Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône
Zoom nouveauté : "Les beaux jours" de Marion Vernoux
L'histoire
Des beaux jours ? Caroline, fraîchement retraitée, n’a que ça devant elle : du temps libre et encore du temps libre.
La belle vie ? Pas si simple… Comment alors tout réinventer ? Transgresser les règles, provoquer de nouvelles rencontres, ou bien simplement remplir son agenda ? À moins que tout soit déjà là ?...
Un film de Marion Vernoux avec Fanny Ardant, Laurent Lafitte, Patrick Chesnais, Jean-François Stévenin, Fanny Cottençon, Catherine Lachens…
Bonus : propos de Marion Vernoux, réalisatrice du film
"Les beaux jours" est d’abord un roman de Fanny Chesnel intitulé "Une jeune fille aux cheveux blancs". Pourquoi avez-vous eu le désir de l’adapter ?
Ce n’est pas moi qui ai eu l’idée mais les producteurs François Kraus, Denis Pineau-Valencienne et Juliette Favreul Renaud, qui sont ensuite venus me proposer ce projet. C’est ça qui m’a plu au départ : qu’on vienne me chercher ! Quand j’ai lu le livre, j’ai commencé par me demander : en quoi cette histoire me touche ? Est-ce qu’honnêtement je peux m’en emparer ? Après tout, je ne suis pas cette femme, je n’ai pas soixante ans, je ne suis pas provinciale, ni dentiste… Pour autant et par le plus grand des hasards, me trottait dans la tête depuis quelques temps, un personnage de femme d’une soixantaine d’années dont je voulais raconter l’histoire, même si celle-ci n’avait rien à voir.
Quels chemins avez-vous pris pour y arriver ?
J’ai beaucoup travaillé le personnage de Julien. Dans le roman, il était endeuillé par la mort de sa mère et sa femme dans un accident de voiture. Caroline était un peu une mère de substitution. Moi, je voulais qu’il soit au contraire à armes égales avec elle, que leur attirance soit moins justifiée psychologiquement. Dès que j’ai pensé à Julien comme à un homme à femmes, c’était bon, je savais que j’avais ma porte d’entrée dans l’histoire. Une femme vient de prendre sa retraite, elle croit qu’elle va tomber dans l’anonymat, devenir transparente, ne plus être regardée par un homme, l’est à nouveau mais pour la bonne raison que cet homme regarde toutes les femmes ! J’aimais cette ironie qui m’évitait le premier piège dans lequel je ne voulais pas tomber : le côté cougar. Cet homme n’aime pas « les vieilles », non, il aime les femmes. Toutes ! Et puis pendant que j’écrivais le scénario, j’ai pris conscience que mes parents étaient morts l’un et l’autre au moment d’aborder la soixantaine. Et qu’ils m’avaient laissée face à cette page vierge. Page que je me devais de remplir pour combler leur absence. En faisant ce film, je leur rends hommage à ma manière. J’aurais aimé avoir avec ma mère ce temps du film que je passe avec Caroline.
Le thème du film n’est pas tant la vieillesse que la question de ce que l’on fait de sa vie, de son désir…
Oui, et c’était ma troisième motivation pour faire le film : parler du couple. Qu’est-ce qui fait que l’on reste ou non ensemble ? Comment relance-t-on les dés ? C’est un immense mystère, plus que le coup de foudre. Cette capacité à continuer, ou pas… C’est très touchant, d’autant plus quand on est dans la dernière ligne droite de sa vie, à l’heure des bilans : qu’est-ce que j’ai réussi, raté ? Avec en filigrane la question : est-ce que je vais mourir seul ou pas ? Quand on vit en couple, il ne faut jamais perdre de vue que tout peut toujours se casser la figure. Sinon, c’est mortifère.
Il a tout de suite été question que Fanny Chesnel participe à l’écriture du scénario ?
Ce n’était pas une obligation mais dès que je l’ai rencontrée, l’alliance s’est imposée. J’étais très en confiance et j’ai eu raison, c’est une excellente scénariste. Elle est très douée, elle a le sens du dialogue, des situations. On a vraiment travaillé à quatre mains. Et puis son livre est très nourri par son expérience puisqu’elle s’est inspirée de sa mère pour l’écrire. Elle était garante de la crédibilité de l’histoire. Structurellement, le scénario reste très proche du livre. La plus grosse modification concerne l’histoire d’amour.
Quand Caroline rencontre Julien, elle ne se raconte pas que tout est de nouveau possible, elle ne court pas après sa jeunesse ni ne rêve de construire un futur avec cet amant… Elle est juste dans l’acceptation de ce qui lui arrive…
Dans le film, personne ne se raconte de bobards, ni n’en raconte aux autres. Caroline et Julien sont heureux simplement parce qu’ils passent l’après-midi au lit à prendre clandestinement du bon temps. Ils sont dans une forme d’abandon, ils fument des joints, se chamaillent, se confient… Comme des ados ! Leur histoire commence de manière toute bête; Caroline se rend compte que c’est agréable de boire au déjeuner, que c’est bête de ne pas en avoir profité plus tôt. C’est la première petite porte qu’elle entrouvre, elle est un peu pompette, Julien la séduit… Il y a un côté : « Eh merde, pourquoi pas ? ! » Même si je pense qu’elle est terrorisée et bouleversée quand elle pressent ce qui va se passer.
Le fait que Julien soit un homme à femmes rend d’autant plus libre leur histoire. On évite le cliché de la femme plus âgée qui regarde ses rides dans la glace avec d’autant plus d’angoisse qu’elle a rencontré un homme plus jeune…
C’était prévu dans le scénario ! Mais au moment de tourner, je me suis dit que ce serait un contre sens. Caroline est regardée par quelqu’un d’autre, elle n’a plus besoin de se regarder elle. C’est d’ailleurs ce qu’elle dit à son mari quand il lui lance : « non mais tu t’es regardée ? » Et qui lui répond : « Non, c’est lui qui me regarde ! » Caroline et Julien ne sont pas dans la stratégie amoureuse. Peu importe qui rappelle l’autre, qui donne et demande des gages d’amour. C’est une histoire d’amour assez inédite, au-delà de la chronique d’un banal adultère. Caroline ne prend pas spécialement de précautions pour cacher son histoire et son mari ne lui lance pas d’ultimatums du genre : « Si tu n’arrêtes pas immédiatement cette histoire, je te quitte. » C’est beau et inspirant de traiter un trio de cette manière-là. Caroline et Philippe sont un peu en avance en âge mais aussi en conscience. Au fur et à mesure, ils découvrent qu’ils « en ont sous la semelle » et qu’ils vont être moins conventionnels que certaines personnes plus jeunes. Ils ne lâchent pas l’affaire alors que ça pourrait justement être l’âge on l’on commence à le faire.
On peut d’ailleurs se dire au début du film qu’il y a encore de la joie et du désir entre eux. On ne sent pas l’usure du quotidien.
Oui, ce couple repose beaucoup sur sa capacité à se faire rire, heureusement inépuisable. Julien aussi séduit Caroline par son humour. À sa manière, elle a un type : les hommes drôles et spirituels.
Philippe est astucieux quand il dit à sa femme qu’il ne cherchera pas à la reconquérir…
Oui, il a bien raison mais on voit sur son visage qu’il est vraiment atteint. C’est la grâce de Patrick Chesnais d’exprimer ainsi combien le personnage a de la peine, combien il est déstabilisé. Entre ce qu’il dit et ce qu’il montre…
"Love etc;", "Rien à faire" … Ce n’est pas la première fois que vous racontez une histoire d’amour clandestine… Est-ce la raison pour laquelle les producteurs ont pensé à vous ?
Ils aimaient effectivement beaucoup "Love etc." Ils trouvaient que c’était la veine sentimentale appropriée pour ce film. Les histoires d’amour clandestines ne peuvent pas le rester trop longtemps donc, dramatiquement, il y a d’emblée un potentiel. Vivons heureux, vivons cachés… mais combien de temps ?
Fanny Ardant est très étonnante dans le film…
Je n’ai pas pensé spontanément à elle car son registre habituel n’allait pas avec le côté spontané et espiègle du personnage. Mais je savais aussi que je cherchais une actrice belle tout en n’étant pas trop dans l’image d’elle-même… Et qui accepte d’incarner un personnage qui va dans un club pour retraités, qui a des scènes de lit avec un homme beaucoup plus jeune... Et d’assumer un scénario où revenaient à plusieurs reprises les mots « vieille », « vieillir »… On ne répètera jamais assez à quel point la vieillesse reste un tabou. Heureusement, Fanny a su s’en amuser plutôt que de s’en formaliser. Et surtout se saisir du personnage, au-delà de son état civil. Je pense que la direction d’acteur a commencé le jour où l’on a fait une lecture à voix haute du scénario : en entendant Fanny, je me suis dit que j’allais la faire parler plus vite car je voulais un film vif. Du même coup, cela la faisait parler une octave plus haute. Et ça changeait tout ! Je ne l’ai jamais lâchée là-dessus. Fanny est très intelligente, au sens d’être en bonne intelligence : avec le rôle, le projet, ses partenaires, ma façon de faire, mon univers.
Et le désir de la teindre en blonde ?
Au départ, j’avais envie qu’elle ait les cheveux blancs, comme le suggère le titre du roman. On a fait des essais mais ça la rendait paradoxalement trop sophistiquée. En revanche, on s’est rendu compte que les cheveux clairs lui donnaient un aspect en même temps « passe partout » et énigmatique. Et puis je voulais la voir en jeans. Alors qu’elle n’en avait jamais portés de sa vie ! Fanny a une classe folle. Avec elle, c’est facile, tout lui va. Dans la vraie vie, elle porte surtout du noir auquel je préférais des couleurs fondues. Que ses vêtements soient intemporels et un petit peu improbables.
Et le choix de Laurent Lafitte ?
J’ai pensé à lui en le voyant… aux Césars l’année dernière. Il avait fait un sketch plutôt casse-gueule mais son élégance très « british » faisait passer ces énormités. Je me suis dit, c’est lui, c’est Julien ! J’avais envie qu’il soit sexy, qu’il ait les cheveux un peu hirsutes, qu’il ait plus de poils ! Et montrer sa peau, qu’il a très belle. Entre Julien et Caroline, l’attirance est épidermique. Laurent a un regard exceptionnel, en un quart de seconde, il passe d’une émotion à l’autre. On sent son intelligence, il sait écouter ses partenaires, réceptionner vraiment ce qu‘ils lui donnent. Dès qu’il plante son regard sur Caroline, on sent combien elle est regardée. Quand j’ai fait se rencontrer Fanny et Laurent pour voir si ça marchait entre eux, elle a tout de suite été emballée : « Avec lui, ce n’est pas une histoire d’âge qu’on va raconter mais une histoire qui marche. »
Et Patrick Chesnais ?
Je l’avais rencontré dans un festival, on se connaissait un peu. À peine avait-il refermé le scénario qu’il m’a rappelée pour me dire, moitié en m’engueulant : « Je ne vois pas à qui d’autre tu aurais pu le proposer ! » J’aime ces acteurs dont on se dit quand ils jouent qu’ils pensent un peu à autre chose. Patrick possède cette forme de présence-absence qui convenait bien pour incarner ce mari, dont on se demande s’il a compris que sa femme a un amant, s’il s’en fiche. Ce n’est pas de la désinvolture mais du mystère. Patrick a une intériorité, c’est un acteur spirituel et un très bel homme. Pendant le tournage, je les sentais tous heureux d’être là. Je crois qu’ils avaient confiance en moi, en eux. On n’avait pas à s’embarrasser de rapports de force ou de pouvoir. C’était très agréable.
(Extrait dossier de presse)
Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône
Zoom nouveauté : "Les beaux jours" de Marion Vernoux
L'histoire
Des beaux jours ? Caroline, fraîchement retraitée, n’a que ça devant elle : du temps libre et encore du temps libre.
La belle vie ? Pas si simple… Comment alors tout réinventer ? Transgresser les règles, provoquer de nouvelles rencontres, ou bien simplement remplir son agenda ? À moins que tout soit déjà là ?...
Un film de Marion Vernoux avec Fanny Ardant, Laurent Lafitte, Patrick Chesnais, Jean-François Stévenin, Fanny Cottençon, Catherine Lachens…
Bonus : propos de Marion Vernoux, réalisatrice du film
"Les beaux jours" est d’abord un roman de Fanny Chesnel intitulé "Une jeune fille aux cheveux blancs". Pourquoi avez-vous eu le désir de l’adapter ?
Ce n’est pas moi qui ai eu l’idée mais les producteurs François Kraus, Denis Pineau-Valencienne et Juliette Favreul Renaud, qui sont ensuite venus me proposer ce projet. C’est ça qui m’a plu au départ : qu’on vienne me chercher ! Quand j’ai lu le livre, j’ai commencé par me demander : en quoi cette histoire me touche ? Est-ce qu’honnêtement je peux m’en emparer ? Après tout, je ne suis pas cette femme, je n’ai pas soixante ans, je ne suis pas provinciale, ni dentiste… Pour autant et par le plus grand des hasards, me trottait dans la tête depuis quelques temps, un personnage de femme d’une soixantaine d’années dont je voulais raconter l’histoire, même si celle-ci n’avait rien à voir.
Quels chemins avez-vous pris pour y arriver ?
J’ai beaucoup travaillé le personnage de Julien. Dans le roman, il était endeuillé par la mort de sa mère et sa femme dans un accident de voiture. Caroline était un peu une mère de substitution. Moi, je voulais qu’il soit au contraire à armes égales avec elle, que leur attirance soit moins justifiée psychologiquement. Dès que j’ai pensé à Julien comme à un homme à femmes, c’était bon, je savais que j’avais ma porte d’entrée dans l’histoire. Une femme vient de prendre sa retraite, elle croit qu’elle va tomber dans l’anonymat, devenir transparente, ne plus être regardée par un homme, l’est à nouveau mais pour la bonne raison que cet homme regarde toutes les femmes ! J’aimais cette ironie qui m’évitait le premier piège dans lequel je ne voulais pas tomber : le côté cougar. Cet homme n’aime pas « les vieilles », non, il aime les femmes. Toutes ! Et puis pendant que j’écrivais le scénario, j’ai pris conscience que mes parents étaient morts l’un et l’autre au moment d’aborder la soixantaine. Et qu’ils m’avaient laissée face à cette page vierge. Page que je me devais de remplir pour combler leur absence. En faisant ce film, je leur rends hommage à ma manière. J’aurais aimé avoir avec ma mère ce temps du film que je passe avec Caroline.
Le thème du film n’est pas tant la vieillesse que la question de ce que l’on fait de sa vie, de son désir…
Oui, et c’était ma troisième motivation pour faire le film : parler du couple. Qu’est-ce qui fait que l’on reste ou non ensemble ? Comment relance-t-on les dés ? C’est un immense mystère, plus que le coup de foudre. Cette capacité à continuer, ou pas… C’est très touchant, d’autant plus quand on est dans la dernière ligne droite de sa vie, à l’heure des bilans : qu’est-ce que j’ai réussi, raté ? Avec en filigrane la question : est-ce que je vais mourir seul ou pas ? Quand on vit en couple, il ne faut jamais perdre de vue que tout peut toujours se casser la figure. Sinon, c’est mortifère.
Il a tout de suite été question que Fanny Chesnel participe à l’écriture du scénario ?
Ce n’était pas une obligation mais dès que je l’ai rencontrée, l’alliance s’est imposée. J’étais très en confiance et j’ai eu raison, c’est une excellente scénariste. Elle est très douée, elle a le sens du dialogue, des situations. On a vraiment travaillé à quatre mains. Et puis son livre est très nourri par son expérience puisqu’elle s’est inspirée de sa mère pour l’écrire. Elle était garante de la crédibilité de l’histoire. Structurellement, le scénario reste très proche du livre. La plus grosse modification concerne l’histoire d’amour.
Quand Caroline rencontre Julien, elle ne se raconte pas que tout est de nouveau possible, elle ne court pas après sa jeunesse ni ne rêve de construire un futur avec cet amant… Elle est juste dans l’acceptation de ce qui lui arrive…
Dans le film, personne ne se raconte de bobards, ni n’en raconte aux autres. Caroline et Julien sont heureux simplement parce qu’ils passent l’après-midi au lit à prendre clandestinement du bon temps. Ils sont dans une forme d’abandon, ils fument des joints, se chamaillent, se confient… Comme des ados ! Leur histoire commence de manière toute bête; Caroline se rend compte que c’est agréable de boire au déjeuner, que c’est bête de ne pas en avoir profité plus tôt. C’est la première petite porte qu’elle entrouvre, elle est un peu pompette, Julien la séduit… Il y a un côté : « Eh merde, pourquoi pas ? ! » Même si je pense qu’elle est terrorisée et bouleversée quand elle pressent ce qui va se passer.
Le fait que Julien soit un homme à femmes rend d’autant plus libre leur histoire. On évite le cliché de la femme plus âgée qui regarde ses rides dans la glace avec d’autant plus d’angoisse qu’elle a rencontré un homme plus jeune…
C’était prévu dans le scénario ! Mais au moment de tourner, je me suis dit que ce serait un contre sens. Caroline est regardée par quelqu’un d’autre, elle n’a plus besoin de se regarder elle. C’est d’ailleurs ce qu’elle dit à son mari quand il lui lance : « non mais tu t’es regardée ? » Et qui lui répond : « Non, c’est lui qui me regarde ! » Caroline et Julien ne sont pas dans la stratégie amoureuse. Peu importe qui rappelle l’autre, qui donne et demande des gages d’amour. C’est une histoire d’amour assez inédite, au-delà de la chronique d’un banal adultère. Caroline ne prend pas spécialement de précautions pour cacher son histoire et son mari ne lui lance pas d’ultimatums du genre : « Si tu n’arrêtes pas immédiatement cette histoire, je te quitte. » C’est beau et inspirant de traiter un trio de cette manière-là. Caroline et Philippe sont un peu en avance en âge mais aussi en conscience. Au fur et à mesure, ils découvrent qu’ils « en ont sous la semelle » et qu’ils vont être moins conventionnels que certaines personnes plus jeunes. Ils ne lâchent pas l’affaire alors que ça pourrait justement être l’âge on l’on commence à le faire.
On peut d’ailleurs se dire au début du film qu’il y a encore de la joie et du désir entre eux. On ne sent pas l’usure du quotidien.
Oui, ce couple repose beaucoup sur sa capacité à se faire rire, heureusement inépuisable. Julien aussi séduit Caroline par son humour. À sa manière, elle a un type : les hommes drôles et spirituels.
Philippe est astucieux quand il dit à sa femme qu’il ne cherchera pas à la reconquérir…
Oui, il a bien raison mais on voit sur son visage qu’il est vraiment atteint. C’est la grâce de Patrick Chesnais d’exprimer ainsi combien le personnage a de la peine, combien il est déstabilisé. Entre ce qu’il dit et ce qu’il montre…
"Love etc;", "Rien à faire" … Ce n’est pas la première fois que vous racontez une histoire d’amour clandestine… Est-ce la raison pour laquelle les producteurs ont pensé à vous ?
Ils aimaient effectivement beaucoup "Love etc." Ils trouvaient que c’était la veine sentimentale appropriée pour ce film. Les histoires d’amour clandestines ne peuvent pas le rester trop longtemps donc, dramatiquement, il y a d’emblée un potentiel. Vivons heureux, vivons cachés… mais combien de temps ?
Fanny Ardant est très étonnante dans le film…
Je n’ai pas pensé spontanément à elle car son registre habituel n’allait pas avec le côté spontané et espiègle du personnage. Mais je savais aussi que je cherchais une actrice belle tout en n’étant pas trop dans l’image d’elle-même… Et qui accepte d’incarner un personnage qui va dans un club pour retraités, qui a des scènes de lit avec un homme beaucoup plus jeune... Et d’assumer un scénario où revenaient à plusieurs reprises les mots « vieille », « vieillir »… On ne répètera jamais assez à quel point la vieillesse reste un tabou. Heureusement, Fanny a su s’en amuser plutôt que de s’en formaliser. Et surtout se saisir du personnage, au-delà de son état civil. Je pense que la direction d’acteur a commencé le jour où l’on a fait une lecture à voix haute du scénario : en entendant Fanny, je me suis dit que j’allais la faire parler plus vite car je voulais un film vif. Du même coup, cela la faisait parler une octave plus haute. Et ça changeait tout ! Je ne l’ai jamais lâchée là-dessus. Fanny est très intelligente, au sens d’être en bonne intelligence : avec le rôle, le projet, ses partenaires, ma façon de faire, mon univers.
Et le désir de la teindre en blonde ?
Au départ, j’avais envie qu’elle ait les cheveux blancs, comme le suggère le titre du roman. On a fait des essais mais ça la rendait paradoxalement trop sophistiquée. En revanche, on s’est rendu compte que les cheveux clairs lui donnaient un aspect en même temps « passe partout » et énigmatique. Et puis je voulais la voir en jeans. Alors qu’elle n’en avait jamais portés de sa vie ! Fanny a une classe folle. Avec elle, c’est facile, tout lui va. Dans la vraie vie, elle porte surtout du noir auquel je préférais des couleurs fondues. Que ses vêtements soient intemporels et un petit peu improbables.
Et le choix de Laurent Lafitte ?
J’ai pensé à lui en le voyant… aux Césars l’année dernière. Il avait fait un sketch plutôt casse-gueule mais son élégance très « british » faisait passer ces énormités. Je me suis dit, c’est lui, c’est Julien ! J’avais envie qu’il soit sexy, qu’il ait les cheveux un peu hirsutes, qu’il ait plus de poils ! Et montrer sa peau, qu’il a très belle. Entre Julien et Caroline, l’attirance est épidermique. Laurent a un regard exceptionnel, en un quart de seconde, il passe d’une émotion à l’autre. On sent son intelligence, il sait écouter ses partenaires, réceptionner vraiment ce qu‘ils lui donnent. Dès qu’il plante son regard sur Caroline, on sent combien elle est regardée. Quand j’ai fait se rencontrer Fanny et Laurent pour voir si ça marchait entre eux, elle a tout de suite été emballée : « Avec lui, ce n’est pas une histoire d’âge qu’on va raconter mais une histoire qui marche. »
Et Patrick Chesnais ?
Je l’avais rencontré dans un festival, on se connaissait un peu. À peine avait-il refermé le scénario qu’il m’a rappelée pour me dire, moitié en m’engueulant : « Je ne vois pas à qui d’autre tu aurais pu le proposer ! » J’aime ces acteurs dont on se dit quand ils jouent qu’ils pensent un peu à autre chose. Patrick possède cette forme de présence-absence qui convenait bien pour incarner ce mari, dont on se demande s’il a compris que sa femme a un amant, s’il s’en fiche. Ce n’est pas de la désinvolture mais du mystère. Patrick a une intériorité, c’est un acteur spirituel et un très bel homme. Pendant le tournage, je les sentais tous heureux d’être là. Je crois qu’ils avaient confiance en moi, en eux. On n’avait pas à s’embarrasser de rapports de force ou de pouvoir. C’était très agréable.
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