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Les chroniques de Moritz : "Promenade au jardin"

Publié le : 12-04-2020

Gérard Pouettre

Aujourd'hui nous partageons la promenade de Moritz… une bouffée d'oxygène ! Grâce à Gérard Pouettre (écriture) et Jean-Marie Brochard (illustration) qui veillent sur lui, Moritz nous propose une nouvelle fois son regard original et humoristique sur le monde qui l'entoure.

Promenade au jardin

MoritzMoritz m’a demandé de l’accompagner pour son tour de jardin printanier. Il a commencé par saluer les poissons du bassin. Les cinq locataires sont montés à la surface comme s’ils avaient rendez-vous. Moritz m’a dit : « J’ai renoncé à les attraper ; ils sont trop malins et ils savent que les pattes dans l’eau, ce n’est pas mon truc alors on fait semblant de se chasser ». Peut-être que la situation resserre aussi les liens de voisinage chez les animaux.

Puis il est allé directement au romarin en suggérant que c’était bon pour ses bronches. Il a tout de même tenté, me semblait-il, d’attraper quelques abeilles déjà revenues pour butiner. Je lui ai dit de ne pas s’en prendre à la biodiversité. Il m’a répondu qu’il ne s’attaquait qu’aux coccinelles asiatiques, qui prolifèrent, pour se venger du virus. Il a miaulé avec insistance : « Je sais les distinguer de nos coccinelles car elles ont plus de sept points sur le dos ; moi je défends les coccinelles européennes ! ».

Puis il a choisi une herbe pour se purger en me demandant de ne pas la tondre la prochaine fois sinon son estomac ne supporterait pas d’être privé de purgatif. « Ce serait même encore mieux si tu pouvais l’arroser », ajouta-t-il. Je lui ai rétorqué que ce serait mieux aussi s’il évitait de gratter dans mes semis. « Par ces temps de changement climatique et donc de sècheresse récurrente, il y a peu de terre meuble à ma disposition », m’a-t-il répondu judicieusement.

Pour changer de sujet, il s’est tourné vers les tulipes en fleur en prenant la pose. Ses clignotements d’yeux charmeurs signifiaient : Tu peux me photographier avec les jaunes et les rouges ; elles vont très bien avec mon pelage noir. Il était déçu que je me promène sans le matériel nécessaire. En guise de petite vengeance, il a ironisé : « Tiens, tu n’as pas encore sorti le banc sur la terrasse ; pourtant tu aimes bien t’y reposer ».

J’ai encaissé le coup en répondant qu’au vu de l’épaisseur de son pelage, il n’avait pas encore terminé son hivernation. Pour me contredire, et en même temps pour détendre l’atmosphère, il a couru vers le vieux pommier dont il a escaladé une portion de tronc. Au-dessus de ma tête, il a susurré : « Tu vois, je suis tout de même en forme ; j’entretiens mes articulations, j’attends juste qu’il ait des feuilles pour pouvoir me cacher plus haut et puis tu te rappelles, l’automne dernier, quand je faisais la course aux pommes ».

Soudain, il s’est bouché les deux oreilles. J’ai cru qu’il effectuait un autre exercice ou qu’il avait entendu un avion mais il m’a expliqué qu’il en avait assez des provocations des mésanges, rouge-gorge, pinsons, merles et autres perruches d’importation outragement maquillées. Ils sont toujours là, lui dis-je.  « Oui, mais d’habitude on ne les entend presque pas ; là ils sont assourdissants ! » cria-t-il.

Puis, après quelques mouvements de griffage ayurvédique pour se calmer, il est redescendu tranquillement se frotter contre l’oranger du Mexique. Face à ma mine étonnée, il m’a fait remarquer que les chats aussi avaient le droit d’être parfumés, évidemment avec des produits naturels. « Même si je n’aime pas les oranges, a-t-il précisé, ce parfum m’apporte une petite note apaisante et exotique ».

Pour ne pas rire devant lui, je suis passé derrière la maison. Il m’a rejoint dans une plate-bande déserte en remarquant aussitôt :« Tiens, tu n’as pas encore planté tes tomates ! » J’ai expliqué qu’en raison du confinement, je n’ai pas pu acheter les plants. Il a bon dos le confinement, a-t-il ricané dans ses moustaches, puis il a sauté chez le voisin.

Gérard Pouettre

Aujourd'hui nous partageons la promenade de Moritz… une bouffée d'oxygène ! Grâce à Gérard Pouettre (écriture) et Jean-Marie Brochard (illustration) qui veillent sur lui, Moritz nous propose une nouvelle fois son regard original et humoristique sur le monde qui l'entoure.

Promenade au jardin

MoritzMoritz m’a demandé de l’accompagner pour son tour de jardin printanier. Il a commencé par saluer les poissons du bassin. Les cinq locataires sont montés à la surface comme s’ils avaient rendez-vous. Moritz m’a dit : « J’ai renoncé à les attraper ; ils sont trop malins et ils savent que les pattes dans l’eau, ce n’est pas mon truc alors on fait semblant de se chasser ». Peut-être que la situation resserre aussi les liens de voisinage chez les animaux.

Puis il est allé directement au romarin en suggérant que c’était bon pour ses bronches. Il a tout de même tenté, me semblait-il, d’attraper quelques abeilles déjà revenues pour butiner. Je lui ai dit de ne pas s’en prendre à la biodiversité. Il m’a répondu qu’il ne s’attaquait qu’aux coccinelles asiatiques, qui prolifèrent, pour se venger du virus. Il a miaulé avec insistance : « Je sais les distinguer de nos coccinelles car elles ont plus de sept points sur le dos ; moi je défends les coccinelles européennes ! ».

Puis il a choisi une herbe pour se purger en me demandant de ne pas la tondre la prochaine fois sinon son estomac ne supporterait pas d’être privé de purgatif. « Ce serait même encore mieux si tu pouvais l’arroser », ajouta-t-il. Je lui ai rétorqué que ce serait mieux aussi s’il évitait de gratter dans mes semis. « Par ces temps de changement climatique et donc de sècheresse récurrente, il y a peu de terre meuble à ma disposition », m’a-t-il répondu judicieusement.

Pour changer de sujet, il s’est tourné vers les tulipes en fleur en prenant la pose. Ses clignotements d’yeux charmeurs signifiaient : Tu peux me photographier avec les jaunes et les rouges ; elles vont très bien avec mon pelage noir. Il était déçu que je me promène sans le matériel nécessaire. En guise de petite vengeance, il a ironisé : « Tiens, tu n’as pas encore sorti le banc sur la terrasse ; pourtant tu aimes bien t’y reposer ».

J’ai encaissé le coup en répondant qu’au vu de l’épaisseur de son pelage, il n’avait pas encore terminé son hivernation. Pour me contredire, et en même temps pour détendre l’atmosphère, il a couru vers le vieux pommier dont il a escaladé une portion de tronc. Au-dessus de ma tête, il a susurré : « Tu vois, je suis tout de même en forme ; j’entretiens mes articulations, j’attends juste qu’il ait des feuilles pour pouvoir me cacher plus haut et puis tu te rappelles, l’automne dernier, quand je faisais la course aux pommes ».

Soudain, il s’est bouché les deux oreilles. J’ai cru qu’il effectuait un autre exercice ou qu’il avait entendu un avion mais il m’a expliqué qu’il en avait assez des provocations des mésanges, rouge-gorge, pinsons, merles et autres perruches d’importation outragement maquillées. Ils sont toujours là, lui dis-je.  « Oui, mais d’habitude on ne les entend presque pas ; là ils sont assourdissants ! » cria-t-il.

Puis, après quelques mouvements de griffage ayurvédique pour se calmer, il est redescendu tranquillement se frotter contre l’oranger du Mexique. Face à ma mine étonnée, il m’a fait remarquer que les chats aussi avaient le droit d’être parfumés, évidemment avec des produits naturels. « Même si je n’aime pas les oranges, a-t-il précisé, ce parfum m’apporte une petite note apaisante et exotique ».

Pour ne pas rire devant lui, je suis passé derrière la maison. Il m’a rejoint dans une plate-bande déserte en remarquant aussitôt :« Tiens, tu n’as pas encore planté tes tomates ! » J’ai expliqué qu’en raison du confinement, je n’ai pas pu acheter les plants. Il a bon dos le confinement, a-t-il ricané dans ses moustaches, puis il a sauté chez le voisin.

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