Les chroniques de Moritz : "Vacances de chat"

Moritz est de retour aussi et nous accompagnera de nouveau tout au long de la saison ! Merci à Gérard Pouettre (écriture) et Jean-Marie Brochard (illustration) qui veillent sur lui ! Moritz nous propose une nouvelle fois son regard original et humoristique sur le monde qui l'entoure.

Vacances de chat

Depuis deux mois, les médias ont multiplié les reportages sur les vacances, ce qui est bien normal. Mais Moritz s’est rendu compte qu’on ne parlait pas des vacances des chats si ce n’est pour déplorer les abandons pendant cette période. Il a donc décidé de faire un sondage sur le thème : Que signifient les vacances pour un chat ?
Il a d’abord interrogé Polo : « Comment as-tu passé tes vacances ? » « J’ai adoré les vacances car lorsque mes maitres sont partis, j’ai été nourri par une jeune fille affectueuse qui me flattait, me brossait et me parlait beaucoup plus que mes maitres. Je souhaiterais que ce moment se prolonge et, le reste de l’année, j’y pense souvent. Mais je tente de dissimuler ma nostalgie pour ne pas être inamical. » Moritz en conclut que changer d’habitude et de maitre est parfois plus intéressant que de changer de lieu.

Ce n’est pas l’avis de Minette qui quitte son appartement chaque été, où elle se sent confinée tout le reste de l’année, pour passer ses vacances dans une maison de campagne entourée d’insectes, de mulots, de multiples herbes à chat bienfaitrices. Elle se cache toujours le jour du départ pour rester dans son paradis rural mais le soir, prise de remords, elle sort de sa cachette. Les vacances se terminent aussi dans la nostalgie. Conclusion de Moritz : Même pour un chat la rentrée peut être difficile.

Il sonde ensuite Gribouille qui est lui aussi parti en vacances dans un endroit inconnu. « Alors Gribouille, tes vacances ont été une grande déception parait-il ? » « Mes maitres m’avaient fait miroiter un magnifique environnement, des jeux pour chats. Mais j’ai été très mal accueilli par les habitués du lieu. Ils m’ont traité de chat parisien, arrogant. Le matin, quand j’arrivai, ils se moquaient de mon pelage brillant : « Ta maitresse t’as passé ta petite brosse en soie ? Est-ce qu’elle t’a limé les griffes ? ». Finalement je me suis réfugié sous un arbuste compatissant en attendant le retour. » Moritz en déduit que les chats touristes ne sont pas non plus à l’abri d’une mauvaise surprise.

Chipie a dû se soumettre aussi à un changement de vie. Ses maitres ont pris de multiples précautions avant de l’amener chez une cousine en répétant que ce ne serait pas long, qu’ils téléphoneraient pour demander de ses nouvelles, qu’ils avaient apporté ses croquettes préférées… Dès le premier soir, la cousine en question posa une autre assiette en face d’elle, sur la table, remplie d’une nourriture inconnue mais d’une odeur attirante. Minette raconte à Moritz : « Je ne me sentais pas concernée mais elle me posa devant l’assiette et me mis une miette sous le nez. C’était bon, meilleur qu’à la maison. Le canapé aussi était meilleur qu’à la maison et grimper aux arbres était plus facile. Quand mes maitres sont revenus, j’ai montré ma mauvaise humeur en grondant. Ils ont dû concéder : « Tu reviendras bientôt chez la cousine ». Les vacances en famille, ça a parfois du bon, note Moritz.

Apparemment, les maitres de Tigrou n’ont pas de famille et pas de vacances non plus. Il a donc dû rester chez lui. Il a tourné en rond, il ne se passait rien, même les oiseaux semblaient être partis en vacances. Seuls restaient le hérisson, et la nuit la chouette et le renard, dont il était exclu de se faire des amis. Quitte à monter dans le train ou dans la voiture, il aurait bien aimé un petit changement malgré l’incertitude. Moritz sentit que Tigrou était un peu jaloux de Minette, Gribouille et Chipie mais il le réconforta car au moins il n’avait pas été abandonné comme certains autres.