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Adéla Necaskova : une ambassadrice de la République Tchèque très appréciée à Franconville. Vive l'Europe !

Publié le : 26-05-2014

adela necaskovaFidèles lecteurs du Journal, vous connaissez tous mon attachement à ce club de Franconville PB et à cette aventure collective passionnante que je tente, au fil de mes articles, de vous faire partager. Aujourd'hui, je suis parti à la rencontre d'Adela Necaskova, joueuse tchèque qui m'a confié sa vision du basket et quelques secrets sur la France et les Français !

L'interview en anglais a eu lieu juste après la défaite à La Tronche-Meylan en Isère. Depuis cette rencontre, l'équipe a battu celle de Chenôve lors d'un match riche en émotions (victoire in extremis 69-68) mais s'est inclinée à Villeurbanne (59-47)

Adéla, après une saison régulière prometteuse, les play-offs sont difficiles. A ton avis, qu’est-ce qui manque à Franconville pour progresser ?
Le but dès le début est de monter en ligue 2. On a été régulières tout au long de la saison, plusieurs fois en tête, on était très confiantes. On croyait en nos capacités, mais depuis les play-offs, on n’a pas joué comme d’habitude. Je n’avais pas du tout imaginé que l’on perdrait les trois premiers matchs des play-offs.
Bien sûr, au cours de la saison, il y a eu la mort de Stéphane (le président du Club). Je pense que tout est dans la tête : on se disait qu’on devait le faire pour lui mais à un tel point que nous nous sommes mis la pression et nous avons fait des erreurs. On a alors manqué de confiance mais je ne sais pas pourquoi.

Adela au lancer (Elodie Gérard en arrière plan)Tout au long de la saison, les supporters ont observé ta progression et t'ont encouragée de plus en plus. L’as-tu ressenti ?
"Merci ! C’est gentil !" (dit-elle en français) Oui, je le sens. Au début des play-offs, je pensais que je jouais de mieux en mieux mais, au fur et à mesure, je ne joue plus aussi bien pour les matchs importants. Je me suis dit : Qu’est-ce que tu fais ? Tu sais ce que tu dois faire ! Depuis le début, nous avons toutes amélioré notre style, trouvé comment jouer toutes ensemble… Je me sentais de mieux en mieux, je me sens de mieux en mieux, je comprends mieux ce qu’on fait, ce qu’on doit faire. Je suis contente de cela.
Enfin, à domicile, quand je n’ai plus de forces, j’entends les gens crier et cela me redonne de l’énergie, c’est génial !

J'ai remarqué que tu commence à bien parler français ! Où apprends-tu le français ?
J'apprends le français à la Maison de l'Europe à Franconville, deux fois par semaine, pendant deux heures. Je pense toujours que je ne parle pas assez bien mais je m’entraîne beaucoup. C’est une langue difficile.
Maintenant quand Candyce (joueuse américaine) n’est pas là, le coach parle uniquement français et je le comprends. Il me demande souvent si j’ai compris, Je dis oui, et il me dit que je parle français mais pas vraiment en réalité… !

Tu es Tchèque, tu as joué à Prague, comment as-tu choisi Franconville pour ta première expérience à l’étranger ?
Je n’avais pas beaucoup d’options pour l'étranger. Tout d’abord, je voulais aller en Italie parce que j’avais commencé à apprendre l’italien mais mon agent m’a appelée. Il m’a dit : « Il y a un club, Franconville, son coach m’appelle chaque jour pour que tu les rejoignes. »  J’avais du mal à le croire. Mon agent m'a dit que c’était proche de Paris et que l’équipe voulait monter en 2e division. Il a aussi ajouté qu’il y avait déjà une Américaine Candyce Sellars dans l'équipe depuis 2 ans et que l’équipe lui semblait bien. Donc, j’ai accepté, hésitant quand même un peu ! J’ai signé et deux jours après, j’étais ici !

ADELA NECASKOVA et KERLINE VERJUINDe quoi avais-tu peur en arrivant ?
J’avais peur de tout parce que c’était la première fois que j’étais à l’étranger, seule. Beaucoup de gens m’ont dit qu’en France, on parlait anglais ce qui n'est pas très vrai…! Je ne savais pas où j’allais. Je ne connaissais ni les gens, ni la culture, ni le pays, ni la ville. J’étais préparée pour tout affronter et finalement tout est "cool" ici, les gens sont sympathiques et l’équipe formidable.

Récemment, dans une interview, tu as déclaré que le basket tchèque était plus technique qu’en France. Peux-tu nous en dire plus ?

Ça dépend aussi du niveau. Franconville est en 3e division mais ce n’est pas un mauvais niveau, comparé à la République Tchèque. Toutefois, la technique n’est pas la même. Le dribble, le shoot, le "spin move" (mouvements rotatifs) ne sont pas aussi bons ici qu’en République Tchèque. Tout le monde n'a pas tous la même technique.

Les entraînements sont-t-ils différents ?
Oui, il y a moins d’entraînements ici qu'en République tchèque. Nous avons au total 6 entrainements dans la semaine mais le vendredi on n'en a pas. Ça ne m’aurait jamais venu à l’esprit de ne pas avoir entraînement la veille d’un match. J'étais surprise.
On retrouve aussi une différence entre les petits et les grands joueurs, les petits doivent dribbler plus, les grands sont plus en dessous du panier. Je pense que ça vient de là.

Tu préférerais avoir plus d’entraînements ?

Maintenant que la fin de saison approche et qu’elle a été longue, je suis contente qu’il n’y en ait pas plus ! En plus, je vieillis, je ne suis plus si jeune ! (Adela a fêté ses 28 ans en début d'année !). Parfois quand même, je sens qu’il m’en faut plus.

A ton avis, quelle est ta principale qualité ?
Je pense que cela a changé au fil du temps. Avant j’aimais moins être en dessous du panier, pour faire le "spin move". J’étais plutôt celle qui shootait car je n’étais pas assez grande pour le spin move. Maintenant ça me dérange moins parce que je suis plus grande (1m90) et j’aime faire le "spin move" de la main gauche alors que je suis droitière. Ils se moquent tous de moi : je dribble puis je commence avec la main droite et je finis par la main gauche.
Dans la vie, je suis aussi une personne à l’esprit d’équipe, vous pouvez le voir quand je suis sur le banc j’encourage, je saute, j’applaudis.

Et qu’as-tu à améliorer ?
Beaucoup de choses ! Pendant toute la saison, je n’ai pas trouvé mon shoot parce que je l’utilise peu. Stéphanie est là pour shooter ! (rires) Je dois améliorer la défense bien sûr et les lancers à trois points ! David essaie de m’apprendre depuis le début. Je ne l’utilise jamais et personne ne me l’a appris. C’est très loin pour moi et si tu veux faire un trois points il faut utiliser les jambes, or je ne le fais pas. David, le coach,  me l’apprend au fur et à ADELA et toute l'équipe soudéemesure. A présent, je n'y arrive pas trop mal mais je ne le fais pas au match. David insiste à l’entraînement, il me pousse à la compétition aux lancers à trois points avec lui  en disant : qui est le meilleur ? C’est toi ou c’est moi ? Aujourd’hui, c’est quand même mieux mais je dois encore m'améliorer.

Nous allons surveiller ces progrès !
Si on gagne par 20 points, je tenterai peut-être mais sinon, ce sera une catastrophe !

Acceptes-tu facilement la critique ? Par ton coach par exemple.
Oui parce que le coach c'est le boss ! Maintenant, je suis plus mûre. J’ai eu beaucoup de coaching quand j’étais plus jeune et j’aurais pu rétorquer mais maintenant, je suis plus calme et je respecte les décisions. Sinon, ce n'est pas professionnel.
 
Que dirais-tu de l’harmonie et de la complicité qui règnent dans l’équipe ?
Je pense que c’est l’une des meilleurs dont j’ai fait partie. Nous sommes comme des amis, avec l’esprit d’équipe. Nous savons tous quelle est notre place. Je pense que c’est cool. En dehors du basket, je parle plus à trois ou quatre filles car on passe plus de temps ensemble mais au gymnase on est toutes ensemble et on n’a pas de problèmes.

Prenons maintenant la direction de la république Tchèque. Tu es née à Prague ?
Oui. Et je pense que c’est bien que je sois ici, pas loin d’une grande ville comme Paris. Je n’aurais pas supporté une petite ville, "c’est trop petit pour moi"  (dit-elle en français !)

Tu as gagné plusieurs championnats en république tchèque : étais-tu plutôt connue ?
Uniquement dans le monde du basket qui est petit ! J'ai été sélectionnée en équipe nationale depuis mes 14 ans jusqu’à mes 20 ans. Après, il y a eu plus de concurrence et j’étais assez effrayée de ne pas être à la hauteur. C’est mon gros problème : ma tête. Je pense que les autres sont plus Adela Nécaskova et sa médaille d'or au Championnat de République Tchèque en 2012fortes que moi, que je dois travailler plus pour les surpasser. Mais parfois j’ai tort, je les bats grâce à ma technique mais ma tête me stoppe. Elle me dit que je ne suis pas assez douée : qu’est-ce que je fais là ? C’est mon problème.

Quel est la place du basket en République tchèque ?
Là-bas, les sports les plus populaires sont le football mais surtout le hockey sur glace !
En ce qui concerne le basket, le niveau ici en France en 3e division est meilleur que la 2e division en République tchèque.

Tu as déclaré que les Tchèques étaient plus stressés que les Parisiens ? Cela a surpris beaucoup de monde !
Je pense que c’est à cause de notre culture. Ici, en France, on est plus tranquille. Pendant l’heure du repas, tout est fermé, je n’avais jamais vu ça avant. On prend le temps de manger. D’autre part, le samedi et des fois le lundi, on ne travaille pas. En République tchèque, dès 8h jusqu’à je ne sais pas quelle heure, ça travaille. On a moins l’habitude de prendre son temps. On ne s’assoit pas pour manger on court pour manger ! Mais je pense que, comme nous avons eu le communisme, l’idée persiste que les gens doivent travailler dur.
Je voulais montrer la France à mes parents, qu’ils restent ici pendant un an pour qu’ils voient les gens et qu’ils se relaxent. Ils travaillent énormément et à huit heures du soir ils dorment déjà, tellement ils sont fatigués.

Tes parents sont-ils déjà venus te voir à Franconville ?
Ils étaient là lors du match contre Brive. C’était sympa. Ma sœur est venue deux fois, la première fois avant Noël avec des amis. Malheureusement le temps était très mauvais ! Il pleuvait énormément. On est au allés au Sacré-Cœur sous la pluie ! Même chose pour l’Arc de triomphe.
J'aime visiter, je lis les guides touristiques. Même les filles françaises me demandent des conseils ! Je montre aussi à Candyce quel métro prendre et les différents monuments à aller voir !

Adela, jouons un peu ! Quels français célèbres connaissais-tu avant de venir à Franconville ?

Je connaissais Nicolas Sarkozy, le dernier président. François Hollande aussi. (Puis elle réfléchit…) Tony Parker évidemment !... Et l'’acteur qui est parti en Russie…Depardieu. Et aussi l’acteur du film qui se passe à St Tropez avec la police… De Funès ! Il est très connu en République tchèque.   (Adela se met à chanter !) Do you Do you St tropez !
Vaclav Havel Il y a aussi quelques auteurs connus comme Baudelaire ou la chanteuse Edith Piaf .

Et maintenant, à ton avis, quels sont les Tchèques connus en France ?
Je ne crois pas qu’il y en ait ! Parfois quand je dis que je viens de République Tchèque certains ne savent même pas où ça se situe. Mais j’espère que l’ex-président Vaclav Havel est connu parce qu’il a vraiment beaucoup agi contre le communisme. Quand il est mort il y a quelques années, j’étais à Prague. Je suis allée au centre ville, il y avait beaucoup de bougies, les sirènes retentissaient et tout le monde était silencieux. J’en ai encore la chair de poule en le racontant !

Tu as raison pour Vaclav Havel qui est célèbre en France. Penses-tu à d'autres personnalités ?
Peut-être Milos Forman, le réalisateur. Ma sœur l’adore ! Et Kafka !

Des sportifs tchèques sont aussi très connus en France, surtout en tennis (Lendl,  Navratilova, Stepanek etc.) A ce propos, quels autres sports aimes-tu pratiquer ou regarder ?
J’aime jouer au volley-ball ou au beach volley. J’aime aussi nager, jouer au football mais juste avec les hommes. Avec les filles, ce n’est pas marrant ! Quand j’étais jeune, je suis venue en France pour skier dans les Alpes. Depuis mes 17 ans je ne peux plus à cause du basket.

Sais-tu ce qui s’est passé il y a 10 ans en République Tchèque ?
(Adéla réfléchit…) Ah oui ! Le 1er mai 2004 a eu lieu l’entrée de la République tchèque dans l’union européenne. J’ai entendu dire qu’il y avait eu cette année quelques célébrations.
Mais ici, beaucoup de personnes ne savent pas que la République tchèque fait partie à l'Europe ! On n’a pas encore l’euro, on paye actuellement en couronnes tchèques. En ce moment, les gens disent là-bas que tout est cher mais quand il y aura l’euro ce sera pire. Ce sera un choc pour tout le monde.

Es-tu intéressée par l’écologie et les causes humanitaires ?
Adela Necaskova à MalteJe pense que oui, un petit peu. Mes amis riraient parce que, pour eux, je le suis beaucoup. J’étudiais l’agriculture à l’Université, et l’économie. Par exemple, la première année tout le monde devait étudier les animaux, les fleurs. Certains détestaient et se moquaient mais moi j’aimais bien.
Je fais le tri sélectif et si je vois quelqu’un qui ne le fait pas, je lui demande : mais pourquoi tu ne le fais pas ? Tu sais ce qu’il va arriver si tu le fais pas ? On me dit souvent : calme toi, c’est trop ! (rires)
Pour l’humanitaire, je soutiens l’UNICEF. Pendant cinq ans, j’ai donné de l’argent et l'association m’envoie en échange le bilan des actions réalisées. C'est très bien.

Aimes-tu rencontrer les jeunes qui font du basket ?

Oui je l’ai fait en République tchèque. On allait dans les écoles pour nous présenter, on jouait avec eux s’ils le voulaient. Je suis allée aussi dans un camp de basket où j’étais la coach. Je l’ai fait l’année dernière pour la première fois. A l’entraînement, je suis très dure avec moi-même : si ce n’est pas totalement parfait, je dois le refaire jusqu’à temps que ça le soit. Mais c’est différent avec les jeunes. Je leur dis : venez, écoutez mais deux d’entre eux râlent, tombent par terre, ne m’écoutent pas… Je n’étais pas prête pour faire ça, j’ai perdu ma voix ! Mais c’était sympa et j’espère que je pourrai la prochaine fois leur apprendre quelque chose.

Pour terminer, peux-tu nous dire si tu restes à Franconville pour la saison prochaine ?
Je ne sais pas encore, mais j’aimerais bien parce que je me plais ici. En plus, on est proche de Paris. Le gymnase est bien et beaucoup de gens viennent nous supporter. Je compte sur vous tous pour venir nous encourager !

Ah j'allais oublier : si Lebron James vient à Paris, on t'organise un rendez-vous ?
J’ai beaucoup de joueurs préférés ! On m’a demandé récemment quel était mon joueur préféré et j'ai choisi Lebron James mais il n’est pas mon but ultime. Je l’ai choisi parce qu’il est fun, talentueux. Il fait le show, danse…, bref, je l’aime bien. Mais je pense que c’est plus les garçons qui ont envie de lui ressembler !

Děkuji Adela ! 

Et merci aussi à Laura, ma chère traductrice qui a assuré l'interview en  ma compagnie.

adela necaskovaFidèles lecteurs du Journal, vous connaissez tous mon attachement à ce club de Franconville PB et à cette aventure collective passionnante que je tente, au fil de mes articles, de vous faire partager. Aujourd'hui, je suis parti à la rencontre d'Adela Necaskova, joueuse tchèque qui m'a confié sa vision du basket et quelques secrets sur la France et les Français !

L'interview en anglais a eu lieu juste après la défaite à La Tronche-Meylan en Isère. Depuis cette rencontre, l'équipe a battu celle de Chenôve lors d'un match riche en émotions (victoire in extremis 69-68) mais s'est inclinée à Villeurbanne (59-47)

Adéla, après une saison régulière prometteuse, les play-offs sont difficiles. A ton avis, qu’est-ce qui manque à Franconville pour progresser ?
Le but dès le début est de monter en ligue 2. On a été régulières tout au long de la saison, plusieurs fois en tête, on était très confiantes. On croyait en nos capacités, mais depuis les play-offs, on n’a pas joué comme d’habitude. Je n’avais pas du tout imaginé que l’on perdrait les trois premiers matchs des play-offs.
Bien sûr, au cours de la saison, il y a eu la mort de Stéphane (le président du Club). Je pense que tout est dans la tête : on se disait qu’on devait le faire pour lui mais à un tel point que nous nous sommes mis la pression et nous avons fait des erreurs. On a alors manqué de confiance mais je ne sais pas pourquoi.

Adela au lancer (Elodie Gérard en arrière plan)Tout au long de la saison, les supporters ont observé ta progression et t'ont encouragée de plus en plus. L’as-tu ressenti ?
"Merci ! C’est gentil !" (dit-elle en français) Oui, je le sens. Au début des play-offs, je pensais que je jouais de mieux en mieux mais, au fur et à mesure, je ne joue plus aussi bien pour les matchs importants. Je me suis dit : Qu’est-ce que tu fais ? Tu sais ce que tu dois faire ! Depuis le début, nous avons toutes amélioré notre style, trouvé comment jouer toutes ensemble… Je me sentais de mieux en mieux, je me sens de mieux en mieux, je comprends mieux ce qu’on fait, ce qu’on doit faire. Je suis contente de cela.
Enfin, à domicile, quand je n’ai plus de forces, j’entends les gens crier et cela me redonne de l’énergie, c’est génial !

J'ai remarqué que tu commence à bien parler français ! Où apprends-tu le français ?
J'apprends le français à la Maison de l'Europe à Franconville, deux fois par semaine, pendant deux heures. Je pense toujours que je ne parle pas assez bien mais je m’entraîne beaucoup. C’est une langue difficile.
Maintenant quand Candyce (joueuse américaine) n’est pas là, le coach parle uniquement français et je le comprends. Il me demande souvent si j’ai compris, Je dis oui, et il me dit que je parle français mais pas vraiment en réalité… !

Tu es Tchèque, tu as joué à Prague, comment as-tu choisi Franconville pour ta première expérience à l’étranger ?
Je n’avais pas beaucoup d’options pour l'étranger. Tout d’abord, je voulais aller en Italie parce que j’avais commencé à apprendre l’italien mais mon agent m’a appelée. Il m’a dit : « Il y a un club, Franconville, son coach m’appelle chaque jour pour que tu les rejoignes. »  J’avais du mal à le croire. Mon agent m'a dit que c’était proche de Paris et que l’équipe voulait monter en 2e division. Il a aussi ajouté qu’il y avait déjà une Américaine Candyce Sellars dans l'équipe depuis 2 ans et que l’équipe lui semblait bien. Donc, j’ai accepté, hésitant quand même un peu ! J’ai signé et deux jours après, j’étais ici !

ADELA NECASKOVA et KERLINE VERJUINDe quoi avais-tu peur en arrivant ?
J’avais peur de tout parce que c’était la première fois que j’étais à l’étranger, seule. Beaucoup de gens m’ont dit qu’en France, on parlait anglais ce qui n'est pas très vrai…! Je ne savais pas où j’allais. Je ne connaissais ni les gens, ni la culture, ni le pays, ni la ville. J’étais préparée pour tout affronter et finalement tout est "cool" ici, les gens sont sympathiques et l’équipe formidable.

Récemment, dans une interview, tu as déclaré que le basket tchèque était plus technique qu’en France. Peux-tu nous en dire plus ?

Ça dépend aussi du niveau. Franconville est en 3e division mais ce n’est pas un mauvais niveau, comparé à la République Tchèque. Toutefois, la technique n’est pas la même. Le dribble, le shoot, le "spin move" (mouvements rotatifs) ne sont pas aussi bons ici qu’en République Tchèque. Tout le monde n'a pas tous la même technique.

Les entraînements sont-t-ils différents ?
Oui, il y a moins d’entraînements ici qu'en République tchèque. Nous avons au total 6 entrainements dans la semaine mais le vendredi on n'en a pas. Ça ne m’aurait jamais venu à l’esprit de ne pas avoir entraînement la veille d’un match. J'étais surprise.
On retrouve aussi une différence entre les petits et les grands joueurs, les petits doivent dribbler plus, les grands sont plus en dessous du panier. Je pense que ça vient de là.

Tu préférerais avoir plus d’entraînements ?

Maintenant que la fin de saison approche et qu’elle a été longue, je suis contente qu’il n’y en ait pas plus ! En plus, je vieillis, je ne suis plus si jeune ! (Adela a fêté ses 28 ans en début d'année !). Parfois quand même, je sens qu’il m’en faut plus.

A ton avis, quelle est ta principale qualité ?
Je pense que cela a changé au fil du temps. Avant j’aimais moins être en dessous du panier, pour faire le "spin move". J’étais plutôt celle qui shootait car je n’étais pas assez grande pour le spin move. Maintenant ça me dérange moins parce que je suis plus grande (1m90) et j’aime faire le "spin move" de la main gauche alors que je suis droitière. Ils se moquent tous de moi : je dribble puis je commence avec la main droite et je finis par la main gauche.
Dans la vie, je suis aussi une personne à l’esprit d’équipe, vous pouvez le voir quand je suis sur le banc j’encourage, je saute, j’applaudis.

Et qu’as-tu à améliorer ?
Beaucoup de choses ! Pendant toute la saison, je n’ai pas trouvé mon shoot parce que je l’utilise peu. Stéphanie est là pour shooter ! (rires) Je dois améliorer la défense bien sûr et les lancers à trois points ! David essaie de m’apprendre depuis le début. Je ne l’utilise jamais et personne ne me l’a appris. C’est très loin pour moi et si tu veux faire un trois points il faut utiliser les jambes, or je ne le fais pas. David, le coach,  me l’apprend au fur et à ADELA et toute l'équipe soudéemesure. A présent, je n'y arrive pas trop mal mais je ne le fais pas au match. David insiste à l’entraînement, il me pousse à la compétition aux lancers à trois points avec lui  en disant : qui est le meilleur ? C’est toi ou c’est moi ? Aujourd’hui, c’est quand même mieux mais je dois encore m'améliorer.

Nous allons surveiller ces progrès !
Si on gagne par 20 points, je tenterai peut-être mais sinon, ce sera une catastrophe !

Acceptes-tu facilement la critique ? Par ton coach par exemple.
Oui parce que le coach c'est le boss ! Maintenant, je suis plus mûre. J’ai eu beaucoup de coaching quand j’étais plus jeune et j’aurais pu rétorquer mais maintenant, je suis plus calme et je respecte les décisions. Sinon, ce n'est pas professionnel.
 
Que dirais-tu de l’harmonie et de la complicité qui règnent dans l’équipe ?
Je pense que c’est l’une des meilleurs dont j’ai fait partie. Nous sommes comme des amis, avec l’esprit d’équipe. Nous savons tous quelle est notre place. Je pense que c’est cool. En dehors du basket, je parle plus à trois ou quatre filles car on passe plus de temps ensemble mais au gymnase on est toutes ensemble et on n’a pas de problèmes.

Prenons maintenant la direction de la république Tchèque. Tu es née à Prague ?
Oui. Et je pense que c’est bien que je sois ici, pas loin d’une grande ville comme Paris. Je n’aurais pas supporté une petite ville, "c’est trop petit pour moi"  (dit-elle en français !)

Tu as gagné plusieurs championnats en république tchèque : étais-tu plutôt connue ?
Uniquement dans le monde du basket qui est petit ! J'ai été sélectionnée en équipe nationale depuis mes 14 ans jusqu’à mes 20 ans. Après, il y a eu plus de concurrence et j’étais assez effrayée de ne pas être à la hauteur. C’est mon gros problème : ma tête. Je pense que les autres sont plus Adela Nécaskova et sa médaille d'or au Championnat de République Tchèque en 2012fortes que moi, que je dois travailler plus pour les surpasser. Mais parfois j’ai tort, je les bats grâce à ma technique mais ma tête me stoppe. Elle me dit que je ne suis pas assez douée : qu’est-ce que je fais là ? C’est mon problème.

Quel est la place du basket en République tchèque ?
Là-bas, les sports les plus populaires sont le football mais surtout le hockey sur glace !
En ce qui concerne le basket, le niveau ici en France en 3e division est meilleur que la 2e division en République tchèque.

Tu as déclaré que les Tchèques étaient plus stressés que les Parisiens ? Cela a surpris beaucoup de monde !
Je pense que c’est à cause de notre culture. Ici, en France, on est plus tranquille. Pendant l’heure du repas, tout est fermé, je n’avais jamais vu ça avant. On prend le temps de manger. D’autre part, le samedi et des fois le lundi, on ne travaille pas. En République tchèque, dès 8h jusqu’à je ne sais pas quelle heure, ça travaille. On a moins l’habitude de prendre son temps. On ne s’assoit pas pour manger on court pour manger ! Mais je pense que, comme nous avons eu le communisme, l’idée persiste que les gens doivent travailler dur.
Je voulais montrer la France à mes parents, qu’ils restent ici pendant un an pour qu’ils voient les gens et qu’ils se relaxent. Ils travaillent énormément et à huit heures du soir ils dorment déjà, tellement ils sont fatigués.

Tes parents sont-ils déjà venus te voir à Franconville ?
Ils étaient là lors du match contre Brive. C’était sympa. Ma sœur est venue deux fois, la première fois avant Noël avec des amis. Malheureusement le temps était très mauvais ! Il pleuvait énormément. On est au allés au Sacré-Cœur sous la pluie ! Même chose pour l’Arc de triomphe.
J'aime visiter, je lis les guides touristiques. Même les filles françaises me demandent des conseils ! Je montre aussi à Candyce quel métro prendre et les différents monuments à aller voir !

Adela, jouons un peu ! Quels français célèbres connaissais-tu avant de venir à Franconville ?

Je connaissais Nicolas Sarkozy, le dernier président. François Hollande aussi. (Puis elle réfléchit…) Tony Parker évidemment !... Et l'’acteur qui est parti en Russie…Depardieu. Et aussi l’acteur du film qui se passe à St Tropez avec la police… De Funès ! Il est très connu en République tchèque.   (Adela se met à chanter !) Do you Do you St tropez !
Vaclav Havel Il y a aussi quelques auteurs connus comme Baudelaire ou la chanteuse Edith Piaf .

Et maintenant, à ton avis, quels sont les Tchèques connus en France ?
Je ne crois pas qu’il y en ait ! Parfois quand je dis que je viens de République Tchèque certains ne savent même pas où ça se situe. Mais j’espère que l’ex-président Vaclav Havel est connu parce qu’il a vraiment beaucoup agi contre le communisme. Quand il est mort il y a quelques années, j’étais à Prague. Je suis allée au centre ville, il y avait beaucoup de bougies, les sirènes retentissaient et tout le monde était silencieux. J’en ai encore la chair de poule en le racontant !

Tu as raison pour Vaclav Havel qui est célèbre en France. Penses-tu à d'autres personnalités ?
Peut-être Milos Forman, le réalisateur. Ma sœur l’adore ! Et Kafka !

Des sportifs tchèques sont aussi très connus en France, surtout en tennis (Lendl,  Navratilova, Stepanek etc.) A ce propos, quels autres sports aimes-tu pratiquer ou regarder ?
J’aime jouer au volley-ball ou au beach volley. J’aime aussi nager, jouer au football mais juste avec les hommes. Avec les filles, ce n’est pas marrant ! Quand j’étais jeune, je suis venue en France pour skier dans les Alpes. Depuis mes 17 ans je ne peux plus à cause du basket.

Sais-tu ce qui s’est passé il y a 10 ans en République Tchèque ?
(Adéla réfléchit…) Ah oui ! Le 1er mai 2004 a eu lieu l’entrée de la République tchèque dans l’union européenne. J’ai entendu dire qu’il y avait eu cette année quelques célébrations.
Mais ici, beaucoup de personnes ne savent pas que la République tchèque fait partie à l'Europe ! On n’a pas encore l’euro, on paye actuellement en couronnes tchèques. En ce moment, les gens disent là-bas que tout est cher mais quand il y aura l’euro ce sera pire. Ce sera un choc pour tout le monde.

Es-tu intéressée par l’écologie et les causes humanitaires ?
Adela Necaskova à MalteJe pense que oui, un petit peu. Mes amis riraient parce que, pour eux, je le suis beaucoup. J’étudiais l’agriculture à l’Université, et l’économie. Par exemple, la première année tout le monde devait étudier les animaux, les fleurs. Certains détestaient et se moquaient mais moi j’aimais bien.
Je fais le tri sélectif et si je vois quelqu’un qui ne le fait pas, je lui demande : mais pourquoi tu ne le fais pas ? Tu sais ce qu’il va arriver si tu le fais pas ? On me dit souvent : calme toi, c’est trop ! (rires)
Pour l’humanitaire, je soutiens l’UNICEF. Pendant cinq ans, j’ai donné de l’argent et l'association m’envoie en échange le bilan des actions réalisées. C'est très bien.

Aimes-tu rencontrer les jeunes qui font du basket ?

Oui je l’ai fait en République tchèque. On allait dans les écoles pour nous présenter, on jouait avec eux s’ils le voulaient. Je suis allée aussi dans un camp de basket où j’étais la coach. Je l’ai fait l’année dernière pour la première fois. A l’entraînement, je suis très dure avec moi-même : si ce n’est pas totalement parfait, je dois le refaire jusqu’à temps que ça le soit. Mais c’est différent avec les jeunes. Je leur dis : venez, écoutez mais deux d’entre eux râlent, tombent par terre, ne m’écoutent pas… Je n’étais pas prête pour faire ça, j’ai perdu ma voix ! Mais c’était sympa et j’espère que je pourrai la prochaine fois leur apprendre quelque chose.

Pour terminer, peux-tu nous dire si tu restes à Franconville pour la saison prochaine ?
Je ne sais pas encore, mais j’aimerais bien parce que je me plais ici. En plus, on est proche de Paris. Le gymnase est bien et beaucoup de gens viennent nous supporter. Je compte sur vous tous pour venir nous encourager !

Ah j'allais oublier : si Lebron James vient à Paris, on t'organise un rendez-vous ?
J’ai beaucoup de joueurs préférés ! On m’a demandé récemment quel était mon joueur préféré et j'ai choisi Lebron James mais il n’est pas mon but ultime. Je l’ai choisi parce qu’il est fun, talentueux. Il fait le show, danse…, bref, je l’aime bien. Mais je pense que c’est plus les garçons qui ont envie de lui ressembler !

Děkuji Adela ! 

Et merci aussi à Laura, ma chère traductrice qui a assuré l'interview en  ma compagnie.

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