Merci à la Société d’Histoire de Montmorency et de sa Région qui nous propose une conférence-cinéma consacrée aux tournages réalisés à Montmorency. Elle sera animée par Daniel Renault, membre du Conseil d'administration de l'association, qui « se propose d’évoquer et de localiser dans la topographie de la ville » les différentes scènes des films tournées.
Samedi 10 février 2024 à 15h15 - Centre Culturel Rachel Félix 6 avenue de Domont Montmorency – Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Dans notre rubrique "Ciné-patrimoine", Claude Schwab a évoqué à deux reprises des tournages réalisés à Montmorency : celui de "Gas oil" de Gilles Grangier avec un certain… Jean Gabin, et "Le couperet" de Costa-Gavras avec José Garcia en tête d'affiche.
Retrouvons ces deux articles :
Quand Jen Gabin tourne à Montmorency !
"Gas-Oil" est un film de Gilles Grangier. Il est sorti en 1955 et a la particularité de sceller la première collaboration entre Jean Gabin et Michel Audiard, scénariste et dialoguiste. Le premier opus d'une très longue série !
C'est l'adaptation d'un roman policier d'un certain Georges Bayle et intitulé "Du raisin dans le gaz-oil" (!) : en quittant Alice sa maîtresse (Jeanne Moreau), Jean Chape (Jean Gabin), chauffeur routier passe accidentellement sur le corps d'un homme mort étendu sur la route. Il s'agit d'un gangster qui s'est emparé du butin d'un hold-up sanglant. Chape va devoir à la fois se disculper auprès de la police et échapper aux complices du truand.
(Re)voir "Gas-Oil", c'est aussi l'occasion de croiser un grand nombre d'acteurs aujourd'hui un peu oubliés : Ginette Leclerc, Marcel Bozzufi, Robert Dalban, Albert Dinan, sans oublier Gaby Basset, la première épouse de Gabin, lequel ne manquait jamais de demander à ses metteurs en scène de "réserver un petit quelque chose à la môme Gaby" !
Et le Val d'Oise dans tout cela, me direz-vous ? Eh bien, il ne faut pas manquer les dix premières du film pour apercevoir un ancien garage situé à Montmorency, place du Château Gaillard (voir photos en fin d'article) : Jean Chape habite au-dessus et y gare son camion. L'office du tourisme de Montmorency est aujourd'hui tout à côté et le garage s'est transformé en salle Lucie Aubrac après restauration...
En fait, dans le récit, le camionneur habite dans le Puy-de-Dôme et va jusqu'à dire à ses amis (Bozzufi, son co-équipier et Camille Guerini) : «sans brusquer vos effusions, Paris est à 500 bornes !».
Profitant sans doute d'être à Montmorency, Gilles Grangier va y situer la scène particulièrement sanglante du hold-up : 4 ou 5 truands conduits par Roger Hanin n'hésitent pas à faire feu sur deux convoyeurs de fonds, les tuant de sang-froid avant même toute sommation. La scène très rapide et bien filmée se situe rue Bouchard et place des Cerisiers...
Un peu plus tard dans le film, Gabin sortira de chez lui pour se rendre à pied chez un coiffeur (Marcel Péres) sur la place du château Gaillard : le salon a disparu mais la boutique existe toujours sous une autre enseigne !
N'hésitez donc pas à reprogrammer ce film (disponible en DVD) qui permet de voir aussi l'Auvergne (beaucoup de scènes autour de Murol), quelques plans du vieux Paris des années cinquante (Bercy notamment). Quant au ballet final des camions qui vont cerner la voiture des gangsters, il mérite le détour !
José Garcia au "Café de l'Orangerie" de Montmorency !
Il pleut. C'est le soir. Tard. Un homme, seul dans sa voiture, se gare devant un café-tabac, il charge un révolver et attend. Cet homme s'appelle Bruno Davert (José Garcia), il était cadre supérieur dans une usine de papier. Au chômage depuis plusieurs mois, il a décidé d'éliminer physiquement tous les postulants au même emploi que lui au sein de l'entreprise Arcadia. Tel est le tout début du "Couperet", film que Costa-Gavras réalise en 2004. C'est l'adaptation d'un livre policier américain de Donald Westlake "The Ax".
Costa Gavras et son scénariste Jean Claude Grumberg ont transposé la fiction en France et en Belgique (de nombreuses scènes ont été tournées à Liège et dans sa région), mais le réalisateur a voulu soigneusement gommer tous les repères géographiques et spatiaux. Cependant, le café tabac est facilement identifiable pour un val d'oisien : baptisé l'Etape dans le film, il s'agit de l'Orangerie situé place Charles Lebrun à Montmorency !
Un homme ne va pas tarder à sortir de l'établissement qui ferme son rideau de fer : c'est une des cibles de Bruno qui entreprend de le suivre. L'homme marche rapidement dans les rues désertes, surveillé par Bruno qui n'a pas quitté son véhicule. Costa-Gavras multiplie les plans pour dérouter au sens propre le spectateur : nous sommes très vite à Enghien et plus particulièrement sur la place de Verdun, aisément reconnaissable à ses très originaux lampadaires. Bruno n'aura pas besoin d'utiliser son arme : par le plus grand des hasards, sa cible traverse devant sa voiture ! Il lui suffit alors simplement d'appuyer sur l'accélérateur !
Non content de brouiller les pistes, Costa bouleverse la chronologie : plus tard dans le film, nous verrons une scène située à l'intérieur du café : Bruno vient d'abord dîner à l'Etape et engage une conversation avec sa future victime qui est serveur dans l'établissement. L'occasion nous est fournie de voir d'autres plans autour de la place Charles Lebrun.
Un peu plus tard, une autre scène de traque nous conduira dans un secteur pavillonnaire de Groslay (une autre se déroulera dans l'Essonne à Mennecy).
Toutes ces zones péri-urbaines semblent s'étaler à l'infini tout au long du film définissant une sorte de non-lieu particulièrement anxiogène.
Ce film aurait pu s'appeler "7 morts sur ordonnance" (parce qu'au total ce n'est plus 5 mais bien 7 personnes que Bruno veut éliminer) si ce titre n'avait pas déjà été utilisé par Jacques Rouffio en 1975. Quant au sort des autres protagonistes du "Couperet", je vous laisse le soin de le découvrir en revoyant ce film de Costa-Gavras (qu'il ne faut pas réduire aux seuls "Z" et "L'Aveu") : outre José Garcia justement nominé aux Césars pour son interprétation, vous y retrouverez Karin Viard dans le rôle de son épouse et le toujours impeccable Olivier Gourmet, l'un des dirigeants d'Arcadia, poste à pourvoir en cas de disparition !
Bonus : making of du film "Le couperet" avec notamment la scène tournée à Montmorency (Les deux moments où il est question du café de Montmorency se situent de 5'30 à 7'30 et de 15'00 à 16'15.)
Merci à la Société d’Histoire de Montmorency et de sa Région qui nous propose une conférence-cinéma consacrée aux tournages réalisés à Montmorency. Elle sera animée par Daniel Renault, membre du Conseil d'administration de l'association, qui « se propose d’évoquer et de localiser dans la topographie de la ville » les différentes scènes des films tournées.
Samedi 10 février 2024 à 15h15 - Centre Culturel Rachel Félix 6 avenue de Domont Montmorency – Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Dans notre rubrique "Ciné-patrimoine", Claude Schwab a évoqué à deux reprises des tournages réalisés à Montmorency : celui de "Gas oil" de Gilles Grangier avec un certain… Jean Gabin, et "Le couperet" de Costa-Gavras avec José Garcia en tête d'affiche.
Retrouvons ces deux articles :
Quand Jen Gabin tourne à Montmorency !
"Gas-Oil" est un film de Gilles Grangier. Il est sorti en 1955 et a la particularité de sceller la première collaboration entre Jean Gabin et Michel Audiard, scénariste et dialoguiste. Le premier opus d'une très longue série !
C'est l'adaptation d'un roman policier d'un certain Georges Bayle et intitulé "Du raisin dans le gaz-oil" (!) : en quittant Alice sa maîtresse (Jeanne Moreau), Jean Chape (Jean Gabin), chauffeur routier passe accidentellement sur le corps d'un homme mort étendu sur la route. Il s'agit d'un gangster qui s'est emparé du butin d'un hold-up sanglant. Chape va devoir à la fois se disculper auprès de la police et échapper aux complices du truand.
(Re)voir "Gas-Oil", c'est aussi l'occasion de croiser un grand nombre d'acteurs aujourd'hui un peu oubliés : Ginette Leclerc, Marcel Bozzufi, Robert Dalban, Albert Dinan, sans oublier Gaby Basset, la première épouse de Gabin, lequel ne manquait jamais de demander à ses metteurs en scène de "réserver un petit quelque chose à la môme Gaby" !
Et le Val d'Oise dans tout cela, me direz-vous ? Eh bien, il ne faut pas manquer les dix premières du film pour apercevoir un ancien garage situé à Montmorency, place du Château Gaillard (voir photos en fin d'article) : Jean Chape habite au-dessus et y gare son camion. L'office du tourisme de Montmorency est aujourd'hui tout à côté et le garage s'est transformé en salle Lucie Aubrac après restauration...
En fait, dans le récit, le camionneur habite dans le Puy-de-Dôme et va jusqu'à dire à ses amis (Bozzufi, son co-équipier et Camille Guerini) : «sans brusquer vos effusions, Paris est à 500 bornes !».
Profitant sans doute d'être à Montmorency, Gilles Grangier va y situer la scène particulièrement sanglante du hold-up : 4 ou 5 truands conduits par Roger Hanin n'hésitent pas à faire feu sur deux convoyeurs de fonds, les tuant de sang-froid avant même toute sommation. La scène très rapide et bien filmée se situe rue Bouchard et place des Cerisiers...
Un peu plus tard dans le film, Gabin sortira de chez lui pour se rendre à pied chez un coiffeur (Marcel Péres) sur la place du château Gaillard : le salon a disparu mais la boutique existe toujours sous une autre enseigne !
N'hésitez donc pas à reprogrammer ce film (disponible en DVD) qui permet de voir aussi l'Auvergne (beaucoup de scènes autour de Murol), quelques plans du vieux Paris des années cinquante (Bercy notamment). Quant au ballet final des camions qui vont cerner la voiture des gangsters, il mérite le détour !
José Garcia au "Café de l'Orangerie" de Montmorency !
Il pleut. C'est le soir. Tard. Un homme, seul dans sa voiture, se gare devant un café-tabac, il charge un révolver et attend. Cet homme s'appelle Bruno Davert (José Garcia), il était cadre supérieur dans une usine de papier. Au chômage depuis plusieurs mois, il a décidé d'éliminer physiquement tous les postulants au même emploi que lui au sein de l'entreprise Arcadia. Tel est le tout début du "Couperet", film que Costa-Gavras réalise en 2004. C'est l'adaptation d'un livre policier américain de Donald Westlake "The Ax".
Costa Gavras et son scénariste Jean Claude Grumberg ont transposé la fiction en France et en Belgique (de nombreuses scènes ont été tournées à Liège et dans sa région), mais le réalisateur a voulu soigneusement gommer tous les repères géographiques et spatiaux. Cependant, le café tabac est facilement identifiable pour un val d'oisien : baptisé l'Etape dans le film, il s'agit de l'Orangerie situé place Charles Lebrun à Montmorency !
Un homme ne va pas tarder à sortir de l'établissement qui ferme son rideau de fer : c'est une des cibles de Bruno qui entreprend de le suivre. L'homme marche rapidement dans les rues désertes, surveillé par Bruno qui n'a pas quitté son véhicule. Costa-Gavras multiplie les plans pour dérouter au sens propre le spectateur : nous sommes très vite à Enghien et plus particulièrement sur la place de Verdun, aisément reconnaissable à ses très originaux lampadaires. Bruno n'aura pas besoin d'utiliser son arme : par le plus grand des hasards, sa cible traverse devant sa voiture ! Il lui suffit alors simplement d'appuyer sur l'accélérateur !
Non content de brouiller les pistes, Costa bouleverse la chronologie : plus tard dans le film, nous verrons une scène située à l'intérieur du café : Bruno vient d'abord dîner à l'Etape et engage une conversation avec sa future victime qui est serveur dans l'établissement. L'occasion nous est fournie de voir d'autres plans autour de la place Charles Lebrun.
Un peu plus tard, une autre scène de traque nous conduira dans un secteur pavillonnaire de Groslay (une autre se déroulera dans l'Essonne à Mennecy).
Toutes ces zones péri-urbaines semblent s'étaler à l'infini tout au long du film définissant une sorte de non-lieu particulièrement anxiogène.
Ce film aurait pu s'appeler "7 morts sur ordonnance" (parce qu'au total ce n'est plus 5 mais bien 7 personnes que Bruno veut éliminer) si ce titre n'avait pas déjà été utilisé par Jacques Rouffio en 1975. Quant au sort des autres protagonistes du "Couperet", je vous laisse le soin de le découvrir en revoyant ce film de Costa-Gavras (qu'il ne faut pas réduire aux seuls "Z" et "L'Aveu") : outre José Garcia justement nominé aux Césars pour son interprétation, vous y retrouverez Karin Viard dans le rôle de son épouse et le toujours impeccable Olivier Gourmet, l'un des dirigeants d'Arcadia, poste à pourvoir en cas de disparition !
Bonus : making of du film "Le couperet" avec notamment la scène tournée à Montmorency (Les deux moments où il est question du café de Montmorency se situent de 5'30 à 7'30 et de 15'00 à 16'15.)
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