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Hommage à Hervé Collet, l'historien de la Vallée de Montmorency !

Publié le : 29-01-2024

Hervé ColletLa Vallée de Montmorency est en deuil ! Nous avons appris ce vendredi 26 janvier 2024, le décès de Hervé Collet, notre cher historien local suite à une infection pulmonaire. Tous ceux qui l'ont côtoyé sont sous le choc car, à 82 ans, il avait encore de nombreux projets. Il venait de terminer son dernier livre consacré à Eaubonne de 1900 à 1950. Il n'aura pas eu ce plaisir de l'avoir en main, les premiers exemplaires ont été livrés le jour de son décès, comme un signe du destin...

En tant que Président-Fondateur du Cercle Historique d'Eaubonne et de l'Association Valmorency (Association pour la promotion de l'histoire et du patrimoine de la vallée de Montmorency), il a multiplié les animations (conférences, jurys de l'histoire valmorencéenne, pièce de théâtre, salons, émissions de radio…) pour partager ses recherches. Et ces nombreux livres consacrés à Eaubonne, Frépillon, Andilly ainsi que "Les Trésors de la Vallée de Montmorency" resteront des références pour nous qui aimons l'histoire locale.
Nous n'oublierons pas sa gentillesse, son enthousiasme et son talent d'historien. Il a su partager avec intelligence ses connaissances avec le grand public.

Hervé Collet m'a toujours encouragé dans la réalisation du Journal et je n'oublierai jamais sa bienveillance à mon égard. En 2021, j'ai eu l'honneur de réaliser une grande interview où il évoque ses multiples vies. Je vous propose de la redécouvrir ci-dessous.

J'adresse de très sincères condoléances à son épouse Chantal, sa famille et ses proches.
Ses obsèques se dérouleront mercredi 31 janvier à 14h30 en l'Eglise Notre-Dame à Eaubonne.

 

Interview publiée en avril 2021

Hervé Collet à OdeilloHervé Collet, vous êtes reconnu comme l'historien régional de référence avec vos nombreux ouvrages consacrés notamment à Eaubonne, Andilly, Frépillon. Mais commençons en évoquant la Bretagne. En effet, vous êtes aussi président d'honneur des amis de Saint-Jacut !
C'est vrai ! Je suis historien de la Vallée de Montmorency mais aussi… d'un petit village, Saint-Jacut-de-la-Mer, situé dans les Côtes d'Armor, près de Dinan.
J'y ai fondé en 1981 l'association "Les amis du Vieux Saint-Jacut" qui publie deux revues par an depuis quarante ans ! C'est un coin fabuleux de la Bretagne, lieu par excellence de la mémoire locale de tradition orale dont beaucoup de récits remontent au Moyen Age voire aux Fondations. A mon plus grand regret, je n'y suis pas né mais j'ai peut-être été conçu là-bas pendant les vacances de mes parents, qui sont "montés à Paris" en 1936. C’est ainsi que je suis né dans la capitale, en 1941, dans le 8e arrondissement, mais nous habitions dans le faubourg de Ménilmontant ("Ménilmuch’"), dans le 11e.

Vous êtes donc un vrai titi parisien ?
On peut le dire. Je suis né à Paris en pleine guerre. J'y ai attrapé, à 5 ans, la tuberculose, ce qui m’a valu de partir un an et demi loin de mes parents en sanatorium à Odeillo, vers Font-Romeu, la ville la plus ensoleillée de France. À cette époque, il n'y avait pas de pénicilline, la seule thérapie possible étant le bon air et le soleil. Mes parents ont vite considéré que Paris n'était pas à cette époque un lieu garantissant une bonne hygiène, et en attendant mon retour, en 1947, ils ont déménagé à Ermont, ville réputée pour son bon air, dans la campagne.

Puis vous êtes arrivé à Eaubonne ?
En 1954, mon père a acheté un terrain à Eaubonne, au sommet de la petite colline des Vignolles. Ou plutôt, il s’agissait de trois bandes de terrain différentes. Il a d’abord acheté celle de gauche et celle de droite, mais il manquait celle du milieu, où paissait parfois un troupeau de chèvres et qui se trouvait sans propriétaire connu. Il a fait déclarer cette vacance par les Domaines, qui ont procédé à une vente aux enchères et il l’a remportée.

Hervé Collet étudiantEt quel a été votre parcours scolaire ?
Au retour d’Odeillo, à 7 ans, j'ai suivi des cours particuliers pour rattraper mon retard, même si j’ai appris à lire en sana. Ensuite, je suis allé à Enghien, au Cours Notre-Dame avec les Pères maristes, puis j'ai suivi une année de philo au Lycée de Montmorency.
Quant à mes études universitaires, je les résume souvent par cette expression : "Bac + 18" ! Mais j'ai pris mon temps, évidemment en alternance, jusqu’à l’âge de 60 ans !

Quelles spécialités avez-vous étudiées ?
J'ai un grand souci pour vous répondre, car tout m'intéressait ! J'ai suivi sept ans d'études de lettres et de sociologie à la Sorbonne en même temps qu’une scolarité complète à Sciences Po, puis deux ans de 3e cycle en sociologie et enfin neuf ans de théologie, qui m’a conduit jusqu’en maitrise, avec un diplôme de "licence canonique" reconnu par le Vatican, en tant que "théologien laïc". Je me passionne aussi pour les sciences, en particulier les découvertes en physique et en astronomie, même si je ne suis pas fort en maths !

Avec toutes ces études réalisées, saviez-vous ce que vous souhaitiez faire professionnellement ?
Comme beaucoup d’activités m'attiraient, et que j’avais du mal à en éliminer certaines, j’ai fait le choix… de les pratiquer toutes, "en même temps", ce qui représentait facilement quatre mi-temps, avec des semaines de 70 heures ! J'ai l'habitude de dire que tous mes boulots étaient "principaux", que je sois chargé de la communication à l'Union Française des centres de vacances et de loisirs (UFCV), conseiller pédagogique à ATD Quart-Monde avec le Père Joseph Wresenski ou bien directeur du Centre national d'aide à la vie associative (CNAVA)… Je n'oublie pas, en 1971, ma collaboration, au Sénat, avec Jean Lecanuet, qui s’était présenté à l’élection présidentielle de 1965, et mes dix ans de présence à l’Assemblée nationale, en tant qu’attaché parlementaire.
Communiquer Pourquoi Comment ? par Hervé ColletAu cours de toutes mes expériences, la communication m’est apparue comme essentielle et m’a tenu à cœur. C'est à travers ces missions que j'ai constaté que les organisations à but non lucratif, les mairies, les institutions religieuses n'avaient pas de manuels spécifiques pour leur communication. J'ai donc rassemblé en 2003 mes connaissances et mes pratiques dans un livre de 600 pages, qui donne des clés, des outils pour mieux communiquer. Je suis fier, je l’avoue, de ce travail qui a rencontré un grand succès. Plus de 5 000 exemplaires ! ("Communiquer : pourquoi, comment ? -  Le guide de la communication sociale" - Éditions CRIDEC). Le Crédit Mutuel en a tiré une petite plaquette de 24 pages qu’il a éditée à 600 000 exemplaires en 11 ans.

En vous écoutant, est-ce que je peux dire que vous avez eu une carrière professionnelle bien remplie ?
C'est vrai, j'ai eu la chance d’avoir bénéficié d'une grande énergie et d’une curiosité que je qualifierais d’"encyclopédique". Ma passion, c'est de tout connaitre pour arriver à une synthèse de la vie et du monde… J’ai réussi à m’organiser pour tout cumuler. Par exemple, il m'arrivait d'être au bureau associatif de l'UFCV le matin, à l'Assemblée nationale l'après-midi et le soir en cours de théologie au Centre Sèvres. Tout s'enchainait bien !

Mairie d'EaubonneArrêtons-nous maintenant sur votre expérience politique et votre collaboration parlementaire avec Jean Lecanuet. Ces missions sont en adéquation avec vos études à Sciences Po ?
Certainement, mais je dois d’abord évoquer l’influence de mon père pour expliquer cet attrait pour la chose publique. Il me disait : « Un bon chrétien doit être engagé à la fois dans sa paroisse, dans le cadre familial, syndical et politique. » Il s'était lui-même engagé dans des œuvres sociales et le syndicalisme dès son arrivée à Paris et, évidemment… en politique. Il militait au MRP (Mouvement Républicain Populaire) et il a été notamment grand électeur aux sénatoriales, à la fin de la guerre.
Par voie de conséquence, j'ai tracté très jeune avec mon père dans les boîtes aux lettres, ce qui m'a amené à prendre naturellement ma carte en 1963 et de rejoindre les jeunes du MRP, dont j’ai été le dernier correspondant de ce qui est devenu le Val d'Oise avant sa transformation du MRP en Centre Démocrate en 1966.
Je vais vous raconter une anecdote sur la manière dont je suis devenu l'un des plus jeunes conseillers municipaux de France en 1965 (âge minimum à cette époque : 23 ans). À Eaubonne, le maire sortant, André Mignot, a proposé à mon père de faire partie de sa liste, car il était engagé socialement : il avait fondé la Caisse de Crédit Mutuel d'Ermont. Il lui a répondu : « Je vous propose de prendre plutôt mon fils ! Il est à Sciences Po et cela l'intéresse. » C'est ainsi que j'ai été membre, pendant deux mandats, du Conseil municipal d'Eaubonne, puis en 1977 de Frépillon, où nous avions emménagé avec mon épouse, et enfin, quelques années plus tard, à Eaubonne, en 2014, en tant qu’adjoint et en 2020 en tant que conseil d’opposition. Cela représente 25 ans de mandat municipal. Et, après avoir été le benjamin du conseil, j'en suis devenu le doyen !

Jean LecanuetEt votre expérience à l'Assemblée nationale ?
J'ai d’abord eu la chance de travailler avec Jean Lecanuet. Mon travail de collaborateur consistait notamment à assurer son secrétariat et à faire avancer certains projets. Lecanuet était un très grand orateur, un homme droit en politique, toujours sûr de lui et brillant en public, alors qu'en privé, son tempérament anxieux l’amenait fréquemment à se poser des questions sur la portée éthique de ses actes politiques. Par exemple, la loi Veil sur l'avortement, alors qu’il était Garde des sceaux, a été une décision difficile voire déchirante à prendre pour le chrétien convaincu qu’il était. Mais il l’a prise et défendue.

Et vous, vous n'avez pas eu envie de vous présenter pour devenir à votre tour député ?
Je me suis engagé et je suis resté dans le milieu politique, ou plutôt "de la chose publique", par vocation, mais sans me dire : « Je vais être député ou sénateur », en me rasant le matin. Pour cela, il aurait fallu être d'abord maire ou conseiller général, la filière classique à l'époque d'un cheminement politique. Cela ne s'est pas présenté… Pour l'anecdote, j'ai retrouvé à l'Assemblée nationale un certain Raymond Barre, qui avait été mon professeur à Sciences Po. Je me rappelle très bien qu'il m'avait interrogé lors d'une épreuve orale où je n'avais pas brillé. Il m'avait collé un 4/20 ! (rires).

Hervé Collet à l'Assemblée NationalePeut-on évoquer ensemble les événements de 1968 ? Comment les avez-vous vécus ?
J'avais 27 ans à cette époque et l'Église exhortait ses fidèles à sortir de la paroisse, à s'insérer dans la vie sociale. Je me trouvais à Eaubonne où j'avais fondé la Maison des Jeunes, après avoir initié celle d'Ermont. Nous avons donc occupé les locaux, rue Jeanne Robillon. Mon attitude à l'égard du mouvement de 1968 était de l’ordre des idées, mais je ne partageais pas à l’époque celles de Cohn-Bendit, que j'ai retrouvé bien des années plus tard, avec plus de bienveillance à son égard, car il avait mis entretemps "de l’eau dans son vin" !
L’évocation de Cohn-Bendit me fait penser à l'Europe et aux missions que j'ai réalisées pour le compte du Colisée, le Comité de Liaison pour la Solidarité avec l’Europe de l’Est, dont j’ai été le président. Cette institution reliait entre elles les associations françaises ayant des engagements en Europe centrale et orientale. Grâce à elle, j'ai eu l'occasion entre 1997 et 2002, de réaliser quarante missions dans des pays à risques en Europe centrale et orientale. Je devais écrire des "fiches pays", c’est-à-dire des rapports décrivant leur situation politique, qui étaient ensuite adressées aux ambassades et aux grandes entreprises intéressées. Il ne fallait pas se tromper. C'étaient des missions passionnantes mais parfois risquées, comme au Monténégro, où j'ai été arrêté, fouillé et soupçonné d'"espionnage", en compagnie de grands reporters, dont un ami de l’Express. Mes voyages au Tadjikistan, au Haut-Karabagh ou en Azerbaïdjan resteront dans ma mémoire !

Après avoir évoqué votre parcours professionnel, il est temps d'aborder votre passion pour l'histoire locale que vous partagez remarquablement avec nous ?
Pour être sincère, l'histoire m'a toujours intéressé au cours de mes études (pour mémoire, bac + 18 !) : l'histoire de l'Afrique, en ethnologie, des relations internationales, à Sciences Po, de la culture romaine et la littérature française, à la Sorbonne, de l’Eglise au Centre Sèvres… Mais ce n’était pas à ce moment-là une "passion". C'était juste un angle d’attaque nécessaire pour connaître ce qu'a pu produire l'Humanité au cours des âges. Je suis, en quelque sorte, un "autodidacte" en histoire, car je ne suis titulaire d’aucun diplôme dans ce domaine.
Je suis arrivé à l'histoire locale grâce à… Jean-Jacques Rousseau ! Au cours de mes études littéraires, je me suis intéressé aux "Confessions" et je me suis aperçu que ce remarquable philosophe avait éprouvé à Eaubonne une affection particulière pour Mme d'Houdetot. A partir de ce fil conducteur, j’ai cherché à tirer toute la pelote !

Jean-Jacques RousseauRousseau est donc la porte d'entrée de votre travail d'historien à Eaubonne ?
Oui. Cette première approche m'a donné l'envie d'écrire "Eaubonne au XVIIIe siècle", où le tiers du livre est consacré à Jean-Jacques Rousseau. Dans cette perspective, l'idée m’est venue de fonder, en 1971, le "Cercle Historique et archéologique d'Eaubonne et de la Vallée de Montmorency", dont nous fêterons cette année les 50 ans ! Dès la première année, nous avons proposé de nombreuses activités : expositions, conférences. Mais la vocation de l'association était, au départ, la publication d’ouvrages. C'est dans cet esprit que nous avons d’abord republié "Le Tour de la Vallée", de Charles Lefeuve, puis édité de nombreux ouvrages concernant Eaubonne et la Vallée. Je rends hommage à cet égard à Hubert Lamant, le premier secrétaire général de l’association, qui était alors bibliothécaire à Eaubonne. C'est lui qui a créé le Fonds ancien, consultable à la médiathèque Maurice Genevoix, notablement enrichi au fil des ans. J'espère qu'il pourra venir lors des festivités des 50 ans de l'association.

L'homem qui aimait l'amour - une saison dans la vie de J-J RousseauVous avez poussé votre intérêt pour Rousseau jusqu’à lui consacrer une pièce de théâtre : "L’homme qui aimait l’amour - Une saison dans la vie de Jean-Jacques Rousseau"…
Oui, ce fut une expérience inoubliable. Cette pièce historique en quatre actes a été jouée à deux reprises, avec des acteurs professionnels, dirigés par Claude Lesko, à la salle des fêtes de Deuil-la-Barre en 2012 et à l’Orange Bleue en 2015. Elle met en scène la relation complexe, et en définitive dramatique, entre Rousseau, Mme d’Houdetot, Saint-Lambert et Mme d’Epinay. J’en ai tiré un petit livre, publié aux éditions du Cridec, et j’envisage de mettre en ligne sur YouTube la version qui a été filmée à Eaubonne.
Cette approche "rousseauiste" s’est poursuivie par ma contribution au beau travail accompli par la toute nouvelle association "Rousseau à Montmorency", qui a réussi en 2019 l’exploit de faire célébrer, au Panthéon même, le 9 octobre de chaque année, l’anniversaire du transfert du tombeau du philosophe (en 1794), en lien avec des partenaires en Vallée de Montmorency.

Comment effectuez-vous vos recherches historiques, indispensables pour l'écriture de vos livres ?
Ma passion c'est bien sûr l'écriture, mais c'est d’abord la recherche documentaire, qui procure des émotions fabuleuses lorsque l'on tombe sur des "pépites", des scoops. C'est comme dans une enquête policière, quand on trouve la solution de l'énigme ! Après cette période gratifiante arrive le long, mais nécessaire travail de rédaction, de recherche des illustrations, de mise en pages, de corrections et de relations avec l’imprimeur.

L'arrivée de l'internet a-t-il bouleversé votre manière de travailler ?
Internet a incontestablement permis de démultiplier par 10 ou 20 les possibilités de recherches et surtout, de découvertes ! Vous pouvez maintenant écrire un livre d’histoire à des fins pédagogiques en un ou deux ans, alors qu'auparavant il fallait classiquement dix ans !
Pour ma part, je ne suis pas un chercheur "bénédictin", qui passe des heures à déchiffrer des manuscrits, même si je peux et j’aime le faire à l’occasion. Mon objectif est de trouver des éléments attractifs susceptibles d’intéresser le grand public à l’histoire locale. Il ne faut pas, pour autant, me prendre pour quelqu'un qui ne s'intéresse qu'à la "mousse" de l’Histoire. Je ne cherche pas à faire du "sensationnel" et je suis scrupuleux sur l’exactitude des faits présentés.
Ma passion a évidemment été Eaubonne et mon objectif est de faire aimer l'histoire de la ville. Au départ, cela intéressait cinquante personnes et maintenant ils sont très nombreux à apprécier l'histoire de leur commune et son riche patrimoine.

L'équipe de Valmorency en 2012Vous êtes aussi auteur de livres sur Frépillon ou Andilly et promoteur de la Vallée de Montmorency avec la création de l'association "Valmorency" ?
Ah la Vallée de Montmorency ! Elle est dotée d'une telle richesse littéraire, historique et patrimoniale qu'elle mérite d'être traitée comme un ensemble cohérent et homogène. Je rappelle qu'elle a existé juridiquement au moment de la Révolution avec la création du premier canton de Montmorency, jusqu’à ce que celui-ci soit divisé en deux vers 1930 avec la création du canton de Taverny.
Depuis cette scission entre la Vallée de Montmorency de l'ouest et celle de l'est, j'ai toujours espéré, et je ne suis pas le seul, que ce territoire historique soit un jour reconstitué en tant que "pays" autonome sur le plan juridique, au même titre que l’on parle de la Brie ou de la Bresse. En attendant, j'aimerais qu'elle soit reconnue à travers une institution spécifique, par exemple un comité d'expansion économique ou bien un comité de tourisme. C'est dans cet esprit que j'ai suscité la création, fin 2008, de l'association Valmorency, afin de mettre en commun les énergies. Rassembler les collègues historiens de cette région permettait de mettre en valeur la Vallée de Montmorency et d’offrir à chaque défenseur du patrimoine local des appuis, des occasions de lancer des manifestations communes. Nous avons même créé l’adjectif "valmorencéen", pour désigner tout ce qui a trait à la Vallée de Montmorency, au même titre que celui de "francilien" s’applique à l’Île-de-France.
Cette initiative a notamment pris la forme de deux Salons des Patrimoines, organisés en 2011 et 2015, respectivement à Groslay et Enghien. Et nous comptons bien en proposer une nouvelle édition au cours des prochaines années. Je pense que nous avons réussi à intéresser un public de plus en plus large. Et, cerise sur le gâteau, les acteurs locaux ainsi que les élus se sentent davantage concernés par l'histoire et le patrimoine locaux. Je dois dire que le Journal de François a joué à cet égard un rôle formidable en mettant en valeur cette culture "régionale" !

Au cours de cette période, vous avez animé une dizaine de Jurys de l'histoire valmorencéenne, où le public devait voter à la fin, à la manière des spectacles de Robert Hossein. Ne pourrait-on pas les réunir et publier ces enquêtes ?
Ce serait effectivement une bonne idée. Il faudrait les valoriser car ces Jurys ont reçu un très bel accueil. Je suis notamment fier de celui consacré à Charlotte Corday qui, selon mes recherches, serait passée par Montmorency avant d’aller assassiner Marat à Paris ! Un joli scoop ! Ces jurys faisaient partie de ma démarche d'ouvrir l'histoire locale au grand public.

Hervé Collet animateur radio à IDFMDans le même temps, vous avez fait l’expérience d’animateur de radio, à Radio Enghien IDFM 98.
Ce type d’investissement, même s’il est contraignant, est passionnant. Je l’ai effectué durant quatre ans jusque vers 2010, en duo avec mon ami Gérard Ducoeur, un des meilleurs et des plus anciens historiens de la Vallée, par ailleurs archéologue et vice-président de Valmorency. Il s’agissait d’une émission d’une heure par mois, qui demandait beaucoup de préparation. La première demi-heure consistait à raconter un épisode de l’histoire "valmorencéenne" et le reste était consacré à l’interview de "grands témoins" et à des annonces d’événements à caractère patrimonial. Ces émissions restent disponibles dans les archives de la station.

 

 

Hervé ColletLa Vallée de Montmorency est en deuil ! Nous avons appris ce vendredi 26 janvier 2024, le décès de Hervé Collet, notre cher historien local suite à une infection pulmonaire. Tous ceux qui l'ont côtoyé sont sous le choc car, à 82 ans, il avait encore de nombreux projets. Il venait de terminer son dernier livre consacré à Eaubonne de 1900 à 1950. Il n'aura pas eu ce plaisir de l'avoir en main, les premiers exemplaires ont été livrés le jour de son décès, comme un signe du destin...

En tant que Président-Fondateur du Cercle Historique d'Eaubonne et de l'Association Valmorency (Association pour la promotion de l'histoire et du patrimoine de la vallée de Montmorency), il a multiplié les animations (conférences, jurys de l'histoire valmorencéenne, pièce de théâtre, salons, émissions de radio…) pour partager ses recherches. Et ces nombreux livres consacrés à Eaubonne, Frépillon, Andilly ainsi que "Les Trésors de la Vallée de Montmorency" resteront des références pour nous qui aimons l'histoire locale.
Nous n'oublierons pas sa gentillesse, son enthousiasme et son talent d'historien. Il a su partager avec intelligence ses connaissances avec le grand public.

Hervé Collet m'a toujours encouragé dans la réalisation du Journal et je n'oublierai jamais sa bienveillance à mon égard. En 2021, j'ai eu l'honneur de réaliser une grande interview où il évoque ses multiples vies. Je vous propose de la redécouvrir ci-dessous.

J'adresse de très sincères condoléances à son épouse Chantal, sa famille et ses proches.
Ses obsèques se dérouleront mercredi 31 janvier à 14h30 en l'Eglise Notre-Dame à Eaubonne.

 

Interview publiée en avril 2021

Hervé Collet à OdeilloHervé Collet, vous êtes reconnu comme l'historien régional de référence avec vos nombreux ouvrages consacrés notamment à Eaubonne, Andilly, Frépillon. Mais commençons en évoquant la Bretagne. En effet, vous êtes aussi président d'honneur des amis de Saint-Jacut !
C'est vrai ! Je suis historien de la Vallée de Montmorency mais aussi… d'un petit village, Saint-Jacut-de-la-Mer, situé dans les Côtes d'Armor, près de Dinan.
J'y ai fondé en 1981 l'association "Les amis du Vieux Saint-Jacut" qui publie deux revues par an depuis quarante ans ! C'est un coin fabuleux de la Bretagne, lieu par excellence de la mémoire locale de tradition orale dont beaucoup de récits remontent au Moyen Age voire aux Fondations. A mon plus grand regret, je n'y suis pas né mais j'ai peut-être été conçu là-bas pendant les vacances de mes parents, qui sont "montés à Paris" en 1936. C’est ainsi que je suis né dans la capitale, en 1941, dans le 8e arrondissement, mais nous habitions dans le faubourg de Ménilmontant ("Ménilmuch’"), dans le 11e.

Vous êtes donc un vrai titi parisien ?
On peut le dire. Je suis né à Paris en pleine guerre. J'y ai attrapé, à 5 ans, la tuberculose, ce qui m’a valu de partir un an et demi loin de mes parents en sanatorium à Odeillo, vers Font-Romeu, la ville la plus ensoleillée de France. À cette époque, il n'y avait pas de pénicilline, la seule thérapie possible étant le bon air et le soleil. Mes parents ont vite considéré que Paris n'était pas à cette époque un lieu garantissant une bonne hygiène, et en attendant mon retour, en 1947, ils ont déménagé à Ermont, ville réputée pour son bon air, dans la campagne.

Puis vous êtes arrivé à Eaubonne ?
En 1954, mon père a acheté un terrain à Eaubonne, au sommet de la petite colline des Vignolles. Ou plutôt, il s’agissait de trois bandes de terrain différentes. Il a d’abord acheté celle de gauche et celle de droite, mais il manquait celle du milieu, où paissait parfois un troupeau de chèvres et qui se trouvait sans propriétaire connu. Il a fait déclarer cette vacance par les Domaines, qui ont procédé à une vente aux enchères et il l’a remportée.

Hervé Collet étudiantEt quel a été votre parcours scolaire ?
Au retour d’Odeillo, à 7 ans, j'ai suivi des cours particuliers pour rattraper mon retard, même si j’ai appris à lire en sana. Ensuite, je suis allé à Enghien, au Cours Notre-Dame avec les Pères maristes, puis j'ai suivi une année de philo au Lycée de Montmorency.
Quant à mes études universitaires, je les résume souvent par cette expression : "Bac + 18" ! Mais j'ai pris mon temps, évidemment en alternance, jusqu’à l’âge de 60 ans !

Quelles spécialités avez-vous étudiées ?
J'ai un grand souci pour vous répondre, car tout m'intéressait ! J'ai suivi sept ans d'études de lettres et de sociologie à la Sorbonne en même temps qu’une scolarité complète à Sciences Po, puis deux ans de 3e cycle en sociologie et enfin neuf ans de théologie, qui m’a conduit jusqu’en maitrise, avec un diplôme de "licence canonique" reconnu par le Vatican, en tant que "théologien laïc". Je me passionne aussi pour les sciences, en particulier les découvertes en physique et en astronomie, même si je ne suis pas fort en maths !

Avec toutes ces études réalisées, saviez-vous ce que vous souhaitiez faire professionnellement ?
Comme beaucoup d’activités m'attiraient, et que j’avais du mal à en éliminer certaines, j’ai fait le choix… de les pratiquer toutes, "en même temps", ce qui représentait facilement quatre mi-temps, avec des semaines de 70 heures ! J'ai l'habitude de dire que tous mes boulots étaient "principaux", que je sois chargé de la communication à l'Union Française des centres de vacances et de loisirs (UFCV), conseiller pédagogique à ATD Quart-Monde avec le Père Joseph Wresenski ou bien directeur du Centre national d'aide à la vie associative (CNAVA)… Je n'oublie pas, en 1971, ma collaboration, au Sénat, avec Jean Lecanuet, qui s’était présenté à l’élection présidentielle de 1965, et mes dix ans de présence à l’Assemblée nationale, en tant qu’attaché parlementaire.
Communiquer Pourquoi Comment ? par Hervé ColletAu cours de toutes mes expériences, la communication m’est apparue comme essentielle et m’a tenu à cœur. C'est à travers ces missions que j'ai constaté que les organisations à but non lucratif, les mairies, les institutions religieuses n'avaient pas de manuels spécifiques pour leur communication. J'ai donc rassemblé en 2003 mes connaissances et mes pratiques dans un livre de 600 pages, qui donne des clés, des outils pour mieux communiquer. Je suis fier, je l’avoue, de ce travail qui a rencontré un grand succès. Plus de 5 000 exemplaires ! ("Communiquer : pourquoi, comment ? -  Le guide de la communication sociale" - Éditions CRIDEC). Le Crédit Mutuel en a tiré une petite plaquette de 24 pages qu’il a éditée à 600 000 exemplaires en 11 ans.

En vous écoutant, est-ce que je peux dire que vous avez eu une carrière professionnelle bien remplie ?
C'est vrai, j'ai eu la chance d’avoir bénéficié d'une grande énergie et d’une curiosité que je qualifierais d’"encyclopédique". Ma passion, c'est de tout connaitre pour arriver à une synthèse de la vie et du monde… J’ai réussi à m’organiser pour tout cumuler. Par exemple, il m'arrivait d'être au bureau associatif de l'UFCV le matin, à l'Assemblée nationale l'après-midi et le soir en cours de théologie au Centre Sèvres. Tout s'enchainait bien !

Mairie d'EaubonneArrêtons-nous maintenant sur votre expérience politique et votre collaboration parlementaire avec Jean Lecanuet. Ces missions sont en adéquation avec vos études à Sciences Po ?
Certainement, mais je dois d’abord évoquer l’influence de mon père pour expliquer cet attrait pour la chose publique. Il me disait : « Un bon chrétien doit être engagé à la fois dans sa paroisse, dans le cadre familial, syndical et politique. » Il s'était lui-même engagé dans des œuvres sociales et le syndicalisme dès son arrivée à Paris et, évidemment… en politique. Il militait au MRP (Mouvement Républicain Populaire) et il a été notamment grand électeur aux sénatoriales, à la fin de la guerre.
Par voie de conséquence, j'ai tracté très jeune avec mon père dans les boîtes aux lettres, ce qui m'a amené à prendre naturellement ma carte en 1963 et de rejoindre les jeunes du MRP, dont j’ai été le dernier correspondant de ce qui est devenu le Val d'Oise avant sa transformation du MRP en Centre Démocrate en 1966.
Je vais vous raconter une anecdote sur la manière dont je suis devenu l'un des plus jeunes conseillers municipaux de France en 1965 (âge minimum à cette époque : 23 ans). À Eaubonne, le maire sortant, André Mignot, a proposé à mon père de faire partie de sa liste, car il était engagé socialement : il avait fondé la Caisse de Crédit Mutuel d'Ermont. Il lui a répondu : « Je vous propose de prendre plutôt mon fils ! Il est à Sciences Po et cela l'intéresse. » C'est ainsi que j'ai été membre, pendant deux mandats, du Conseil municipal d'Eaubonne, puis en 1977 de Frépillon, où nous avions emménagé avec mon épouse, et enfin, quelques années plus tard, à Eaubonne, en 2014, en tant qu’adjoint et en 2020 en tant que conseil d’opposition. Cela représente 25 ans de mandat municipal. Et, après avoir été le benjamin du conseil, j'en suis devenu le doyen !

Jean LecanuetEt votre expérience à l'Assemblée nationale ?
J'ai d’abord eu la chance de travailler avec Jean Lecanuet. Mon travail de collaborateur consistait notamment à assurer son secrétariat et à faire avancer certains projets. Lecanuet était un très grand orateur, un homme droit en politique, toujours sûr de lui et brillant en public, alors qu'en privé, son tempérament anxieux l’amenait fréquemment à se poser des questions sur la portée éthique de ses actes politiques. Par exemple, la loi Veil sur l'avortement, alors qu’il était Garde des sceaux, a été une décision difficile voire déchirante à prendre pour le chrétien convaincu qu’il était. Mais il l’a prise et défendue.

Et vous, vous n'avez pas eu envie de vous présenter pour devenir à votre tour député ?
Je me suis engagé et je suis resté dans le milieu politique, ou plutôt "de la chose publique", par vocation, mais sans me dire : « Je vais être député ou sénateur », en me rasant le matin. Pour cela, il aurait fallu être d'abord maire ou conseiller général, la filière classique à l'époque d'un cheminement politique. Cela ne s'est pas présenté… Pour l'anecdote, j'ai retrouvé à l'Assemblée nationale un certain Raymond Barre, qui avait été mon professeur à Sciences Po. Je me rappelle très bien qu'il m'avait interrogé lors d'une épreuve orale où je n'avais pas brillé. Il m'avait collé un 4/20 ! (rires).

Hervé Collet à l'Assemblée NationalePeut-on évoquer ensemble les événements de 1968 ? Comment les avez-vous vécus ?
J'avais 27 ans à cette époque et l'Église exhortait ses fidèles à sortir de la paroisse, à s'insérer dans la vie sociale. Je me trouvais à Eaubonne où j'avais fondé la Maison des Jeunes, après avoir initié celle d'Ermont. Nous avons donc occupé les locaux, rue Jeanne Robillon. Mon attitude à l'égard du mouvement de 1968 était de l’ordre des idées, mais je ne partageais pas à l’époque celles de Cohn-Bendit, que j'ai retrouvé bien des années plus tard, avec plus de bienveillance à son égard, car il avait mis entretemps "de l’eau dans son vin" !
L’évocation de Cohn-Bendit me fait penser à l'Europe et aux missions que j'ai réalisées pour le compte du Colisée, le Comité de Liaison pour la Solidarité avec l’Europe de l’Est, dont j’ai été le président. Cette institution reliait entre elles les associations françaises ayant des engagements en Europe centrale et orientale. Grâce à elle, j'ai eu l'occasion entre 1997 et 2002, de réaliser quarante missions dans des pays à risques en Europe centrale et orientale. Je devais écrire des "fiches pays", c’est-à-dire des rapports décrivant leur situation politique, qui étaient ensuite adressées aux ambassades et aux grandes entreprises intéressées. Il ne fallait pas se tromper. C'étaient des missions passionnantes mais parfois risquées, comme au Monténégro, où j'ai été arrêté, fouillé et soupçonné d'"espionnage", en compagnie de grands reporters, dont un ami de l’Express. Mes voyages au Tadjikistan, au Haut-Karabagh ou en Azerbaïdjan resteront dans ma mémoire !

Après avoir évoqué votre parcours professionnel, il est temps d'aborder votre passion pour l'histoire locale que vous partagez remarquablement avec nous ?
Pour être sincère, l'histoire m'a toujours intéressé au cours de mes études (pour mémoire, bac + 18 !) : l'histoire de l'Afrique, en ethnologie, des relations internationales, à Sciences Po, de la culture romaine et la littérature française, à la Sorbonne, de l’Eglise au Centre Sèvres… Mais ce n’était pas à ce moment-là une "passion". C'était juste un angle d’attaque nécessaire pour connaître ce qu'a pu produire l'Humanité au cours des âges. Je suis, en quelque sorte, un "autodidacte" en histoire, car je ne suis titulaire d’aucun diplôme dans ce domaine.
Je suis arrivé à l'histoire locale grâce à… Jean-Jacques Rousseau ! Au cours de mes études littéraires, je me suis intéressé aux "Confessions" et je me suis aperçu que ce remarquable philosophe avait éprouvé à Eaubonne une affection particulière pour Mme d'Houdetot. A partir de ce fil conducteur, j’ai cherché à tirer toute la pelote !

Jean-Jacques RousseauRousseau est donc la porte d'entrée de votre travail d'historien à Eaubonne ?
Oui. Cette première approche m'a donné l'envie d'écrire "Eaubonne au XVIIIe siècle", où le tiers du livre est consacré à Jean-Jacques Rousseau. Dans cette perspective, l'idée m’est venue de fonder, en 1971, le "Cercle Historique et archéologique d'Eaubonne et de la Vallée de Montmorency", dont nous fêterons cette année les 50 ans ! Dès la première année, nous avons proposé de nombreuses activités : expositions, conférences. Mais la vocation de l'association était, au départ, la publication d’ouvrages. C'est dans cet esprit que nous avons d’abord republié "Le Tour de la Vallée", de Charles Lefeuve, puis édité de nombreux ouvrages concernant Eaubonne et la Vallée. Je rends hommage à cet égard à Hubert Lamant, le premier secrétaire général de l’association, qui était alors bibliothécaire à Eaubonne. C'est lui qui a créé le Fonds ancien, consultable à la médiathèque Maurice Genevoix, notablement enrichi au fil des ans. J'espère qu'il pourra venir lors des festivités des 50 ans de l'association.

L'homem qui aimait l'amour - une saison dans la vie de J-J RousseauVous avez poussé votre intérêt pour Rousseau jusqu’à lui consacrer une pièce de théâtre : "L’homme qui aimait l’amour - Une saison dans la vie de Jean-Jacques Rousseau"…
Oui, ce fut une expérience inoubliable. Cette pièce historique en quatre actes a été jouée à deux reprises, avec des acteurs professionnels, dirigés par Claude Lesko, à la salle des fêtes de Deuil-la-Barre en 2012 et à l’Orange Bleue en 2015. Elle met en scène la relation complexe, et en définitive dramatique, entre Rousseau, Mme d’Houdetot, Saint-Lambert et Mme d’Epinay. J’en ai tiré un petit livre, publié aux éditions du Cridec, et j’envisage de mettre en ligne sur YouTube la version qui a été filmée à Eaubonne.
Cette approche "rousseauiste" s’est poursuivie par ma contribution au beau travail accompli par la toute nouvelle association "Rousseau à Montmorency", qui a réussi en 2019 l’exploit de faire célébrer, au Panthéon même, le 9 octobre de chaque année, l’anniversaire du transfert du tombeau du philosophe (en 1794), en lien avec des partenaires en Vallée de Montmorency.

Comment effectuez-vous vos recherches historiques, indispensables pour l'écriture de vos livres ?
Ma passion c'est bien sûr l'écriture, mais c'est d’abord la recherche documentaire, qui procure des émotions fabuleuses lorsque l'on tombe sur des "pépites", des scoops. C'est comme dans une enquête policière, quand on trouve la solution de l'énigme ! Après cette période gratifiante arrive le long, mais nécessaire travail de rédaction, de recherche des illustrations, de mise en pages, de corrections et de relations avec l’imprimeur.

L'arrivée de l'internet a-t-il bouleversé votre manière de travailler ?
Internet a incontestablement permis de démultiplier par 10 ou 20 les possibilités de recherches et surtout, de découvertes ! Vous pouvez maintenant écrire un livre d’histoire à des fins pédagogiques en un ou deux ans, alors qu'auparavant il fallait classiquement dix ans !
Pour ma part, je ne suis pas un chercheur "bénédictin", qui passe des heures à déchiffrer des manuscrits, même si je peux et j’aime le faire à l’occasion. Mon objectif est de trouver des éléments attractifs susceptibles d’intéresser le grand public à l’histoire locale. Il ne faut pas, pour autant, me prendre pour quelqu'un qui ne s'intéresse qu'à la "mousse" de l’Histoire. Je ne cherche pas à faire du "sensationnel" et je suis scrupuleux sur l’exactitude des faits présentés.
Ma passion a évidemment été Eaubonne et mon objectif est de faire aimer l'histoire de la ville. Au départ, cela intéressait cinquante personnes et maintenant ils sont très nombreux à apprécier l'histoire de leur commune et son riche patrimoine.

L'équipe de Valmorency en 2012Vous êtes aussi auteur de livres sur Frépillon ou Andilly et promoteur de la Vallée de Montmorency avec la création de l'association "Valmorency" ?
Ah la Vallée de Montmorency ! Elle est dotée d'une telle richesse littéraire, historique et patrimoniale qu'elle mérite d'être traitée comme un ensemble cohérent et homogène. Je rappelle qu'elle a existé juridiquement au moment de la Révolution avec la création du premier canton de Montmorency, jusqu’à ce que celui-ci soit divisé en deux vers 1930 avec la création du canton de Taverny.
Depuis cette scission entre la Vallée de Montmorency de l'ouest et celle de l'est, j'ai toujours espéré, et je ne suis pas le seul, que ce territoire historique soit un jour reconstitué en tant que "pays" autonome sur le plan juridique, au même titre que l’on parle de la Brie ou de la Bresse. En attendant, j'aimerais qu'elle soit reconnue à travers une institution spécifique, par exemple un comité d'expansion économique ou bien un comité de tourisme. C'est dans cet esprit que j'ai suscité la création, fin 2008, de l'association Valmorency, afin de mettre en commun les énergies. Rassembler les collègues historiens de cette région permettait de mettre en valeur la Vallée de Montmorency et d’offrir à chaque défenseur du patrimoine local des appuis, des occasions de lancer des manifestations communes. Nous avons même créé l’adjectif "valmorencéen", pour désigner tout ce qui a trait à la Vallée de Montmorency, au même titre que celui de "francilien" s’applique à l’Île-de-France.
Cette initiative a notamment pris la forme de deux Salons des Patrimoines, organisés en 2011 et 2015, respectivement à Groslay et Enghien. Et nous comptons bien en proposer une nouvelle édition au cours des prochaines années. Je pense que nous avons réussi à intéresser un public de plus en plus large. Et, cerise sur le gâteau, les acteurs locaux ainsi que les élus se sentent davantage concernés par l'histoire et le patrimoine locaux. Je dois dire que le Journal de François a joué à cet égard un rôle formidable en mettant en valeur cette culture "régionale" !

Au cours de cette période, vous avez animé une dizaine de Jurys de l'histoire valmorencéenne, où le public devait voter à la fin, à la manière des spectacles de Robert Hossein. Ne pourrait-on pas les réunir et publier ces enquêtes ?
Ce serait effectivement une bonne idée. Il faudrait les valoriser car ces Jurys ont reçu un très bel accueil. Je suis notamment fier de celui consacré à Charlotte Corday qui, selon mes recherches, serait passée par Montmorency avant d’aller assassiner Marat à Paris ! Un joli scoop ! Ces jurys faisaient partie de ma démarche d'ouvrir l'histoire locale au grand public.

Hervé Collet animateur radio à IDFMDans le même temps, vous avez fait l’expérience d’animateur de radio, à Radio Enghien IDFM 98.
Ce type d’investissement, même s’il est contraignant, est passionnant. Je l’ai effectué durant quatre ans jusque vers 2010, en duo avec mon ami Gérard Ducoeur, un des meilleurs et des plus anciens historiens de la Vallée, par ailleurs archéologue et vice-président de Valmorency. Il s’agissait d’une émission d’une heure par mois, qui demandait beaucoup de préparation. La première demi-heure consistait à raconter un épisode de l’histoire "valmorencéenne" et le reste était consacré à l’interview de "grands témoins" et à des annonces d’événements à caractère patrimonial. Ces émissions restent disponibles dans les archives de la station.

 

 

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2 commentaire(s)

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Ernoult Chantal - Il y a 3 mois
Merci de m'avoir permis cet article complet. Toutes mes condoléances à la famille de M. Collet, que j'ai eu de la chance de côtoyer et avec qui j'ai échangé souvent dans les salons.
Isabelle Argence - Il y a 3 mois
Très triste de cette nouvelle qui fait aussi remonter le merveilleux souvenir d une rencontre littéraire et humaniste sans pareille. Sincères condoléances à ceux qui ont eu la chance de croiser cet homme de qualité et à ses proches
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