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Mercredi cinéma : "Visages villages" d'Agnès Varda et JR.

Publié le : 28-06-2017

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi)
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône - Cormeilles-en-Parisis (dimanche)

 

VISAGES VILLAGES d'Agnès Varda et JRSortie de la semaine (28 juin 2017) : "Visages villages" d'Agnès Varda et JR.

L'histoire
Agnès Varda et JR ont des points communs : passion et questionnement sur les images en général, et plus précisément sur les lieux et les dispositifs pour les montrer, les partager, les exposer.
Agnès a choisi le cinéma.
JR a choisi de créer des galeries de photographies en plein air.
Quand Agnès et JR se sont rencontrés en 2015, ils ont aussitôt eu envie de travailler ensemble, de tourner un film en France, loin des villes, en voyage avec le camion photographique (et magique) de JR.
Hasard des rencontres ou projets préparés, ils sont allés vers les autres, les ont écoutés, photographiés, et parfois affichés.
Le film raconte aussi l’histoire de leur amitié qui a grandi au cours du tournage, entre surprises et taquineries, en se riant de leurs différences.
Un film écrit et réalisé par Agnès Varda et JR

>> Bande annonce

 

Bonus : propos des réalisateurs Agnès Varda et JR, recueillis par Olivier Père

Olivier Père : Comment est né ce film ? Pourquoi avez-vous eu envie de faire ce film ensemble ?
JR : Commençons par le commencement…
Agnès Varda : Rosalie… ma fille… nous a fait savoir que ce serait bien qu’on se rencontre. L’idée nous a plu.
JR : C’est moi qui ai fait le premier pas. Je suis allé voir Agnès rue Daguerre. J’ai fait des photos de sa façade légendaire — elle habite là depuis cent ans.
Et d’elle avec un chat.
Agnès Varda : C’est ta grand-mère qui a cent ans. Moi, pas encore. Le lendemain, c’est moi qui suis allée le voir dans son atelier. J’ai fait des portraits de lui, mais j’ai vite compris qu’il n’avait pas l’intention d’enlever ses lunettes noires.
VISAGES VILLAGES d'Agnès Varda et JRJR : On s’est revus le lendemain et le surlendemain à l’heure du goûter.
Agnès Varda : J’ai tout de suite senti qu’on allait faire quelque chose ensemble.
JR : Nous avons d’abord pensé à un court métrage…
Agnès Varda : … documentaire. Il m’a semblé évident que ta pratique de représenter les gens agrandis sur les murs, valorisés par la taille, et ma pratique de les écouter et de mettre leurs propos en valeur, cela allait donner quelque chose.
JR : Et puis l’envie de partir ensemble. Ni Agnès ni moi n’avions coréalisé un film auparavant.
Olivier Père : Pourquoi avez-vous choisi de vous intéresser essentiellement aux habitants de la campagne française ?
JR : C’est Agnès qui a voulu me sortir des villes.
Agnès Varda : Oui, parce que tu es un artiste urbain, vraiment. Et moi, j’aime beaucoup la campagne. Très vite, l’idée de villages est arrivée. C’est là qu’on allait rencontrer des gens, et c’est ce qui s’est passé. On est partis avec ton camion photographique et magique. C’est l’acteur du film, toujours en représentation.
JR : Ce camion, je m’en sers depuis des années pour beaucoup de projets.
Agnès Varda : Oui, mais là, c’était notre projet et on partait dedans ensemble. En tout cas, on a joué à ne rouler qu’en camion pour ce voyage en France rurale.
Par-ci, par-là.
Olivier Père : Y avait-il quand même un plan, des itinéraires ? Comment élabore-t-on un film qui est essentiellement bâti sur le hasard, sur la rencontre, sur la découverte ?
Agnès Varda : Chacun de nous avait parfois un contact quelque part dans un village ou une envie de VISAGES VILLAGES d'Agnès Varda et JRquelque chose. Donc, on allait voir. Comme toujours dans le documentaire, parce que j’en ai beaucoup fait, on a une idée, et très vite, le hasard, les rencontres, les contacts font que tout à coup, cela se cristallise sur quelqu’un, ou sur un endroit. En fait, on engage le hasard, on l’engage comme assistant !
JR : On engage aussi la vie, puisque le film est aussi l’histoire de notre rencontre. On s’est découverts sur la route à travers le projet, dans l’exercice finalement amusant de travailler en duo. J’apprends à comprendre un peu plus Agnès, ce qu’elle voit, comment elle le voit, et elle aussi cherche à comprendre ma démarche d’artiste.
Souvent, on se parle, on essaye des idées. Puis on a imaginé que ce serait un long-métrage.
Olivier Père : Comment s’est déroulé le tournage ?
Agnès Varda : On faisait un ou deux déplacements et puis on s’arrêtait, parce que je n’ai plus la force de tourner huit semaines d’affilée, debout dans les champs. On a tourné 2 à 4 jours par mois.
JR : Je trouve que ça fonctionnait bien. Cela nous permettait de décanter, de réfléchir, de voir où ça nous amenait. On commençait le montage. On se parlait pendant des heures pour savoir où aller, comment… J’ai ce côté plus improvisé : « On essaye et on verra si ça marche. » Agnès, elle, pense la séquence en son ensemble et à quelques plans précis. C’est ce qui a renforcé la dynamique de la coréalisation.
Agnès Varda : Il y a aussi plusieurs générations entre toi et moi : en fait, on n’y pensait pas du tout, même si tu grimpes plus vite que moi dans les escaliers ! On était chacun le modèle de l’autre. Moi, je lVISAGES VILLAGES d'Agnès Varda et JR’ai senti comme ça parce que quand on filmait la façon dont tu fonctionnes, dont tu montes sur les échafaudages, c’est aussi un portrait de toi et de ton travail.
De ton côté, tu t’intéressais aussi à moi, à mes yeux chancelants…
JR : Oui, on a essayé de raconter ce qui arrive à tes yeux. Je voulais voir pour toi, mieux que toi qui vois flou… spécialement de loin. J’ai photographié de près tes yeux et les ai montrés de loin. Et tes doigts de pied aussi !
Agnès Varda : Mes doigts de pied, eh oui… Tes idées me faisaient rire. Ton insistance à me taquiner, mais aussi à inventer les images de notre amitié… Oui, on partage le désir de trouver des liens et des formes.
JR : Il y a une chose dont je veux parler et qui me semble importante : tous les gens que nous avons rencontrés nous ont appris quelque chose. Et c’était réciproque.
Agnès Varda : Quand on raconte au garagiste l’affaire des chèvres sans cornes, il répond : « Ah ! C’est épatant et j’apprends quelque chose, j’en parlerai aux autres. »
JR : D’une personne à l’autre, d’une idée à l’autre, en fait, le film est un collage.
Olivier Père : Tout le film est un collage, avec JR qui colle ses photos géantes sur les murs et Agnès qui procède à un collage cinématographique, avec des rimes et des charades visuelles.
Agnès Varda : J’aime beaucoup cette idée que le montage est un collage avec des jeux de mots, des jeux d’images, qui s’installent tout seuls et nous permettent de ne pas dire Chapitre I, Chapitre II. Parfois, je pensais que le montage, dans ma tête, c’était une série de mots qui rimaient : visages, villages, collages, partage…
Olivier Père : Et rivage. Parlez-nous de ce blockhaus, ce bunker sur la plage.
JR : J’allais souvent en Normandie faire de la moto sur la plage et j’avais découvert un endroit avec un blockhaus allemand du temps de la guerre, qui est tombé de la falaise, planté au milieu de la plage. J’en parlais à Agnès mais elle ne réagissait pas trop, et puis un jour, je lui ai donné le nom du village et là, ça a fait tilt. Elle m’a dit : « Mais attends, je connais Saint-Aubin-sur-Mer, j’y allais avec Guy Bourdin dans les années cinquante. ».
Je l’ai emmenée là-bas et elle m’a emmené à la maison de Guy Bourdin, pas loin de là. Elle m’a montré les photos qu’elle avait faites de lui à l’époque. On a marché tous les deux sur la plage et on s’est dit : « Pourquoi on ne le mettrait pas là ? » Le collage a été très éprouvant parce qu’il fallait faire vite. Le blockhaus est gigantesque et la marée montait.
Agnès Varda : J’avais fait cette photographie de Guy Bourdin assis, les jambes droites, mais tu as eu l’idée de la coller en le penchant, et en fait, ce blockhaus de guerre devenait un berceau avec ce jeune homme qui se reposait. J’ai été énormément touchée de cette transformation de sens de l’image, de ce que c’est devenu, pour peu de temps, et pfuitt ! un coup de marée, et tout est parti.
Olivier Père : L’aventure de cette photographie-là, en fin de cette séquence-là, me semble tout à fait exemplaire de votre projet : comment c’est arrivé, comment ça s’est développé, et comment cela a disparu.
JVISAGES VILLAGES d'Agnès Varda et JRR : Le film raconte cela et notre amitié qui a grandi pendant ces aventures.
Tu m’as impressionné avec l’aventure de tes yeux, cela me troublait, cela devenait aussi le sujet du film.
Agnès Varda : Tu exagères, mais c’est vrai que « yeux et regard », c’est important dans ton travail, important dans le film… Tu vois très fort pour aider mes yeux qui voient flou et, paradoxe, tes yeux sont toujours planqués derrière des lunettes noires. On se surprend l’un l’autre, l’une l’autre. J’espère qu’on surprendra surtout les spectateurs par notre relation et par les témoignages épatants qu’on a recueillis. Certaines des paroles entendues sont à tout jamais dans ma tête.
Olivier Père : La fin du film m’a semblé surprenante.
Agnès Varda : C’est une surprise que nous avons vécue et que je ne souhaite pas commenter.
JR : Quand on a pris le train, je ne savais pas où Agnès m’emmenait, c’était le jeu. Puis, on a cessé de jouer, tout est devenu vrai, une aventure. Ensuite, on a regardé le lac Léman…
Agnès Varda : … qui est clément (c’est connu) et c’est là qu’on a quitté le film.

Programme de la semaine des cinémas de la Vallée de Montmorency :
Enghien (ugc) - Enghien (centre des arts),  Franconville - Montmorency - Saint-Gratien - Taverny et les séances à Ermont (mardi-mercredi)
Autres cinémas proches : Epinay-sur-Seine - Saint-Ouen l'Aumône - Cormeilles-en-Parisis (dimanche)

 

VISAGES VILLAGES d'Agnès Varda et JRSortie de la semaine (28 juin 2017) : "Visages villages" d'Agnès Varda et JR.

L'histoire
Agnès Varda et JR ont des points communs : passion et questionnement sur les images en général, et plus précisément sur les lieux et les dispositifs pour les montrer, les partager, les exposer.
Agnès a choisi le cinéma.
JR a choisi de créer des galeries de photographies en plein air.
Quand Agnès et JR se sont rencontrés en 2015, ils ont aussitôt eu envie de travailler ensemble, de tourner un film en France, loin des villes, en voyage avec le camion photographique (et magique) de JR.
Hasard des rencontres ou projets préparés, ils sont allés vers les autres, les ont écoutés, photographiés, et parfois affichés.
Le film raconte aussi l’histoire de leur amitié qui a grandi au cours du tournage, entre surprises et taquineries, en se riant de leurs différences.
Un film écrit et réalisé par Agnès Varda et JR

>> Bande annonce

 

Bonus : propos des réalisateurs Agnès Varda et JR, recueillis par Olivier Père

Olivier Père : Comment est né ce film ? Pourquoi avez-vous eu envie de faire ce film ensemble ?
JR : Commençons par le commencement…
Agnès Varda : Rosalie… ma fille… nous a fait savoir que ce serait bien qu’on se rencontre. L’idée nous a plu.
JR : C’est moi qui ai fait le premier pas. Je suis allé voir Agnès rue Daguerre. J’ai fait des photos de sa façade légendaire — elle habite là depuis cent ans.
Et d’elle avec un chat.
Agnès Varda : C’est ta grand-mère qui a cent ans. Moi, pas encore. Le lendemain, c’est moi qui suis allée le voir dans son atelier. J’ai fait des portraits de lui, mais j’ai vite compris qu’il n’avait pas l’intention d’enlever ses lunettes noires.
VISAGES VILLAGES d'Agnès Varda et JRJR : On s’est revus le lendemain et le surlendemain à l’heure du goûter.
Agnès Varda : J’ai tout de suite senti qu’on allait faire quelque chose ensemble.
JR : Nous avons d’abord pensé à un court métrage…
Agnès Varda : … documentaire. Il m’a semblé évident que ta pratique de représenter les gens agrandis sur les murs, valorisés par la taille, et ma pratique de les écouter et de mettre leurs propos en valeur, cela allait donner quelque chose.
JR : Et puis l’envie de partir ensemble. Ni Agnès ni moi n’avions coréalisé un film auparavant.
Olivier Père : Pourquoi avez-vous choisi de vous intéresser essentiellement aux habitants de la campagne française ?
JR : C’est Agnès qui a voulu me sortir des villes.
Agnès Varda : Oui, parce que tu es un artiste urbain, vraiment. Et moi, j’aime beaucoup la campagne. Très vite, l’idée de villages est arrivée. C’est là qu’on allait rencontrer des gens, et c’est ce qui s’est passé. On est partis avec ton camion photographique et magique. C’est l’acteur du film, toujours en représentation.
JR : Ce camion, je m’en sers depuis des années pour beaucoup de projets.
Agnès Varda : Oui, mais là, c’était notre projet et on partait dedans ensemble. En tout cas, on a joué à ne rouler qu’en camion pour ce voyage en France rurale.
Par-ci, par-là.
Olivier Père : Y avait-il quand même un plan, des itinéraires ? Comment élabore-t-on un film qui est essentiellement bâti sur le hasard, sur la rencontre, sur la découverte ?
Agnès Varda : Chacun de nous avait parfois un contact quelque part dans un village ou une envie de VISAGES VILLAGES d'Agnès Varda et JRquelque chose. Donc, on allait voir. Comme toujours dans le documentaire, parce que j’en ai beaucoup fait, on a une idée, et très vite, le hasard, les rencontres, les contacts font que tout à coup, cela se cristallise sur quelqu’un, ou sur un endroit. En fait, on engage le hasard, on l’engage comme assistant !
JR : On engage aussi la vie, puisque le film est aussi l’histoire de notre rencontre. On s’est découverts sur la route à travers le projet, dans l’exercice finalement amusant de travailler en duo. J’apprends à comprendre un peu plus Agnès, ce qu’elle voit, comment elle le voit, et elle aussi cherche à comprendre ma démarche d’artiste.
Souvent, on se parle, on essaye des idées. Puis on a imaginé que ce serait un long-métrage.
Olivier Père : Comment s’est déroulé le tournage ?
Agnès Varda : On faisait un ou deux déplacements et puis on s’arrêtait, parce que je n’ai plus la force de tourner huit semaines d’affilée, debout dans les champs. On a tourné 2 à 4 jours par mois.
JR : Je trouve que ça fonctionnait bien. Cela nous permettait de décanter, de réfléchir, de voir où ça nous amenait. On commençait le montage. On se parlait pendant des heures pour savoir où aller, comment… J’ai ce côté plus improvisé : « On essaye et on verra si ça marche. » Agnès, elle, pense la séquence en son ensemble et à quelques plans précis. C’est ce qui a renforcé la dynamique de la coréalisation.
Agnès Varda : Il y a aussi plusieurs générations entre toi et moi : en fait, on n’y pensait pas du tout, même si tu grimpes plus vite que moi dans les escaliers ! On était chacun le modèle de l’autre. Moi, je lVISAGES VILLAGES d'Agnès Varda et JR’ai senti comme ça parce que quand on filmait la façon dont tu fonctionnes, dont tu montes sur les échafaudages, c’est aussi un portrait de toi et de ton travail.
De ton côté, tu t’intéressais aussi à moi, à mes yeux chancelants…
JR : Oui, on a essayé de raconter ce qui arrive à tes yeux. Je voulais voir pour toi, mieux que toi qui vois flou… spécialement de loin. J’ai photographié de près tes yeux et les ai montrés de loin. Et tes doigts de pied aussi !
Agnès Varda : Mes doigts de pied, eh oui… Tes idées me faisaient rire. Ton insistance à me taquiner, mais aussi à inventer les images de notre amitié… Oui, on partage le désir de trouver des liens et des formes.
JR : Il y a une chose dont je veux parler et qui me semble importante : tous les gens que nous avons rencontrés nous ont appris quelque chose. Et c’était réciproque.
Agnès Varda : Quand on raconte au garagiste l’affaire des chèvres sans cornes, il répond : « Ah ! C’est épatant et j’apprends quelque chose, j’en parlerai aux autres. »
JR : D’une personne à l’autre, d’une idée à l’autre, en fait, le film est un collage.
Olivier Père : Tout le film est un collage, avec JR qui colle ses photos géantes sur les murs et Agnès qui procède à un collage cinématographique, avec des rimes et des charades visuelles.
Agnès Varda : J’aime beaucoup cette idée que le montage est un collage avec des jeux de mots, des jeux d’images, qui s’installent tout seuls et nous permettent de ne pas dire Chapitre I, Chapitre II. Parfois, je pensais que le montage, dans ma tête, c’était une série de mots qui rimaient : visages, villages, collages, partage…
Olivier Père : Et rivage. Parlez-nous de ce blockhaus, ce bunker sur la plage.
JR : J’allais souvent en Normandie faire de la moto sur la plage et j’avais découvert un endroit avec un blockhaus allemand du temps de la guerre, qui est tombé de la falaise, planté au milieu de la plage. J’en parlais à Agnès mais elle ne réagissait pas trop, et puis un jour, je lui ai donné le nom du village et là, ça a fait tilt. Elle m’a dit : « Mais attends, je connais Saint-Aubin-sur-Mer, j’y allais avec Guy Bourdin dans les années cinquante. ».
Je l’ai emmenée là-bas et elle m’a emmené à la maison de Guy Bourdin, pas loin de là. Elle m’a montré les photos qu’elle avait faites de lui à l’époque. On a marché tous les deux sur la plage et on s’est dit : « Pourquoi on ne le mettrait pas là ? » Le collage a été très éprouvant parce qu’il fallait faire vite. Le blockhaus est gigantesque et la marée montait.
Agnès Varda : J’avais fait cette photographie de Guy Bourdin assis, les jambes droites, mais tu as eu l’idée de la coller en le penchant, et en fait, ce blockhaus de guerre devenait un berceau avec ce jeune homme qui se reposait. J’ai été énormément touchée de cette transformation de sens de l’image, de ce que c’est devenu, pour peu de temps, et pfuitt ! un coup de marée, et tout est parti.
Olivier Père : L’aventure de cette photographie-là, en fin de cette séquence-là, me semble tout à fait exemplaire de votre projet : comment c’est arrivé, comment ça s’est développé, et comment cela a disparu.
JVISAGES VILLAGES d'Agnès Varda et JRR : Le film raconte cela et notre amitié qui a grandi pendant ces aventures.
Tu m’as impressionné avec l’aventure de tes yeux, cela me troublait, cela devenait aussi le sujet du film.
Agnès Varda : Tu exagères, mais c’est vrai que « yeux et regard », c’est important dans ton travail, important dans le film… Tu vois très fort pour aider mes yeux qui voient flou et, paradoxe, tes yeux sont toujours planqués derrière des lunettes noires. On se surprend l’un l’autre, l’une l’autre. J’espère qu’on surprendra surtout les spectateurs par notre relation et par les témoignages épatants qu’on a recueillis. Certaines des paroles entendues sont à tout jamais dans ma tête.
Olivier Père : La fin du film m’a semblé surprenante.
Agnès Varda : C’est une surprise que nous avons vécue et que je ne souhaite pas commenter.
JR : Quand on a pris le train, je ne savais pas où Agnès m’emmenait, c’était le jeu. Puis, on a cessé de jouer, tout est devenu vrai, une aventure. Ensuite, on a regardé le lac Léman…
Agnès Varda : … qui est clément (c’est connu) et c’est là qu’on a quitté le film.

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