, la position de la femme, même dans nos sociétés occidentales, reste profondément sédentaire, au sens premier du terme. La femme, c’est la maison, le port, celle vers laquelle on revient, qui permet le mouvement, l’action. Elle est donc une cible prioritaire dans tout conflit. Quand on détruit la femme, on détruit l’énergie, la volonté et la raison de se battre du combattant.
Cette femme face à ses agresseurs alors que les autres occupants de l’appartement sont réfugiés dans la cuisine est aussi pour moi une forme de métaphore. D’une certaine manière, ceux qui entendent tout et qui voient tout et ne font rien, c’est nous. Et la jeune femme, c’est la Syrie.

Vous ne jugez pas pour autant vos personnages.
Comment juger ceux qui restent derrière la porte et n’osent pas bouger ? Peuvent-ils faire autrement ? Si cette porte s’ouvrait et que ces agresseurs s’engouffraient dans la cuisine, ce serait un carnage. Ces gens sont dans une situation absolument intenable et eux aussi souffrent, à leur façon. Leur culpabilité est leur souffrance.

Pourquoi avez-vous choisi de tourner à Beyrouth ?
Il était impossible de tourner en Syrie mais je voulais garder une proximité socio-culturelle aussi forte que possible avec ce pays. Aussi bien au niveau de la langue ou de l'histoire récente que des détails du quotidien tels qu’une cafetière, un meuble… Le Liban étant le jardin – ou la cour – de la Syrie, l’idée d’y tourner s’est imposée tout de suite. Et puis j’avais déjà fait deux films à Beyrouth en tant que chef opérateur, je connaissais bien la ville.
(extrait dossier de presse)

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône

 

UNE AFFAIRE SYRIENNE de Philippe Van LeeuwSortie de la semaine (6 septembre 2017) : "Une famille syrienne" de Philippe Van Leeuw.

L'histoire
Dans la Syrie en guerre, d'innombrables familles sont restées piégées par les bombardements. Parmi elles, une mère et ses enfants tiennent bon, cachés dans leur appartement. Courageusement, ils s’organisent au jour le jour pour continuer à vivre malgré les pénuries et le danger, et par solidarité, recueillent un couple de voisins et son nouveau-né. Tiraillés entre fuir et rester, ils font chaque jour face en gardant espoir.
Un film de Philippe Van Leeuw avec Hiam Abbass, Diamand Abou Abboud, Juliette Navis, Mohsen Abbas, Moustapha Al Kar

>> Bande annonce

 

Bonus : propos de Philippe Van Leeuw, réalisateur du film.

Le film raconte la journée d’une famille syrienne vivant confinée dans son appartement. D’où est venu le désir de faire ce film ?
D’un sentiment d’injustice. Quand la Communauté Internationale s’est engagée en Libye avec tous les moyens nécessaires, militaires et politiques, au même moment, en Syrie, les manifestations pacifiques étaient réprimées par la terreur, et là, personne n’a bougé. Comme pour mon premier film, "Le Jour où Dieu est parti en voyage", qui abordait le génocide au Rwanda, je suis parti de cette colère, de ce sentiment d’impuissance face à des choses terribles qui se passent sous nos yeux.

UNE AFFAIRE SYRIENNE de Philippe Van LeeuwLa réalité de la guerre est très présente dans votre film mais reste essentiellement hors-champ…
On voit beaucoup d’images des conflits armés à la télévision, on entend des commentaires sur les actes de tortures perpétrés, mais on ne voit pas comment les gens se débrouillent au quotidien dans cette réalité dont ils sont otages. Dans "Une famille syrienne", je voulais mettre des images sur ces personnes qui subissent la guerre au jour le jour, quelles que soient leurs convictions politiques.
Qu'on ne se méprenne pourtant pas, je pense bien entendu que Bachar Al-Assad est un tortionnaire, que ceux qui le soutiennent sont encore pires que lui. Mais dans "Une famille syrienne", je ne fais pas de politique, ou plutôt j’essaie de me situer en dehors des polémiques partisanes, ce n’est pas mon propos. Je veux être au cœur de l’humain, avec un contexte historique et géopolitique aussi réduit que possible.

D’où l’idée aussi du huis-clos ?
Cette idée m’est d’abord venue d’une amie chef opératrice syrienne, avec laquelle j’avais travaillé au Liban. En 2012, alors qu’elle est de passage à Paris, je prends des nouvelles de sa famille et elle me dit que ça fait trois semaines qu'elle n'a pas de nouvelles de son père, qui vit à Alep. Elle sait juste qu’il est dans son appartement, dont il ne peut pas sortir parce que ça bombarde dans tous les sens autour de chez lui. Je suis parti de là : imaginer cet homme dans son appartement. En me disant : et si UNE AFFAIRE SYRIENNE de Philippe Van Leeuwcela m’arrivait à moi ? Quels seraient mes propres ressorts, comment fait-on pour tenir ? Pour répondre à de telles questions, pas besoin d’aller enquêter en Syrie, de se documenter ou de lire des témoignages. L’important est de plonger dans l’humain. L’idée était de raconter le quotidien d'une famille ordinaire en imaginant les pénuries avec lesquelles il faut composer pour que ce quotidien conserve une apparence de normalité. Normalité qui est le seul faux-fuyant contre le déchainement de violence qui s'abat indistinctement et sans crier gare.

Et le choix de concentrer le huis clos sur une seule journée ?

Etre dans cet appartement et ne pas en sortir pendant 24 heures était une manière de concentrer les enjeux. Et de clore le film sur la notion de recommencement inéluctable : ce dont on vient d’être témoin va recommencer le jour suivant, et le jour d'après, de manière similaire.

La décision de Oum Yazan, la mère de famille, de taire ce qui est arrivé au mari de Halima est avant tout pragmatique : maintenir la cohésion du groupe, son énergie…
Oui, elle veut avant tout assurer la survie du groupe. Cette femme a la responsabilité de sa maison, elle est en charge d’organiser le quotidien pour qu’un semblant de normalité continue à s’exercer dans cet espace confiné, malgré la promiscuité, les pénuries de toutes sortes, et avec le manque d’intimité et l’ennui que ça induit.
Sans lui en avoir parlé, j’ai écrit en pensant à Hiam Abbass. Cela m’aidait beaucoup de m’appuyer sur ce que j’imaginais d’elle : sa détermination, son autorité gracieuse. Et puis Hiam est née en Palestine, elle a grandi au milieu des bombes, elle a cette connaissance intime du conflit. Comme d’ailleurs les autres acteurs du film, qui sont tous Syriens, hormis Juliette Navis et Diamand Abou Abboud, la jeune Libanaise. C’était capital pour moi qu’ils puissent chacun s'appuyer sur leur vécu, mais aussi me semble-t-il le transmettre à l'écran. Ils étaient très impliqués dans ce film qui raconte quelque chose qui leur appartient, dans lequel ils se reconnaissent.

UNE AFFAIRE SYRIENNE de Philippe Van LeeuwLes deux maris étant hors-champs, les forces vives du film sont essentiellement féminines…
Face à la violence, la femme ne répond généralement pas par la violence. Elle trouve d’autres ressorts, que je trouve exceptionnels et que j’avais envie d’explorer, notamment lors de la scène de viol. Halima essaye de se prêter volontairement au « jeu » de ses agresseurs plutôt que de rester sur la défensive, à prendre des coups. Elle essaye de les diviser, de les éloigner autant que possible de son bébé d’abord, et des autres ensuite. Et de rester en vie elle-même. Son action est avant tout guidée par son instinct de survie.
Quand je suis confronté à la représentation de scènes aussi violentes, j'essaie toujours qu'à aucun moment le spectateur n'ait besoin de détourner le regard et, en même temps, je ne voulais pas faire l'impasse sur la brutalité de cette scène. Alors je me suis concentré sur la résistance et la dignité de cette femme, qui irradient tout son corps. Ensuite je savais pouvoir basculer aussi dans la cuisine et montrer par le son seulement ce que cette violence produit sur ceux qui en sont témoins.

Cette violence faite aux femmes est une véritable arme de guerre.
Du point de vue de nos archaïsmes, la position de la femme, même dans nos sociétés occidentales, reste profondément sédentaire, au sens premier du terme. La femme, c’est la maison, le port, celle vers laquelle on revient, qui permet le mouvement, l’action. Elle est donc une cible prioritaire dans tout conflit. Quand on détruit la femme, on détruit l’énergie, la volonté et la raison de se battre du combattant.
Cette femme face à ses agresseurs alors que les autres occupants de l’appartement sont réfugiés dans la cuisine est aussi pour moi une forme de métaphore. D’une certaine manière, ceux qui entendent tout et qui voient tout et ne font rien, c’est nous. Et la jeune femme, c’est la Syrie.

Vous ne jugez pas pour autant vos personnages.
Comment juger ceux qui restent derrière la porte et n’osent pas bouger ? Peuvent-ils faire autrement ? Si cette porte s’ouvrait et que ces agresseurs s’engouffraient dans la cuisine, ce serait un carnage. Ces gens sont dans une situation absolument intenable et eux aussi souffrent, à leur façon. Leur culpabilité est leur souffrance.

Pourquoi avez-vous choisi de tourner à Beyrouth ?
Il était impossible de tourner en Syrie mais je voulais garder une proximité socio-culturelle aussi forte que possible avec ce pays. Aussi bien au niveau de la langue ou de l'histoire récente que des détails du quotidien tels qu’une cafetière, un meuble… Le Liban étant le jardin – ou la cour – de la Syrie, l’idée d’y tourner s’est imposée tout de suite. Et puis j’avais déjà fait deux films à Beyrouth en tant que chef opérateur, je connaissais bien la ville.
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