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Les chroniques de Moritz : "Les amis virtuels"

Publié le : 20-04-2020

Gérard Pouettre

Suite du confinement pour Moritz qui se lance dans les réseaux sociaux ! Grâce à Gérard Pouettre (écriture) et Jean-Marie Brochard (illustration) qui veillent sur lui, Moritz nous propose une nouvelle fois son regard original et humoristique sur le monde qui l'entoure.

Les amis virtuels

MoritzPour Moritz le confinement ne change pas beaucoup les habitudes. La différence entre indépendance, autonomie, liberté et solitude n’est pas si pertinente pour lui ; il poursuit ses promenades autorisées et il n’a toujours pas été contrôlé.
Il pratique tout de même une nouvelle activité : il imite les humains en recherchant des amis virtuels sur faunebook. Peu importe, s’il ne se passe rien de particulier pour lui, par contre ses amis voient leur vie changer, au moins provisoirement. Leur répartition sur la planète lui permet même d’entreprendre un tour du monde virtuel. Il a pu constater que non seulement la nature a horreur du vide mais la ville aussi car ses nouveaux amis sont à l’œuvre.

Gafri* la chèvre galloise est la première amie fb de Moritz. A la tête d’une troupe de congénères, elles ont joué les envahisseurs à la reconquête de la ville touristique de Llandudno. Elles dirigent maintenant la ville, les humains y sont soumis. Gafri raconte que ses ancêtres sont arrivées il y a un siècle comme cadeau du Chat (clin d’œil de Gafri à Moritz) … d’iran et qu’il était temps de reprendre le pouvoir.

Puis Moritz a cliqué sur la page de son second ami de voyage. Il a vu apparaitre une compagnie de canards conduite par Saturnin admirant les vitrines du boulevard Hausmann à Paris. La compagnie aurait bien pris le métro pour venir des berges de la Seine mais il n’y en avait pas. Ils ont dû venir à pattes dans la ville déserte mais ces façades, qu’ils ne voyaient pas depuis la Seine, étaient tellement belles, que leurs palmes l’ont supporté.

Paris n’est pas la seule grande ville qui suscite un intérêt animalier. Jabali le sanglier a posté des images de sa visite de Barcelone, vierge de tout véhicule ; il voulait voir les monuments du célèbre Gaudi qui, comble de malchance, est mort renversé par un tramway.

Moritz souhaitait aussi avoir des amis en Italie, pour les soutenir, et il avait entendu parler des exploits de Delfino et de Pesco. Delfino le dauphin de Cagliari a profité de l’immobilité des bateaux pour aller saluer les marins oisifs sur les quais du port en faisant plusieurs révérences, comme quoi les humains n’ont pas le monopole de la politesse. Quant à Pesco, le poisson de Venise, il peut réaliser son rêve d’admirer les palais des Doges et de passer sous le pont des Soupirs. Moritz le voit glisser dans l’eau paisible et clarifiée des canaux de la Sérénissime.

Il quitte à regret cette terre de vénération historique des chats pour se transporter en un clic jusqu’en Asie. Moritz a demandé à être ami avec deux cousins qui s’ignorent : Chital le cerf du Sri Lanka et Sika le cerf du Japon. Chital est triste, il se promène dans la ville pour la première fois sans homme ; il a autant besoin d’eux qu’ils ont besoin de lui ; il s’inquiète de leur absence. Sika, lui le cerf sacré de Nara, n’a plus autant de galettes de riz, ses préférées, à se mettre sous la dent depuis la désertion des touristes.

La dernière image de son voyage n’est pas la plus réjouissante. Moritz regrette d’avoir demandé au singe thaïlandais Hanuman d’être un ami. Dans sa ville confinée de Lopburi, il mène un combat sanglant avec sa bande contre un autre clan de ses congénères pour s’approprier un territoire. A l’évidence, il n’a pas lu la déclaration de l’ONU de cesser tout combat sur terre. Moritz doute que tous les humains l’aient lue et mise en oeuvre.

Il ne sait pas s’il continuera à suivre ses neuf nouveaux amis mais ils ont conforté son opinion que les hommes manquent aux animaux et que les animaux manquent aux hommes. Il faudrait toujours s’en souvenir, pas seulement dans le monde virtuel.


*les noms donnés par Moritz à ses amis sont des pseudonymes en raison de la protection des données personnelles  

Gérard Pouettre

Suite du confinement pour Moritz qui se lance dans les réseaux sociaux ! Grâce à Gérard Pouettre (écriture) et Jean-Marie Brochard (illustration) qui veillent sur lui, Moritz nous propose une nouvelle fois son regard original et humoristique sur le monde qui l'entoure.

Les amis virtuels

MoritzPour Moritz le confinement ne change pas beaucoup les habitudes. La différence entre indépendance, autonomie, liberté et solitude n’est pas si pertinente pour lui ; il poursuit ses promenades autorisées et il n’a toujours pas été contrôlé.
Il pratique tout de même une nouvelle activité : il imite les humains en recherchant des amis virtuels sur faunebook. Peu importe, s’il ne se passe rien de particulier pour lui, par contre ses amis voient leur vie changer, au moins provisoirement. Leur répartition sur la planète lui permet même d’entreprendre un tour du monde virtuel. Il a pu constater que non seulement la nature a horreur du vide mais la ville aussi car ses nouveaux amis sont à l’œuvre.

Gafri* la chèvre galloise est la première amie fb de Moritz. A la tête d’une troupe de congénères, elles ont joué les envahisseurs à la reconquête de la ville touristique de Llandudno. Elles dirigent maintenant la ville, les humains y sont soumis. Gafri raconte que ses ancêtres sont arrivées il y a un siècle comme cadeau du Chat (clin d’œil de Gafri à Moritz) … d’iran et qu’il était temps de reprendre le pouvoir.

Puis Moritz a cliqué sur la page de son second ami de voyage. Il a vu apparaitre une compagnie de canards conduite par Saturnin admirant les vitrines du boulevard Hausmann à Paris. La compagnie aurait bien pris le métro pour venir des berges de la Seine mais il n’y en avait pas. Ils ont dû venir à pattes dans la ville déserte mais ces façades, qu’ils ne voyaient pas depuis la Seine, étaient tellement belles, que leurs palmes l’ont supporté.

Paris n’est pas la seule grande ville qui suscite un intérêt animalier. Jabali le sanglier a posté des images de sa visite de Barcelone, vierge de tout véhicule ; il voulait voir les monuments du célèbre Gaudi qui, comble de malchance, est mort renversé par un tramway.

Moritz souhaitait aussi avoir des amis en Italie, pour les soutenir, et il avait entendu parler des exploits de Delfino et de Pesco. Delfino le dauphin de Cagliari a profité de l’immobilité des bateaux pour aller saluer les marins oisifs sur les quais du port en faisant plusieurs révérences, comme quoi les humains n’ont pas le monopole de la politesse. Quant à Pesco, le poisson de Venise, il peut réaliser son rêve d’admirer les palais des Doges et de passer sous le pont des Soupirs. Moritz le voit glisser dans l’eau paisible et clarifiée des canaux de la Sérénissime.

Il quitte à regret cette terre de vénération historique des chats pour se transporter en un clic jusqu’en Asie. Moritz a demandé à être ami avec deux cousins qui s’ignorent : Chital le cerf du Sri Lanka et Sika le cerf du Japon. Chital est triste, il se promène dans la ville pour la première fois sans homme ; il a autant besoin d’eux qu’ils ont besoin de lui ; il s’inquiète de leur absence. Sika, lui le cerf sacré de Nara, n’a plus autant de galettes de riz, ses préférées, à se mettre sous la dent depuis la désertion des touristes.

La dernière image de son voyage n’est pas la plus réjouissante. Moritz regrette d’avoir demandé au singe thaïlandais Hanuman d’être un ami. Dans sa ville confinée de Lopburi, il mène un combat sanglant avec sa bande contre un autre clan de ses congénères pour s’approprier un territoire. A l’évidence, il n’a pas lu la déclaration de l’ONU de cesser tout combat sur terre. Moritz doute que tous les humains l’aient lue et mise en oeuvre.

Il ne sait pas s’il continuera à suivre ses neuf nouveaux amis mais ils ont conforté son opinion que les hommes manquent aux animaux et que les animaux manquent aux hommes. Il faudrait toujours s’en souvenir, pas seulement dans le monde virtuel.


*les noms donnés par Moritz à ses amis sont des pseudonymes en raison de la protection des données personnelles  

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