Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône
Zoom nouveauté : "Frances Ha" de Noah Baumbach
L'histoire
Frances, jeune New-Yorkaise, rêve de devenir chorégraphe. En attendant, elle s’amuse avec sa meilleure amie, danse un peu et s’égare beaucoup…
Un film de Noah Baumbach avec Greta Gerwig, Mickey Sumner, Adam Driver, Michael Zegen.
Bonus : propos de Noah Baumbach, réalisateur du film
Quelle est l’idée directrice de Frances Ha ?
Le film suit une New-Yorkaise de 27 ans, apprentie dans une troupe de danse, qui galère financièrement et cherche un nouvel appartement. Au début, elle vit en colocation avec sa meilleure amie Sophie, qui représente tout pour elle. Le déménagement de Sophie chez son petit ami provoque un désordre dans la vie de Frances. A partir de ce moment-là, elle va se lancer à la recherche d’un foyer, littéral et métaphorique.
Quels sont les liens avec votre film précédent, "Greenberg" ?
Peut-être est-elle l’enfant de Greenberg et Florence, le personnage qu’interprétait déjà Greta Gerwig, qui sait ? Il y a une différence fondamentale : Florence est à l’écoute des besoins des autres, faire plaisir aux autres la définit entièrement et Greenberg va tester ces limites. Frances est le contraire de cela, elle se jette en avant, a un grand cœur et est obstinée : elle est maladroite socialement, c’est une gaffeuse. Par exemple, elle se moque de la manière dont les gens parlent de leurs enfants, dans une pièce pleine de parents. Frances et Greenberg n’ont certes pas le même âge mais ont en commun des fantasmes : Frances est romantique, Greenberg n’est pas devenu celui qu’il voulait être et ne l’a pas digéré. Il a développé un système de défense très élaboré en réaction à cela. Frances, elle, se contente d’espérer que ses souhaits se réalisent. Elle va opérer des changements dans sa vie qui sont, au regard de ce personnage, héroïques. "Frances Ha" est peut-être le seul film où accepter un emploi de bureau constitue un geste héroïque : cela signifie qu’elle accepte ses propres limites pour pouvoir aller de l’avant. En même temps, Frances est aussi récompensée pour son romantisme, c’est un personnage que je voulais protéger. Ce film épouse le point de vue de son héroïne, contrairement à "Greenberg".
Comment avez-vous rencontré Greta Gerwig pour "Greenberg" ?
Je l’avais vue dans des tout petits films du courant « mumblecore », faits sans aucun budget, il y avait une certaine énergie propre à ces films qui m’a intéressé.
Quelle forme a pris la collaboration dans l’écriture du scénario, co-écrit avec Greta Gerwig ?
Avant même de savoir qui était le personnage de Frances et quelle serait la nature du film, nous nous envoyions par email un document intitulé « projet sans nom, fille de 27 ans » que chacun complétait. Les idées proposées par Greta sont des détails significatifs et précis, qui semblent avoir l’air ordinaires mais dans le contexte de ce film peuvent être extraordinaires et représenter de grandes décisions pour les personnages – des moments de cinéma. J’ai été inspiré par ces petites notes et très tôt j’ai vu à quoi pourrait ressembler le film.
Etait-il clair dès le début que Greta Gerwig jouerait aussi le personnage principal ?
Oui, pour moi en tout cas ; pour elle je l’espère. Au début nous ne savions tout simplement pas si le film se ferait, nous explorions juste des pistes. L’une des motivations pour faire ce film était de le faire avec Greta et de construire le film autour d’elle pour qu’elle puisse passer de l’humour au drame, du comique corporel au comique verbal. Greta me rappelle les actrices très polyvalentes des années 30 et 40 qui pouvaient tout faire, chanter, danser. Elle aurait brillé à cette époque, un peu comme Carole Lombard.
Pourquoi avoir choisi de tourner avec un petit budget ?
Tout ce qui a trait à ce film relève de choix conscients. "Les Berkman se séparent" a été fait avec peu d’argent car à l’époque je ne pouvais pas en trouver davantage, pour "Frances Ha" en revanche le petit budget est le résultat d’une décision. Nous nous sommes d’abord mis d’accord sur un concept : réduire l’équipe du film au minimum vital et simplement aller tourner. Nous avons ainsi pu tourner plus longtemps que je ne l’ai jamais fait et aller dans des villes différentes : au total 50 jours avec des interruptions.
Certaines parties du film ont été tournées en été, d’autres en hiver et nous avons été à Paris pendant Thanksgiving. Nous avons même pu ajouter des choses plus tard. Grâce à la technologie actuelle, nous avons pu faire un film de très bonne qualité. Au point où j’en suis dans ma vie, je n’avais pas envie de faire un petit film indépendant, au sens traditionnel du terme, j’ai déjà tourné avec de grosses contraintes de temps et je n’en ai plus envie. Avec le bon groupe de collaborateurs, je me disais que l’on pourrait arriver à un processus et un résultat plus inhabituels.
Le film était-il prévu en noir et blanc dès l’origine ?
Oui, même si ce genre de décision est très difficile en termes de financement, car personne n’a envie de soutenir ce type de projets, en particulier aux Etats-Unis. Mais finalement, le noir et blanc vient en contrepoint du scénario qui est très contemporain : il permet de mélanger le neuf et l’ancien.
Le film fait référence à ceux de Woody Allen, est-ce une lettre d’amour à New York ?
D’un côté, l’histoire de Frances est implicitement critique de New York : le film montre qu’il est difficile d’être jeune et d’avoir des ambitions artistiques en vivant à New York. Une phrase du film, dont les artistes me parlent souvent est « On ne peut plus être artiste et habiter à New York, pour cela il faut être riche. » C’est assez vrai, sauf pour certains coins bohèmes de Brooklyn mais Manhattan n’est plus un lieu où les artistes peuvent échouer et se chercher, il faut déjà avoir accompli des choses pour y être. Par ailleurs, ce film signifiait aussi pour moi un retour à New York après avoir tourné à Los Angeles, une manière de redécouvrir la ville, je voulais que le noir et blanc l’embellisse. C’est une lettre d’amour/haine. Je cherchais des nuances, pour que l’on comprenne cette ville sans la glorifier.
Comment avez-vous choisi la bande-originale, qui va de Georges Delerue à David Bowie ?
Je voulais que la musique soit complémentaire de l’image : le cadre est classique à bien des égards, je voulais que la B.O. soit grandiloquente, généreuse, romantique et joyeuse. C’est ce qu’a fait Woody Allen dans "Manhattan" : le sujet est petit à l’égard du reste du monde, ce sont des névrosés qui vivent leur vie et qui se demandent ce qu’ils veulent devenir, le tout filmé de façon majestueuse et artistique. La musique de Gershwin donne au film une dimension épique. Je voulais en faire ma propre version, que les petits problèmes de Frances existent dans ce contexte plus vaste, dans toute cette beauté. La musique de Georges Delerue donne cette consistance au film : tout en évoquant le cinéma dans lequel elle a été utilisée, elle est aussi neuve dans ce contexte.
(extrait dossier de presse)
Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien - Franconville - Saint-Gratien - Taverny et les séances du mercredi de Ermont
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône
Zoom nouveauté : "Frances Ha" de Noah Baumbach
L'histoire
Frances, jeune New-Yorkaise, rêve de devenir chorégraphe. En attendant, elle s’amuse avec sa meilleure amie, danse un peu et s’égare beaucoup…
Un film de Noah Baumbach avec Greta Gerwig, Mickey Sumner, Adam Driver, Michael Zegen.
Bonus : propos de Noah Baumbach, réalisateur du film
Quelle est l’idée directrice de Frances Ha ?
Le film suit une New-Yorkaise de 27 ans, apprentie dans une troupe de danse, qui galère financièrement et cherche un nouvel appartement. Au début, elle vit en colocation avec sa meilleure amie Sophie, qui représente tout pour elle. Le déménagement de Sophie chez son petit ami provoque un désordre dans la vie de Frances. A partir de ce moment-là, elle va se lancer à la recherche d’un foyer, littéral et métaphorique.
Quels sont les liens avec votre film précédent, "Greenberg" ?
Peut-être est-elle l’enfant de Greenberg et Florence, le personnage qu’interprétait déjà Greta Gerwig, qui sait ? Il y a une différence fondamentale : Florence est à l’écoute des besoins des autres, faire plaisir aux autres la définit entièrement et Greenberg va tester ces limites. Frances est le contraire de cela, elle se jette en avant, a un grand cœur et est obstinée : elle est maladroite socialement, c’est une gaffeuse. Par exemple, elle se moque de la manière dont les gens parlent de leurs enfants, dans une pièce pleine de parents. Frances et Greenberg n’ont certes pas le même âge mais ont en commun des fantasmes : Frances est romantique, Greenberg n’est pas devenu celui qu’il voulait être et ne l’a pas digéré. Il a développé un système de défense très élaboré en réaction à cela. Frances, elle, se contente d’espérer que ses souhaits se réalisent. Elle va opérer des changements dans sa vie qui sont, au regard de ce personnage, héroïques. "Frances Ha" est peut-être le seul film où accepter un emploi de bureau constitue un geste héroïque : cela signifie qu’elle accepte ses propres limites pour pouvoir aller de l’avant. En même temps, Frances est aussi récompensée pour son romantisme, c’est un personnage que je voulais protéger. Ce film épouse le point de vue de son héroïne, contrairement à "Greenberg".
Comment avez-vous rencontré Greta Gerwig pour "Greenberg" ?
Je l’avais vue dans des tout petits films du courant « mumblecore », faits sans aucun budget, il y avait une certaine énergie propre à ces films qui m’a intéressé.
Quelle forme a pris la collaboration dans l’écriture du scénario, co-écrit avec Greta Gerwig ?
Avant même de savoir qui était le personnage de Frances et quelle serait la nature du film, nous nous envoyions par email un document intitulé « projet sans nom, fille de 27 ans » que chacun complétait. Les idées proposées par Greta sont des détails significatifs et précis, qui semblent avoir l’air ordinaires mais dans le contexte de ce film peuvent être extraordinaires et représenter de grandes décisions pour les personnages – des moments de cinéma. J’ai été inspiré par ces petites notes et très tôt j’ai vu à quoi pourrait ressembler le film.
Etait-il clair dès le début que Greta Gerwig jouerait aussi le personnage principal ?
Oui, pour moi en tout cas ; pour elle je l’espère. Au début nous ne savions tout simplement pas si le film se ferait, nous explorions juste des pistes. L’une des motivations pour faire ce film était de le faire avec Greta et de construire le film autour d’elle pour qu’elle puisse passer de l’humour au drame, du comique corporel au comique verbal. Greta me rappelle les actrices très polyvalentes des années 30 et 40 qui pouvaient tout faire, chanter, danser. Elle aurait brillé à cette époque, un peu comme Carole Lombard.
Pourquoi avoir choisi de tourner avec un petit budget ?
Tout ce qui a trait à ce film relève de choix conscients. "Les Berkman se séparent" a été fait avec peu d’argent car à l’époque je ne pouvais pas en trouver davantage, pour "Frances Ha" en revanche le petit budget est le résultat d’une décision. Nous nous sommes d’abord mis d’accord sur un concept : réduire l’équipe du film au minimum vital et simplement aller tourner. Nous avons ainsi pu tourner plus longtemps que je ne l’ai jamais fait et aller dans des villes différentes : au total 50 jours avec des interruptions.
Certaines parties du film ont été tournées en été, d’autres en hiver et nous avons été à Paris pendant Thanksgiving. Nous avons même pu ajouter des choses plus tard. Grâce à la technologie actuelle, nous avons pu faire un film de très bonne qualité. Au point où j’en suis dans ma vie, je n’avais pas envie de faire un petit film indépendant, au sens traditionnel du terme, j’ai déjà tourné avec de grosses contraintes de temps et je n’en ai plus envie. Avec le bon groupe de collaborateurs, je me disais que l’on pourrait arriver à un processus et un résultat plus inhabituels.
Le film était-il prévu en noir et blanc dès l’origine ?
Oui, même si ce genre de décision est très difficile en termes de financement, car personne n’a envie de soutenir ce type de projets, en particulier aux Etats-Unis. Mais finalement, le noir et blanc vient en contrepoint du scénario qui est très contemporain : il permet de mélanger le neuf et l’ancien.
Le film fait référence à ceux de Woody Allen, est-ce une lettre d’amour à New York ?
D’un côté, l’histoire de Frances est implicitement critique de New York : le film montre qu’il est difficile d’être jeune et d’avoir des ambitions artistiques en vivant à New York. Une phrase du film, dont les artistes me parlent souvent est « On ne peut plus être artiste et habiter à New York, pour cela il faut être riche. » C’est assez vrai, sauf pour certains coins bohèmes de Brooklyn mais Manhattan n’est plus un lieu où les artistes peuvent échouer et se chercher, il faut déjà avoir accompli des choses pour y être. Par ailleurs, ce film signifiait aussi pour moi un retour à New York après avoir tourné à Los Angeles, une manière de redécouvrir la ville, je voulais que le noir et blanc l’embellisse. C’est une lettre d’amour/haine. Je cherchais des nuances, pour que l’on comprenne cette ville sans la glorifier.
Comment avez-vous choisi la bande-originale, qui va de Georges Delerue à David Bowie ?
Je voulais que la musique soit complémentaire de l’image : le cadre est classique à bien des égards, je voulais que la B.O. soit grandiloquente, généreuse, romantique et joyeuse. C’est ce qu’a fait Woody Allen dans "Manhattan" : le sujet est petit à l’égard du reste du monde, ce sont des névrosés qui vivent leur vie et qui se demandent ce qu’ils veulent devenir, le tout filmé de façon majestueuse et artistique. La musique de Gershwin donne au film une dimension épique. Je voulais en faire ma propre version, que les petits problèmes de Frances existent dans ce contexte plus vaste, dans toute cette beauté. La musique de Georges Delerue donne cette consistance au film : tout en évoquant le cinéma dans lequel elle a été utilisée, elle est aussi neuve dans ce contexte.
(extrait dossier de presse)
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