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Les chroniques de Moritz : "Les mots d’après"

Publié le : 28-09-2020

Gérard Pouettre

Après le confinement, Moritz a remarqué un changement lexical... Merci à Gérard Pouettre (écriture) et Jean-Marie Brochard (illustration) qui veillent sur lui ! Moritz nous propose une nouvelle fois son regard original et humoristique sur le monde qui l'entoure.

Les mots d’après

MoritzMoritz est surpris des mots qu’il a entendus ces dernières semaines dans l’actualité. Une bonne partie d’entre eux avaient disparu des paroles habituelles : territoire, barrière, local, circuit court…

Certains au contraire sont apparus ou bien sont sortis de leur usage confidentiel : réensauvagement, écovillage, résilience…

Un autre mot particulièrement apprécié des chats fait aussi l’objet de nombreuses conversations depuis quelques temps : intimité.

Même si son univers personnel n’a pas changé, Moritz s’était habitué à ce que les humains appellent la mondialisation, la globalisation, l’urban way of life. Il pouvait connaitre les aventures des chats du monde entier en surfant sur Intermatou, sur Mikipedia. Certes tout cela ne va pas disparaitre mais il a cru comprendre que leur vision du monde est en train de changer.

Ce changement de vocabulaire pourrait être le signe d’une orientation vers un monde à taille de chat. Moritz connait bien son territoire ; il y est attaché. Il admet bien la présence de quelques congénères mais ne souhaiterait pas un envahissement. Il se satisfait des barrières qui l’entoure, sans être pour autant infranchissables, mais qui lui assure une certaine protection.

Quant au local et au circuit court, Moritz le regrette mais il ne pourrait pas satisfaire ses propres besoins avec les seules ressources de son territoire. Bien sûr, il y a des mulots, des orvets, des insectes comestibles mais son exigence alimentaire s’est embourgeoisée et les plats préparés satisfont beaucoup mieux son appétit. D’autre part, l’accusation de prédation de la biodiversité contre les chats lui a fourni une bonne raison de changer de régime alimentaire sans se culpabiliser. Il milite même pour le réensauvagement de la nature en griffant quelques plantes qui lui semblent trop artificielles.

Il a pris aussi deux décisions pour tenir compte de la volonté récente de relocalisation. Il contrôle l’origine des produits en vérifiant l’étiquette sur les sachets de ses aliments, qui ne doivent pas provenir de l’extérieur de l’Europe et il a fait la grimace en grattant un coin de sa couverture préférée quand il a lu qu’elle venait d’Indonésie. Par ailleurs, il s’approche avec une insistance croissante de l’assiette de ses maitres pour montrer son envie de cuisine locale.

Ce rapprochement de ses maitres, auquel ils ne consentent pas toujours, pose la question de l’intimité, qui a semblé être une grande préoccupation des humains pendant cette période de confinement.

Les chats sont experts en matière d’intimité. Moritz sait trouver un équilibre entre la discrétion, voire le goût du secret et le dévoilement de ses sentiments. Il sait s’isoler quand le besoin s’en fait sentir et montrer sa sociabilité à d’autres moments.

Sur LCP (Le Chat Psychologue), Moritz s’est informé sur le processus d’individualisation dans les sociétés modernes. Il manque de recul historique pour avoir une idée précise de ce qui se passait avant, mais il s’est souvenu d’une vieille BD qu’il avait feuilleté, Martine à la ferme, où les chats vivaient en tribu, sous le contrôle des autres congénères, où il était quasi impossible de se trouver un coin secret sans être rapidement délogé.

Quelques minutes d’introspection suffisent à Moritz pour se rendre compte que son existence est beaucoup plus autonome, que ses relations sont choisies et ses nécessaires moments de solitude ne sont pas perturbés. Mais ce n’était pas le cas de tout le monde ces derniers temps et les chats d’appartement ont dû aussi en souffrir.

Moritz se gratte la tête en pensant au défi que les humains ont à relever : conjuguer leur besoin d’intimité, d’autonomie, de jardin secret et le souci de leur jardin commun, la planète. A titre personnel, il réfléchit à ce qu’il pourrait faire de plus pour la résilience de la planète.

Gérard Pouettre

Après le confinement, Moritz a remarqué un changement lexical... Merci à Gérard Pouettre (écriture) et Jean-Marie Brochard (illustration) qui veillent sur lui ! Moritz nous propose une nouvelle fois son regard original et humoristique sur le monde qui l'entoure.

Les mots d’après

MoritzMoritz est surpris des mots qu’il a entendus ces dernières semaines dans l’actualité. Une bonne partie d’entre eux avaient disparu des paroles habituelles : territoire, barrière, local, circuit court…

Certains au contraire sont apparus ou bien sont sortis de leur usage confidentiel : réensauvagement, écovillage, résilience…

Un autre mot particulièrement apprécié des chats fait aussi l’objet de nombreuses conversations depuis quelques temps : intimité.

Même si son univers personnel n’a pas changé, Moritz s’était habitué à ce que les humains appellent la mondialisation, la globalisation, l’urban way of life. Il pouvait connaitre les aventures des chats du monde entier en surfant sur Intermatou, sur Mikipedia. Certes tout cela ne va pas disparaitre mais il a cru comprendre que leur vision du monde est en train de changer.

Ce changement de vocabulaire pourrait être le signe d’une orientation vers un monde à taille de chat. Moritz connait bien son territoire ; il y est attaché. Il admet bien la présence de quelques congénères mais ne souhaiterait pas un envahissement. Il se satisfait des barrières qui l’entoure, sans être pour autant infranchissables, mais qui lui assure une certaine protection.

Quant au local et au circuit court, Moritz le regrette mais il ne pourrait pas satisfaire ses propres besoins avec les seules ressources de son territoire. Bien sûr, il y a des mulots, des orvets, des insectes comestibles mais son exigence alimentaire s’est embourgeoisée et les plats préparés satisfont beaucoup mieux son appétit. D’autre part, l’accusation de prédation de la biodiversité contre les chats lui a fourni une bonne raison de changer de régime alimentaire sans se culpabiliser. Il milite même pour le réensauvagement de la nature en griffant quelques plantes qui lui semblent trop artificielles.

Il a pris aussi deux décisions pour tenir compte de la volonté récente de relocalisation. Il contrôle l’origine des produits en vérifiant l’étiquette sur les sachets de ses aliments, qui ne doivent pas provenir de l’extérieur de l’Europe et il a fait la grimace en grattant un coin de sa couverture préférée quand il a lu qu’elle venait d’Indonésie. Par ailleurs, il s’approche avec une insistance croissante de l’assiette de ses maitres pour montrer son envie de cuisine locale.

Ce rapprochement de ses maitres, auquel ils ne consentent pas toujours, pose la question de l’intimité, qui a semblé être une grande préoccupation des humains pendant cette période de confinement.

Les chats sont experts en matière d’intimité. Moritz sait trouver un équilibre entre la discrétion, voire le goût du secret et le dévoilement de ses sentiments. Il sait s’isoler quand le besoin s’en fait sentir et montrer sa sociabilité à d’autres moments.

Sur LCP (Le Chat Psychologue), Moritz s’est informé sur le processus d’individualisation dans les sociétés modernes. Il manque de recul historique pour avoir une idée précise de ce qui se passait avant, mais il s’est souvenu d’une vieille BD qu’il avait feuilleté, Martine à la ferme, où les chats vivaient en tribu, sous le contrôle des autres congénères, où il était quasi impossible de se trouver un coin secret sans être rapidement délogé.

Quelques minutes d’introspection suffisent à Moritz pour se rendre compte que son existence est beaucoup plus autonome, que ses relations sont choisies et ses nécessaires moments de solitude ne sont pas perturbés. Mais ce n’était pas le cas de tout le monde ces derniers temps et les chats d’appartement ont dû aussi en souffrir.

Moritz se gratte la tête en pensant au défi que les humains ont à relever : conjuguer leur besoin d’intimité, d’autonomie, de jardin secret et le souci de leur jardin commun, la planète. A titre personnel, il réfléchit à ce qu’il pourrait faire de plus pour la résilience de la planète.

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