Ce jeudi 2 juin sera diffusé sur France 3 "L'armée des ombres", le célèbre film de Jean-Pierre Melville avec Lino Ventura en tête d'affiche. L'occasion de revoir ce chef d'œuvre et guetter la célèbre scène tournée au Fort de Cormeilles-en-Parisis !
Retrouvons notre cinéphile ermontois Claude Schwab, qui évoque ce long métrage, le tournage dans le fort et même les relations entre Lino Ventura et Jean-Pierre Melville :
Les films dont le cadre, au moins pour une scène, a été le fort de Cormeilles, sont très nombreux et, parmi eux, le meilleur peut-être : "L'Armée des Ombres" de Jean-Pierre Melville, tourné en 1969. Très grand film en effet, le préféré de son réalisateur qui adapte le roman éponyme de Joseph Kessel. "L'Armée des ombres". c'est l'armée clandestine, souterraine de la Résistance.
Plusieurs personnages, appartenant tous au même réseau, y sont campés : Philippe Gerbier (Lino Ventura), Mathilde (Simone Signoret), Luc Jardie (Paul Meurisse), Jean François Jardie (Jean Pierre Cassel)...
Melville nous montre la Résistance dans son effroyable banalité, sans artifices mélodramatiques, sans romantisme, dans un film qui a une allure de tragédie. « D'un récit sublime, merveilleux documentaire sur la Résistance, j'ai fait une rêverie rétrospective ; un pèlerinage nostalgique sur une époque qui a marqué profondément ma génération » confiait le réalisateur à Rui Noguera dans "Le cinéma selon Jean Pierre Melvillle".
Une scène-clé du film a été tournée dans le fort de Cormeilles : il s'agit de la seconde évasion de Philippe Gerbier. Ce dernier, un des chefs de la Résistance, est activement recherché depuis sa précédente évasion des locaux de la Gestapo à l'hôtel Martinez. Gerbier est arrêté tout à fait par hasard dans un restaurant lyonnais, lors d'une banale descente de police qui suspecte un trafic de cartes d'alimentation.
Remis aux autorités allemandes, Philippe Gerbier va être exécuté avec une demi-douzaine d'autres résistants. Ils attendant dans un cachot : seul Gerbier a sur lui des cigarettes, il fait tourner son paquet pour que chaque codétenu puisse fumer une dernière fois, mais il en manque une : c'est Gerbier qui s'en passera ! Scène éclairante quant à la générosité de Gerbier, mais le personnage peut aussi se montrer implacable : il n'a pas hésité à faire exécuter un traître et plus tard à ordonner la mort de Mathilde pour lui éviter de parler sous la torture.
A l'heure de l'exécution, la perversité de l'ennemi est épouvantable : « nous allons vous donner une chance, nous n'allons pas tirer tout de suite, vous allez courir, celui qui arrivera le premier au mur sera fusillé la prochaine fois avec d'autres condamnés » leur dit l'officier qui commande la batterie de mitrailleuses. Gerbier refuse dans un premier temps de se prêter à ce jeu macabre, il y est cependant contraint et bien lui en prend puisque des grenades fumigènes sont lancées pour obscurcir le champ de tir et une corde l'attend au pied du mur : ce sont ses camarades (Mathilde au premier chef) qui ont organisé son évasion ! Bien évidemment cette évasion est invraisemblable et nous sommes à mille lieux de tout réalisme : ce n'est pas la personne de Gerbier qui échappe au feu de la mitrailleuse allemande mais ce qu'il incarne : la Résistance...
Si la première partie de cette scène se déroule bien dans les souterrains du fort, la seconde en revanche a été filmée au camp militaire de Satory et plus particulièrement dans un bunker qui a été détruit peu après le tournage.
N'hésitez surtout pas à revoir ce formidable film dans lequel Lino Ventura est extraordinaire : on sait qu'il n'adressait plus la parole à Melville depuis "Le deuxième souffle" et que toute la communication entre le réalisateur et son acteur principal passait par l'intermédiaire d'assistants, mais cela n'a manifestement pas empêché l'éclosion d'un chef d'œuvre !
Ce jeudi 2 juin sera diffusé sur France 3 "L'armée des ombres", le célèbre film de Jean-Pierre Melville avec Lino Ventura en tête d'affiche. L'occasion de revoir ce chef d'œuvre et guetter la célèbre scène tournée au Fort de Cormeilles-en-Parisis !
Retrouvons notre cinéphile ermontois Claude Schwab, qui évoque ce long métrage, le tournage dans le fort et même les relations entre Lino Ventura et Jean-Pierre Melville :
Les films dont le cadre, au moins pour une scène, a été le fort de Cormeilles, sont très nombreux et, parmi eux, le meilleur peut-être : "L'Armée des Ombres" de Jean-Pierre Melville, tourné en 1969. Très grand film en effet, le préféré de son réalisateur qui adapte le roman éponyme de Joseph Kessel. "L'Armée des ombres". c'est l'armée clandestine, souterraine de la Résistance.
Plusieurs personnages, appartenant tous au même réseau, y sont campés : Philippe Gerbier (Lino Ventura), Mathilde (Simone Signoret), Luc Jardie (Paul Meurisse), Jean François Jardie (Jean Pierre Cassel)...
Melville nous montre la Résistance dans son effroyable banalité, sans artifices mélodramatiques, sans romantisme, dans un film qui a une allure de tragédie. « D'un récit sublime, merveilleux documentaire sur la Résistance, j'ai fait une rêverie rétrospective ; un pèlerinage nostalgique sur une époque qui a marqué profondément ma génération » confiait le réalisateur à Rui Noguera dans "Le cinéma selon Jean Pierre Melvillle".
Une scène-clé du film a été tournée dans le fort de Cormeilles : il s'agit de la seconde évasion de Philippe Gerbier. Ce dernier, un des chefs de la Résistance, est activement recherché depuis sa précédente évasion des locaux de la Gestapo à l'hôtel Martinez. Gerbier est arrêté tout à fait par hasard dans un restaurant lyonnais, lors d'une banale descente de police qui suspecte un trafic de cartes d'alimentation.
Remis aux autorités allemandes, Philippe Gerbier va être exécuté avec une demi-douzaine d'autres résistants. Ils attendant dans un cachot : seul Gerbier a sur lui des cigarettes, il fait tourner son paquet pour que chaque codétenu puisse fumer une dernière fois, mais il en manque une : c'est Gerbier qui s'en passera ! Scène éclairante quant à la générosité de Gerbier, mais le personnage peut aussi se montrer implacable : il n'a pas hésité à faire exécuter un traître et plus tard à ordonner la mort de Mathilde pour lui éviter de parler sous la torture.
A l'heure de l'exécution, la perversité de l'ennemi est épouvantable : « nous allons vous donner une chance, nous n'allons pas tirer tout de suite, vous allez courir, celui qui arrivera le premier au mur sera fusillé la prochaine fois avec d'autres condamnés » leur dit l'officier qui commande la batterie de mitrailleuses. Gerbier refuse dans un premier temps de se prêter à ce jeu macabre, il y est cependant contraint et bien lui en prend puisque des grenades fumigènes sont lancées pour obscurcir le champ de tir et une corde l'attend au pied du mur : ce sont ses camarades (Mathilde au premier chef) qui ont organisé son évasion ! Bien évidemment cette évasion est invraisemblable et nous sommes à mille lieux de tout réalisme : ce n'est pas la personne de Gerbier qui échappe au feu de la mitrailleuse allemande mais ce qu'il incarne : la Résistance...
Si la première partie de cette scène se déroule bien dans les souterrains du fort, la seconde en revanche a été filmée au camp militaire de Satory et plus particulièrement dans un bunker qui a été détruit peu après le tournage.
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