Grande tristesse à Saint-Prix… En effet, René Gondet que tous les habitants de Saint-Prix connaissaient nous a quittés à l'âge de 96 ans. Un âge respectable certes mais nous aimions tellement le voir si dynamique en vélo ou au cœur de son célèbre "Jardin de Pépé René" que nous l'imaginions fêter prochainement son centenaire…
Je l'avais rencontré en 2010 pour le mettre à l'honneur dans le "Journal de François" et je garderai toujours l'image d'un homme exceptionnel, d'une simplicité et d'une modestie rare.
Pour lui rendre hommage, j'ai décidé de publier ci-dessous, de nouveau, cet article de 2010.
Les obsèques auront lieu le mardi 22 mars 2016 à 10 h dans l'église du Vieux Village de Saint-Prix.
Le remarquable jardin de Pépé René à Saint-Prix !
(article paru dans "Le Journal de Françoi"s en janvier 2010, en version papier, actualisé en 2012)
Si vous vous levez tôt le matin à Saint-Prix, vos avez peut-être déjà aperçu Pépé René en vélo, partant chercher du pain au centre de la ville. Sinon, vous avez de grandes chances de le rencontrer dans son jardin, rue de la Marne à Saint-Prix !
Enfin, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, je vous offre cette rencontre avec un homme exceptionnel !
Agé de 92 ans, René Gondet habite Saint-Prix. Depuis 66 ans, il s’occupe d’un jardin que tous les passants remarquent. Beaucoup de randonneurs s’arrêtent et saluent « Pépé René » ! Depuis qu’il est à la retraite, il va chaque matin « travailler la terre », semer, débroussailler, planter, récolter… Cela donne un jardin aux multiples couleurs où légumes et fleurs se côtoient joyeusement. J’ai rencontré "Pépé René" à l'automne 2009. Au printemps, les enfants des centres de loisirs, de la halte garderie, les élèves des écoles viennent lui rendre visite dans le cadre de projets pédagogiques. Même une nutritionniste de renom, Sylvie Aubonnet, emmène ses patients dans le cadre d’un programme d’études sur la diététique.
Vous l’aurez compris, avec son jardin, René et sa famille pourraient vivre en autarcie sans difficultés ! Choux, céleris, haricots, etc. sans parler des fruits abondants qu’apprécient particulièrement les jeunes visiteurs. Les enfants ne sont pas près d’oublier les framboises de Pépé René …
Aujourd’hui, René Gondet me montre ses mains qui souffrent d’arthrose mais cela ne l’empêche pas de continuer… « C’est ma vie » me confie-t-il…
Et c’est vrai que la vie ne l’a pas toujours gâté. Un petit flash-back s’impose.
René est né en 1919 à Champagne-sur-Oise de parents inconnus. Placé à l’assistance public, il connaitra plusieurs nourrices jusqu’à l’âge de 13 ans. Puis il connaitra l’enfer pendant quatre ans. A Saint Illiers la ville (Yvelines, en Seine et Oise dans les années trente), il a été un enfant battu, à qui on ne donnait pas à manger. « Je mangeais avec les cochons, J’étais sale, un gamin de l’assistance que l'on exploitait. J’embrassais les vaches, les seules qui m’apportaient de l’amour. ». Cet épisode le marquera à vie. Aujourd’hui, il n’aime pas les conflits, les personnes qui se battent, qui parlent fort.
A 17 ans il parvient à s’enfuir et il est ensuite placé à Vézelay où il travaillera la terre. A l’époque, il mesurait 1m66 et ne pesait pas 50 kg ! D’où sa dispense pour l’Armée.
Ensuite, il arrive à Saint-Prix où il travaille pendant dix ans dans les cultures maraîchères. C’était pendant la seconde guerre mondiale. « On ne mourrait pas de faim, on avait ce qu’on cultivait. Le sentiment de peur existait mais, du moment où l’on ne provoquait pas la Kommandantur, placée en haut de Saint-Prix, on ne risquait rien… »
A la sortie de la guerre, René avait déjà vécu de nombreuses expériences. Il se rappelle bien aussi ses relations avec les filles des fermiers qui ont de l’argent.
Lui, enfant de l’assistance, sans biens, il a bien senti ces deux mondes qui étaient séparés. Il m’a même rappelé que pour se marier, c’était plus difficile pour un enfant de l’assistance : les mentalités ont évolué mais à l’époque de nombreux préjugés étaient encore vivaces.
Après la guerre, René a intégré l’entreprise Cristofle à Saint-Denis où il travailla… pendant 30 ans au service du « polissage ». Tout le monde l’a apprécié. Il a formé de nombreux jeunes, a reçu la médaille du travail mais il a toujours voulu « rester à sa place » : « Je n’ai pas d’instructions, me confie-t-il, je reste à mon rang. » Cette remarque résume bien la modestie dont fait preuve René. Il dit avoir beaucoup apprécié sa carrière chez Cristofle, pas toujours rose. Pour mettre du « beurre dans les épinards », il a gardé son attachement à la terre, aux jardins en effectuant de nombreux petits travaux de jardinage chez ses voisins ou proches. En 1977, il a eu un grave accident du travail – avant-bras broyé, soigné grâce à une greffe d’os – qui l’éloigna de l’usine pendant de très longues semaines. Il a tenu à reprendre après cette épreuve avant de partir en retraite bien méritée. Cette démarche marque bien une droiture et une opiniâtreté qui sont une « marque de fabrique » de notre Pépé René !
Parallèlement à sa carrière chez Cristofle, René Gondet s’impliqua aussi dans la vie de Saint-Prix en étant pendant 36 ans un conseiller municipal exemplaire. Il s’occupait du comité des fêtes. Il a connu 3 maires et se rappelle aussi d’André Banel, maire de Saint-Prix que j'ai rencontré récemment.
René Gondet a aujourd’hui 92 ans. Il participe aux activités de plusieurs associations saint-prissiennes (« Florami », « rencontres amitiés »). Il fait même partie de l’association des Anciens Combattants, en tant que sympathisant car il n’a pas fait la guerre… Il apprécie les banquets où il retrouve ses amis pour des moments très conviviaux.
Pour terminer, René peut se retourner sans problème sur sa vie, être fier de sa famille (6 enfants, 9 petits-enfants et 14 arrières petits-enfants), et de ses différentes expériences professionnelles et associatives. A l’occasion de ses 90 ans, il a reçu plus de 150 lettres ou cartes d’anniversaires envoyées par ses amis, les enfants de Saint-Prix et de nombreuses personnes qui ne l’oublient pas : ce fut son plus beau cadeau… !
Grand coup de chapeau Monsieur René et merci beaucoup pour cette belle rencontre !
Bonus : Le magazine municipal de Saint-Prix avait mis aussi à l'honneur "Pépé René" dans son édition estivale :
>> article paru cet été dans le journal de Saint-Prix de juillet-août 2012
Grande tristesse à Saint-Prix… En effet, René Gondet que tous les habitants de Saint-Prix connaissaient nous a quittés à l'âge de 96 ans. Un âge respectable certes mais nous aimions tellement le voir si dynamique en vélo ou au cœur de son célèbre "Jardin de Pépé René" que nous l'imaginions fêter prochainement son centenaire…
Je l'avais rencontré en 2010 pour le mettre à l'honneur dans le "Journal de François" et je garderai toujours l'image d'un homme exceptionnel, d'une simplicité et d'une modestie rare.
Pour lui rendre hommage, j'ai décidé de publier ci-dessous, de nouveau, cet article de 2010.
Les obsèques auront lieu le mardi 22 mars 2016 à 10 h dans l'église du Vieux Village de Saint-Prix.
Le remarquable jardin de Pépé René à Saint-Prix !
(article paru dans "Le Journal de Françoi"s en janvier 2010, en version papier, actualisé en 2012)
Si vous vous levez tôt le matin à Saint-Prix, vos avez peut-être déjà aperçu Pépé René en vélo, partant chercher du pain au centre de la ville. Sinon, vous avez de grandes chances de le rencontrer dans son jardin, rue de la Marne à Saint-Prix !
Enfin, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, je vous offre cette rencontre avec un homme exceptionnel !
Agé de 92 ans, René Gondet habite Saint-Prix. Depuis 66 ans, il s’occupe d’un jardin que tous les passants remarquent. Beaucoup de randonneurs s’arrêtent et saluent « Pépé René » ! Depuis qu’il est à la retraite, il va chaque matin « travailler la terre », semer, débroussailler, planter, récolter… Cela donne un jardin aux multiples couleurs où légumes et fleurs se côtoient joyeusement. J’ai rencontré "Pépé René" à l'automne 2009. Au printemps, les enfants des centres de loisirs, de la halte garderie, les élèves des écoles viennent lui rendre visite dans le cadre de projets pédagogiques. Même une nutritionniste de renom, Sylvie Aubonnet, emmène ses patients dans le cadre d’un programme d’études sur la diététique.
Vous l’aurez compris, avec son jardin, René et sa famille pourraient vivre en autarcie sans difficultés ! Choux, céleris, haricots, etc. sans parler des fruits abondants qu’apprécient particulièrement les jeunes visiteurs. Les enfants ne sont pas près d’oublier les framboises de Pépé René …
Aujourd’hui, René Gondet me montre ses mains qui souffrent d’arthrose mais cela ne l’empêche pas de continuer… « C’est ma vie » me confie-t-il…
Et c’est vrai que la vie ne l’a pas toujours gâté. Un petit flash-back s’impose.
René est né en 1919 à Champagne-sur-Oise de parents inconnus. Placé à l’assistance public, il connaitra plusieurs nourrices jusqu’à l’âge de 13 ans. Puis il connaitra l’enfer pendant quatre ans. A Saint Illiers la ville (Yvelines, en Seine et Oise dans les années trente), il a été un enfant battu, à qui on ne donnait pas à manger. « Je mangeais avec les cochons, J’étais sale, un gamin de l’assistance que l'on exploitait. J’embrassais les vaches, les seules qui m’apportaient de l’amour. ». Cet épisode le marquera à vie. Aujourd’hui, il n’aime pas les conflits, les personnes qui se battent, qui parlent fort.
A 17 ans il parvient à s’enfuir et il est ensuite placé à Vézelay où il travaillera la terre. A l’époque, il mesurait 1m66 et ne pesait pas 50 kg ! D’où sa dispense pour l’Armée.
Ensuite, il arrive à Saint-Prix où il travaille pendant dix ans dans les cultures maraîchères. C’était pendant la seconde guerre mondiale. « On ne mourrait pas de faim, on avait ce qu’on cultivait. Le sentiment de peur existait mais, du moment où l’on ne provoquait pas la Kommandantur, placée en haut de Saint-Prix, on ne risquait rien… »
A la sortie de la guerre, René avait déjà vécu de nombreuses expériences. Il se rappelle bien aussi ses relations avec les filles des fermiers qui ont de l’argent.
Lui, enfant de l’assistance, sans biens, il a bien senti ces deux mondes qui étaient séparés. Il m’a même rappelé que pour se marier, c’était plus difficile pour un enfant de l’assistance : les mentalités ont évolué mais à l’époque de nombreux préjugés étaient encore vivaces.
Après la guerre, René a intégré l’entreprise Cristofle à Saint-Denis où il travailla… pendant 30 ans au service du « polissage ». Tout le monde l’a apprécié. Il a formé de nombreux jeunes, a reçu la médaille du travail mais il a toujours voulu « rester à sa place » : « Je n’ai pas d’instructions, me confie-t-il, je reste à mon rang. » Cette remarque résume bien la modestie dont fait preuve René. Il dit avoir beaucoup apprécié sa carrière chez Cristofle, pas toujours rose. Pour mettre du « beurre dans les épinards », il a gardé son attachement à la terre, aux jardins en effectuant de nombreux petits travaux de jardinage chez ses voisins ou proches. En 1977, il a eu un grave accident du travail – avant-bras broyé, soigné grâce à une greffe d’os – qui l’éloigna de l’usine pendant de très longues semaines. Il a tenu à reprendre après cette épreuve avant de partir en retraite bien méritée. Cette démarche marque bien une droiture et une opiniâtreté qui sont une « marque de fabrique » de notre Pépé René !
Parallèlement à sa carrière chez Cristofle, René Gondet s’impliqua aussi dans la vie de Saint-Prix en étant pendant 36 ans un conseiller municipal exemplaire. Il s’occupait du comité des fêtes. Il a connu 3 maires et se rappelle aussi d’André Banel, maire de Saint-Prix que j'ai rencontré récemment.
René Gondet a aujourd’hui 92 ans. Il participe aux activités de plusieurs associations saint-prissiennes (« Florami », « rencontres amitiés »). Il fait même partie de l’association des Anciens Combattants, en tant que sympathisant car il n’a pas fait la guerre… Il apprécie les banquets où il retrouve ses amis pour des moments très conviviaux.
Pour terminer, René peut se retourner sans problème sur sa vie, être fier de sa famille (6 enfants, 9 petits-enfants et 14 arrières petits-enfants), et de ses différentes expériences professionnelles et associatives. A l’occasion de ses 90 ans, il a reçu plus de 150 lettres ou cartes d’anniversaires envoyées par ses amis, les enfants de Saint-Prix et de nombreuses personnes qui ne l’oublient pas : ce fut son plus beau cadeau… !
Grand coup de chapeau Monsieur René et merci beaucoup pour cette belle rencontre !
Bonus : Le magazine municipal de Saint-Prix avait mis aussi à l'honneur "Pépé René" dans son édition estivale :
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