Accueil > Culture > Les Dialogues de Moritz > Les dialogues de Moritz : "La délicatesse"
Restez informés
Inscrivez-vous
aux newsletters du Journal !
Je m'inscris

Les dialogues de Moritz : "La délicatesse"  

Publié le : 13-12-2025

Gérard PouettrePendant trois ans, Moritz, le célèbre chat de Gérard Pouettre, est intervenu régulièrement dans le Journal de François pour nous délivrer avec humour son point de vue sur ce monde qui l'entoure.
Aujourd'hui notre écrivain saint-loupien nous partage les dialogues de Moritz avec un certain Fagus… un hêtre ! Quelle drôle d'idée !
A travers leurs discussions, ils nous invitent à déambuler dans l'univers des valeurs… Et comme toujours, le lecteur retrouve l'humour et la sagesse de Gérard Pouettre !
Bonne lecture !

Episodes précédents et aujourd'hui : la délicatesse (illustration : Marine Gauvain)

DélicatesseLes dialogues de Moritz (illustration Marine Gauvain)

- Fagus: Ce n’est pas un peu désuet comme mot ?
- Moritz: Non. Moi je trouve que dans un monde brutal, souvent vulgaire, la délicatesse doit avoir une place. 
- D’accord mais il ne faudrait pas que ce soit une forme de snobisme ou un signe de fragilité du genre « Attention de bien soigner ce chat, il est délicat ».
- Les humains ne nous facilitent pas les choses avec leurs mots à plusieurs sens. On va se contenter de l’idée que la délicatesse est parfois nécessaire et que dans d’autres circonstances elle peut être un inconvénient.
- Donc tu proposes un jeu de rôles. Qui est le délicat souhaité et qui le délicat redouté ?
- Je veux bien te raconter la fable du délicat redouté. J’espère que tu ne le prendras pas mal !
Il était une fois dans une forêt une patrouille de pics verts chargée du nettoyage des troncs d’arbre. En pleine activité sur leur chantier, leur tambourinade envahit la forêt. La résonance était tellement forte que les oiseaux s’enfuirent. Le crépitement ne s’arrêtait jamais. Alors les hêtres protestèrent jusqu’à fouetter les pics verts avec leurs branches. Ils interrompirent leur chantier, sidérés par la réaction des arbres. Au printemps suivant, les hêtres n’avaient pas leur vitalité habituelle, la sève ne s’écoulait pas normalement. Un pic vert vint faire son tour d’inspection. Les trous dans le tronc s’étaient creusés ; les larves se multipliaient, des parasites inconnus s’étaient invités. « Alors, ça n’a pas l’air d’aller » dit le pic vert. « Non, on n’est pas en forme » répondent les hêtres. « Si vous n’aviez pas fait les délicats à l’automne, on vous aurait débarrassé de toute cette vermine ; on n’aurait pas cru que vous ayez les oreilles si fragiles ». Cette année-là, la récolte de faines fut minuscule.
- Tu n’es pas très délicat avec moi, ton ami, en nous faisant passer pour des capricieux, des insouciants.
- Ce n’est qu’une fable.
- J’ai donc le rôle du délicat souhaité. Il était une fois une petite fille et son frère qui se promenaient dans un champ de coquelicots. Tout à coup le garçon en arracha par poignées entières. Puis il les lança dans les airs croyant faire naitre des nuages de fleurs à la place des nuages de pluie. Il dévasta tout un périmètre du champ. Sa soeur lui cria qu’il ne fallait pas s’attaquer ainsi à la nature. Elle lui montra comment on cueille juste quelques fleurs sans faire souffrir les racines. L’année suivante, le garçon proposa de retourner dans le champ. Dans la parcelle sur laquelle il s’était acharné, rien n’avait repoussé. Sa soeur lui offrit une fleur épanouie, cueillie un peu plus loin, encore plus belle que l’an dernier. « Tu vois, la délicatesse est récompensée. Et regarde le résultat de ta brutalité ! » lance-t-elle à son frère désemparé.
- Ta fable est plus réaliste que la mienne. On n’a plus qu’à compter sur la capacité de résilience de la nature.

A suivre...

Gérard PouettrePendant trois ans, Moritz, le célèbre chat de Gérard Pouettre, est intervenu régulièrement dans le Journal de François pour nous délivrer avec humour son point de vue sur ce monde qui l'entoure.
Aujourd'hui notre écrivain saint-loupien nous partage les dialogues de Moritz avec un certain Fagus… un hêtre ! Quelle drôle d'idée !
A travers leurs discussions, ils nous invitent à déambuler dans l'univers des valeurs… Et comme toujours, le lecteur retrouve l'humour et la sagesse de Gérard Pouettre !
Bonne lecture !

Episodes précédents et aujourd'hui : la délicatesse (illustration : Marine Gauvain)

DélicatesseLes dialogues de Moritz (illustration Marine Gauvain)

- Fagus: Ce n’est pas un peu désuet comme mot ?
- Moritz: Non. Moi je trouve que dans un monde brutal, souvent vulgaire, la délicatesse doit avoir une place. 
- D’accord mais il ne faudrait pas que ce soit une forme de snobisme ou un signe de fragilité du genre « Attention de bien soigner ce chat, il est délicat ».
- Les humains ne nous facilitent pas les choses avec leurs mots à plusieurs sens. On va se contenter de l’idée que la délicatesse est parfois nécessaire et que dans d’autres circonstances elle peut être un inconvénient.
- Donc tu proposes un jeu de rôles. Qui est le délicat souhaité et qui le délicat redouté ?
- Je veux bien te raconter la fable du délicat redouté. J’espère que tu ne le prendras pas mal !
Il était une fois dans une forêt une patrouille de pics verts chargée du nettoyage des troncs d’arbre. En pleine activité sur leur chantier, leur tambourinade envahit la forêt. La résonance était tellement forte que les oiseaux s’enfuirent. Le crépitement ne s’arrêtait jamais. Alors les hêtres protestèrent jusqu’à fouetter les pics verts avec leurs branches. Ils interrompirent leur chantier, sidérés par la réaction des arbres. Au printemps suivant, les hêtres n’avaient pas leur vitalité habituelle, la sève ne s’écoulait pas normalement. Un pic vert vint faire son tour d’inspection. Les trous dans le tronc s’étaient creusés ; les larves se multipliaient, des parasites inconnus s’étaient invités. « Alors, ça n’a pas l’air d’aller » dit le pic vert. « Non, on n’est pas en forme » répondent les hêtres. « Si vous n’aviez pas fait les délicats à l’automne, on vous aurait débarrassé de toute cette vermine ; on n’aurait pas cru que vous ayez les oreilles si fragiles ». Cette année-là, la récolte de faines fut minuscule.
- Tu n’es pas très délicat avec moi, ton ami, en nous faisant passer pour des capricieux, des insouciants.
- Ce n’est qu’une fable.
- J’ai donc le rôle du délicat souhaité. Il était une fois une petite fille et son frère qui se promenaient dans un champ de coquelicots. Tout à coup le garçon en arracha par poignées entières. Puis il les lança dans les airs croyant faire naitre des nuages de fleurs à la place des nuages de pluie. Il dévasta tout un périmètre du champ. Sa soeur lui cria qu’il ne fallait pas s’attaquer ainsi à la nature. Elle lui montra comment on cueille juste quelques fleurs sans faire souffrir les racines. L’année suivante, le garçon proposa de retourner dans le champ. Dans la parcelle sur laquelle il s’était acharné, rien n’avait repoussé. Sa soeur lui offrit une fleur épanouie, cueillie un peu plus loin, encore plus belle que l’an dernier. « Tu vois, la délicatesse est récompensée. Et regarde le résultat de ta brutalité ! » lance-t-elle à son frère désemparé.
- Ta fable est plus réaliste que la mienne. On n’a plus qu’à compter sur la capacité de résilience de la nature.

A suivre...

Partager cette page :

Déposer un commentaire
0 commentaire(s)

Filtre anti-spam

Aucun commentaire

Informations Newsletter
  • Inscrivez-vous aux newsletters du Journal :
    "Agenda du week-end" et "Infos de proximité"
Contact
11 allée du Clos Laisnées, 95120 Ermont
06 89 80 56 28