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Le travail du sol est inutile, contre-productif, inefficace... David Gabelin s'explique !

Publié le : 09-01-2014

David GabelinAttention ! David Gabelin, "notre" maitre composteur va vous surprendre, voire vous choquer. Il remet en cause une pratique agricole que vous connaissez tous : le travail du sol ! A chaque fois, il nous livre des explications pertinentes !

 

Travail du sol et mécanisation...

Combien de fois ai-je entendu ces dernières années le sempiternel refrain « mon grand-père retournait sa terre, et je fais pareil... » Je ne les compte plus, et pourtant il faut que je vous en parle. Si je vous disais de but en blanc, sans précautions, le contraire !
Le travail du sol est inutile, contre-productif, inefficace, aberrant mais tellement lucratif ! Je sais, c'est un peu abrupt, j'en conviens, mais pourtant c'est la réalité.

Rappelons l'histoire des pratiques agricoles depuis les 2000 dernières années environ. On observe une pratique de retournement et de fractionnement de la terre, avec des outils qui se modernisent jusqu'à devenir les machines monstrueuses d'aujourd'hui, conduites par un seul homme, qui s'il ne s'endort pas au volant de sa machine, est capable de retourner plusieurs hectares en une journée, quand il en fallait quelques dizaines à une époque plus reculée.
MECANISATION  - RETOURNEMENT DES SOLSDu simple soc mal façonné qui creusait son sillon dans une terre autrefois encore riche, nous sommes passés à l'outil qui va déstructurer en profondeur tout le travail incessant de milliards de petits organismes vivants, qui ont tous leur utilité propre, et qui accessoirement, ont travaillé le sol pendant des millénaires pour nous en offrir une litière de 40 cm de bonne et fertile terre.

Que fait-on en réalité quand on retourne la terre ? Et pourquoi cette pratique archaïque connait toujours autant de succès, alors même qu'on en connait tous les inconvénients ?
Lorsqu'on retourne la terre, avec un soc, la première chose qu'on fait c'est ramener en surface une terre pauvre en humus et en oxygène. On ramène également à la vie toutes les graines enfouies de bonne et moins bonne utilité pour celui qui travaille la terre. On créée en plus ce qu'on appelle une semelle de labour, la partie plate du soc venant écraser et compacter la terre sous le soc. Cette semelle dure va empêcher l'eau de circuler et de pénétrer les couches inférieures, accentuant le phénomène de ruissellement.
On met donc la bonne terre de surface, riche en micro-organismes aérobies et les matières organiques en décomposition (stock très utile pour reconstituer rapidement de l'humus) sous la surface, stoppant immédiatement le processus de décomposition aérobie et donc le renouvellement de la terre. La fertilité de la terre s'en trouve donc appauvrie, année après année.

Que fait-on encore ? On détruit le lent et continuel travail des vers qui creusent des galeries de plusieurs kilomètres par m². Ces fameux réseaux qui permettent de drainer efficacement l'eau, même lors de fortes pluies. Les galeries disparaissant, l'aération souterraine de la terre s'en trouve directement compromise, car après une bonne pluie, l'eau descend dans les galeries profondes, aspirant avec elle de l'air permettant l'oxygénation des couches intermédiaires de la terre. Encore un coup mortel porté à la vie du sol. Si l'oxygène disparaît des couches du sol, où les plantes trouveront-elles cette ressource au niveau de leurs racines ?

MECANISATION  - RETOURNEMENT DES SOLSLe passage répété des engins de labour provoque un tassement de la terre, rien n'est plus évident. Passer un tracteur de plusieurs tonnes avec ses gros pneus sur de la terre meuble en fait invariablement une semelle dure, qui se compacte au fur et à mesure. Mais que faut-il faire une fois qu'on a si bien compacté un sol qu'on prétend cultiver ? L'agriculteur a la solution : il revient avec son tracteur (ou un plus gros !) équipé d'une herse pour « casser » les mottes qui se seront formées. Eh oui, même lui sait qu'on ne plante pas dans un champ où la terre n'aura pas été affinée et ameublie...
Bref, croyons-nous que cela soit fini ? Eh bien non, recompactage de la terre lorsqu'il vient ensemencer et planter ses parcelles.
Au final, au moins trois passages sinon plus (ah oui, j'oubliai celui quand il vient pour vaporiser les champs avec ses mixtures chimiques...).

Et le jardinier du dimanche ? Même s'il n'a pas les enjeux de productivité d'un agriculteur (exploitant serait plus juste...), il a quand même la possibilité de pratiquer à son échelle le même genre d'aberration : le motoculteur, le brise-mottes. Lui aussi aura marché sur ses plates bandes. Lui aussi aura passé du temps à retourner, triturer, martyriser cette terre qu'il souhaite voir le plus productive possible. Sur le dernier point, il a raison, et on ne peut pas lui en tenir rigueur. Mais que d'heures, de fatigue, de risques (un de mes proches a failli s'amputer de la jambe pour s'être trompé entre marche avant et marche arrière lors de l'usage de son motoculteur !) pour un résultat qui ne sera pas meilleur que s'il avait utilisé d'autres techniques.

Quand je vous disais que c'était lucratif... je pensais bien entendu à ces industries qui ont fourni nos agriculteurs en matériel couteux, et comparativement peu productifs, et qui les tiennent maintenant à la gorge par leurs crédits. Oui, imaginez que pour un tracteur, il a fallu des matières premières, de l'énergie pour le produire, pour le transporter, de la matière grise qu'il a fallu payer pour l'imaginer. Une prouesse de technologie, peut-être, mais pas d'intelligence de la terre, c'est certain. Les agriculteurs se sont retrouvés il y a 60 ans à devoir nourrir la France entière, et passer violemment d'une terre technique ayant peu évolué pendant des centaines d'années, utilisant pour beaucoup encore la force animale (et l'huile de coude !) à une obligation de surproductivité, et de « compétitivité » importée directement du modèle « sur- industrialisé ». Dès lors, la surenchère était inévitable. Voilà pourquoi aujourd'hui, il serait pour beaucoup totalement inimaginable et inconcevable de se passer de toutes ces machines, et donc de la manière de procéder. C'est un piège qui s'est refermé voilà de nombreuses années, et qui tue l'agriculture, la vraie, celle dont nous avons réellement besoin, celle de proximité, celle des petites et justes quantités, celle qui n'a pas de raisons de souffrir de la spéculation sur les matières premières.

Alors, maintenant, le travail du sol parait-il aussi nécessaire, inévitable, et encore concevable, du moins à notre échelle ? Avons-nous besoin d'acheter un motoculteur, et d'autres petits engins motorisés au diesel ou à l'essence, au lieu d'utiliser notre intelligence ?
Rien n'est moins sûr, et voici comment l'on peut s'affranchir assez facilement :
Couvrir la terre en permanence permet de redynamiser la vie du sol, de laisser aux organismes y habitant le temps de faire leur travail, c'est à dire le notre. Le ver de terre (les différentes espèces travaillent à différents horizons du sol) brasse, aère, remue inlassablement la terre. Il mélange les matières humiques à l'argile pour former le complexe argilo-humique. Il dépollue les sols de tous les métaux lourds en les colloidant (radicaux non libres, ne pouvant pas se lessiver et polluer les nappes souterraines). Il amène la matière organique décomposée en profondeur pour régénérer la terre. Il permet à l'eau de suivre de multiples canaux, évitant le ruissellement, assurant le filtrage et la dépollution au travers des filtres du sol. Seuls nous intéressent les 15 à 20 premiers centimètres du sol, pour y semer et cultiver nos plantes. Il ne sera donc pas nécessaire de pratiquer un retournement des couches, puisque le ver le fait très bien.
Les décomposeurs (bactéries, champignons microscopiques, collemboles, cloportes, fourmis, mille-pattes...) habitent en surface et se chargent de dégrader la matière organique en humus.

La partie superficielle, que nous nous chargerons toujours d'amender avec des matières décomposées ou en décomposition, sera brassée légèrement, et toujours horizontalement, jamais verticalement. Dans certaines pratiques comme la permaculture, les amendements ne seront même pas nécessaires, puisque tous les déchets des plantes seront laissés sur place, servant en même temps de paillis, de protection contre le soleil, de retenue contre les fortes pluies, d'abri parfait pour la vie du sol et sa régénération à partir des matières se dégradant à leur contact. Les semis et les plantations dans ce cas sont faits sous paillis, en écartant juste ce qu'il faut pour que la plante puisse accéder à la lumière. Après quelques années de cette pratique douce, non invasive, certains arrivent à obtenir (vous l'aurez deviné) sans effort particulier une couche de terre riche et meuble de plus de 20 cm ! Pour gagner du temps, pour gagner en productivité, je ne vois pas ce qu'on peut faire de plus intelligent et de moins impactant que de laisser la nature faire le travail à notre place, dans le même temps que l'agriculteur prend au long de l'année pour abimer la terre.
La pratique de la biodynamie, l'en-herbage de parcelles, la culture conjointe d'arbres et de céréales portent tous les fruits magnifiques d'un retour à des pratiques douces, d'au moins 25 à 30% plus productives que les mêmes parcelles en monocultures, soumises aux aléas du temps, des effets pervers PERMACULTUREdes pesticides et engrais chimiques et bien sûr des maladies.
Il n'y a qu'à regarder d'un peu près l'aspect, la structure, la texture d'un sol abîmé par des années de labour et d'engrais, mort, et ne servant plus que de support minéral par rapport à la richesse, la vie, les nombreuses capacités de rétention, de dé-pollution, de fertilité et d'auto-régénération d'un sol non travaillé par l'Homme.

En pratique, si vous souhaitez redonner la vie à votre sol, arrêter de vous fatiguer inutilement à bêcher le sol sans résultat autre que de multiplier les « mauvaises herbes » année après année, changez de pratique. Paillez vos parcelles, vos planches avec de la paille, du broyat de branches, et même les fanes de légumes. Amendez à l'automne et paillez par dessus. Les vers et l'hiver passeront là dessus et au printemps, vous aurez une terre souple, meuble, plus foncée, plus riche. Pratiquez année après année, vous verrez rapidement la transformation de votre terre, vous la respecterez d'autant mieux qu'elle vous donnera tout ce qu'elle a sans que vous ayez eu à la travailler véritablement. La rumeur n'est pas nouvelle, cependant ! Les textes des templiers sur le travail minimal du sol en témoignent. A cette époque, certains avaient déjà tout dit et tout écrit ! Amendement en compost trois années de suite sans retournement de la terre. La quatrième année, les moines avaient l'autorisation de remuer la terre, mais pas en grande profondeur, afin de ne pas déranger la structure complexe qui avait pris du temps à s'établir. D'année en année, la terre conservait toutes ses facultés à se dépolluer et à se régénérer en humus, sans labeur excessif.

Si ces pratiques vous tentent (moi, en tous cas, mon dos n'accepte plus d'autre choix !), vous pouvez vous rapprocher de la pratique de la permaculture. Vous verrez quel monde merveilleux vous attend : que des bénéfices, pas de contraintes inutiles, des résultats extraordinaires, une sérénité face à vos cultures, une nouvelle dimension s'ouvre à vous. Certains voudront peut-être aller faire un stage de permaculture à la ferme du Bec-Hellouin, où l'on a montré que cultiver intensivement, de manière très productive, sans impact sur l'environnement et le sol, sur de très petites surfaces est non seulement possible mais totalement et résolument moderne. Notre avenir alimentaire, au passage, se fera probablement grâce à ces techniques, quoi qu'on en pense.
Regarder pousser, et récolter sans effort, plutôt que de s'échiner, voilà une perspective qui ne manque pas d'intérêt, non ?
Nous reviendrons dans un prochain article sur la permaculture et la culture en buttes, plus précisément et verrons comment mettre les concepts en application.


Prochain article à paraître : L'article vous exposera les raisons écologiques, économiques et citoyennes de pratiquer le compostage de vos déchets de cuisine et de jardin et de le considérer comme une solution très avantageuse.

David GabelinAttention ! David Gabelin, "notre" maitre composteur va vous surprendre, voire vous choquer. Il remet en cause une pratique agricole que vous connaissez tous : le travail du sol ! A chaque fois, il nous livre des explications pertinentes !

 

Travail du sol et mécanisation...

Combien de fois ai-je entendu ces dernières années le sempiternel refrain « mon grand-père retournait sa terre, et je fais pareil... » Je ne les compte plus, et pourtant il faut que je vous en parle. Si je vous disais de but en blanc, sans précautions, le contraire !
Le travail du sol est inutile, contre-productif, inefficace, aberrant mais tellement lucratif ! Je sais, c'est un peu abrupt, j'en conviens, mais pourtant c'est la réalité.

Rappelons l'histoire des pratiques agricoles depuis les 2000 dernières années environ. On observe une pratique de retournement et de fractionnement de la terre, avec des outils qui se modernisent jusqu'à devenir les machines monstrueuses d'aujourd'hui, conduites par un seul homme, qui s'il ne s'endort pas au volant de sa machine, est capable de retourner plusieurs hectares en une journée, quand il en fallait quelques dizaines à une époque plus reculée.
MECANISATION  - RETOURNEMENT DES SOLSDu simple soc mal façonné qui creusait son sillon dans une terre autrefois encore riche, nous sommes passés à l'outil qui va déstructurer en profondeur tout le travail incessant de milliards de petits organismes vivants, qui ont tous leur utilité propre, et qui accessoirement, ont travaillé le sol pendant des millénaires pour nous en offrir une litière de 40 cm de bonne et fertile terre.

Que fait-on en réalité quand on retourne la terre ? Et pourquoi cette pratique archaïque connait toujours autant de succès, alors même qu'on en connait tous les inconvénients ?
Lorsqu'on retourne la terre, avec un soc, la première chose qu'on fait c'est ramener en surface une terre pauvre en humus et en oxygène. On ramène également à la vie toutes les graines enfouies de bonne et moins bonne utilité pour celui qui travaille la terre. On créée en plus ce qu'on appelle une semelle de labour, la partie plate du soc venant écraser et compacter la terre sous le soc. Cette semelle dure va empêcher l'eau de circuler et de pénétrer les couches inférieures, accentuant le phénomène de ruissellement.
On met donc la bonne terre de surface, riche en micro-organismes aérobies et les matières organiques en décomposition (stock très utile pour reconstituer rapidement de l'humus) sous la surface, stoppant immédiatement le processus de décomposition aérobie et donc le renouvellement de la terre. La fertilité de la terre s'en trouve donc appauvrie, année après année.

Que fait-on encore ? On détruit le lent et continuel travail des vers qui creusent des galeries de plusieurs kilomètres par m². Ces fameux réseaux qui permettent de drainer efficacement l'eau, même lors de fortes pluies. Les galeries disparaissant, l'aération souterraine de la terre s'en trouve directement compromise, car après une bonne pluie, l'eau descend dans les galeries profondes, aspirant avec elle de l'air permettant l'oxygénation des couches intermédiaires de la terre. Encore un coup mortel porté à la vie du sol. Si l'oxygène disparaît des couches du sol, où les plantes trouveront-elles cette ressource au niveau de leurs racines ?

MECANISATION  - RETOURNEMENT DES SOLSLe passage répété des engins de labour provoque un tassement de la terre, rien n'est plus évident. Passer un tracteur de plusieurs tonnes avec ses gros pneus sur de la terre meuble en fait invariablement une semelle dure, qui se compacte au fur et à mesure. Mais que faut-il faire une fois qu'on a si bien compacté un sol qu'on prétend cultiver ? L'agriculteur a la solution : il revient avec son tracteur (ou un plus gros !) équipé d'une herse pour « casser » les mottes qui se seront formées. Eh oui, même lui sait qu'on ne plante pas dans un champ où la terre n'aura pas été affinée et ameublie...
Bref, croyons-nous que cela soit fini ? Eh bien non, recompactage de la terre lorsqu'il vient ensemencer et planter ses parcelles.
Au final, au moins trois passages sinon plus (ah oui, j'oubliai celui quand il vient pour vaporiser les champs avec ses mixtures chimiques...).

Et le jardinier du dimanche ? Même s'il n'a pas les enjeux de productivité d'un agriculteur (exploitant serait plus juste...), il a quand même la possibilité de pratiquer à son échelle le même genre d'aberration : le motoculteur, le brise-mottes. Lui aussi aura marché sur ses plates bandes. Lui aussi aura passé du temps à retourner, triturer, martyriser cette terre qu'il souhaite voir le plus productive possible. Sur le dernier point, il a raison, et on ne peut pas lui en tenir rigueur. Mais que d'heures, de fatigue, de risques (un de mes proches a failli s'amputer de la jambe pour s'être trompé entre marche avant et marche arrière lors de l'usage de son motoculteur !) pour un résultat qui ne sera pas meilleur que s'il avait utilisé d'autres techniques.

Quand je vous disais que c'était lucratif... je pensais bien entendu à ces industries qui ont fourni nos agriculteurs en matériel couteux, et comparativement peu productifs, et qui les tiennent maintenant à la gorge par leurs crédits. Oui, imaginez que pour un tracteur, il a fallu des matières premières, de l'énergie pour le produire, pour le transporter, de la matière grise qu'il a fallu payer pour l'imaginer. Une prouesse de technologie, peut-être, mais pas d'intelligence de la terre, c'est certain. Les agriculteurs se sont retrouvés il y a 60 ans à devoir nourrir la France entière, et passer violemment d'une terre technique ayant peu évolué pendant des centaines d'années, utilisant pour beaucoup encore la force animale (et l'huile de coude !) à une obligation de surproductivité, et de « compétitivité » importée directement du modèle « sur- industrialisé ». Dès lors, la surenchère était inévitable. Voilà pourquoi aujourd'hui, il serait pour beaucoup totalement inimaginable et inconcevable de se passer de toutes ces machines, et donc de la manière de procéder. C'est un piège qui s'est refermé voilà de nombreuses années, et qui tue l'agriculture, la vraie, celle dont nous avons réellement besoin, celle de proximité, celle des petites et justes quantités, celle qui n'a pas de raisons de souffrir de la spéculation sur les matières premières.

Alors, maintenant, le travail du sol parait-il aussi nécessaire, inévitable, et encore concevable, du moins à notre échelle ? Avons-nous besoin d'acheter un motoculteur, et d'autres petits engins motorisés au diesel ou à l'essence, au lieu d'utiliser notre intelligence ?
Rien n'est moins sûr, et voici comment l'on peut s'affranchir assez facilement :
Couvrir la terre en permanence permet de redynamiser la vie du sol, de laisser aux organismes y habitant le temps de faire leur travail, c'est à dire le notre. Le ver de terre (les différentes espèces travaillent à différents horizons du sol) brasse, aère, remue inlassablement la terre. Il mélange les matières humiques à l'argile pour former le complexe argilo-humique. Il dépollue les sols de tous les métaux lourds en les colloidant (radicaux non libres, ne pouvant pas se lessiver et polluer les nappes souterraines). Il amène la matière organique décomposée en profondeur pour régénérer la terre. Il permet à l'eau de suivre de multiples canaux, évitant le ruissellement, assurant le filtrage et la dépollution au travers des filtres du sol. Seuls nous intéressent les 15 à 20 premiers centimètres du sol, pour y semer et cultiver nos plantes. Il ne sera donc pas nécessaire de pratiquer un retournement des couches, puisque le ver le fait très bien.
Les décomposeurs (bactéries, champignons microscopiques, collemboles, cloportes, fourmis, mille-pattes...) habitent en surface et se chargent de dégrader la matière organique en humus.

La partie superficielle, que nous nous chargerons toujours d'amender avec des matières décomposées ou en décomposition, sera brassée légèrement, et toujours horizontalement, jamais verticalement. Dans certaines pratiques comme la permaculture, les amendements ne seront même pas nécessaires, puisque tous les déchets des plantes seront laissés sur place, servant en même temps de paillis, de protection contre le soleil, de retenue contre les fortes pluies, d'abri parfait pour la vie du sol et sa régénération à partir des matières se dégradant à leur contact. Les semis et les plantations dans ce cas sont faits sous paillis, en écartant juste ce qu'il faut pour que la plante puisse accéder à la lumière. Après quelques années de cette pratique douce, non invasive, certains arrivent à obtenir (vous l'aurez deviné) sans effort particulier une couche de terre riche et meuble de plus de 20 cm ! Pour gagner du temps, pour gagner en productivité, je ne vois pas ce qu'on peut faire de plus intelligent et de moins impactant que de laisser la nature faire le travail à notre place, dans le même temps que l'agriculteur prend au long de l'année pour abimer la terre.
La pratique de la biodynamie, l'en-herbage de parcelles, la culture conjointe d'arbres et de céréales portent tous les fruits magnifiques d'un retour à des pratiques douces, d'au moins 25 à 30% plus productives que les mêmes parcelles en monocultures, soumises aux aléas du temps, des effets pervers PERMACULTUREdes pesticides et engrais chimiques et bien sûr des maladies.
Il n'y a qu'à regarder d'un peu près l'aspect, la structure, la texture d'un sol abîmé par des années de labour et d'engrais, mort, et ne servant plus que de support minéral par rapport à la richesse, la vie, les nombreuses capacités de rétention, de dé-pollution, de fertilité et d'auto-régénération d'un sol non travaillé par l'Homme.

En pratique, si vous souhaitez redonner la vie à votre sol, arrêter de vous fatiguer inutilement à bêcher le sol sans résultat autre que de multiplier les « mauvaises herbes » année après année, changez de pratique. Paillez vos parcelles, vos planches avec de la paille, du broyat de branches, et même les fanes de légumes. Amendez à l'automne et paillez par dessus. Les vers et l'hiver passeront là dessus et au printemps, vous aurez une terre souple, meuble, plus foncée, plus riche. Pratiquez année après année, vous verrez rapidement la transformation de votre terre, vous la respecterez d'autant mieux qu'elle vous donnera tout ce qu'elle a sans que vous ayez eu à la travailler véritablement. La rumeur n'est pas nouvelle, cependant ! Les textes des templiers sur le travail minimal du sol en témoignent. A cette époque, certains avaient déjà tout dit et tout écrit ! Amendement en compost trois années de suite sans retournement de la terre. La quatrième année, les moines avaient l'autorisation de remuer la terre, mais pas en grande profondeur, afin de ne pas déranger la structure complexe qui avait pris du temps à s'établir. D'année en année, la terre conservait toutes ses facultés à se dépolluer et à se régénérer en humus, sans labeur excessif.

Si ces pratiques vous tentent (moi, en tous cas, mon dos n'accepte plus d'autre choix !), vous pouvez vous rapprocher de la pratique de la permaculture. Vous verrez quel monde merveilleux vous attend : que des bénéfices, pas de contraintes inutiles, des résultats extraordinaires, une sérénité face à vos cultures, une nouvelle dimension s'ouvre à vous. Certains voudront peut-être aller faire un stage de permaculture à la ferme du Bec-Hellouin, où l'on a montré que cultiver intensivement, de manière très productive, sans impact sur l'environnement et le sol, sur de très petites surfaces est non seulement possible mais totalement et résolument moderne. Notre avenir alimentaire, au passage, se fera probablement grâce à ces techniques, quoi qu'on en pense.
Regarder pousser, et récolter sans effort, plutôt que de s'échiner, voilà une perspective qui ne manque pas d'intérêt, non ?
Nous reviendrons dans un prochain article sur la permaculture et la culture en buttes, plus précisément et verrons comment mettre les concepts en application.


Prochain article à paraître : L'article vous exposera les raisons écologiques, économiques et citoyennes de pratiquer le compostage de vos déchets de cuisine et de jardin et de le considérer comme une solution très avantageuse.

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4 commentaire(s)

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Dorothée - Il y a 5 ans
Bonjour,
Merci pour cet article qui confirme encore et encore ce que je souhaite mettre en place sur notre parcelle. Nous venons d'acquérir en effet un terrain qui à l'état sauvage laisse pousser beaucoup de plantes bonnes ou mauvaises je ne le sais pas encore.. cependant ces plantes ont de grandes racines bien installées et 2 questions se posent la première : comment se débarrasser de ces racines sans abîmer le travail des vers de terre bien présents (quelle chance !!) Et comment aplanir ce terrain qui pour l'instant est valoné sans encore une fois abîmer ce qui est riche. Merci pour votre future réponse
el asmar hassan - Il y a 5 ans
Toutes mes félicitations je suis à 100 % d'accord avec tout ce qui est dit.
David Gabelin - Il y a 10 ans
Bonjour Marie Ange,

Hélas, je n'ai pas de réponse simple à votre question, le plus raisonnable commence toujours par soi même. Une fois qu'on a bien intégré ces changements fondamentaux, on est toujours plus à l'aise pour en parler, parler de son expérience, de ses réussites, de ses échecs. Alors, en parlant autour de soi, le cercle s'agrandira, et de proche en proche, la rumeur enflera. Comme dit Pierre Rabhi, on fait sa part de Colibri. Nous avons tous le pouvoir de changer le monde autour de nous. Courage et persévérance sont nos plus belles armes.
Le problème c'est toujours de garder le cap, et de savoir que l'on n'est pas seul à lutter. Alors, il faut se regrouper. La communauté Koom est intéressante, le réseau des Colibris aussi, les AMAP, les associations qui travaillent sur le même champ que nous. Nous sommes légion, mais nous hésitons encore à y croire.
A vous lire.
Bien cordialement
marie ange le rochais - Il y a 10 ans
Article clair et pertinent mais comment faire pour arrêter le massacre ?
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