Accueil > Culture > Les Chroniques de Moritz > Les chroniques de Moritz : Avant d’être heureux soyons moins malheureux
Restez informés
Inscrivez-vous
aux newsletters du Journal !
Je m'inscris

"Les chroniques de Moritz" : Avant d’être heureux, soyons moins malheureux

Publié le : 04-03-2019

Gérard Pouettre

Nous retrouvons Moritz qui évoque la recherche du bonheur à travers des réflexions et des exemples instructifs. Grâce à Gérard Pouettre (écriture) et Jean-Marie Brochard (illustration) qui veillent sur lui, Moritz nous propose une nouvelle fois un regard original sur le monde des humains qui l'entoure.

 

MoritzAvant d’être heureux, soyons moins malheureux

Dans un temps où les chats n’étaient pas admis dans les maisons, n’étaient que des chasseurs de vermine, sans croquette au saumon et sans vétérinaire, le bonheur existait-il, pour les chats comme pour les hommes ?

Moritz pense que ses ancêtres et ceux de ses maitres pouvaient y trouver leur compte dans de petits plaisirs disparus mais le fait de ne pas être heureux pesait peut-être moins sur les épaules qu’aujourd’hui. Le sentiment de fatalité l’emportait.

Moritz lui-même, abandonné dans son enfance, sachant ce qu’est la recherche d’un refuge pour la nuit, a pu s’y résoudre un temps avant d’être recueilli. C’est, d’une certaine manière, le même soulagement pour les SDF de Finlande. L’opération « logement d’abord » a permis de ramener à presque zéro le nombre de sans-abris dans le pays.

Moritz est conscient de ce que représente ce premier pas vers le bonheur. Le second pas consiste à être assuré quotidiennement d’une assiette pleine. Le Kenya semble avancer sur cette voie. Dans ce pays, surtout connu pour les Chafaris qu’il n’apprécie pas, vu comment cela se termine pour certains cousins félins, une ONG vient de créer un revenu universel. Quelques dizaines de milliers de kenyans peuvent ainsi commencer à sortir de la fatalité de leur destin grâce à de nouvelles activités locales. Les chats sont des adeptes du revenu universel en nature mais ne semblent pas beaucoup se préoccuper de leur émancipation. Leur réputation d’indépendance se suffit à elle-même.

On pourrait même croire qu’ils cultivent « l’art de s’en foutre ». Sur RFM (Radio Fous-toi du Monde), ils ont exposé une soi-disant nouvelle méthode pour s’en sortir dans la vie que Moritz pratiquait déjà : déculpabilisation par rapport à l’obligation de toujours s’améliorer, de toujours faire quelque chose d’utile, de ne jamais être passif. Il refuse cette société productiviste de l’efficacité à tout prix. Pourquoi pas un quota de souris à rapporter, aussi ?!

Dans cette société qui sollicite beaucoup l’individu, se développerait en contrepartie une « industrie du bonheur » avec le slogan : Soyez heureux ! On s’occupe de vous ! Cette nouvelle catégorie de gens au service de votre bonheur a été dénommée ironiquement Happycratie. Ils transformeraient en commerce cette obsession, cette mode du bonheur. Moritz s’interroge : va-t-il faire payer ses services à domicile de chathérapie, de calinothérapie ? Cela compléterait son revenu universel… sans savoir si ses maitres seraient d’accord.

Autre obsession moderne qui va de pair avec la recherche du bonheur : rajeunir. Aux Pays-Bas un sexagénaire a demandé de reculer de vingt ans l’âge figurant sur sa carte d’identité. L’avantage des chats, c’est qu’ils ne connaissent pas leur âge. Malgré tout, ils savent qu’ils vieillissent quand ils ne peuvent plus monter dans les arbres et regardent avec mélancolie les oiseaux inaccessibles.

Il est un pays où les chats bénéficient d’un engouement sans précédent, le Japon. Moritz a dressé le col quand je lui ai dit que les Chats gais remplaçaient les Geishas, que leur nombre a été multiplié par deux en quinze ans et que tous les jours s’ouvrent des bars à chat. Malheureusement les vieux japonais ne peuvent pas en profiter : de plus en plus se font arrêter pour « profiter » de la prison car ils ne peuvent garder leur logement, faute de revenu. Au pays du soleil levant, les dernières nuits sont loin d’apporter le bonheur. Peut-être faudrait-il que les chats leur rendent visite ? propose Moritz.

Gérard Pouettre

Nous retrouvons Moritz qui évoque la recherche du bonheur à travers des réflexions et des exemples instructifs. Grâce à Gérard Pouettre (écriture) et Jean-Marie Brochard (illustration) qui veillent sur lui, Moritz nous propose une nouvelle fois un regard original sur le monde des humains qui l'entoure.

 

MoritzAvant d’être heureux, soyons moins malheureux

Dans un temps où les chats n’étaient pas admis dans les maisons, n’étaient que des chasseurs de vermine, sans croquette au saumon et sans vétérinaire, le bonheur existait-il, pour les chats comme pour les hommes ?

Moritz pense que ses ancêtres et ceux de ses maitres pouvaient y trouver leur compte dans de petits plaisirs disparus mais le fait de ne pas être heureux pesait peut-être moins sur les épaules qu’aujourd’hui. Le sentiment de fatalité l’emportait.

Moritz lui-même, abandonné dans son enfance, sachant ce qu’est la recherche d’un refuge pour la nuit, a pu s’y résoudre un temps avant d’être recueilli. C’est, d’une certaine manière, le même soulagement pour les SDF de Finlande. L’opération « logement d’abord » a permis de ramener à presque zéro le nombre de sans-abris dans le pays.

Moritz est conscient de ce que représente ce premier pas vers le bonheur. Le second pas consiste à être assuré quotidiennement d’une assiette pleine. Le Kenya semble avancer sur cette voie. Dans ce pays, surtout connu pour les Chafaris qu’il n’apprécie pas, vu comment cela se termine pour certains cousins félins, une ONG vient de créer un revenu universel. Quelques dizaines de milliers de kenyans peuvent ainsi commencer à sortir de la fatalité de leur destin grâce à de nouvelles activités locales. Les chats sont des adeptes du revenu universel en nature mais ne semblent pas beaucoup se préoccuper de leur émancipation. Leur réputation d’indépendance se suffit à elle-même.

On pourrait même croire qu’ils cultivent « l’art de s’en foutre ». Sur RFM (Radio Fous-toi du Monde), ils ont exposé une soi-disant nouvelle méthode pour s’en sortir dans la vie que Moritz pratiquait déjà : déculpabilisation par rapport à l’obligation de toujours s’améliorer, de toujours faire quelque chose d’utile, de ne jamais être passif. Il refuse cette société productiviste de l’efficacité à tout prix. Pourquoi pas un quota de souris à rapporter, aussi ?!

Dans cette société qui sollicite beaucoup l’individu, se développerait en contrepartie une « industrie du bonheur » avec le slogan : Soyez heureux ! On s’occupe de vous ! Cette nouvelle catégorie de gens au service de votre bonheur a été dénommée ironiquement Happycratie. Ils transformeraient en commerce cette obsession, cette mode du bonheur. Moritz s’interroge : va-t-il faire payer ses services à domicile de chathérapie, de calinothérapie ? Cela compléterait son revenu universel… sans savoir si ses maitres seraient d’accord.

Autre obsession moderne qui va de pair avec la recherche du bonheur : rajeunir. Aux Pays-Bas un sexagénaire a demandé de reculer de vingt ans l’âge figurant sur sa carte d’identité. L’avantage des chats, c’est qu’ils ne connaissent pas leur âge. Malgré tout, ils savent qu’ils vieillissent quand ils ne peuvent plus monter dans les arbres et regardent avec mélancolie les oiseaux inaccessibles.

Il est un pays où les chats bénéficient d’un engouement sans précédent, le Japon. Moritz a dressé le col quand je lui ai dit que les Chats gais remplaçaient les Geishas, que leur nombre a été multiplié par deux en quinze ans et que tous les jours s’ouvrent des bars à chat. Malheureusement les vieux japonais ne peuvent pas en profiter : de plus en plus se font arrêter pour « profiter » de la prison car ils ne peuvent garder leur logement, faute de revenu. Au pays du soleil levant, les dernières nuits sont loin d’apporter le bonheur. Peut-être faudrait-il que les chats leur rendent visite ? propose Moritz.

Partager cette page :

Déposer un commentaire
0 commentaire(s)

Filtre anti-spam

Aucun commentaire

Informations Newsletter
  • Inscrivez-vous aux newsletters du Journal :
    "Agenda du week-end" et "Infos de proximité"
Contact
11 allée du Clos Laisnées, 95120 Ermont
06 89 80 56 28