Accueil > Culture > Les Dialogues de Moritz > Les dialogues de Moritz : "La longévité"
Restez informés
Inscrivez-vous
aux newsletters du Journal !
Je m'inscris

Les dialogues de Moritz : "La longévité"  

Publié le : 18-05-2025

Gérard PouettrePendant trois ans, Moritz, le célèbre chat de Gérard Pouettre, est intervenu régulièrement dans le Journal de François pour nous délivrer avec humour son point de vue sur ce monde qui l'entoure.
Aujourd'hui notre écrivain saint-loupien nous partage les dialogues de Moritz avec un certain Fagus… un hêtre ! Quelle drôle d'idée !
A travers leurs discussions, ils nous invitent à déambuler dans l'univers des valeurs… Et comme toujours, le lecteur retrouve l'humour et la sagesse de Gérard Pouettre !
Bonne lecture !

Episodes précédents et aujourd'hui : la longévité (illustration : Marine Gauvain)

Les dialogues de Moritz - Gérard Pouettre - illustration Marine GauvainLongévité

- Moritz : Excuse-moi, je suis en retard ce matin.
- Fagus : Ce n’est pas grave ; nous les arbres on est obligé d’avoir de la patience. On ne peut pas s’adresser à l’hiver en lui disant : « Sois plus court parce que le vent froid et le givre sur les branches ça va bien un petit moment mais pas trop ». Mais c’est aussi à la patience qu’on doit notre longévité. Au contraire, les hommes nous font brûler les étapes avec le changement climatique et notre vie risque bien de se raccourcir.
- Ils ont pourtant un vieux proverbe : qui veut voyager loin ménage sa monture. Moi, je leur dirai plutôt : qui veut en prendre soin ménage la nature.
- Pas mal. Mais leur comportement est contradictoire. Si on raccourcit le temps long, nous on n’a pas le temps de s’épanouir. Qu’est-ce qu’ils veulent ? de beaux arbres avec de larges frondaisons, des couleurs chatoyantes, ou des arbres mal fichus, ébouriffés qui sont restés ados ou qui ont vieilli prématurément. Il nous faut du temps long et du temps rond.
- C’est trop technique. Explique-moi.
- Le temps long, c’est celui dont on ne connait pas la fin, qui ménage le suspens de nos vies ; le temps court suit le rythme de la nature, celui du soleil et de la lune, des saisons.
- Je suis plutôt dans le rond que dans le long ! Pour moi, vingt-quatre heures c’est déjà quelque chose et chaque soir, quand la lune apparait, j‘ai l’impression d’avoir pris un coup de vieux.
- Moi je conjugue les deux. Même si je vis quelques centaines d’années, je m’endors tout de même chaque soir. Mon feuillage se contracte au froid et la lune me berce en me laissant une lueur pour que je n’ai pas peur.
- On devrait prendre modèle sur toi. On a tort d’opposer temps court et temps long. Il faudrait un équilibre. Parfois on est pressé, alors on compresse le temps, parfois il faut laisser le temps passer sans le contrarier, j’y suis très attentif.
- Je sais que tu te débrouilles bien pour domestiquer le temps court ; c’est plutôt tes maitres qui doivent se plier à ton rythme. C’est une stratégie d’imposer son rythme aux autres, on se stresse moins. Mais moi je suis coincé, c’est la nature qui s’impose à moi.
- Oui, mais elle t’apporte un bon équilibre. Regarde ton tronc, il est ridé, par endroits tu as des boutons, des crevasses, tu fais vieux. Et quand on lève la tête, ton feuillage respire la jeunesse ; à chaque saison, tu changes de garde-robe, de maquillage.
- C’est sûr que c’est préférable au temps artificiel des humains ; il n’est ni court, ni long, il est haché ! Ne les laissons pas nous l’imposer. Soyons optimistes mais lucides.

A suivre...

Gérard PouettrePendant trois ans, Moritz, le célèbre chat de Gérard Pouettre, est intervenu régulièrement dans le Journal de François pour nous délivrer avec humour son point de vue sur ce monde qui l'entoure.
Aujourd'hui notre écrivain saint-loupien nous partage les dialogues de Moritz avec un certain Fagus… un hêtre ! Quelle drôle d'idée !
A travers leurs discussions, ils nous invitent à déambuler dans l'univers des valeurs… Et comme toujours, le lecteur retrouve l'humour et la sagesse de Gérard Pouettre !
Bonne lecture !

Episodes précédents et aujourd'hui : la longévité (illustration : Marine Gauvain)

Les dialogues de Moritz - Gérard Pouettre - illustration Marine GauvainLongévité

- Moritz : Excuse-moi, je suis en retard ce matin.
- Fagus : Ce n’est pas grave ; nous les arbres on est obligé d’avoir de la patience. On ne peut pas s’adresser à l’hiver en lui disant : « Sois plus court parce que le vent froid et le givre sur les branches ça va bien un petit moment mais pas trop ». Mais c’est aussi à la patience qu’on doit notre longévité. Au contraire, les hommes nous font brûler les étapes avec le changement climatique et notre vie risque bien de se raccourcir.
- Ils ont pourtant un vieux proverbe : qui veut voyager loin ménage sa monture. Moi, je leur dirai plutôt : qui veut en prendre soin ménage la nature.
- Pas mal. Mais leur comportement est contradictoire. Si on raccourcit le temps long, nous on n’a pas le temps de s’épanouir. Qu’est-ce qu’ils veulent ? de beaux arbres avec de larges frondaisons, des couleurs chatoyantes, ou des arbres mal fichus, ébouriffés qui sont restés ados ou qui ont vieilli prématurément. Il nous faut du temps long et du temps rond.
- C’est trop technique. Explique-moi.
- Le temps long, c’est celui dont on ne connait pas la fin, qui ménage le suspens de nos vies ; le temps court suit le rythme de la nature, celui du soleil et de la lune, des saisons.
- Je suis plutôt dans le rond que dans le long ! Pour moi, vingt-quatre heures c’est déjà quelque chose et chaque soir, quand la lune apparait, j‘ai l’impression d’avoir pris un coup de vieux.
- Moi je conjugue les deux. Même si je vis quelques centaines d’années, je m’endors tout de même chaque soir. Mon feuillage se contracte au froid et la lune me berce en me laissant une lueur pour que je n’ai pas peur.
- On devrait prendre modèle sur toi. On a tort d’opposer temps court et temps long. Il faudrait un équilibre. Parfois on est pressé, alors on compresse le temps, parfois il faut laisser le temps passer sans le contrarier, j’y suis très attentif.
- Je sais que tu te débrouilles bien pour domestiquer le temps court ; c’est plutôt tes maitres qui doivent se plier à ton rythme. C’est une stratégie d’imposer son rythme aux autres, on se stresse moins. Mais moi je suis coincé, c’est la nature qui s’impose à moi.
- Oui, mais elle t’apporte un bon équilibre. Regarde ton tronc, il est ridé, par endroits tu as des boutons, des crevasses, tu fais vieux. Et quand on lève la tête, ton feuillage respire la jeunesse ; à chaque saison, tu changes de garde-robe, de maquillage.
- C’est sûr que c’est préférable au temps artificiel des humains ; il n’est ni court, ni long, il est haché ! Ne les laissons pas nous l’imposer. Soyons optimistes mais lucides.

A suivre...

Partager cette page :

Déposer un commentaire
0 commentaire(s)

Filtre anti-spam

Aucun commentaire

Informations Newsletter
  • Inscrivez-vous aux newsletters du Journal :
    "Agenda du week-end" et "Infos de proximité"
Contact
11 allée du Clos Laisnées, 95120 Ermont
06 89 80 56 28