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Histoire Forêt de Montmorency > Des réfugiés politiques à Sainte-Radegonde !

Publié le : 24-01-2022

Bosc et Reveilliere-LépeauxNous retrouvons avec plaisir André Monneau notre historien de la Forêt de Montmorency. Aujourd'hui il nous partage un épisode un peu cocasse qui a eu à Sainte-Radegonde pendant la période révolutionnaire. Il met en scène le naturaliste Louis-Augustin Bosc, Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux, membre du Directoire et passé dans la clandestinité après le 2 juin 1793 (chute des Girondins) et leur ami Creuzé-Latouche.

En juin 1793, Jean-Marie Roland, ex-ministre de l’Intérieur, fuit les poursuites du comité d’insurrection de la Commune et se réfugie pendant une dizaine de jours au prieuré du Bois Saint-Père appelé Sainte-Radegonde où vit son ami Louis-Augustin Bosc.
Après la fuite de Roland vers Rouen, Bosc, également recherché pour ses idées proches de celles des Girondins reste caché à Sainte Radegonde, déguisé en paysan.
Fontaine Sainte-RadegondeIl en est réduit à se nourrir de racines et des œufs que lui donne une poule…Il espère vivre ainsi, quand La Revellière-Lépeaux, fugitif et malade, vient s’ajouter à son infortune. Ce dernier, dans ses mémoires, relate :
« Notre basse-cour consistait dans une poule. Le jour de Mardi-Gras, un oiseau de proie la tua, sans néanmoins pouvoir l’emporter, grâce à la prestesse de Bosc. Cette perte m’était sensible, elle l’était plus encore à Bosc. Quelle fut notre surprise dans ce moment où nous exprimions notre regret de voir notre ami Creuse-Latouche arrivant de Paris, pour nous donner des nouvelles de nos parents, de nos amis, et de ce qui se passait.
Il venait en même temps faire Mardi-Gras avec nous…Quel bonheur ! … Nous écriâmes-nous en même temps Bosc et moi, après avoir embrassé notre ami. Quel bonheur que l’oiseau de proie ait tué la poule ! Sans cet heureux coup du sort, avec quoi aurions-nous fait faire Carnaval à notre ami ? …avec des limaçons ? La poule fut plumée, accommodée et mangée avec beaucoup de gaieté ». (extrait des mémoires de La Revellière-Lépeaux)

Pour information, La Revellière-Lépeaux retrouvera en 1795 sa légitimité. Au Directoire, il s'occupera des questions culturelles et religieuses mais devra démissionner en 1799. Il mourra en 1824 et sera inhumé au cimetière du Père-Lachaise.
Quant à Bosc, il meurt en 1828 et repose dans un cimetière au cœur de la Forêt de Montmorency. (voir ci-dessous)


Bonus : zoom sur le cimetière de Louis Augustin Bosc, une curiosité au coeur de la forêt

cmetière boscCe petit cimetière est situé sur un promontoire en pleine forêt. A son pied, le ru du Nid d'Aigle forme une boucle et le délimite. 
Dans cet enclos reposent Louis Augustin Guillaume Bosc (1759-1828), sa femme Suzanne (1777-1846), sa fille A. M. Beljame (1809-1897) et plusieurs de ses parents.

Ce terrain a été cédé à Bosc par son ami Bancal des Issarts afin d’y ensevelir sa première fille prématurément décédée en 1801.
Après Thermidor, il accepta la tutelle d'Endora, la fille des Roland. Il s'éprit de sa pupille et fut aveuglé par ses marques de gratitude. Cependant, il eut des scrupules et la renvoya pour quelques mois. Elle ne l'aimait point : elle était une frêle adolescente et lui approchait la quarantaine. De cet espoir déçu, des médisances sur cet homme le poursuivirent toute sa vie, le blessant cruellement.

cinmétière de Bosc - carte postale

Un rocher de grès sert de pierre tombale à la sépulture de Bosc qui avait souhaité reposer non loin de l’ancien prieuré de Sainte Radegonde.
Cette pierre en forme de fauteuil lui servit de stèle et remémore l'histoire de Saint-Fiacre.

Biographie de Louis Augustin Guillaume Bosc d’Antic (1759-1828)

Naturaliste français, passionné de minéralogie et de botanique il étudie les sciences naturelles à Dijon. Au cours de botanique de Jussieu, il se lie d’amitié avec les Roland ;  sa liaison intime avec le couple le pousse dès le début de la Révolution dans les cercles des réformistes. Il hérite de Rousseau l’âme républicaine.
cimetière de Louis Augustin BoscIl collabore au « Patriote français » de Brissot et se lie aux futurs Girondins. Il adhère au club des Jacobins et devient secrétaire du comité de correspondance où œuvrent Robespierre et Fabre d’Eglantine. En 1792 il est nommé administrateur des postes ; la même année il sauve l’avenir de l’arboriculture française en faisant transférer 203 variétés d’arbres fruitiers du jardin des Chartreux au jardin des Plantes.
Il écrit et illustre  en septembre 1793 un « Mémoire sur les araignées de la forêt de Montmorency » encore inédit et conservé au Muséum d’histoire naturelle (ms 872).
Proscrit avec les Girondins, le Directoire le nomme, après Thermidor, consul de France aux Etats-Unis en 1796. Sous le Consulat, Bonaparte le charge de mission en Italie.
Il publie un premier ouvrage, « l’Histoire naturelle des vers » en 1800. Grâce à l’appui de Cuvier, il devient inspecteur des pépinières en 1806 puis il entre à l’Académie des sciences. Il publie, en 1811, l’Encyclopédie méthodique de l’agriculture. Le duc Decazes le nomme, sous la Restauration, conseiller de l’agriculture du royaume et lui confie un immense travail sur les vignobles français (1820-1825). Il devient professeur de culture au jardin des Plantes à la mort d’André Thouin.
Bosc découvre notre région en 1780 lors de ses herborisations dans le vallon du château de la Chasse en compagnie des élèves de Jussieu. En 1791, il inaugure le buste de Rousseau à Montmorency et s’installe en 1792 à Sainte Radegonde près du château de la Chasse. A la chute des girondins le 31 mai 1793, il cache ses amis politiques dans son logis ainsi que les mémoires de Manon Roland. Habillé en paysan et pour ne pas éveiller l’attention, il se rend régulièrement chez ses amis à Saint-Prix et à Domont avec dans sa hotte des plantes médicinales.
Dans notre histoire régionale, Bosc est le lien direct entre Rousseau et deux acteurs de la Révolution, Manon Roland et La Réveillière Lépeaux. Il repose donc dans ce petit cimetière près du château de la Chasse.

Le cimetière Bosc est une des stations du Chemin du Philosphe
Circuit du Chemin du Philosophe

Bosc et Reveilliere-LépeauxNous retrouvons avec plaisir André Monneau notre historien de la Forêt de Montmorency. Aujourd'hui il nous partage un épisode un peu cocasse qui a eu à Sainte-Radegonde pendant la période révolutionnaire. Il met en scène le naturaliste Louis-Augustin Bosc, Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux, membre du Directoire et passé dans la clandestinité après le 2 juin 1793 (chute des Girondins) et leur ami Creuzé-Latouche.

En juin 1793, Jean-Marie Roland, ex-ministre de l’Intérieur, fuit les poursuites du comité d’insurrection de la Commune et se réfugie pendant une dizaine de jours au prieuré du Bois Saint-Père appelé Sainte-Radegonde où vit son ami Louis-Augustin Bosc.
Après la fuite de Roland vers Rouen, Bosc, également recherché pour ses idées proches de celles des Girondins reste caché à Sainte Radegonde, déguisé en paysan.
Fontaine Sainte-RadegondeIl en est réduit à se nourrir de racines et des œufs que lui donne une poule…Il espère vivre ainsi, quand La Revellière-Lépeaux, fugitif et malade, vient s’ajouter à son infortune. Ce dernier, dans ses mémoires, relate :
« Notre basse-cour consistait dans une poule. Le jour de Mardi-Gras, un oiseau de proie la tua, sans néanmoins pouvoir l’emporter, grâce à la prestesse de Bosc. Cette perte m’était sensible, elle l’était plus encore à Bosc. Quelle fut notre surprise dans ce moment où nous exprimions notre regret de voir notre ami Creuse-Latouche arrivant de Paris, pour nous donner des nouvelles de nos parents, de nos amis, et de ce qui se passait.
Il venait en même temps faire Mardi-Gras avec nous…Quel bonheur ! … Nous écriâmes-nous en même temps Bosc et moi, après avoir embrassé notre ami. Quel bonheur que l’oiseau de proie ait tué la poule ! Sans cet heureux coup du sort, avec quoi aurions-nous fait faire Carnaval à notre ami ? …avec des limaçons ? La poule fut plumée, accommodée et mangée avec beaucoup de gaieté ». (extrait des mémoires de La Revellière-Lépeaux)

Pour information, La Revellière-Lépeaux retrouvera en 1795 sa légitimité. Au Directoire, il s'occupera des questions culturelles et religieuses mais devra démissionner en 1799. Il mourra en 1824 et sera inhumé au cimetière du Père-Lachaise.
Quant à Bosc, il meurt en 1828 et repose dans un cimetière au cœur de la Forêt de Montmorency. (voir ci-dessous)


Bonus : zoom sur le cimetière de Louis Augustin Bosc, une curiosité au coeur de la forêt

cmetière boscCe petit cimetière est situé sur un promontoire en pleine forêt. A son pied, le ru du Nid d'Aigle forme une boucle et le délimite. 
Dans cet enclos reposent Louis Augustin Guillaume Bosc (1759-1828), sa femme Suzanne (1777-1846), sa fille A. M. Beljame (1809-1897) et plusieurs de ses parents.

Ce terrain a été cédé à Bosc par son ami Bancal des Issarts afin d’y ensevelir sa première fille prématurément décédée en 1801.
Après Thermidor, il accepta la tutelle d'Endora, la fille des Roland. Il s'éprit de sa pupille et fut aveuglé par ses marques de gratitude. Cependant, il eut des scrupules et la renvoya pour quelques mois. Elle ne l'aimait point : elle était une frêle adolescente et lui approchait la quarantaine. De cet espoir déçu, des médisances sur cet homme le poursuivirent toute sa vie, le blessant cruellement.

cinmétière de Bosc - carte postale

Un rocher de grès sert de pierre tombale à la sépulture de Bosc qui avait souhaité reposer non loin de l’ancien prieuré de Sainte Radegonde.
Cette pierre en forme de fauteuil lui servit de stèle et remémore l'histoire de Saint-Fiacre.

Biographie de Louis Augustin Guillaume Bosc d’Antic (1759-1828)

Naturaliste français, passionné de minéralogie et de botanique il étudie les sciences naturelles à Dijon. Au cours de botanique de Jussieu, il se lie d’amitié avec les Roland ;  sa liaison intime avec le couple le pousse dès le début de la Révolution dans les cercles des réformistes. Il hérite de Rousseau l’âme républicaine.
cimetière de Louis Augustin BoscIl collabore au « Patriote français » de Brissot et se lie aux futurs Girondins. Il adhère au club des Jacobins et devient secrétaire du comité de correspondance où œuvrent Robespierre et Fabre d’Eglantine. En 1792 il est nommé administrateur des postes ; la même année il sauve l’avenir de l’arboriculture française en faisant transférer 203 variétés d’arbres fruitiers du jardin des Chartreux au jardin des Plantes.
Il écrit et illustre  en septembre 1793 un « Mémoire sur les araignées de la forêt de Montmorency » encore inédit et conservé au Muséum d’histoire naturelle (ms 872).
Proscrit avec les Girondins, le Directoire le nomme, après Thermidor, consul de France aux Etats-Unis en 1796. Sous le Consulat, Bonaparte le charge de mission en Italie.
Il publie un premier ouvrage, « l’Histoire naturelle des vers » en 1800. Grâce à l’appui de Cuvier, il devient inspecteur des pépinières en 1806 puis il entre à l’Académie des sciences. Il publie, en 1811, l’Encyclopédie méthodique de l’agriculture. Le duc Decazes le nomme, sous la Restauration, conseiller de l’agriculture du royaume et lui confie un immense travail sur les vignobles français (1820-1825). Il devient professeur de culture au jardin des Plantes à la mort d’André Thouin.
Bosc découvre notre région en 1780 lors de ses herborisations dans le vallon du château de la Chasse en compagnie des élèves de Jussieu. En 1791, il inaugure le buste de Rousseau à Montmorency et s’installe en 1792 à Sainte Radegonde près du château de la Chasse. A la chute des girondins le 31 mai 1793, il cache ses amis politiques dans son logis ainsi que les mémoires de Manon Roland. Habillé en paysan et pour ne pas éveiller l’attention, il se rend régulièrement chez ses amis à Saint-Prix et à Domont avec dans sa hotte des plantes médicinales.
Dans notre histoire régionale, Bosc est le lien direct entre Rousseau et deux acteurs de la Révolution, Manon Roland et La Réveillière Lépeaux. Il repose donc dans ce petit cimetière près du château de la Chasse.

Le cimetière Bosc est une des stations du Chemin du Philosphe
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1 commentaire(s)

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stephane monneau - Il y a 2 ans
Très très intéressant
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