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Les chroniques de Moritz : "Le jardin d’après"

Publié le : 07-06-2020

Gérard Pouettre

Moritz visite le jardin du voisin et découvrent les nouvelles tendances écologiques... Grâce à Gérard Pouettre (écriture) et Jean-Marie Brochard (illustration) qui veillent sur lui, Moritz nous propose une nouvelle fois son regard original et humoristique sur le monde qui l'entoure.

Le jardin d’après

MoritzLe jardin d’après ne suscite pas un grand enthousiasme chez Moritz. Il en reconnait toutes les vertus écologiques mais il n’aurait plus le même plaisir à s’y promener. Il considère que l’esthétique est un peu sacrifiée au profit de l’utilitaire. Ses maitres n’ont pas encore entrepris de révolutionner leur jardin mais Moritz a visité celui d’un chat voisin légèrement déprimé.

La pelouse était à hauteur d’oreille de chat, faute d’être tondue, donc la visibilité était réduite mais il parait que c’est mieux pour l’humidité du sol et que les mauvaises herbes sont freinées. Son copain lui a d‘ailleurs précisé qu’on ne dit plus mauvaises herbes mais adventices (Moritz était un peu vexé d’ignorer ce mot).

De toute manière la pelouse était minuscule pour faire la part belle au potager. Cette culture de légumes était bâtie sur une succession de buttes constituées de compost, de paillage… Si on s’aventurait sur ce terrain, on ressortait le pelage couvert de chaume, de foin, de feuillage ce qui démangeait et nécessitait une toilette supplémentaire.

Un peu plus loin, il fallait franchir un méli-mélo de buissons anarchiques dans lesquels on s’accrochait car, dit le copain, Il est meilleur pour la biodiversité de ne pas tailler. Après cet effort et le risque de griffures, ils arrivèrent dans une allée exigüe, quand le copain se mit à miauler de peur en glissant malencontreusement sous une plante. Attention Moritz, ils ont encore mis du savon noir contre les pucerons !

Après de multiples précautions, ils parviennent à un nouveau bric à brac, comme un puzzle hétéroclite où les pièces ne s’emboitent pas. Un mélange de barquettes, de boites d’œufs et de caisses de vins remplies de terre hébergeant chacune un pied de tomate, de persil, de thym, de pommes de terre… Ce pourrait être un endroit pour jouer à cache-cache, dit Moritz, s’il n’y avait pas cette odeur de marc de café répandu qui écoeure les chats.

Contents de s’éloigner, les deux chats buttent sur un autre bazar : des arrosoirs prétentieux, des cuvettes délavées, des seaux rouillés s’entassent près de grands tonneaux à la mine patibulaire. Ils tentent d’éviter la boue qui colle aux pattes et de se faufiler sans être éclaboussés par cette eau qui leur donnerait une allure de serpillère. Dans l’émission Ca coule de source, Moritz avait compris l’importance d’économiser l’eau, il souhaiterait juste qu’elle soit plus joliment mise en valeur.

Pour le rassurer, son ami lui dit : J’ai tout de même mieux à te montrer que ce fatras d’ustensiles, suis-moi. Après avoir croisé des peaux de banane gélatineuses au pied de quelques rosiers, ils parviennent à une mare naturelle peuplée d’iris et de nénuphars. Moritz reconnait que le décor est agréable et que bien des espèces doivent venir s’y désaltérer et attraper aussi quelques poissons. Son copain rectifie immédiatement, Détrompe-toi ! Le maitre a dit, pas de poisson, ça détruit la biodiversité de la mare.

Moritz est encore un peu déçu et il lui semble même entendre à son égard des Buzz Buzz ironiques quand il passe devant l’Hôtel à insectes. Incroyable, marmonne-t-il dans sa moustache, Dans le monde d’après les insectes seront logés et nourris gratuitement. Enfin, si c’est bon pour l’environnement, se résigne-t-il.

Le sentant un peu fataliste, son copain voulut le réconforter : On grignote un petit mulot avant de partir ? Non merci, j’y ai renoncé, répondit Moritz.

Gérard Pouettre

Moritz visite le jardin du voisin et découvrent les nouvelles tendances écologiques... Grâce à Gérard Pouettre (écriture) et Jean-Marie Brochard (illustration) qui veillent sur lui, Moritz nous propose une nouvelle fois son regard original et humoristique sur le monde qui l'entoure.

Le jardin d’après

MoritzLe jardin d’après ne suscite pas un grand enthousiasme chez Moritz. Il en reconnait toutes les vertus écologiques mais il n’aurait plus le même plaisir à s’y promener. Il considère que l’esthétique est un peu sacrifiée au profit de l’utilitaire. Ses maitres n’ont pas encore entrepris de révolutionner leur jardin mais Moritz a visité celui d’un chat voisin légèrement déprimé.

La pelouse était à hauteur d’oreille de chat, faute d’être tondue, donc la visibilité était réduite mais il parait que c’est mieux pour l’humidité du sol et que les mauvaises herbes sont freinées. Son copain lui a d‘ailleurs précisé qu’on ne dit plus mauvaises herbes mais adventices (Moritz était un peu vexé d’ignorer ce mot).

De toute manière la pelouse était minuscule pour faire la part belle au potager. Cette culture de légumes était bâtie sur une succession de buttes constituées de compost, de paillage… Si on s’aventurait sur ce terrain, on ressortait le pelage couvert de chaume, de foin, de feuillage ce qui démangeait et nécessitait une toilette supplémentaire.

Un peu plus loin, il fallait franchir un méli-mélo de buissons anarchiques dans lesquels on s’accrochait car, dit le copain, Il est meilleur pour la biodiversité de ne pas tailler. Après cet effort et le risque de griffures, ils arrivèrent dans une allée exigüe, quand le copain se mit à miauler de peur en glissant malencontreusement sous une plante. Attention Moritz, ils ont encore mis du savon noir contre les pucerons !

Après de multiples précautions, ils parviennent à un nouveau bric à brac, comme un puzzle hétéroclite où les pièces ne s’emboitent pas. Un mélange de barquettes, de boites d’œufs et de caisses de vins remplies de terre hébergeant chacune un pied de tomate, de persil, de thym, de pommes de terre… Ce pourrait être un endroit pour jouer à cache-cache, dit Moritz, s’il n’y avait pas cette odeur de marc de café répandu qui écoeure les chats.

Contents de s’éloigner, les deux chats buttent sur un autre bazar : des arrosoirs prétentieux, des cuvettes délavées, des seaux rouillés s’entassent près de grands tonneaux à la mine patibulaire. Ils tentent d’éviter la boue qui colle aux pattes et de se faufiler sans être éclaboussés par cette eau qui leur donnerait une allure de serpillère. Dans l’émission Ca coule de source, Moritz avait compris l’importance d’économiser l’eau, il souhaiterait juste qu’elle soit plus joliment mise en valeur.

Pour le rassurer, son ami lui dit : J’ai tout de même mieux à te montrer que ce fatras d’ustensiles, suis-moi. Après avoir croisé des peaux de banane gélatineuses au pied de quelques rosiers, ils parviennent à une mare naturelle peuplée d’iris et de nénuphars. Moritz reconnait que le décor est agréable et que bien des espèces doivent venir s’y désaltérer et attraper aussi quelques poissons. Son copain rectifie immédiatement, Détrompe-toi ! Le maitre a dit, pas de poisson, ça détruit la biodiversité de la mare.

Moritz est encore un peu déçu et il lui semble même entendre à son égard des Buzz Buzz ironiques quand il passe devant l’Hôtel à insectes. Incroyable, marmonne-t-il dans sa moustache, Dans le monde d’après les insectes seront logés et nourris gratuitement. Enfin, si c’est bon pour l’environnement, se résigne-t-il.

Le sentant un peu fataliste, son copain voulut le réconforter : On grignote un petit mulot avant de partir ? Non merci, j’y ai renoncé, répondit Moritz.

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