L'abbé Lambert, curé de Bessancourt, a été commissaire de police puis consulté par Lamartine ! Un destin exceptionnel à découvrir.

Aujourd'hui, nous avons du mal à imaginer un abbé devenir commissaire de police mais, à l'époque révolutionnaire de la fin du XIXe siècle, l'abbé Lambert a connu ce destin exceptionnel. Et, à la fin de sa vie, le poète et romancier Lamartine est venu le rencontrer à Bessancourt !

Né en 1762 dans le Pas-de-Calais, Louis Ferdinand Amable semble avoir été "programmé" par sa famille pour devenir prêtre. Ainsi il a été ordonné en 1787. Lorsque que la Révolution survient, il se sent proche des nouvelles idées qui surgissent. Il fait preuve de patriotisme et participe, en tant qu'assistant de l'évêque d'Autun, à la grande messe célébrée au Champ de Mars, en 1790, un an après la prise de la Bastille.
Il est ensuite vicaire général de l'évêque constitutionnel de Paris et aumônier des prisons. Dans ce cadre, il est le confesseur des députés Girondins qui sont exécutés pendant la Terreur. Il proposa aussi son aide à Marie-Antoinette qui lui opposa un refus catégorique : « J'aimerais mieux me confesser au mur de la prison qu'à vous : Je me confesse à Dieu. Je le regrette car je suis une grande pécheresse. »

Sa carrière connait un tournant lors du Consulat qui s'installe en 1799 après le Directoire. Sous l'impulsion de Napoléon Bonaparte, tous les services civils sont réorganisés avec la mise en place d'une nouvelle administration départementale. Pour cela, toutes les compétences vont être appelées pour occuper des postes à responsabilité. Ainsi, dans le Pas de Calais, Boulogne-sur-Mer devient la sous-préfecture. C'est ainsi que le commissariat général de police des côtes de la Manche et de Boulogne-sur-Mer est assuré par un certain... Amable Lambert qui a quitté la prêtrise ! Et bonne pioche : tous les témoignages convergent. « Il a réussi à faire la part des choses entre la loi et l'humanité. » diront tous les édiles qui ont travaillé avec lui. Il avait aussi su garder contact avec les relations parisiennes qu'il avait tissées pendant la Terreur, ce qui lui a facilité son travail et obtenir des avantages pour Boulogne-sur-Mer.
En 1814, il retrouve le chemin de la prêtrise et rejoint la paroisse de Frémécourt puis celle de Bessancourt à partir de 1816. C'est là qu'il termine sa carrière tranquillement jusqu'à sa mort en 1847. Notons, qu'après le déblaiement du cimetière de 1873 où il était inhumé, les ossements de l'abbé Lambert ont été transférés dans un caveau situé dans le chœur de l'église Saint-Gervais saint-Protais de Bessancourt.

Mais un an avant sa mort, un visiteur célèbre est venu à Bessancourt ! Il s'agit du poète et romancier Alphonse de Lamartine qui préparait un ouvrage consacré aux Girondins. Il est venu recueillir à deux reprises les souvenirs de l'Abbé Lambert, un des derniers témoins de cette période. Le livre de Lamartine sortira en 1848 et connaitra un grand succès. Mais devant certaines critiques, l'auteur devra se justifier et dévoiler ses sources et ainsi révéler ses deux entretiens avec l'abbé Lambert, ce curé révolutionnaire qui a eu un destin exceptionnel !

Article publié en 2019 et actualisé en juillet 2022